Femmes Valdôtaines

Le mouvement en ligne

1980

3ème Assemblée Informative-Consultative de l’UV

L’Entraide des femmes valdôtaines est née en 1978.
Ce groupe spontané est constitué de femmes inscrites à l’Union Valdôtaine et de sympathisantes, qui ont ressenti l’exigence de se rencontrer pour discuter des nombreux problèmes qui touchent leur vie, la vie de leurs familles et de notre pays.

Nous avons réfléchi sur le rôle des femmes dans la famille et dans notre milieu et nous avons constaté que tout ce qu’on fera pour leur donner une meilleure conscience de leur identité et de leurs droits de « femmes valdôtaines » sera très utile pour l’avenir de notre pays.

Nous pouvons, en effet, exercer une influence formidable sur l’éducation de nos enfants, en leur transmettant d’abord notre langue, nos traditions et toutes les valeurs précieuses de notre culture, en les défendant ensuite des attaques trop souvent portés contre nous par les mass media et par les écoles ; en agissant dans les écoles mêmes comme mères et souvent comme institutrices, pour faire reconnaître entièrement notre droit à une école à mesure de notre culture, donc une école valdôtaine et non pas italienne.

Nous constatons en effet que nos enfants dans les écoles ne sont que des émarginés : où est la dignité humaine ? Il est nécessaire qu’ils connaissent leur réalité à travers l’étude de leur histoire, de leur milieu et qu’ils puissent s’exprimer librement en patois en classe.

Tâchons, à travers les représentants des parents et des instituteurs, d’exiger au moins cela et intéressons-nous un peu plus à la vie scolaire car son importance est hors de doute pour la formation de toute génération.

Quant au français, jusqu’à ce que nous n’obtiendrons pas un système scolaire comme celui du Sud-Tyrol, nous ne verrons aucun fruit à l’arbre de la culture.
Nous rappelons que nous continuons nos réunions mensuelles, le dernier jour de chaque mois, au siège de l’UV, place Emile Chanoux.

Nous retrouver est sûrement utile, puisqu’on parle, on s’échange des expériences, on prend du courage pour être de plus en plus cohérentes dans nos actions quotidiennes, on fait des plans d’action : on contribue, en somme, à ce renouveau qui est indispensable pour assurer à notre peuple sa pleine libération culturelle, économique, sociale et politique.

Voilà donc le but de notre action, coïncidant avec celui de l’UV et de la Jeunesse Valdôtaine : voilà pourquoi nous sommes aujourd’hui à leur côté ; voilà pourquoi nous demandons à toutes les femmes l’engagement d’être toujours fidèles à notre culture, dans la famille comme dans les lieux de travail, dans l’action sociale comme dans celle politique.

Dans l’année qui vient de s’écouler nous avons participé au Congrès de Saint-Vincent présentant plusieurs relations, au rendez-vous du mois de mai en nous occupant surtout des enfants, et en présentant notre stand, nous avons écrit plusieurs articles sur le Peuple, nous n’avons jamais manqué nos réunions de la fin du mois.

Enfin nous avons fait une intervention à la télévision et nous avons appuyé certaines initiatives du mouvement italien des femmes.
Les choses à faire seraient tellement nombreuses !
Au mois de septembre nous avons présenté une requête de participation aux transmissions radiophoniques, aux termes de la loi nationale 14 avril 1975 n. 103. Le « Comité régional pour le service radiotélévisé » n’a jamais répondu. Peut-être parce que nous avons déclaré de vouloir employer principalement le français et le patois ?
Nous nous associons à la protestation de la Jeunesse Valdôtaine contre la RAI et la troisième chaîne qui ignorent complètement notre langue.

Nous avons encore l’intention de continuer nos rencontres avec toutes les femmes, soit au moyen de la presse soit en participant à toutes les réunions qui seront organisées par les femmes dans les différentes communes ; prochainement, nous nous rencontrerons à Cogne, à Nus et dans la Basse Vallée.

Il ne faudra pas oublier les élections communales du mois de mai : nous lançons encore une fois un appel aux femmes pour qu’elles s’engagent en première personne, et aux responsables de la formation des listes pour qu’ils n’ignorent pas, dans cette occasion, la moitié des électeurs.

Tiré du Peuple n. 5 du 10/02/1980

Une rencontre très positive

Vendredi 28 mars, nous avons eu une agréable surprise : voilà une soixantaine de femmes valdôtaines réunies pour un dîner amical dans un restaurant aux alentours d’Aoste.
Tous les âges et toutes les catégories sociales y étaient représentés.
Femmes venant de la Haute et de la Basse Vallée, ne s’étant peut-être jamais vues, ont tout de suite établi des rapports d’amitié.

Le patois et le français s’entrecroisaient dans des conversations pleines de verve et les chants valdôtains ne tardèrent pas trop à retentir.
Nous avions l’impression de nous connaître depuis toujours : tout le monde se trouvait à son aise comme dans une famille en bonne harmonie.

En effet, la famille à laquelle chacune d’entre nous affirmait à ce moment son appartenance c’était la Vallée d’Aoste. Et aucune autre ambition ne nous unissait si non celle de nous entraider et d’aider, dans nos possibilités, d’autres valdôtains à défendre cette terre et ces droits, ces traditions, ces langues et cette culture que nous avons reçus en héritage de nos pères et que nous voulons, coûte que coûte, transmettre à nos enfants.

La présence de l’Assesseur à l’Instruction Publique Madame Ida Viglino, avec le témoignage de toute une vie dédiée à la cause valdôtaine, était là à nous démontrer combien une femme d’intelligence et de cœur peut faire pour son pays.

Ensemble continuons donc à travailler dans notre milieu, jour après jour, pour que les valdôtains soient plus solidaires, plus unis entre eux, plus disposés à sacrifier leurs petits intérêts personnels aux intérêts supérieurs de notre Communauté.
Et croyons dans la validité de notre travail : les résultats viendront, aujourd’hui ou demain, peu importe. Ils viendront : c’est là l’important.

Tiré du Peuple n. 17 du 24/04/1980

Lettre

Mesdames,

L’Entraide des femmes valdôtaines s’adresse à toutes, d’origine et d’adoption, institutrices, professeurs, ménagères, employées, étudiantes, pour illustrer sa fonction et son idéal pour la lutte de la cause valdôtaine.

A travers l’Entraide nous devons nous sentir plus unies pour résoudre les problèmes qui nous intéressent. Reconnaissons que nous avons quand même des pouvoirs particuliers. La femme avec son intelligence, et surtout douée de patience et de sacrifice, doit premièrement lutter contre la violence et la criminalité, contre l’immoralité qui pervertit cette société. Nous devons et voulons être unies et nous travaillerons afin que nos principes nous puissent porter à vivre librement et démocratiquement, pour que la paix règne dans notre Région, mais aussi dans tous les Pays.

Il est question de se réveiller et de se prodiguer partout, dans les maisons, les écoles, dans les assemblées, au travail ; il faut prendre conscience des dangers qui nous environnent, il faut oublier les inutiles difficultés qui nous ont divisées pendant des années. Bien des choses ont été déjà accomplies, mais beaucoup reste à faire.

Soyons unies pour rendre notre Vallée un exemple face aux autres Régions ; formulons tous les propos moraux et sentimentaux pour qu’elle puisse être fière de son peuple, soit au niveau administratif, économique et politique, comme on su le démontrer nos ancêtres. C’est l’enseignement que nous devons transmettre aux enfants (à nos enfants). Nous voulons défendre notre langue, nos traditions, notre culture et être respectées chez nous, et aussi dans les bureaux de la Vallée où on est reçu – bien des fois – comme des étrangers ! Nous défendons tout ce qui nous appartient et qui fait part du patrimoine de notre Vallée.

Pour les femmes qui, pour toute raison, ne peuvent pas participer aux réunions, elles seront informées du travail qui se déroulera par l’Entraide des femmes, à travers l’espace qui nous est réservé sur le « Peuple ».

Soyez courageuses et fortes, ne laissez pas faiblir votre esprit et votre espoir, que nos cœurs soient toujours à notre terre, à notre petite Patrie.

Un merci à toutes.

Participez plus que vous pouvez.

Une ménagère qui aime de tout cœur sa belle Vallée.

A.Z.

Tiré du Peuple n. 18 du 20/5/1980

Les femmes valdôtaines au Rendez-vous d’Aoste

Une des plus agréables surprises du rendez-vous d’Aoste aura bien été le stand de l’Entraide des femmes valdôtaines.

Nos charmantes dames y avaient présenté une importante documentation sur la vie de la femme valdôtaine dans les temps passés, il y a cent ou cinquante ans, à l’aide de lettres, de comptes de ménages, de factures et de photos d’époque : les rythmes de la vie, de la naissance à la mort, avec les grandes étapes de l’école, du service militaire de leurs partenaires, du mariage ; les joies et les douleurs ; les rencontres et les séparations ; les drames de l’émigration ; les revenus et les dettes ; tout ce qui, en un mot, est afférent à notre séjour terrestre.

Les comptes des ménages, soigneusement couchés par nos ancêtres, les lettres privées, montrent indiscutablement, et les organisatrices du stand l’ont mis en bonne et due évidence, que la langue française en Vallée d’Aoste n’était pas seulement le fait du clergé ou de la bourgeoisie, mais bien celle de l’usage courant des ménagères nos ancêtres, quoi qu’en disent tous les arpitans et les Riccarand de ce monde !

Parmi les papiers présentés, mes yeux sont tombés sur une lettre d’une institutrice de Cogne, écrite à l’un de ses anciens élèves, émigré à Paris. Cette lettre est un petit chef-d’œuvre dans son genre. Elle est pleine de sentiment, de délicatesse. Ce ne sont pas des phrases selon les convenances de ce temps-là, ainsi que me le suggérait une dame de l’organisation en me pilotant dans la visite du stand. C’est un cœur qui déborde.

Nous pouvons imaginer facilement la chaleur que cette lettre dut porter au destinataire, à ce valdôtain qui mangeait de la vache enragée à Paris, loin de ceux qu’il aimait, de ses montagnes, de sa Patrie. Cela vaut la peine de lire un morceau de la prose de cette bonne institutrice de Cogne, spontanée comme nos fleurs alpines, fraîche comme l’eau de nos torrents :
« Puisque tu as été si généreux de m’envoyer de si gracieux souhaits de bonne année, permets que je vienne par ces quelques lignes t’en témoigner ma plus vive reconnaissance. Mais, hélas ! je me vois d’abord obligée de t’écrire sur une bien simple feuille de papier. Tu auras, je l’espère, la bonté de m’excuser, car tu sais qu’à Cogne on n’y trouve pas de feuilles de papier si délicates et si ornées comme dans la ville de Paris. Ensuite je me vois incapables de trouver des expressions assez vives pour te témoigner ma reconnaissance pour le plaisir et l’honneur que tu m’as fait en m’envoyant une si gracieuse lettre. Mon cher Eugène, c’est bien ton bon cœur qui t’a conduit dans les belles boutiques de Paris pour y chercher du papier si délicat et ensuite pour le remplir de compliments si gracieux que je ne mérite pas absolument. Si je pouvais me métamorphiser en papillon, je prendrais mon vol vers Paris et j’irais voltiger sur la fenêtre de ta chambre pour t’offrir de vive voix mes remerciements et mes souhaits de bonne année. Mais cela n’est pas donné. Je me contenterai donc de te parler avec la plume. Je te dis d’abord que j’ai appris avec bien de satisfaction l’heureux état de ta santé. Ensuite je vois avec plaisir que tu ne t’es encore laissé entraîner par les mauvais exemples et les mauvaises compagnies que tu trouverais peut-être dans cette belle ville. L’amour filial que tu as pour tes parents est bien une preuve que tu es toujours le même que lorsque tu étais à Cogne. Tu m’appelles bienfaitrice. Je ne mérite pas du tout ces remerciements que tu m’as fait sur ta lettre, car si j’ai bien pris quelques peines pour t’enseigner c’est d’abord mon devoir ; ensuite c’était avec plaisir car tu étais toujours si docile, ta docilité et ton application me charmaient et édifiaient les autres élèves. Hélas que le temps est changé… ».

Roger Blanchard

Tiré du Peuple n. 26 du 27/06/1980

Nos candidates

Et voilà, les feux de la rampe se sont éteints, les clameurs de la propagande ont cessé de nous poursuivre et les voix nasillardes des haut-parleurs de nous harceler. La fièvre électorale des politiciens est retombée à ses valeurs normales et tous les responsables des partis politiques se sont déclaré satisfaits des résultats, qu’il y ait eu ou non une progression dans le nombrer des suffrages. C’est curieux, après chaque élection les déclarations des leaders varient de peu. Quant à nous, citoyens électeurs nous sommes redevenus ce que nous étions avant de déposer notre bulletin dans l’urne : des quantités négligeables.

Ceci dit, à nous autres femmes de l’ENTRAIDE, il nous reste encore à faire quelques considérations et quelques points à préciser, par-ci, par-là. Malgré le peu d’espace qui nous a été octroyé par les mass-média pour présenter nos candidats, malgré le peu de considération parfois accordée à nos initiatives, nous les femmes, nous avons fait notre petite propagande. Sans éclat, sans dépenser l’argent du contribuable, nous avons fait notre propagande partout où l’occasion se présentait.

Nous avons parlé de la femme, de son rôle dans la société contemporaine, de son droit à accéder aux fonctions politiques par tradition réservées aux hommes. Les résultats obtenus par les femmes dans les communes de la Vallée où trente-neuf ont été élues (plus de la moitié dans les listes de l’Union Valdôtaine ou les listes appuyées par l’Union) prouve que nous marchons dans le bon chemin.
Pour ce qui concerne la Ville d’Aoste nous devons faire quelques considérations supplémentaires.

D’un côté le fait qu’une seule femme siégera dans ce conseil nous laisse un peu déçues, parce que notre espoir était de voir leur nombre augmenter et non pas diminuer, comme au contraire il est arrivé.

Cela veut dire que les femmes n’ont pas encore assez de confiance en elles-mêmes et, par conséquent, dans celles d’entre nous qui ont le courage de s’engager en première personne.

D’autre part, nous constatons que ce manque de soutien aux femmes est évident dans presque tous les partis politiques.
Prenons par exemple les partis et les mouvements qui ont gagné plus d’un siège, ce qui fait, en total, 36 sièges sur 40 : pour la DC, Mme Bonin, qui était pourtant un des conseillers sortants, n’est plus dans le groupe des élus.

Mme Amoruso du PCI a gagné la septième place, comme Jeannette Fosson pour l’UV, mais en pourcentage elle a reçu moins de préférences. Elle a été élue, bien sûr, mais on ne peut pas dire que c’est grâce aux femmes.
Quant au PSI et au PSDI les résultats démontrent que les femmes n’ont pas été prises au sérieux en tant que candidates.

Chez les DP, au contraire, Mme Squarzino a eu, en pourcentage, plus de préférences que les autres candidates, mais, malheureusement pour elle, la perte de voix de son mouvement lui a été fatale.

En conclusion, nous pouvons donc affirmer que les résultats des candidates de la liste de l’UV, dans laquelle Mlle Fosson est la première exclue, sont positifs, surtout parce qu’ils représentent aussi le résultat de l’engagement des femmes.

Tout cela nous donne le courage de continuer notre tâche. Nous arriverons ainsi à construire quelque chose de bien, de solide, de profitable pour la communauté. Simplement, avec nos forces réunies sans rien perdre de note féminité (si chère à nos hommes !). Nous savons comment nous y prendre pour faire tache d’huile, pour pénétrer dans tous les rouages de la société. Comme les hommes, nous en avons les possibilités et les moyens.

L’Entraide des femmes

Tiré du Peuple n. 29 du 18/7/1980

Soirée des femmes valdôtaines

Le feu vert du Rendez-Vous valdôtain de Donnas a été donné, le jeudi 11 septembre dernier par l’Entraide des femmes qui organisait sa propre soirée. Dès 21 heures, un large public se pressait sous le chapiteau dressé pour accueillir les diverses manifestations prévues au programme du Rendez-Vous et les amateurs de la danse. Les femmes présentes reçurent chacune une brochure les informant de l’existence et des activités entreprises par l’Entraide depuis la création en 1978.

Notre amie Georgette Rolland dans son discours à la fois simple et passionné aura su les convaincre de l’intérêt d’une telle association pour l’avenir de notre région et très certainement bon nombre d’entre elles viendront prochainement grossir les rangs de l’Entraide. Les frères Bibois, orchestre fort sympathique et dynamique, venu de Cogne, fit virevolter les couples de danseurs. Marilena et Georgette interprétèrent avec beaucoup de talent et pour notre plus grand plaisir deux sketches sur le thème d’une chanson bien connue de Charles Aznavour. Pour compléter le programme de cette soirée, distribution et dégustation de succulents beignets et du café à la valdôtaine et vente aux enchères : tous les lots étaient des objets créés par des femmes.

Cette réunion fut joyeuse et très réussie, comme d’ailleurs le Rendez-Vous qui se poursuivit jusqu’au dimanche 14 septembre. La méfiance, voire même l’hostilité manifestée tout d’abord par la gent masculine fort nombreuse, ce soir-là, se dissipa peu à peu. Les femmes valdôtaines ont également le droit et le devoir de s’exprimer et d’œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie dans le respect des traditions et de l’identité du peuple valdôtain, hommes et femmes doivent être unis pour un même combat.

La prochaine réunion de l’Entraide se tiendra à Arnad, rendez-vous chez Lise (bar situé au bord de la route nationale), le mercredi 8 octobre à 21 heures. Participez nombreuses. A toutes poudzo.

Françoise Yeuillaz

Tiré du Peuple n. 36 du 30/10/1980

Cours d’agrotourisme

Le service d’assistance technique, économique et sociale de l’Assessorat à l’Agriculture et Forêts est en train d’organiser un cours théorique et pratique d’agrotourisme qui se tiendra probablement au mois de février 1981.

Les personnes intéressées doivent présenter une demande de participation avant le 15 janvier 1981 à l’Assessorat à l’Agriculture et Forêts et doivent naturellement démontrer qu’ils s’occupent d’agriculture.
Presque toutes nos amies – qui ont une activité agricole – auront certainement déjà lu cette nouvelle dans les communiqués de presse de l’Administration Régionale. Combien d’entre elles ont déjà décidé de participer ?

Nous espérons qu’elles seront nombreuses parce que cela signifiera que les femmes prennent de plus en plus conscience de leur rôle dans l’entreprise agricole. La conscience que aussi dans leur activité il s’agit désormais de chercher une préparation professionnelle doit leur faire abandonner toute indécision et repousser le doute (absolument absurde) de ne savoir être à la hauteur de la situation.

Comme dans toute activité, les femmes, quand elles sont convaincues de leur choix, savent agir avec rapidité et courage.

Tiré du Peuple n. 42 du 14/11/1980

2ème Veillà di Fenne

Les restaurateurs et les serveurs des « Caves de Donnas » n’oublieront pas de sitôt cette formidable soirée de la 2ème Veillà di Fenne, le 8 novembre dernier à Donnas. Pensez donc plus de cent femmes !!! Ce fut une véritable explosion de l’Amitié et la plus parfaite harmonie y régna.

Un succulent repas arrosé de vins de qualité (pays oblige) délia bien vite les langues et réchauffa les cœurs, faisant jaillir ainsi de toutes parts nos plus beaux chants. Comment oublier ce moment solennel et émouvant où toutes debout, retentit notre merveilleux hymne valdôtain et cet autre plus drôle et surtout mouvementé où nous prîmes la pose pour la photographie de groupe. Clou de cette deuxième rencontre de l’Entraide : l’incomparable mime exécuté par la talentueuse Cleta Yeuillaz.

Puis la danse et encore les chants mirent un point final à cette sympathique réunion. Il n’y a pas assez de mots pour exprimer combien la Véilla de l’Entraide fut magnifique et des plus réussies grâce, en grande partie, à nos habiles organisatrices de la section Basse Vallée et au service impeccable, plein de gentillesse, du restaurant des « Caves de Donnas ». Toutefois, la nombreuse assistance de ce soir-là ne doit point disparaître, comme par enchantement la fête terminée. Au contraire, chères amies, sans négliger, par ailleurs, nos foyers et nos activités, soyons désormais partout et davantage présentes dans la société valdôtaine aux côtés des hommes. L’amour que nous portons chacune au fond du cœur pour ce beau pays, unique au monde, puisque c’est le nôtre, doit être le plus fort. Aussi réjouissons-nous avec Mlle Viglino, de la naissance riche de promesses, de l’ « Union des femmes valdôtaines ».

Poudzo à toutes.

F. Yeuillaz

Tiré du Peuple n. 44 du 28/11/1980

Le problème de l’alcoolisme

LETTRE D’UNE FEMME

« J’ai lu, voici quelques mois, sur plusieurs journaux locaux dont « Le Peuple Valdôtain » que s’était constitué à Aoste un groupe de l’ « Associazione Alcolisti Anonimi » qui se propose de ramener les alcooliques à la sobriété. Ayant moi-même un parent qui s’adonne à l’alcool et dont l’état de santé déplorable nous inquiète, je suis très intéressée par ce problème, d’autant plus que toute la famille en subit les conséquences désastreuses.
Avant de m’adresser à cette Association je désirerais avoir quelques précisions sur les méthodes qu’elle emploie et surtout il m’importe de connaître votre opinion à ce propos ».
(lettre signée, avec adresse)

Réponse de l’Entraide

Le problème de l’alcoolisme concerne un grand nombre de familles valdôtaines ; c’est pourquoi nous avons jugé opportun de répondre publiquement à cette lettre, après avoir interviewé Roger, le secrétaire du groupe A.A. d’Aoste.

Q. Qu’est-ce que l’alcoolisme ?

R. Les définitions de l’alcoolisme sont diverses et nombreuses. L’explication la plus répandue parmi les membres de l’association, présente l’alcoolisme comme une maladie progressive et incurable, dont il est néanmoins possible d’arrêter l’évolution. Cette maladie se caractériserait par une grande sensibilité physique à l’alcool, accompagnée d’une obsession de boire que la volonté ne suffit plus à maîtriser. L’alcoolique ne peut pas contrôler sa façon de boire.

Q. Quels en sont les symptômes ?

R. Les alcooliques ne présentent pas tous les mêmes symptômes, mais plusieurs à différentes étapes de leur maladie, présentent les signes suivants : ils voient dans l’alcool le seul moyen qui puisse leur donner confiance en eux-mêmes et les aider à se sentir à l’aise avec les autres ; il leur arrive fréquemment de vouloir prendre « juste un autre verre » à la fin d’une soirée ; ils anticipent les occasions de boire et cette pensée occupe beaucoup leur esprit ; ils s’enivrent alors qu’ils ne l’avaient pas prévu ; ils essayent de contrôler leur façon de boire en changeant de sorte d’alcool, en s’imposant des périodes d’abstinence ou en prenant toute sorte de résolutions ; ils prennent quelques verres en cachette, ils mentent au sujet de la quantité d’alcool qu’ils consomment ; ils cachent des bouteilles ; ils boivent seuls ; ils ont des trous de mémoire (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent se rappeler ce qu’ils ont dit ou fait la veille) ; ils boivent le matin, pour se « ramener » ; ils éprouvent des sentiments de culpabilité et des craintes ; ils se nourrissent mal ; ils sont atteints de cirrhose du foie ; ils tremblent violemment et peuvent avoir des hallucinations ou connaître des convulsions quand ils sont privés d’alcool.

Q. Un alcoolique peut-il boire normalement ?

R. L’expérience ne cesse d’enseigner qu’un alcoolique reste toujours un alcoolique. Une abstinence même de plusieurs années ne restitue pas le contrôle de la consommation, une fois celui-ci perdu.
Après une abstinence plus ou moins longue, certains se sont risqué à reprendre un peu de bière ou de fin à faible densité ; d’autres ont cru pouvoir arroser leurs repas ; les uns comme les autres n’ont pas tardé à se sentir à nouveau obsédés par l’alcool et, malgré leur vigilance, à retomber dans les excès.
Les Alcooliques Anonymes savent d’expérience qu’un alcoolique ne reste jamais longtemps maître de l’alcool. Il n’a qu’une seule alternative : ou laisser s’aggraver sa maladie avec toutes ses conséquences, ou en arrêter l’évolution en cessant complètement de boire.

Q. Qui sont les Alcooliques Anonymes ?

R. Les Alcooliques Anonymes sont une association d’hommes et de femmes qui partagent leurs expériences, leurs énergies et leurs espoirs pour essayer de résoudre leur problème commun, tout en aidant d’autres alcooliques. Une seule condition pour entrer dans l’association : le désir d’arrêter de boire.
Les Alcooliques Anonymes ne sont alliés à aucune organisation ni à aucune institution. Puisqu’ils sont eux-mêmes tous des alcooliques, ils ont une compréhension mutuelle spéciale. Ils connaissent les signes de la maladie et ils ont appris à se réhabiliter avec A.A.
Un membre A.A. dit : « Je suis un alcoolique », même quand il n’a plus bu depuis quelques années. Il ne dit pas qu’il est guéri. Ce membre pourrait affirmer que tout individu qui a une fois perdu la capacité de contrôler sa façon de boire ne peut jamais plus compter pouvoir boire en sécurité ; ou en d’autres termes, jamais une telle personne ne peut espérer devenir « un ancien alcoolique ». Cependant dans A.A. cet individu peut devenir un alcoolique réhabilité.

Q. Comment les A.A. aident-ils l’alcoolique ?

R. Par l’exemple et l’amitié des alcooliques réhabilités dans A.A., le nouveau membre est encouragé à s’éloigner du premier verre « une journée à la fois », comme ils le font eux-mêmes.
Souvent, pour un alcoolique, le passé est lourd, chargé de regrets, l’avenir est sombre, incertain, et la perspective de ne plus jamais toucher un verre est parfois effrayante. La seule période durant laquelle un alcoolique puisse vraiment répondre de lui est le présent. Inutile qu’il vise loin : l’avenir lui échappe et lui échappera toujours dans une certaine mesure. Mieux vaut, dès lors, concentrer son effort sur l’immédiat et vivre vingt-quatre heures à la fois, jour après jour. Ainsi : « Aujourd’hui, rien qu’aujourd’hui, je ne boirai pas » se propose-t-il. Et le lendemain, il reconduit son projet. Il commence alors à mettre de l’ordre dans sa façon confuse de penser et à se défaire de ses sentiments malheureux, en suivant les « Douze Etapes » de recouvrement A.A. Ces Etapes suggèrent des idées et des actions qui peuvent les guider vers une vie heureuse et utile. Afin d’être en contact avec les autres membres et d’approfondir le programme de recouvrement, le nouveau membre assiste régulièrement aux assemblées A.A.
Il y a les assemblées « ouvertes » au cours desquelles les conférenciers racontent comment ils ont bu, comment ils ont connu A.A. et comment le programme les a aidés. Les membres peuvent amener des parents ou des amis ; ordinairement, toute personne intéressée aux A.A. est aussi bienvenue aux « assemblées ouvertes ».
Les assemblées « fermées » sont strictement réservées aux alcooliques. Elles consistant en discussions de groupe, et tout membre qui le désire peut parler, poser des questions et partager ses idées avec les autres membres. Dans les « assemblées fermées » chaque membre A.A. peut obtenir de l’aide au sujet de ses problèmes personnels concernant sa sobriété et sa vie de tous les jours. Quelques autres membres auront connu les mêmes problèmes et pourront expliquer comment ils les ont réglés.

Q. Que peuvent faire les familles d’alcooliques ?

R. A côté du groupe A.A. il y a le Groupe Familial et des amis de A.A., qui a le but de connaître et étudier le problème, d’apprendre à tenir un comportement approprié ainsi que de donner de la compréhension et de l’encouragement à l’alcoolique.

Q. Qu’en coûte-t-il pour faire partie des A.A. ?

R. Financièrement les Alcooliques Anonymes se suffisent. Ils n’acceptent ni don, ni aide, ni subside de l’extérieur. Seulement, pour couvrir leurs frais de fonctionnement, ils collectent discrètement à chaque réunion, laissant chacun seul juge de sa participation. Les membres A.A. ne sont jamais rémunérés pour l’aide qu’ils apportent à d’autres alcooliques. Leur récompense est quelque chose qui se situe bien au-dessus de l’argent, c’est leur propre santé. Les A.A. ont découvert que le moyen meilleur de rester sobres était d’aider d’autres alcooliques. A.A. ne procure pas de gîtes, de nourriture, de vêtements, de travail ou d’argent. Il aide l’alcoolique à rester sobre, de sorte qu’il peut gagner ces choses par lui-même.
Les A.A. ne tiennent pas de liste des membres. Ils ignorent les noms de famille et de ne se connaissent que par leur prénoms. Ils ne divulguent jamais l’identité d’un autre A.A. Chacun est libre, s’il le juge bon, de révéler qu’il est A.A.

Q. Quelle est la situation du Groupe A.A. d’Aoste ?

R. Au début du mois de juin 1980 se sont constitués à Aoste, en collaboration avec le Service Central de Rome, le groupe A.A. et le Groupe Familiaux Al. Anonymes.
Dès lors nous avons visité différents groupes A.A. en Italie du Nord et en Suisse.
Au moyen des Services Généraux A.A. suisses de Genève et du Groupe A.A. de Martigny, avec lequel nous entretenons des rapports très amicaux, nous avons eu la littérature A.A. en langue française, ainsi que l’exige notre bilinguisme.
Nos deux groupes sont encore petits bien sûr, mais ils ont déjà obtenu des résultats positifs. En effet, à la fin d’octobre nous avons eu la satisfaction de fêter les premiers trois mois de complète sobriété d’un de nos associés.
Pour tous renseignements s’adresser à Roger (tél. 0165-35680) dans l’après-midi et aux heures de repas.

Après ces explications nous pouvons vous assurer, chère lectrice, qu’il s’agit d’une association sérieuse et efficace ; du reste c’est aussi l’avis des autorités, des services médicaux et sanitaires non seulement régionaux, mais encore nationaux et étrangers.

L’Entraide des Femmes Valdôtaines

Tiré du Peuple n. 46 du 12/12/1980