Femmes Valdôtaines

Le mouvement en ligne

1983

Approbation du Statut

Le Statut de l’Entraide, qui avait été soumis au C.E. de l’UV a été présenté au Comité Central qui l’a approuvé dans sa séance du 8 janvier 1983.
L’Entraide pourvoira donc à nommer une représentante au Comité Exécutif et trois représentantes au Comité Central.
Nous publions ici le texte du Statut en invitant toutes les femmes sensibles à la cause valdôtaine à adhérer à notre groupe.

Comme a souligné justement notre représentante Joséphine Gérard, qui a pris la parole au Comité Central pour illustrer le Statut, les Valdôtains doivent compter seulement sur leurs forces : en sensibilisant aussi les femmes à la question valdôtaine nous serons le double et nous pourrons ainsi mener notre combat d’une façon plus efficace.

Nous rappelons que pour se mettre en contact avec nous il suffit de téléphoner au Siège Central de l’UV (0165-41120) ou au Siège de Pont-St-Martin (0125-82393).

STATUT

– I
L’Entraide des Femmes Valdôtaines est une association féminine composée de femmes inscrites à l’Union Valdôtaine et de sympathisantes. Elles acceptent les principes et les buts du Mouvement ainsi qu’ils sont exprimés dans les articles 1 et 2 de ses statuts.

– II
Les buts de l’Entraide sont :
– la promotion sociale et culturelle de la femme valdôtaine ;
– la défense de l’identité et de la dignité du peuple valdôtain, de sa culture et de ses traditions ;
– le développement des langues valdôtaines (français, patois, allemand, walser) à travers son action dans la famille, dans l’école et dans la vie quotidienne.

– III

En vue du progrès de la Communauté valdôtaine, l’Entraide conduit une action visant à résoudre les problèmes de la santé, de la vie socio-économique, du tiers âge, des porteurs de handicaps et des toxico-dépendances.

– IV

L’Entraide participe à la vie politique du Mouvement (réunions des sections, activités de formation, Rendez-Vous, etc.).
Dans ce but elle peut nommer 1 représentante au sein du Comité Exécutif, 3 représentantes au Comité Central et 9 représentantes au Congrès National au delà des femmes éventuellement élues directement par les Sections de l’UV.
Ces représentantes sont élues par l’Assemblée de toutes les adhérentes à l’Entraide au moment du renouvellement des charges dans les organes de l’UV.

– V

Pour faciliter son action l’Entraide se divise en deux groupes ; un pour les sections de la Basse Vallée, un pour la Moyenne et Haute Vallée.
Chaque groupe de l’Entraide se réunit ordinairement une fois par mois. Les deux groupes tiennent deux réunions annuelles conjointes, dans les deux zones respectives. Les décisions prises au cours des réunions sont valables à la majorité des voix des présentes.

– VI

L’Assemblée des femmes de l’Entraide nomme un groupe de coordination, composé de 3 membres, qui a la tâche de régler l’activité ordinaire de l’association et tenir les contacts nécessaires avec les autres associations et mouvements féminins.

Tiré du Peuple n. 3 du 20/01/1983

Alcoolisme

Puisque nos lectrices nous posent souvent des demandes d’éclaircissement au sujet des possibilités de se reprendre de l’alcoolisme, nous nous sommes adressées à l’Association Alcooliques Anonymes d’Aoste qui nous a envoyé l’article suivant.

L’alcoolisme est une maladie, progressive et incurable, qui atteint l’homme tout entier. C’est une allergie de l’organisme, doublée d’une obsession de l’esprit. Pour l’alcoolique, le problème n’est pas de renoncer à boire, mais de renoncer pour de bon et de se maintenir sobre avec sérénité.

Au physique, l’alcoolisme est une allergie, une hypersensibilisation de l’organisme à l’alcool, engendrant inévitablement une réaction désordonnée, doublée d’une obsession de l’esprit. C’est une maladie insidieuse et progressive : la maladie progresse très lentement, et cette lenteur déroute la plupart des alcooliques et les membres de leur entourage. Le terme en est très souvent la folie ou le suicide.

Cette maladie attaque le malade simultanément dans son corps, dans son esprit et dans sa conscience. L’alcoolique se définit : « Toute personne à qui l’abus fréquent des boissons enivrantes crée de sérieux problèmes dans l’organisation et la conduite de sa vie et qui cependant se révèle d’ordinaire incapable de renoncer à boire pour de bon, même si elle le veut, sans aide de l’extérieur ».

Nous considérons qu’être alcoolique n’est ni un honneur ni un déshonneur ! La médecine et la psychiatrie reconnaissent que le penchant presque irrésistible à boire est bien autre chose qu’un désir de satisfaire un caprice et que la nécessité d’absorber de l’alcool ne peut être vaincue par une thérapie médicale ordinaire ou le simple exercice de la volonté.

Certaines théories veulent que la cause de l’alcoolisme réside dans une disposition chimique particulière de l’organisme engendrant une tendance physique spéciale. D’autres prétendent que le complexe émotionnel manque de maturité ou de stabilité : qu’il existe une déficience quelque part dans le caractère : besoin d’évasion, complexe d’infériorité ou autres défectuosités du comportement psychologique. Tout ceci peut être entièrement ou partiellement véridique.

Pour simplifier le problème, nous assimilons l’allergie à l’alcool pour l’alcoolique à celle du sucre pour le diabétique. Jusqu’à présent, la science médicale n’a pas réussi à éliminer cette allergie de l’organisme. Un « ancien alcoolique » est une contradiction dans les termes. Quand on est alcoolique, c’est pour la vie. Même après dix, vingt ans de sobriété et d’abstinence, l’alcoolique est comme le nouveau venu, à « un » verre d’une « cuite ». C’est là le commun dénominateur de tous les alcooliques. Mais cette maladie, incurable dans le sens qu’un alcoolique, même après un temps considérable d’abstinence, ne peut plus faire un usage modéré d’alcool, il est possible d’en arrêter définitivement le cours et d’en écarter les effets nocifs, parce qu’on peut en supprimer la cause.

Présentement, une seule organisation, celle des Alcooliques anonymes, peut proclamer une réussite massive dans le relèvement et la rééducation des alcooliques proprement dits au moyen de ce qu’ils appellent les douze étapes.

Le succès indéniable que remportent les Alcooliques anonymes oblige à réfléchir. Chez eux, ni remède magique ou charlatanisme, ni réclame tapageuse ou cure spectaculaire. Selon leur onzième tradition, leur propagande repose sur l’attrait qu’exerce leur action individuelle. Ils gardent l’anonymat quand ils se servent de la presse ou de la radio, du cinéma ou de la télévision.

Aucun mystère dans leur doctrine, qui tient en moins de cinquante lignes, sous forme de suggestions, divisées en douze étapes et douze traditions. Les douze étapes orientent le relèvement progressif de l’alcoolique ; les douze traditions maintiennent le fonctionnement des groupes.

Les alcooliques anonymes s’appliquent par leur thérapie de groupe à libérer l’alcoolique de l’obsession qui le porte à boire. Le but visé est la sobriété sereine : c’est elle qui inspire leur programme de thérapie collective. L’obsession ne mine pas seulement la victime, mais, par réaction et par répulsion, étreint progressivement tous les membres de la famille : elle fait l’unité invisible de leur vie ; chez l’alcoolique, obsession par attrait et par besoin ; chez les membres de la famille, obsession par peur et par répulsion.

C’est pour cette raison que le programme des douze étapes peut s’appliquer avec le même rendement aux deux groupes d’obsédés : les alcooliques par les Alcooliques anonymes : les conjoints et parents d’alcooliques par les groupes familiaux Al-Anon. Cette organisation des Groupes familiaux Al-Anon est composée de parents ou amis d’alcooliques. Les membres de ces groupes s’entraident afin de mieux faire face à leurs problèmes très spéciaux.

Dans l’atmosphère de charité discrète qu’engendre une souffrance commune, au contact d’épouses d’alcooliques, prêtes à aider avec cordialité, l’isolement s’effrite et l’espoir renaît. L’épouse en vient à admettre avec sérénité son impuissance à guérir directement son malade, et toutes ses forces se concentreront en vue de créer l’atmosphère de compréhension et de sympathie qui, tôt ou tard, amènera le malade à chercher lui-même un remède efficace.

Epoux ou épouse, fiancé ou fiancée, parent ou enfant d’un buveur à problèmes, pour aider ce dernier à devenir et à rester sobre, votre compréhension de la nature de l’alcoolisme jouera un rôle déterminant. L’espoir est un thème omniprésent chez les Alcooliques anonymes. Beaucoup de membres, naguère considérés comme des cas désespérés, totalisent aujourd’hui nombre d’années de sobriété.

N’oubliez pas qu’il ne faut jamais perdre l’espoir et que, par votre connaissance de la maladie et des Alcooliques Anonymes, ainsi que par votre volonté d’adapter à votre propre vie ce que vous pourrez de leur programme, vous pouvez aider efficacement le buveur à problèmes dont vous partagez l’existence.

Pour des contacts téléphoner : (0165) 35632/33988/31186/44730.

Tiré du Peuple n. 4 du 27/01/1983

Observations au plan socio-sanitaire régional

L’Entraide des Femmes

ayant examiné la proposition du plan socio-sanitaire régional pour les années 83-85, en particulier le point n. 15 (prevenzione dell’handicap ed assistenza agli handicappati) et n. 8 ( tutela materna-infantile)

SOULIGNE

pour ce qui concerne le point n. 15 ;
1) l’importance de la prévention. A ce sujet elle insiste sur la nécessité d’une campagne d’information sur l’hygiène de la grossesse et les contrôles et les examens prénatals qui permettent de soigner à temps, sinon d’éviter le handicap ou, le cas échéant, de pratiquer l’avortement thérapeutique.
2) La nécessité d’une majeure collaboration entre les Assessorats de la Santé et Aide Sociale et de l’Instruction Publique afin que les structures de l’école soient moins rigides pour permettre une meilleure insertion des porteurs de handicaps.
3) La nécessité d’intégrer, autant que possible, les sujets porteurs de handicap dans le monde du travail, ce qui leur offre la possibilité de se réaliser en parvenant ainsi à une intégration sociale.
4) Le manque de structures aptes à soutenir les familles des personnes handicapées. A ce propos l’Entraide des Femmes félicite l’Assessorat à la Santé et Aide Sociale pour la récente ouverture du « Centre d’Accueil pour les enfants et jeunes porteurs de handicaps graves » et sollicite la réalisation au plus tôt des structures de Châtillon et de Hône prévues.

L’ENTRAIDE

pour ce qui concerne le point n. 8

RAPPELLE

l’importance de la loi régionale n. 65 du 11 novembre 1977 portant interventions pour la procréation libre et responsable, la protection de la femme, des enfants, du couple et de la famille et en particulier de l’article 2 de la susdite loi (activité des Centres de Consultation).

SOULIGNE

L’importance de l’assistance psychologique et sociale pour l’individu, le couple, la famille, en particulier pour ce qui concerne les problèmes de la sphère sexuelle.

DEMANDE

que l’on parvienne à une humanisation de l’accouchement par
1) le développement des cours de préparation psycho-prophylactique à l’accouchement (RAT) pour les femmes enceintes. A ce propos il convient de souligner le fait que les parturientes ayant fréquenté le cours en tireront profit si elles sont assistées par du personnel compétent ; il est donc souhaitable que tout le personnel sanitaire du pavillon de la maternité ait connaissance du RAT et en tienne compte ;
2) L’institution de différents types d’accouchement notamment celui LEBOYER.

REMARQUE

que dans les districts et les dispensaires polyvalents on parle toujours d’activité de « gynécologie » et non de « gynécologie-obstétrique ». Peut-être que les soins d’obstétrique concernant le contrôle de la grossesse ne sont pas à destiner à de tels niveaux ? Nous souhaitons donc que la diction « gynécologie-obstétrique » soit maintenue.

SOUHAITE

que les moments de reliement entre hôpital et territoire soient faits au plus vite, ce qui est important aussi du point de vue de la formation des opérateurs. L’Entraide espère que le département parvienne à concrétiser son action en opérant un reliement entre les opérateurs.

EXPRIME

le vœu qu’un des buts principaux, poursuivis par les Centres de Consultation, c’est-à-dire celui d’être un centre de discussion de certains problèmes, celui de promouvoir une acquisition de conscience, une modification de rapports, ne soit pas perdu de vue, sans quoi le rôle de ces services se réduirait à celui de simples dispensaires.
Une information de la population sur l’activité conduite et de ses rencontres entres opérateurs et usagers sont aussi des conditions essentielles pour le bon fonctionnement de ces Centres, afin que la structure publique puisse offrir davantage dans le domaine sanitaire t social.
Vraiment des Centres de Consultation peut commencer un dialogue afin de transformer les opérateurs sanitaires et les structures dans lesquelles ils travaillent, en les conformant aux exigences du couple.
Afin de parvenir à des résultats concrets il est nécessaire d’orienter ces services dans une direction bien définie d’après une confrontation entre les opérateurs et les usagers (afin aussi que ces derniers puissent exprimer leurs exigences), en développant certains domaines, en privilégiant certains aspects, en se préfixant quand même des objectifs déterminés.

SOUHAITE

que l’on parvienne à surmonter les difficultés qui entravent le développement des Centres de Consultation afin que par leur action on puisse faire face aux problèmes des usagers et donc améliorer la qualité de la vie des citoyens.
Nous demandons donc que ce projet objectif soit particulièrement suivi surtout par des formes adéquates d’information et de participation active des usagers aux initiatives d’éducation sanitaire mises en œuvre par les Centres de Consultation.

L’ENTRAIDE
Tiré du Peuple n. 7 du 17/02/1983

Centres de Consultation

Par cette série d’articles l’Entraide des Femmes Valdôtaines se propose de mieux faire connaître, en particulier aux femmes, les fonctions et les services des Centres de Consultation. Nous avons en effet remarqué à maintes reprises le manque d’information à ce sujet ; souvent lors de nos réunions est ressortie l’exigence de parler des Centres de Consultation, d’expliquer de quoi il s’agit, de confronter nos expériences à cet égard. Nous voilà donc engagées à traiter cet important et vaste sujet : nous commençons par expliquer ce qu’est le Centre de Consultation en disant qu’il s’agit d’un service que l’USL offre à la population.

La loi de l’Etat n. 405 qui a institué les Centres de Consultation en 1975 les définit ainsi : « Il consultorio è un servizio socio-sanitario per mezzo del quale le singole persone, la coppia, la famiglia intera possono ricevere informazioni ed assistenza, psicologica e sociale, per la preparazione alla maternità ed alla paternità responsabile, la divulgazione dell’informazione idonea a promuovere o prevenire una gravidanza, la somministrazione dei mezzi necessari per conseguire le finalità liberamente scelte dalla coppia o dal singolo in ordine alla procreazione responsabile ».

Cette loi est née à la suite des exigences réelles, ressorties dans les débats, les luttes, les requêtes continuelles de la part de forces politiques et sociales. Le manque de services sanitaires adéquats et de structures socio-sanitaires pèse surtout sur la femme. En effet c’est elle qui affronte tous les problèmes de la vie familiale. C’est pour cela que les mouvements des femmes ont toujours été les plus sensibles et les plus intéressés à la création de ces structures.

La loi régionale n. 65 du 11 novembre 1977 a fixé les critères pour la programmation et le fonctionnement de ces Centres. Le service que fournit avant tout le Centre de Consultation est multidisciplinaire : grâce à la collaboration des divers spécialistes, l’on peut donner un conseil, une aide à l’usager qui en fait demande. Il s’agit là d’une manière nouvelle d’exercer la profession de médecin qui place le Centre de Consultation à l’avant-garde par rapport aux systèmes traditionnels de travail. Afin que les usagers ayant besoin d’une aide technique particulière puissent en prendre conscience et se rendre compte qu’ils pourront satisfaire leur exigence dans les structures publiques, le travail devrait être porté à la connaissance de la population.

Comme nous avions déjà souligné dans les observations au plan socio-sanitaire régional, un des buts principaux des Centres de Consultation est celui de promouvoir une acquisition de conscience, sans quoi ces structures risquent de devenir des dispensaires plus ou moins efficients, avec l’insatisfaction des usagers et le conséquent recours à la médecine privée. Pour ce qui concerne celle-ci, nous sommes de l’avis qu’il faut la maintenir mais il fut diriger les efforts pour améliorer la structurer publique dans le domaine sanitaire et social afin que l’usager la recherche spontanément.

Ces temps-ci on parle beaucoup des Centres de Consultation et on se plaint surtout de leur mauvais fonctionnement : selon certains c’est à cause du manque de volonté politique, selon d’autres c’est à cause de la mauvaise volonté des opérateurs, selon d’autres encore c’est à cause de l’appareil bureaucratique, etc., etc. Selon nous, la faute principale est à l’état : nous pouvons tous constater avec quelles difficultés cette énorme machine qu’est l’USL est en train de démarrer. De plus les salaires prévus pour les opérateurs ne les encouragent certes pas à opérer dans les structures publiques. Un exemple suffit : un gynécologue d’un Centre de Consultation perçoit quinze mille lires à l’heure. Or je crois que nous connaissons tous les tarifs des gynécologues privés. Il faut considérer aussi qu’à cause des difficultés de l’USL, parfois les paiements arrivent avec des mois de retard.

De cette manière on n’encourage, hélas ! que la médecine privée. Les spécialistes et tous les opérateurs i travaillent dans les Centres de Consultation méritent donc notre reconnaissance parce qu’ils ont choisi volontairement d’œuvrer dans ces structures malgré les nombreuses difficultés.

D’autre part c’est notre droit et notre devoir en tant que femmes de défendre ce service.
Nous avons posé à ce propos quelques questions à l’Assesseur à la Santé et Aide Sociale, M. Auguste Rollandin.

1. Assesseur, que pouvez-vous nous dire au sujet des difficultés qui entravent le bon fonctionnement de ces Centres ?
Les causes principales sont dues aux motifs que voici :
a) Manque de spécialistes ;
b) Difficulté de prévoir les spécialistes de l’hôpital au travail dans les dispensaires du territoire ;
c) Nécessité d’une connaissance plus approfondie des possibilités de travailler pour la prévention non seulement des maladies typiques de la femme mais aussi de l’homme.

2. Que pensez-vous du « Piano Azione Donna » du Ministère de la Santé ? La Cour des Comptes avait bloqué cette campagne d’information sur la santé de la femme en objectant sur son urgence (sic !)…
Je partage l’avis que le « Piano Azione Donna » devait être étudié et programmé par les Régions et non pas imposé par l’Etat, tout en sachant qu’il y a des difficultés à gérer certains programmes.

3. Un bilan de l’activité des Centres de Consultation jusqu’à présent et vos prévisions sur leur avenir.
Il faut bien avouer qu’il y a eu des difficultés surtout si on analyse le cas de la Ville d’Aoste. Tout de même le fait que sur le territoire on soit en train de travailler pour sensibiliser la population est très important et très apprécié. Nous faisons des efforts pour travailler encore davantage afin d’améliorer le service.

4. Un thème à l’ordre du jour : le déplacement du Centre de Consultation de Pont-Saint-Martin à Donnas. Pourquoi tellement de polémiques pour déplacer de deux kilomètres ce service ? Vous êtes la cible préférée de nos adversaires politiques : la dernière accusation que l’on vous adresse est celle d’avoir commis par ce déplacement un acte de violation des lois en vigueur… Tout en étant solidaires avec votre position nous aimerions que vous éclaircissiez pour nos lectrices et nos lecteurs ce problème.
On a instrumentalisé et mal compris le problème. Il ne s’agit pas de priver un district de certaines fonctions ou de l’autonomie de travail qui sont à la base de la décentralisation. On veut uniquement déplacer les secteurs gynécologique et pédiatrique dans un centre mieux équipé comme celui de Donnas plutôt que les maintenir à Pont-Saint-Martin où les locaux sont très étroits.

Toutes les autres activités telles que assistance sociale et psychologique et la médecine de base restent à Pont-Saint-Martin. On a envisagé cette solution dans l’intérêt de la population pour améliorer le service en tenant compte du fait que le dispensaire de Donnas est aux portes de Pont-Saint-Martin.

A. de l’Entraide des Femmes

Tiré du Peuple n. 13 du 31/03/1983

Notre santé « AZIONE DONNA » et les Centres de Consultation

La campagne de publicité lancée par le Ministère de la Santé sous l’appellatif « Azione Donna » a engendré pas mal de polémiques. La « Corte dei Conti » l’a même bloquée ; puis la campagne a démarré mais les administrations régionales ont protesté parce qu’elles ont été exclues de sa gestion ; dans ce cas elles avaient sans doute raison.
Les catholiques, aussi d’après le journal « Corriere Medico », ont critiqué la campagne. Le même journal publie des données diffusées par le Ministère de la Santé qui sont intéressantes et font réfléchir.

Les Centres de Consultation publics qui étaient 1824, en 1981, ont augmenté jusqu’à 1874 en 1982. Les Centres de Consultation privés (125 en 1981) sont presque tous dans le nord de l’Italie.
L’âge moyen des femmes qui fréquentent les Centres de Consultation est entre les 25 et les 35 ans et il s’abaisse toujours.

Les femmes demandent surtout des contraceptifs, la prévention des tumeurs gynécologiques (Paptest), l’assistance pendant la grossesse, des certificats pour l’avortement. Quant à l’emploi des contraceptifs les femmes italiennes sont à l’arrière-garde en Europe : seulement 4,8% des femmes en emploie, contre 36% aux Pays-Bas, 34% en Belgique, 30% en France, 15% en Espagne.
Le nombre des avortements en 1981 a été de 222.674, mais on ne connaît pas le nombre des avortements clandestins. En 1981, le 60,7% des médecins spécialistes en obstétrique et 51,2% des spécialistes en anesthésie étaient des objecteurs de conscience. Chaque année on découvre 18.000 nouveaux cas de tumeur de la mamelle, dont 8.000 mortels. Les tumeurs de l’utérus sont 17.000. Il faut rappeler que 80% des deux types de tumeur peut guérir si on fait un diagnostic précoce. Le taux de guérison s’abaisse à 45% si on le découvre en retard.

Il faut donc que les femmes sachent surtout deux choses : les Centres de Consultation doivent devenir de plus en plus des structures au service de la femme et de la famille. La santé de la femme et les problèmes de la grossesse, de la prévention des handicaps etc. sont des problèmes sociaux très importants ; donc les femmes doivent s’en occuper sérieusement aussi bien au niveau personnel que par leur engagement aux différents niveaux de la vie publique.

L’ENTRAIDE

Tiré du Peuple n. 16 du 21/04/1983

Fête sociale

L’Entraide des Femmes Valdôtaines organise aussi cette année, ainsi qu’elle l’a fait dans le passé, sa fête sociale. Il s’agit d’un moment important pour notre association et pour toutes les femmes qui croient dans les idéaux autonomistes et dans la Cause Valdôtaine. En effet notre fête n’est pas seulement l’occasion pour une kermesse, mais elle est un moyen de rencontre, de débat et d’échange d’idées.
C’est pour cela que nous espérons que les femmes valdôtaines voudront en profiter et qu’elles participeront nombreuses à notre fête sociale.

En cette occasion l’Entraide a pensé d’organiser un débat autour d’un thème qui intéresse nous toutes : « La Femme Valdôtaine : conditions et rôle. Témoignages et essai de recherche ». Il s’agit là d’une recherche qu’un groupe de l’Entraide a entreprise et qui vous sera illustrée lors de la rencontre afin de soutenir un débat entre nous.

Nous invitons donc les femmes à notre fête sociale qui aura lieu le SAMEDI 7 MAI 1983 à SARRE, à l’Hôtel restaurant « Del Giardino » avec le programme suivant :
18h30
– présentation de notre recherche suivie par un débat.
– Présentation de la candidate de l’Entraide des Femmes pour les élections régionales.
20h30 :
– Dîner social (le prix du dîner est de 17.000 lires).

Pour les réservations de places au dîner, vous pouvez téléphoner AVANT LE 5 MAI au siège central de l’UV (tél. 41120) ou directement au Restaurant « Del Giardino » à Sarre (tél. 47002).

Tiré du Peuple n. 17 du 28/4/1983

Communiqué de l’Entraide

à l’occasion de l’exposition sur l’Irlande et de la visite en Vallée d’Aoste de M. Ruarì Ò Bràdaigh, Président du parti irlandais Sinn Féin

DENONCE

1) les conditions inhumaines dans lesquelles sont tenus les prisonniers politiques irlandais ;
2) les mauvais traitements qu’ils subissent ;
3) les perquisitions corporelles complètes auxquelles sont régulièrement soumis aussi bien les détenus que les personnes qui leur rendent visite (y compris les enfants) ;
4) l’emploi contre les civils d’armes condamnées par le Parlement européen et les conséquents décès et mutilations de plusieurs personnes, notamment d’enfants ;

EXPRIME SA SOLIDARITE

en particulier aux femmes actuellement détenues, obligées de subir les humiliations susdites et toute autre forme de violence physique et psychologique ;

SOUTIENT

les requêtes du parti irlandais Sinn Féin, c’est-à-dire :
1) le retrait immédiat des troupes anglaises de l’Ulster ;
2) le droit du peuple irlandais à son auto-détermination ;

INVITE

les forces politiques, les différentes organisations et l’opinion publique à se mobiliser afin que le peuple irlandais puisse finalement disposer de lui-même.

Aoste, le 9 mai 1983

Tiré du Peuple n. 19 du 12/05/1983

Fête sociale de l’Entraide des Femmes

Samedi 7 mai a eu lieu à Sarre, au Restaurant « Del Giardino », la fête sociale de l’Entraide des Femmes Valdôtaines.
Mlle Maria Ida Viglino a illustré le travail de recherche sur la femme Valdôtaine effectué par un groupe de l’Entraide et présenté à cette occasion. Elle a souligné l’importance de ce document et a présenté un bref aperçu historique sur notre passé.
L’Entraide, en remerciant Mlle Viglino pour son dévouement à la Cause Valdôtaine et l’activité déployée au cours de ces années au sein de l’UV surtout dans le domaine de l’école, lui a offert un bouquet de fleurs et un parchemin avec les signatures de nous toutes. Ensuite a pris la parole Maria Rita Maquignaz Bétemps (Magui), notre candidate aux élections régionales, qui a rappelé le rôle actuel de la femme dans la société.
Le Président de l’UV, M. J.-C. Perrin a adressé à l’Entraide une lettre d’encouragement au nom du Mouvement.
Un débat a été ouvert sur l’activité de notre association dans la prochaine campagne électorale.
Ensuite ont été lues des poésies écrites par des femmes Valdôtaines, qui ont été reportées dans le document de recherche.
Un repas a suivi, animé par des chants de nous toutes ; ensuite Magui a pris sa guitare pour nous réjouir avec ses chansons.

a.r.

Nous publions ici la lettre que le Président de l’UV nous a adressée à l’occasion de notre fête sociale, au début de laquelle a été présenté notre travail de recherche sur la femme Valdôtaine.

Chères amies,

Pour la première fois dans ces 38 ans de vie de l’Union Valdôtaine possède une association féminine active et nombreuse.
Cela démontre que les idéaux pour lesquels Emile Chanoux a donné sa vie et pour lesquels plusieurs Valdôtains se sot sacrifiés ne sont pas morts.
Bien au contraire ils sont toujours plus vivants et la naissance et l’activité croissante de l’Entraide des Femmes Valdôtaines en est un exemple.
A travers vous aussi, la Cause Valdôtaine reprend un élan surprenant car ne l’oubliez pas, les femmes représentent la bonne moitié du peuple valdôtain. Vous êtes donc l’espoir de la continuité de la lutte pour la liberté de notre pays.
En grossissant les rangs de ces rares femmes qui comme Mlle Viglino ou Mme Perruchon veuve Chanoux ont embrassé dès le début cette cause juste et noble de la liberté valdôtaine, vous contribuez à la victoire finale.
N’oubliez pas que les femmes ont un rôle et une mission probablement plus grands encore que ceux des hommes. C’est vous qui, par l’éducation des nouvelles générations, pouvez transmettre les valeurs valdôtaines : amour de la famille, amour du Pays, désir de liberté et de justice. C’est vous qui pouvez, plus que les hommes, transmettre à vos fils nos langues ancestrales, le français et le patois.
N’oubliez donc pas ce rôle et cette mission. Transmettez la flamme qui doit rester toujours allumée pour que la Vallée d’Aoste ne succombe pas. J’en suis sûr : Vous le ferez. Ce Congrès d’aujourd’hui, l’ardeur que vous avez mise pour rechercher votre rôle dans le passé, la volonté qui vous anime sont là pour dire : Nous les Femmes Valdôtaines nous n’abandonnerons jamais la tranchée et nous lutterons pour que la Vallée d’Aoste vive.
Bon travail et allez toujours de l’avant. Ensemble nous gagnerons !
Au nom de l’UV je vous adresse tous mes remerciements les plus chaleureux et mes souhaits de bon travail et bonne fête.
Merci et vive l’Entraide !

Joseph-César Perrin
Président de l’UV

Tiré du Peuple n. 20 du 19/05/1983

Centres de Consultation

Nous poursuivons notre série d’articles sur les Centres de Consultation en parlant de leur emplacement.
Les premiers 3 Centres de Consultation ont été ouverts dans la ville d’Aoste en octobre 1979. Les services dépendaient alors de la Commune d’Aoste. Ensuite, petit à petit, d’autres Centres de Consultation sont nés, gérés par les Communautés de Montagne, dans toute la Vallée jusqu’au nombre actuel de 14.

Nous les indiquons brièvement :

District 1
Le siège du C. de C. est à Morgex (hameau Liarey). Les services ambulatoires sont fournis à : Morgex – Hameau Liarey, Courmayeur – Hameau Larzey.

District 2
Le siège du C. de C. est à Villeneuve – place Emile Chanoux.

District 3
Le siège du C. de C. est à St-Pierre, rue de la Liberté. Les services ambulatoires sont servis à :
St-Pierre – rue de la Liberté
Cogne – à l’infirmerie

District 4
Le siège du C. de C. est à Variney – Ecoles Moyennes

District 5
Les sièges des C. de C. sont à Aoste : rue Festaz, boulevard Europe, place Bataillon Cervin. Les services ambulatoires sont fournis aussi rue Vuillerminaz, avenue d’Ivrée et dans les cabinets médicaux de St-Christophe-Sarre et Gressan.

District 6
Le siège du C. de C. est à Quart, hameau Villair et Nus, rue Aoste.

Districts 7-8-9
Le siège du C. de C. est à Châtillon, au Centre de Service Social. Les services
ambulatoires sont fournis aux Sièges des C. de C. de :
Valtournenche, cabinet médical de la Maison communale ; Antey-St-André, immeuble Méabé pour le district n. 7.
Chambave, cabinet médical de la Maison communale pour le district n. 8.
Châtillon, rue Barat ; St-Vincent, cabinet médical de la Maison communale pour le district
n. 9.

District 10
Le siège du C. de C. est à Brusson, hameau La Pila

District 11
Le siège du C. de C. est à Verrès, rue Crétier.

Districts 12-13
Le siège du C. de C. est à Donnas près du Dispensaire Polyvalent, rue Rome.

District 14
Le siège du C. de C. est en vue de réalisation.

Pour ce qui concerne la ville d’Aoste

Le Centre de Consultation du Quartier Dora
est pour les usagers de la zone est de la ville, du côté de la rive gauche du Buthier, quartier Dora, avenue d’Ivrée et pour les communes de la ceinture : St-Christophe, Pollein, Charvensod, Gressan, Jovençan (sauf Sarre) ;

Le Centre de Consultation de rue Festaz
est pour les usagers du Centre de la ville, de la rive droite du Buthier jusqu’à rue Monte-Vodice, avenue des Maquisards, plus ou moins ;

Le Centre de Consultation du Quartier Cogne
est pour les usagers de la zone de St-Martin-de-Corléans, du Quartier Cogne et de Sarre. Les usagers sont donc vivement priés de se rendre dans leurs zones respectives afin d’éviter un afflux excessif dans un Centre plutôt que dans un autre, avec par conséquent l’entravement des services.

DOCUMENTAZIONE SUL SERVIZIO DI CITOGENETICA

Presso il Laboratorio Regionale di Igiene e Profilassi è operante dai primi mesi del 1981, un Servizio di Citogenetica. Il servizio è in grado di eseguire mappe cromosomiche con vari tipi di bandeggio e prestare consulenza genetica facendo riferimento anche all’Istituto di Biologia Generale e Genetica Medica della Università di Pavia.

Il servizio risulta utile, fondamentale nella diagnosi e nella prevenzione di anomalie che abbiano come sospetta causa o concausa alterazioni cromosomiche.
Si propone qui di seguito una scheda elaborata dal servizio stesso con le principali indicazioni allo studio del cariotipo nell’ambito del consultorio familiare.
« Dai dati della letteratura risulta che l’incidenza delle cromosopatie nell’uomo non è trascurabile, e aumenta notevolmente in determinate situazioni a rischio che possono variare in relazione al tipo di anomalia interessata :
una alterazione strutturale bilanciata è trasmissibile, mentre una alterazione numerica è generalmente accidentale.

LE TRASLOCAZIONI CROMOSOMICHE BILANCIATE sono più frequenti di quanto si potrebbe pensare, in quanto coinvolgono una persona su 500, e quindi una coppia su 250 rischia, ad ogni gravidanza, di avere figli affetti. In realtà l’incidenza di bambini patologici è molto inferiore al rischio teorico previsto : soltanto un numero di neonati pari al 5-13% del rischio teorico è realmente affetto. Tale differenza è dovuta all’alta incidenza di aborti, anche precocissimi, o alla mancata produzione di alcuni tipi di gameti per l’impossibilità di appaiamento dei cromosomi omologhi (in taluni casi è perciò presente subfertilità secondaria).

Le ALTERAZIONI NUMERICHE derivano da malsegregazione cromosomica durante la formazione dei gameti paterni o materni. In questi casi i genitori hanno generalmente cariotipo normale e il rischio di anomalie per i figli successivi deve essere calcolato tenendo conto dei fattori che favoriscono la non-disgiunzione cromosomica. I dati epidemiologici più ampiamente utilizzati riguardano la sindrome di Down (uno su 600 nati). I fattori che maggiormente interessano tale processo sono : l’età dei genitori (soprattutto materna), le radiazioni, alcune sostanze chimiche e la costituzione genetica.

La consulenza genetica si prefigge lo scopo di sensibilizzare la popolazione al problema delle malattie ereditarie, che, come è stato statisticamente provato, sono responsabili del 40% delle malattie mentali, del 15% delle malattie pediatriche e di un’alta percentuale di ricoveri ospedalieri.

La prevenzione delle malattie ereditarie si attua informando i singoli e le famiglie dei rischi effettivi derivanti da matrimoni tra consanguinei o tra soggetti portatori di forme morbose, anche se apparentemente sani. In questo ambito è possibile effettuare l’analisi del cariotipo e individuare eventuali anomalie cromosomiche, che sono responsabili di circa il 40% degli aborti spontanei entro il primo trimestre e che, se compatibili con la vita, arrecano spesso danni gravissimi.

Riportiamo qualche dato riferito all’incidenza di malattie genetiche su 100 neonati vivi :
Anomalie cromosomiche di numero 5
Anomalie cromosomiche di struttura 2
Malattie ad eredità autosomica dominante 7
In totale 14
Questi dati portano ad un rischio individuale per la patologia elencata di 1 su 70.
Va rilevato che le attuali strutture sanitarie al momento non prevedono sotto alcuna forma istituzionalizzata l’attività di consulenza genetica. In tale senso è fondamentale che nelle nuove strutture consultoriali sia posto in essere tale servizio ed è perciò necessaria la collaborazione di tutti gli operatori sanitari che agiscono sul territorio.

SCHEMA RIASSUNTIVO PER LA RICHIESTA DI STUDIO DEL CARIOTIPO
– NELL’ADULTO

1) Sterilità :
a) per aspermia o oligospermia nell’uomo ;
b) per amenorrea nella donna ;
c) per malformazioni agli organi genitali.
2) Aborti spontanei ripetuti entro il primo trimestre di gravidanza (il 40% circa riconosce una causa citogenetica).
3) Presenza di familiari o figli con ritardo mentale.
4) Presenza di familiari o figli con quadri malformativi già correttamente diagnosticati come anomalie cromosomiche.
5) Elevata età dei genitori (soprattutto della madre) al momento della gravidanza.
6) Grave preoccupazione da parte dei genitori che temono la procreazione per questo motivo.

– NEL BAMBINO

1) Malformazioni multiple neonatali.
2) Ritardi psicomotori.
3) Ritardi pondero-staturali.
4) Ritardo nello sviluppo, ipogonadismo.
I prelievi si eseguono nei giorni di lunedì, martedì e venerdì dalle ore 8 alle ore 9,30 previa prenotazione, anche telefonica ».

Tiré par le Peuple n. 21 du 26/05/1983

L’intervention de l’Entraide lors du Comice d’ouverture de la campagne électorale de l’UV

Mes amis,
Après les allocutions de M. Perrin, Mlle Viglino, M. Barocco, il ne me reste plus grand chose à dire, mais, tout de même, je pense devoir vous expliquer pourquoi je suis là, pour représenter l’Entraide des femmes et, bien sûr, l’Union Valdôtaine.

L’Entraide, vous le savez, est un groupe de femmes de l’UV et sympathisantes, qui, désirant participer d’une façon plus active et consciente à la vie politique de leur pays, ont ressenti la nécessité de se réunir pour débattre ensemble leurs problèmes, se documenter, chercher et proposer des solutions.
Elles ont fait cela avec beaucoup de sérieux et d’humilité, mais conscientes de l’utilité de leur contribution à la vie du Mouvement.

Voilà pourquoi, aujourd’hui, elles ont voulu participer, à vos côtés, à cette compétition électorale, pour partager vos efforts et votre lutte, comme elles partagent vos idéaux.
Peut-être aussi se sont-elles un peu fatiguées de travailler toujours dans l’ombre d’avoir une fonction de « soutien » ; elles désirent aujourd’hui travailler « avec » vous, « à côté » de vous. Les femmes m’ont proposé de les représenter ici, ce dont je les remercie. Je ne vous dirai pas, chères amies, que je suis fière de l’honneur que vous me faites, etc… cela ne me ressemble pas, je vous dirai simplement que si vous m’avez choisie, c’est que vous avez estimé que je pouvais vous représenter et, avec vous, toutes les femmes valdôtaines : pour cela je vous remercie, vraiment, parce que j’estime que les femmes valdôtaines sont quelqu’un de bien.

Je ne parle pas là des grandes femmes qui se sont distinguées dans différents domaines (Nous venons d’en écouter, et saluer, avec beaucoup d’émotion une, ce soir) et je ne parle pas, non plus, de celles qui, tout en ayant les capacités, n’ont pas eu la possibilité, pour différentes raisons, de le faire : vous connaissez tout cela.
Je parle ici des femmes soit-disant ordinaires : de celles qui ont su, pendant ces siècles, prendre en charge la famille et l’entreprise familiale pendant que leurs maris, durant de longues saisons, émigraient à l’étranger, et qui rentraient dans l’ombre, sitôt l’homme revenu. Je parle de celles qui sont entrées dans les usines, les bureaux, pour contribuer au budget de la famille, de celles qui, à la campagne, ont toujours travaillé autant que les hommes, de celles qui, sans avoir une culture spécifique, ont toujours su élever leurs enfants en bons valdôtains et en faire les hommes « bien » que vous êtes ; de celles qui ont toujours su apprendre le patois et le français à leurs enfants.
Je parle de celles qui, aujourd’hui, choisissent, je dis bien choisissent de parler patois à leurs enfants, à vos enfants : et rappelez-vous bien qu’il ne s’agit pas seulement d’un choix linguistique : c’est beaucoup plus, c’est leur donner des racines, c’est leur créer un lien avec leur territoire et leur peuple, dont ils ne pourront jamais se passer : ils pourront un jour contester votre choix, mais ce sera toujours une partie de leur personnalité avec laquelle ils devront faire les comptes.

Et, tôt ou tard, on a besoin de ses racines : pour se reconnaître, pour avoir quelque chose d’original à donner aux autres, pour s’enrichir à travers les contacts extérieurs, sans être victimes de la superficialité et de la banalisation de la culture des médias : ce sont les racines qui permettent à un arbre de pousser et de s’épanouir, sans se laisser briser ou emporter par le vent.

Ce sont, enfin, nos racines qui nous permettent de nous reconnaître en tant que peuple, dans des époques et des contextes sociaux et économiques différents : et cela, pour nous est fondamental : si nous voulons vivre et non pas survivre (dans l’idée de survie s’annonce déjà l’idée de la mort, ce que nous refusons très fort), si nous voulons être respectés et réclamer nos droits, en tant que peuple, nous devons, tout d’abord, en avoir nous mêmes la conscience… et la dignité.

Nous avons souvent parlé de colonisation de la part de l’Etat (Je dis bien l’Etat) italien : je l’ai fait aussi, c’était une analyse à faire : les données démontrent que nous avons été colonisés au point de vue économique, culturel, linguistique : c’est indéniable.
Mais, cela dit, il ne faut pas s’en faire un alibi moral pour justifier toutes nos faiblesses et nos défaillances. La partie adverse est forte, bien sûr, mais sommes-nous certains de rassembler toutes nos forces à nous pour la contraster ? Ne jouons-nous pas un peu trop les victimes ?

Ce n’est pas la conduite qu’ont tenue les Valdôtains au cours de tout le Moyen Age, lorsqu’ils ont obtenu, seuls parmi tous les territoires appartenant à la Maison de Savoie, le privilège des franchises.
Ce n’est pas la conduite qu’ont tenue les centaines de Valdôtains qui, lors des Révolutions des Socques, ont su s’armer, descendre de leurs vallées, s’opposer à Napoléon et au Roi de Sardaigne, pour protester contre les impôts qu’ils considéraient injustes.
Et ce n’est pas, non plus, l’attitude qu’ont eue les Valdôtains lors de la Résistance et après, quand ils étaient 20.000 à Aoste, manifestant pour le plébiscite.
Et ce statut d’Autonomie qui nous a été octroyé, qui est tout ce que nous avons, quoiqu’il soit bien loin d’être celui que nous souhaitons, n’a toutefois pas été un cadeau, mais le résultat d’une négociation, et nous l’avons eu parce que nous avions la force pour l’exiger.
Et ceux qui ont donné leur vie pour que leur pays puisse vivre, méritent quelque chose de plus que des commémorations de temps en temps.

Je ne suis pas là pour prêcher la lutte armée, bien au contraire : si je suis là, ce soir, c’est parce que j’ai choisi, comme vous, une autre forme de lutte.
La force dont je parlais et qui a animé les Valdôtains dans le passé, est une autre.
C’est l’esprit de cohésion, le sentiment d’appartenance à un peuple, ce qui comporte des droits, mais des devoirs aussi : en une parole : la dignité.
Il y a eu des moments, dans notre histoire récente, où cela s’est réveillé chez nous : je songe aux valdôtains qui ont voulu manifester leur solidarité à Mlle Viglino, en un moment fondamental et difficile de sa politique, par quelque 1.000 signatures.

S’unir quand on est menacé c’est bien, mais cela ne suffit pas (je suis certaine, d’ailleurs, que tous les 100.000 habitants de la VDA protesteraient si on nous enlevait les coupons d’essence ; tout le monde, du coup, se découvrirait autonomiste).
Et, d’ailleurs, qui nous menace ? Un état faible, corrompu, un état duquel on n’ose même pas citer le 1er ministre, sans avoir avant lu les nouvelles politiques, de peur qu’il ait changé entre-temps (d’ailleurs, c’est pas bien grave, on se tromperait de peu : à Rome, depuis 30 ans, ce sont toujours les mêmes qui se succèdent…).
C’est de ça que nous avons peur ? N’avons-nous pas quelque chose de mieux à proposer ? Le modèle de fédéralisme et d’autogestion que nous tenons de Proudhon et de Chanoux, n’est-il pas plus digne et réaliste ?

Il ne faut donc pas se mettre dans la condition d’être menacés : et pour ce faire deux engagements sont nécessaires : le premier se situe au niveau personnel : chacun de nous doit se dire que si nous avons eu l’autonomie c’est parce qu’il y avait les conditions pour l’obtenir ; sommes-nous certains d’œuvrer toujours dans notre vie privée et sociale, dans notre travail, pour les maintenir ?
Nous serions bien minables si nous transformions en privilèges ceux qui nous ont été reconnus comme droits.
Notre deuxième engagement se situe au niveau politique : voilà pourquoi nous sommes là, ce soir. Et permettez-moi, à ce propos, d’ouvrir une parenthèse, pour m’adresser, encore une fois, aux femmes : si vous avez parcouru le programme de l’UV, vous vous êtes aperçues que la plupart des points nous concernent.

J’ai, tout à l’heure, énuméré les différentes qualités des femmes, et je crois que tous les hommes sont d’accord pour nous les reconnaître (sans ça ils ne nous confieraient pas si facilement l’éducation de leurs enfants !)… et d’autres encore, que j’ai oubliées.
Mais il y en a une qu’on ne nos accorde pas facilement : le sens pratique, le réalisme.
Je ne suis pas là pour discuter de la nature des femmes (nous n’en sortirions pas, ce serait comme discuter du sexe des anges). Mais, quelle que soit la nature des femmes, par la force des choses, elles sont obligées d’être réalistes. Tous les problèmes dont vous traitez, c’est sur notre dos qu’ils retombent : la langue, c’est pas pour rien qu’on l’appelle « langue maternelle » (j’ai déjà parlé de l’importance de cela) ; l’école, c’est encore la femme qui doit veiller à ce que l’école ne rende pas vains ses efforts, et qui doit suivre le plus souvent les enfants dans leurs études.
Et ne sous-estimez pas l’importance de l’école et de la culture ; ce n’est pas une affaire d’intellectuels, c’est quelque chose qui nous concerne tous : c’est l’école qui peut créer un rapport utile entre l’individu et son territoire, et c’est encore l’école qui peut, au contraire, le déraciner et l’aliéner.
Et, vous le savez, un rapport correct entre individu et territoire est la base d’une société équilibrée.

La santé : quand il y a un malade à la maison, c’est encore la femme qui doit s’en charger. Selon les statistiques nous sommes la région qui a le plus haut taux de revenu.
Mais toujours selon les statistiques, nous sommes aussi la région qui a le plus haut pourcentage de suicides.
Et je ne parlerai pas des problèmes de la drogue, de l’alcoolisme, des maladies mentales, des problèmes du 3ème âge.
Ne sont-ce pas là les symptômes d’un malaise, non seulement physique, que notre peuple ressent et dont il faudrait chercher les causes en profondeur ?

Le travail : lorsque une femme décide de chercher un emploi, automatiquement c’est d’un double emploi qu’elle se charge. Et ses problèmes se multiplient lors d’une maternité ou d’une maladie. Vous nous voulez épouses et mères, mais travailleuses aussi, et la synthèse de ces deux rôles se fait uniquement à nos frais.
Et j’en passe.
Vous voyez bien, donc que nous avons tout intérêt à appuyer la politique de l’UV dans tous ces domaines et d’autres encore, vu que tous les efforts sont faits pour réaliser un rapport correct entre population et territoire, qui est la seule façon pour résoudre « à mesure d’homme » les problèmes dont j’ai parlé. Et si jamais quelqu’un devait l’oublier, nous les femmes, nous serons là pour le lui rappeler.

Tout ce que, jusque là, le Gouvernement Régional a pu faire (et c’est déjà pas mal) dans ces différents domaines, et ce que nous pourrons faire encore dans le futur, est le fruit d’une négociation entre le Gouvernement Régional de la VDA et l’Etat italien.
Or, dans une négociation , plus on est fort et plus on obtient de la partie adverse.
Le Gouvernement Régional n’est fort que s’il croit à la Vallée d’Aoste, à sa raison d’exister et à ses droits.
Et, pour autant que j’en sache, le seul mouvement qui a toujours démontré d’y croire est l’UV.
Je dirais même plus : l’UV est le seul parti qui a sa raison même d’exister dans l’idée de Nation Valdôtaine.

Il est donc évident que, plus il y aura d’Unionistes dans le Gouvernement Régional, plus on aura de chances d’être une partie adverse forte vis-à-vis de l’Etat italien.
Je vous demande donc de voter pour nous : non pas parce que dans l’UV « tout le monde est beau, tout le monde est gentil », et non plus parce que nous sommes les meilleurs politiciens et administrateurs du monde, mais parce que, comme vous, nous croyons aux choses que je vous ai dites jusqu’ici, et que nous travaillerons pour les réaliser.
Rappelez-vous donc de « mettre un lion dans votre poche », mais aussi dans votre tête, et dans votre cœur, et surtout, dans un mois, dans votre bulletin de vote. Merci

Maria Rita Maquignaz ép. Bétemps

Tiré du Peuple n. 24 du 16/06/1983

Bilan d’une campagne électorale

Les élections sont terminées par des résultats très positifs. Des réflexions ont été demandées pendant la campagne électorale ; d’autres doivent être faites maintenant.
L’engagement que l’Entraide des Femmes avait pris pour cette campagne électorale avait des buts bien précis : faire comprendre aux électeurs que la collaboration des femmes dans la vie sociale et politique est désormais indispensable.

Nous avons cherché à intéresser l’opinion publique par la présence d’une candidate officielle de notre association, Magui Bétemps. Pendant les 30 jours de la campagne électorale, par ses comices, elle s’est engagée pour faire comprendre quel est le rôle de la femme dans la société valdôtaine : faire connaître notre culture, s’engager toujours plus sur le problème de la langue, qui est de plus en plus menacée, s’intéresser davantage à notre histoire et à nos traditions…

Nous sommes très reconnaissantes envers Magui, pour l’engagement sérieux qu’elle a su prendre et nous sommes convaincues que tout son travail (ainsi que celui de Marie-Louise Blanc) n’a pas été inutile. Nous la remercions donc pour ce qu’elle a fait au nom des femmes de l’Entraide pour la bonne réussite de la cause commune.

L’ENTRAIDE

Tiré du Peuple n. 27 du 8/07/1983

Les premiers contacts avec l’enfant

La médecine périnatale

Nous publions ici un article, tiré du « Messager » du 28-1-1983, qui nous a paru fort intéressant et que nous espérons sera apprécié surtout par les jeunes couples dans l’attente d’un enfant.

La médecine périnatale est une spécialité qui a pris un essor important depuis quelques dizaines d’années seulement. Elle s’occupe des tout premiers instants de la vie de l’enfant ; de la conception à la naissance, et durant la période dite néonatale, jusqu’à la fin du premier mois environ. Pendant cette courte durée, beaucoup de transformations surviennent : les risques d’infection et de malformation sont nombreux. Nous allons essayer de comprendre quelques mécanismes fondamentaux et voir là où la maladie peut frapper.

Douze semaines pour former un être

A la fin de la première semaine, l’œuf fécondé s’est implanté dans la paroi de l’utérus maternel. Les deux minuscules cellules originelles s’étant réunies, vont se diviser et se multiplier à une cadence très élevée. Si bien que vers la fin du premier mois on pourra déjà reconnaître les organes. Ceux-ci prendront leur forme définitive vers le troisième mois. On parlera alors de fœtus, et plus d’embryon. Le cœur, par exemple, au début n’est qu’un simple tube qui va s’allonger et se plier sur lui-même dans un mouvement complexe. Ainsi on distinguera peu à peu les quatre cavités du cœur adulte. La maturation des poumons quant à elle sera plus lente. Ils sont pleins de liquide au stade fœtal, car l’oxygénation du sang de l’enfant se réalise par l’intermédiaire du placenta.
Vers la vingt-huitième semaine, le poumon est suffisamment formé pour permettre à la respiration spontanée de s’instaurer. La vie est désormais possible.

La rubéole une infection grave

Bien que protégé dans le ventre de sa mère, l’enfant n’est pas à l’abri de certains dangers. Il peut devenir porteur d’anomalies ou de lésions dues à deux sortes de facteurs : les uns génétiques et les autres en relation avec la santé de la mère. Le placenta qui est un filtre entre les deux circulations sanguines ne peut empêcher certains virus ou bactéries de passer. Ainsi lorsque la mère contracte la rubéole, parfois sans s’en rendre compte, durant le premier trimestre de la grossesse le virus va infliger à l’embryon de multiples malformations, toujours les mêmes et d’autant plus dangereuses que les organes sont en pleine formation.
L’œil par exemple sera atteint de cataracte, l’oreille de surdité, le développement du crâne sera altéré avec des risques élevés d’arriération mentale. Le virus agit en outre en empêchant une division cellulaire satisfaisante : ceci explique la petitesse des organes et du corps du nouveau-né atteint.
La seule protection efficace est l’immunité acquise naturellement par la mère qui a eu la rubéole ou par le virus atténué que l’on donne en vaccin. C’est la raison pour laquelle il faut conseiller aux jeunes de se faire vacciner, en général avant la puberté vers l’âge de dix ans. Une analyse sanguine faite auparavant pourra indiquer si l’enfant a été ou non atteint par la maladie. Il n’est pas nécessaire d’immuniser les garçons.

Attention à certains médicaments !

Des médicaments pris pendant la grossesse peuvent causer des malformations. On se souvient du drame de la thalidomide, qui était ordonnée pour lutter contre les vomissements fréquents du début de la grossesse, donc en pleine période de dangereuse. Des antibiotiques comme les tétracyclines atteindront les dents de l’enfant après la naissance, d’autres comme la streptomycine toucheront les nerfs de l’acoustique. Il est reconnu de plus que dès six cigarettes par jour, la mère peut imposer à son enfant un retard de croissance, des risques de convulsions élevés à la naissance et d’éventuelles lésions cérébrales.

La naissance

Il suffit d’assister à une naissance pour voir que le nouveau-né passe un moment difficile. Les changements les plus notables sont internes. En effet l’organisme tout entier commence une vie autonome. Le système nerveux reçoit tout à coup des informations multiples, thermiques, mécaniques et sensorielles. Le poumon, nous l’avons vu, doit évacuer très vite le liquide qu’il contient pour éviter l’asphyxie. Ceci se réalise par la bouche mais encore et surtout par résorption au niveau sanguin et lymphatique.
Battant depuis plus de six mois déjà, le cœur suit la transformation de la circulation pulmonaire : le poumon se remplissant d’air, il devient nécessaire que tout le sang y passe, ce qui n’était pas le cas avant la naissance. Un canal artériel dérivait le sang directement vers la grande circulation. Un trou entre les deux oreillettes cardiaques jouait le même rôle. Au moment des premiers mouvements respiratoires le canal artériel doit se fermer, le trou se combler, ce qui se fait aisément par le jeu des nouvelles différences de pression. Dans le cas contraire, une ligature chirurgicale peut être indispensable.

La jaunisse du nouveau-né

Le foie est une véritable usine chimique de transformation des produits de la circulation sanguine, la régénération du sang étant constante. Les produits de dégradation ne peuvent être tous traités par le foie qui manque encore de l’équipement enzymatique nécessaire. C’est la raison pour laquelle le nouveau-né, et d’autant plus le prématuré, présentent après quelques jours une coloration jaune-orange. Cette jaunisse n’a aucun retentissement sur l’état général et avant la fin de la première semaine l’ictère va diminuer, le foie étant arrivé à pleine maturation.

Lait de vache ou lait de femme ?

Une tendance actuelle fort regrettable veut que l’allaitement maternel soit raccourci, voire abandonné au profit de lait animal « humanisé ». La nature a conçu un lait approprié au nourrisson, le lait de vache ayant une trop grande richesse en protéines, mal digérées par l’enfant. Le lait de femme est en outre stérile et apporte des anticorps pour lutter contre les infections.
L’OMS s’est rendue compte que les produits de substitution, généralement préparés et administrés de façon peu hygiénique, posent un problème de santé grave : l’incidence de la malnutrition et de la gastroentérite pendant les premiers mois de la vie ont ainsi augmenté dangereusement dans certains pays en voie de développement. Hormis une tubercolose ou une infection spécifique du sein, il n’y a pas de contre-indications sérieuses à l’allaitement maternel pendant six à huit semaines et plus longtemps si possible.
On se rend compte de l’importance de la médecine périnatale qui, en collaboration avec les équipes de gynécologues, de pédiatres, de chirurgiens, est une spécialité charnière dont le but premier est d’assurer à l’enfant le maximum de soins pour un développement ultérieur harmonieux. Bien que se penchant sur une période très restreinte, une dizaine de mois, on devine toute l’importance de la responsabilité qu’elle détient.

Dr. Philippe FONTAINE

Tiré du Peuple n. 31 du 4/08/1983

Femme

Femme, tu es la terre ensemencée
et la fleur éclose,
tu es la source cachée au soleil fiancée
et la nasse close
où s’éprennent les rêves des adolescents
et s’apaisent les premiers chagrins d’enfants.

Femme, tu es le chemin et l’accueil
et la tige charnelle,
le tison, le berceau, le linceul
et le cycle des continuités nouvelles
qui engendre le prophète et l’exterminateur,
de qui naissent geôliers comme libérateurs.

Femme, tu es l’alcôve très secrète
et l’aimable charité,
tu es l’artisane des corvées concrètes
et, sur la table mise, le bouquet posé.
Dis, quand tu parles tendresse,
accepteras-tu longtemps encore
qu’on riposte fadaise ?

Femme, tu n’es ni servante ni reine
mais « le soutien de toute l’humanité ».
Quand tu parles d’amours souveraines,
quand tu défends ta liberté,
accepteras-tu longtemps encore
qu’on t’oppose la raison formelle
ou l’implacable haine ?

Femme, tu es l’origine et la mère
et pour cet innocent, sorti de ton flanc,
dénonce le fléau nucléaire
et la science qu’asservit le tyran.
Epouse et mère, accepteras-tu, un jour de plus,
les tortures, la famine, les pouvoirs totalitaires ?
Eve salvatrice, accepteras-tu, un jour de plus
l’immonde tuerie et la monstrueuse guerre ?

Irma Bonfillon di Placido

A la mémoire d’une femme

Le nom de Marianella Garcia Villas a été proposé pour le prix Nobel pour la Paix 1984 par la Pax Christi Internationale.
Marianella Garcia Villas était la présidente de la Commission pour les droits humains du Salvador et fut arrêtée ce printemps dernier au cours d’une rafle de l’armée dans un village.
Elle fut horriblement torturée pendant plusieurs heures et ensuite tuée. Face à de pareils épisodes qu’on ne peut qualifier de bestialité, car ce serait offenser les bêtes, tout commentaire devient difficile ; tout mot résonne d’ailleurs léger face à de telles violences.
Il faut dire que lors des guerres et des troubles sociaux, c’est toujours les faibles, du point de vue physique, qui en paient davantage les frais : les femmes, les enfants, les vieillards…
C’est pour cela que nous devons tous, mais les femmes surtout, nous engager pour défendre la paix, en travaillant pour forger notre avenir car l’indifférence, le désintérêt sont les pires ennemis de la liberté.
Nous devons en particulier être solidaires avec ceux et celles qui luttent contre le fléau des fléaux : la guerre civile, qui aujourd’hui ensanglante tant de pays.
En hommage à Marianella Garcia Villas, qui s’est battue en ce sens, nous ne pouvons donc qu’approuver la proposition qui la concerne et espérer qu’elle soit accueillie.

A. de l’Entraide

Tiré du Peuple n. 35 du 29/09/1983

Une question de principe

En réponse à l’attitude du gouvernement italien, qui lors de la séance du Conseil des Ministres du 29 septembre 1983 a décidé de supprimer deux dixièmes de la répartition financière de la Vallée d’Aoste,

L’ENTRAIDE DES FEMMES VALDOTAINES

invite

la communauté valdôtaine à réfléchir sur ce grave acte politique.
Il s’agit en effet d’une attaque à nos droits face à laquelle nous ne pouvons demeurer indifférents : de ce pas on nous enlèvera aussi l’autonomie.
D’abord ce n’est pas faute à nous si l’Etat, dans lequel nous avons été arbitrairement englobés, risque la faillite et nous sommes las d’en payer une énième fois les frais : ce n’est pas juste et nous estimons qu’accepter cette décision ce serait se rendre complices d’un abus. Dans ce moment de crise occupationnelle, que les femmes ressentent particulièrement, un ultérieur coup à l’économie de la Vallée aggrave considérablement la situation.
Mais ce n’est pas seulement là la question : il s’agit surtout d’un principe important pour la sauvegarde de notre autonomie : nous voulons ce qui nous est dû, rien que cela.
Nous invitons donc tous les Valdôtains, et les Valdôtaines en particulier, à protester afin que Rome entende la voix de notre peuple.
C’est notre droit d’exiger que l’on se comporte honnêtement envers nous, c’est à nous de démontrer que nous ne nous laisserons pas faire.

L’autonomie se gagne, se mérite, se défend, comme toute chose de valeur.

L’ENTRAIDE
Tiré du Peuple n. 37 du 13/10/1983

Sortons de notre léthargie

Delphine, quarante-cinq ans, agricultrice directe, est une valdôtaine à l’ancienne : vaillante à la tâche, maternelle à l’excès, malicieuse en diable, dévouée jusqu’à l’abnégation, excellente ménagère, épouse irréprochable.
Elle est fière de ses trois beaux garçons. L’un est artisan menuisier, l’autre encore collégien et l’aîné, sur qui elle a reporté ses ambitions de jeunesse, achève ses études à l’université.

Peu fortunée à l’époque de son mariage, Delphine passa ses plus belles années à économiser sou par sou, surveillée de près par une belle-mère que les malheurs avaient rendue acariâtre et possessive.

Traire les vaches, les mener paître, s’occuper du petit élevage familial, arroser et désherber le potager, préparer les légumes pour les congeler, fleurir la cour et les balcons, balayer, cuisiner, astiquer, entretenir le linge pour ses mâles exigeants comme des seigneurs, contrôler les devoirs du gamin et, miracle ! trouver le temps d’exécuter du canevas d’art au petit point ou de fins napperons au crochet : je vous prie de croire, messieurs, que cela n’est pas une sinécure.

Aujourd’hui, c’est l’aisance au foyer dans une maison restaurée, mais ce sont aussi, hélas ! les douleurs latentes, les premiers cheveux blancs, les séquelles de deux opérations chirurgicales, la taille qui s’épaissit, le dos qui se voûte, c’est surtout ce doux regard mélancolique et ce sourire désabusé pour dire : « Ah ! pauvre, pauvre vie ! misère de vie ! ».

Delphine frise la dépression. Personne, autour d’elle, ne s’en aperçoit. Quand, excédée, elle fulmine pour quelques pécadilles, à l’adresse de ses grands, ils ricanent irrespectueusement. Quand, timide, elle essaie de se confier à son époux, il hausse les épaules et sort en claquant la porte. Sitôt dehors, il louche sur le short de la voisine.
Delphine est la championne du renoncement. Adolescente, elle a renoncé à une carrière d’enseignante pour ne pas grever le maigre budget de sa famille ; à trente ans, elle a renoncé à la gérance d’un petit commerce de mode pour consacrer ses soins à ses enfants, à son bétail, à sa mère malade ; à quarante ans, elle a renoncé à ce pèlerinage à Assise et à Padoue parce que les frais du voyage couvraient exactement l’achat du portail de la maison neuve ; le mois dernier, elle a renoncé à sa participation à la chorale car son mari ronchonnait après l’horaire des répétitions. Eh ! oui, pauvre vie !

Si je te dis, Delphine que tu as eu tort, que de renoncement en renoncement, tu as gaspillé ton existence, que Dieu, ta famille, l’humanité attendaient que tu t’épanouisses dans la joie pour qu’ils en partagent le rayonnement, que tu sois toi, Delphine, avec ta personnalité, tes capacités et tes dons afin de mieux servir les autres, si je te dis cela, tu vas éclater de rire : « T’es folle ».

Tu m’affirmes aussi que la politique est une affaire d’hommes : « Ne me parles pas d’idéologie, ni de votes, ni de partis. On ne changeras jamais le monde » . Eh ! bien, on a commencé à le changer, mais vois-tu, Delpine, il faut un homme et une femme pour que naisse un enfant, il faut une femme et un home pour bâtir un foyer qui marche droit, et, chose bizarre, les responsables des gouvernements nationaux et régionaux sont des hommes en majorité presque absolue. Alors le monde boite et boite dangereusement.
Les prix qui grimpent, les grands et les petits maffieux qui font la loi, l’éducation douteuse de tes enfants, l’alcoolisme, la drogue, la violence déchaînée, les produits de ta ferme revendus cinq fois leur prix chez le détaillant, la culture menacée, la langue maternelle souvent bafouée ; c’est du domaine de la politique que tu laisses faire par lassitude et que tu subis. Les USA et l’URSS, totalitarisme marxiste, totalitarisme capitaliste, s’approprient la planète, la menaçant sans cesse du péril nucléaire, partout des dictatures militaires qui torturent et massacrent vingt millions de personnes affamées, huit cent millions de mal nutritionnés, des enfants qui crèvent de faim tandis que nos foies éclatent de suralimentation, des mères désespérées, des femmes musulmanes mutilées dans leur chair et privées d’une liberté élémentaire, des mères célibataires sous-estimées, des femmes abandonnées sans ressource, des ouvrières mal payées, peu considérées, des prostituées, objet de plaisir, exploitées par leurs proxénètes, chez nous, des femmes ignorantes de leurs droits, d’autres sous l’emprise totale d’un conjoint abusif, l’arrogance qui cache le désespoir de nos jeunes, la solitude et même le discret dénuement de certains vieillards, enfin de quoi collectionner les cauchemars. Tu ne me feras pas croire, Delphine au grand cœur, que tout cela t’indiffère?

« Ça va mal la « tite » ? Sûr que je pense à toutes ces catastrophes. Mais tu veux quoi au juste ? Que je me pende ou que je me brûle comme bonzes ? Va, va ! garde ton beau discours pour les politiciens ».
Exactement, mon amie. Le civisme et le devoir électoral ne sont pas pour les animaux. Les pétitions, les articles de presse, les manifestations, les lettres et les télégrammes envoyés aux consulats et aux ambassades, les candidatures féminines inscrites sur les listes électorales, l’acquisition, pour la femme de son autonomie pécuniaire, la maternité consciente et éclairée, l’amour partagé et non imposé, l’éducation de nos garçons et de nos filles sur pied d’égalité : programme efficace, tu peux me croire, tellement efficace que bien des despotes en tremblent… en cachette.

Delphine, Joséphine, Laura, Marie, Pia, Clémence, Nathalie, Claire, Thérèse, Perrine, Christine, Carla, Danielle, toutes les femmes de la Vallée, l’Entraide vous appelle à l’aide. Elle attend vos suggestions, vos talents, vos connaissances, votre présence. Elle vous assure ses services, son appui, son amitié. Face à un monde en détresse, soyons fidèles à notre devise : « Etre le soutien de toute l’humanité ».

Irma BONFILLON DI PLACIDO

Tiré du Peuple n. 41 du10/11/1983

Totem et tabou

(1Ere partie)

TABOU est un nom emprunté à une langue polynésienne et il désigne un objet, un être ou un acte dont il faut se détourner en raison de sa nature sacrée.
TOTEM est un mot emprunté à une lange indigène de l’Amérique du Nord et il désigne un objet ou un être qu’il faut vénérer en raison de sa nature sacrée.
Au sens figuré ces mots désignent aujourd’hui quelque chose de défendu (tabou) ou bien une valeur positive à laquelle on ne peut pas toucher (totem).
Il y a chez nous, des mots qui sont totem ou tabou, ou totem pour les uns et tabous pour les autres, en raison de leur connotation émotive ou culturelle qui amoindrit leur signification primaire, jusqu’à s’y superposer, en certains cas.

Les personnes aussi, comme les paroles, parfois sont totem, parfois tabou : « dalla polvere agli altari » « dalle stelle alle stalle ».

C’est maintenant le tour de M. Andrione. Tout le monde en parle, tout le monde veut le juger. Surtout l’opposition. Surtout certains journalistes à la recherche du scoop de l’année, ou du mois, ou de la semaine. Vous en avez le droit : c’est un homme public et, en tant que homme public, ses actions doivent être connues et jugées.
Mais, attention : il me semble que vous avez oublié votre « fair play » et que vous avez plutôt la tendance à brouiller les cartes sur la table : par inadvertance ou par tricherie ?

Je veux donc soumettre à votre attention quelques réflexions :

1) Vous avez le droit de juger M. Andrione, bien sûr, mais seulement en tant qu’homme public, c’est-à-dire en tant que Président de la Junte ; il en découle que :

a) La sympathie ou l’antipathie que le personnage vous inspire ne devraient pas conditionner votre jugement : ce sont là des appréciations qui relèvent du domaine personnel plutôt que du domaine politique : s’en servir quand on porte des jugements qui devraient être politiques ce n’est pas correct.
b) Pour autant que j’en sache, le Président de la Junte est le Président de la Junte de la Vallée d’Aoste, donc de tous les Valdôtains.

Bien sûr, vu notre système électoral, cette personne est issue d’un parti ou mouvement politique, mais dès qu’il est Président il doit être jugé en tant que tel. Ses rapports avec le Mouvement ne vous concernent aucunement.
J’ai appris d’un journal soi-disant indépendant qu’il y aurait des problèmes entre M. Andrione et le Mouvement.
Si c’est vrai, je pense que c’est leur problème, pas le vôtre. Le Mouvement a des organes suffisamment représentatifs pour s’en charger : c’est pas la peine de vous faire du souci pour cela : votre intérêt pour ce genre de choses tient du commérage plutôt que de la politique.
c) S’il s’agit du Président de la Junte il ne s’agit pas de l’UV, et vice-versa.
Ne déverseriez-vous pas, par hasard, votre haine pour l’UV sur M. Andrione, et vice-versa?

2) Depuis Macchiavelli on n’a pas encore résolu le problème du rapport entre morale et politique ; je ne prétends pas le faire. Mais il y a aussi une morale de la politique, qui est une autre chose : des règles à suivre si on veut faire de la politique correctement et du journalisme politique. Brouiller les cartes sur la table ce n’est pas correct.

3) Dernière réflexion : « Quand le bateau coule, les rats s’enfuient » mais parfois les rats se trompent, ils s’enfuient sans que le bateau coule, ce qui est doublement avantageux pour le bateau : il s’est allégé d’un poids inutile et il a déniché les rats.

Magui Maquignaz Bétemps

Tiré du Peuple n. 47 du 22/12/1983

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(2ème partie)

TABOU est un mot emprunté à une langue polynésienne et il désigne un objet, un être ou un acte dont il faut se détourner en raison de sa nature sacrée.
TOTEM est un mot emprunté à une langue indigène de l’Amérique du Nord et il désigne un objet ou un être qu’il faut vénérer en raison de sa nature sacrée.

Ces paroles, toutes les deux, désignent quelque chose d’intouchable, qui ne peut pas être mis en discussion, digne d’un respect absolu, en vertu de sa sacralité, négative dans un cas, positive dans l’autre.
En sens figuré, ces mots désignent aujourd’hui quelque chose de défendu (tabou) ou bien une valeur positive à laquelle on ne peut pas toucher (totem).
Chaque civilisation (d’après Sigmund Freud) a ses totems et ses tabous (sans lesquels elle ne pourrait même pas exister) en guise de pôle positif et pôle négatif, comme dans le magnétisme ou dans l’électricité.
Il en découle nombre de considérations morales, sociales, politiques, anthropologiques, etc. que, toutefois, je ne veux pas faire ici.

La réflexion que je veux faire est la suivante : il y a, chez nous, des mots qui sont totem et des mots qui sont tabou, en raison de leur connotation émotive ou culturelle qui amoindrit leur signification primaire, jusqu’à s’y superposer, en certains cas.
Mais il y a aussi des mots qui sont totem pour les uns et tabou pour les autres : ce qui fait qu’en employant le même mot on peut exprimer des idées très différentes, ou vice-versa, en employant des mots différents on exprime en réalité la même idée.
Cela entraîne des conséquences assez importantes au point de vue pratique. Puisque par les mots on exprime des idées, et puisque d’après nos idées nous faisons des choix de comportement, un malentendu sur la signification des mots pet engendrer des comportements erronés.

J’aimerais donc qu’on débatte ici certains mots qui sont totem ou tabou, pour essayer de rendre aux paroles leur fonction d’instrument de communication, au delà de leur fonction de drapeau, ou de sabre, ou de masque (très souvent masque du néant, hélas !).
Le premier mot sur lequel je veux faire quelques réflexions est le mot : TRADITION.
Il n’est que trop évident que pour quelqu’un ce mot est totem et pour quelqu’un il est tabou. Il y en a qui en entendant ce mot s’attendrissent à l’idée du « bon » temps passé, et déplorent le « mauvais » temps présent.
Il y en a, par contre, qui en sont horrifiés et sentent subitement l’odeur du moisi, pendant que dans leur tête défilent toutes les images des siècles obscurs du passé. TOTEM et TABOU : distinction manichéenne entre bien et mal, plus émotive que rationnelle, inutile et nuisible.
Voilà pourquoi, moi non plus, je n’aime pas employer ce mot. Il me gêne. Il n’exprime pas ma pensée. Il peut être mal interprété.
Je préfère le mot RACINES.
Imaginons un arbre (un pommier, si vous le voulez bien, pour faire un choix autochtone !).
C’est grâce à ces racines qu’il peut vivre et c’est de ses racines que lui viennent sa nourriture et sa sève.
Mais un arbre est fait pour produire des feuilles, des fleurs, des fruits, et non pas seulement des racines.
Certes, si l’arbre enfonce ses racines dans le sable ou le béton, il mourra ; si on lui coupe ses racines, il mourra ; si on empoisonne la terre environnante, il mourra ; si on n’arrose pas le terrain, il mourra ; si on appauvrit le terrain par trop d’autres cultivations, il mourra. Les racines sont en fonction du type d’arbre : il y en a qui enfouient leurs racines dans la terre, d’autres ans le sable, d’autres dans les rochers, d’autres dans l’eau ; il y en a même qui ont des racines aériennes.
L’arbre doit produire des feuilles, des fleurs, des fruits.
Pour que cela soit possible, il faut bien soigner son arbre, le connaître, connaître et soigner d’abord ses racines et le terrain environnant. La qualité de l’arbre et la connaissance de ses racines sont indispensables pour une bonne réussite : on ne pourrait jamais prétendre que notre pommier porte des poires ; il ne portera pas de pommes non plus, d’ailleurs, si nous le plantons dans un marécage ou dans le désert.

Pour nous, la connaissance et le respect de nos racines sont indispensables pour continuer à vivre, à vivre en restant nous mêmes. Le folklore (au sens correct du mot), l’ethnologie, l’anthropologie, etc… nous servent pour connaître nos racines.
Mais l’arbre doit produire des feuilles, des fleurs, des fruits. Si la redécouverte de certaines traditions (fêtes, chansons, etc.) nous amène à mieux prendre conscience de nos racines, qu’elle soit la bienvenue.
Mais si elle est une exhumation ou, qui est pire, une imitation du passé, elle est inutile.
La fonction de l’arbre est de produire des feuilles, des fleurs, des fruits et non pas seulement des racines.
Attention aussi à ne pas établir l’égalité manichéenne : tradition = bien changement = mal, ou l’inverse.
Notre arbre vieillit, il peut contracter des maladies : il faut le soigner, avec amour et patience, il faut couper les branches mortes, détruire les parasites, on peut le greffer, pour améliorer sa production, mais attention ! Tout cela vise à produire de meilleures pommes et non pas des poires, des raisins ou des abricots !
Et, enfin, notre arbre pousse, ses branches s’étendent et produisent toujours plus de feuilles, de fleurs, de fruits.
Pour ce faire il doit respirer, on ne peut pas l’enfermer dans du nylon ; il doit plonger dans l’air que tout le monde respire, pur ou pollué qu’il soit. Il appartient à nous de le rendre ou de le conserver pur.
Notre arbre, enfin, produit des rejetons, qui pousseront et s’épanouiront quand l’arbre sera trop vieux et stérile. Et le cycle recommencera.

Avec toute cette imagerie, vous avez sans doute compris que j’ai voulu expliquer la signification que je donne aux mots : TRADITION, FOLKLORE, CULTURE, PROGRES.
Mots tabous ou totems, pour beaucoup de monde. Mots à discuter pour savoir qui nous sommes et ou nous voulons aller.
A nous de bien soigner notre arbre ; à nous de ne pas le faire mourir en négligeant ses racines ou de ne pas le rendre inutile en nous passant des feuilles, des fleurs et des fruits.

Magui Maquignaz Bétemps

Tiré du Peuple n.48 30/12/1983

Le vœu de l’Entraide

La feun di 1983 l’est cheur pa itaye di pi dzente, më… no no perdèn pa poui de coradzo pe sèn : l’an que veun, fappi no rebratë le mandze et travaillë eun co de pi pe noutro pay !

L’Entraide donque, eun presèntèn se souait pe l’an nouvë, invite tcheu le Valdoten – et le Valdotène eun particulië – a chouivre de pi et a participë activemèn à la via de noutra communauté. De tèn difficilo no-s-attègnon : ara, pi que avan, no fa ëtre-s-uni et présèn. Trèinadan !

Tiré du Peuple n. 48 30/12/1983