Femmes Valdôtaines

Le mouvement en ligne

1984

Le Français: notre sauvegarde et notre légitimité

Après H. Armand, A. Bétemps, A. Clos, « Combefroide », Grosjaques, J.C. Perrin, notre ancien et notre nouvel Assesseur à l’Instruction Publique, Mme I. Viglino et M. R. Faval, et tant, et tant d’autres, si je reprends ce thème comme une litanie, comme un « enfoncez-vous bien ça dans le crâne », c’est que de la pratique de notre langue maternelle et d’un bilinguisme intégral dépendent l’avenir économique, politique, culturel et social de notre Vallée.

Nul ne peut nier la légitimité d’une langue parlée, depuis 575 jusqu’à nos jours, par tous nos ancêtres, nos arrières grands-parents qui n’en connaissaient pas d’autre. D’ailleurs, notre patois francoprovençal qui récèle maintes expressions de vieux français est la preuve évidente de nos racines linguistiques. Témoin irréfutable de notre appartenance à une ethnie francophone, notre œuvre littéraire (un peu défaillante ces dernières décennies) dont le magnifique ouvrage de M. Lin Colliard, « La Culture Valdôtaine au cours des siècles », mériterait d’être un manuel scolaire à l’usage de nos écoles secondaires.
A la suite des conflits armés, les frontières ont été remaniées et bien des régions européennes se sont vu imposer la langue du vainqueur qui exerçait et exerce encore, sur leur population, un ascendant psychologique.

Avec le triste avènement du fascisme l’Italie se déchaîna : en Vallée d’Aoste le français fut prohibé, chassé des écoles, interdit dans les églises, devint langue martyre. Quand l’Europe parvint à se libérer du joug Hitler-Mussolini, l’Italie, République Démocratique, organisa son territoire en régions (saluons là un acte de clairvoyance). Mais croyez-vous que ce fût pour les beaux yeux de nos bergères que l’Etat octroya un Statut Spécial à la Région Valdôtaine ?

Le Statut Spécial d’alors reconnaissait et légalisait le bilinguisme pour des raisons : – d’ordre psychologique : Le français était la langue ancestrale donc sentimentale des Valdôtains et il eût été périlleux de le condamner alors que le peuple de la Vallée, récemment très engagé dans la Résistance et nostalgique de ses origines, envisageait un référendum avec l’espoir de reconquérir sa nationalité française. De plus Bréan et Chanoux s’étaient faits les apôtres du Fédéralisme Intégral qui défend les minorités ethniques, leur langue, leur autonomie, leur autogestion, leur autodétermination, leur patrimoine culturel (en accord avec les principes des Droits de l’Homme) ;
– d’ordre économique et commercial : Le français favorisait et favorise les échanges commerciaux et touristiques entre les deux pays francophones frontaliers que sont la France et la Suisse ;
– d’ordre diplomatique : La proscription du français, en Val d’Aoste, aurait pu indisposer la France qui employait de nombreux émigrés italiens et qui avait réfugié, dans la clandestinité de sa Zone dite « libre », pas mal de résistants antifascistes.
Valdôtains autochtones, Valdôtains d’adoption, Valdôtains allogènes, quand vous boudez le français par l’italianisme, par « italianisation », par contagion, par paresse, pensez-vous que vous obéissez servilement à un fascisme posthume ?

Il est stupéfiant de constater avec quelle facilité les italianistes les plus fervents s’expriment en français pour refiler une croûte de fromage, un souvenir, une camelote quelconque aux touristes français ou suisses. A la sortie d’Aoste, dans certains grands ensembles commerciaux, les articles et les étiquetages sont rédigés en deux et… même trois langues. Ah ! quand l’intérêt est en jeu ! Il est bel et bien en jeu car Rome ne saurait être plus royaliste que le roi, en l’occurrence, la République. Attention ! cette « gué-guerre » des langues risque d’avoir de fâcheuses répercussions sur notre budget régional – et, par contre-coup, sur l’aménagement de nos communes, sur la restriction de nos bons de carburants. Bientôt, qui sait, nos initiatives seront tenues pour nulles et nos libertés annihilées.

Le Statut Spécial, nouvellement révisé, fait une obligation légale de la « parité » du français et de l’italien. Or parité vient du latin « paritas », égal, et, bilinguisme, d’après le dictionnaire, signifie : connaissance parfaite de deux langues. Nous sommes loin du compte ! Qui pratique ce bilinguisme intégral ? bien peu de gens. Nous comprenons que ce n’est pas facile pour les personnes élevées sous le régime fasciste et les récents résidents en Vallée d’Aoste de s’en tenir au bilinguisme. Mais un effort de leur part serait le bienvenu.
La connaissance approfondie de deux langues, étudiées dès la maternelle, est un atout considérable pour l’avenir de nos enfants. C’est aussi un excellent moyen d’élargir leurs conceptions humanitaires.

Comment concevez-vous le bilinguisme, institutrices et instituteurs qui percevez un supplément salarial pour l’enseignement du français ? En toute franchise, le seul cours de français suffit-il à un bilinguisme intégral ? Pourquoi ne pas enseigner l’histoire, la science, le dessin ou toutes autres disciplines de votre choix, en français ? Votre érudition personnelle y gagnerait, celle de vos jeunes élèves aussi.
Passé Ivrée, une grande partie des Italiens connaissent le français : serait-ce par parti pris que de nombreux habitants du Val d’Aoste s’obstinent à l’ignorer ? Bizarre réaction à une époque oà le moindre tabellion devra être polyglotte. Amis du sud ou de l’est, vous ne vous êtes pas installés dans les Alpes pour la seule splendeur de nos cimes, ais pou un mieux-être, tout comme nos immigrés de France, de Suisse ou d’Amérique, alors cessez de nuire à nos intérêts collectifs et aidez-nous à honorer la légitimité du français d’autant que, Cupidon se promenant par là, il y a de grandes chances que vos petits-enfants soient les nôtres.

La double traduction de la signalisation, des formulaires administratifs, des notes officielles de nos maires, des enseignes commerciales demanderaient un effort mais seraient un enseignement visuel facile et efficace. Il est à rappeler les Cours de Français donnés par l’Alliance Française ainsi que ceux de l’Institut Professionnel d’Aoste. La Librairie Valdôtaine offre à nos enfants un assortiment de livres, de jeux, de bandes dessinées en français. Les émissions de la deuxième chaîne française sont souvent passionnantes, ne l’oublions pas. Il en va de même pour la Télévision suisse romande. Quant à la Télévision régionale valdôtaine, elle n’en a que le nom, et traite par dessus la jambe le bilinguisme. Ses producteurs et ses journalistes doivent se glousser, avec raison, de nos prétentions francophones lorsqu’ils entendent nos unionistes s’évertuer à parler italien pour le petit écran. La Télé régionale est, je crois, soumise, elle aussi, au bilinguisme, puisque représentant une région à Statut Spécial. Auditeurs que ne faisons-nous respecter la loi ?

Les Valdôtains d’une certaine ouverture d’esprit, ne professent aucune acrimonie à l’égard de la langue italienne : c’est une belle langue latine, riche en synonymes, souple et musicale, parente du français, seulement ce n’est pas leur langue maternelle pour les motifs ci-dessus énoncés.
Pour être aimée une langue doit être aimable. Il est toujours préférable d’informer largement et patiemment nos interlocuteurs réfractaires au français que de les tancer ou parfois de les injurier. Nous avons souvent affaire à des personnes d’un niveau culturel très réduit, têtues et vindicatives. Mais, désormais, lorsqu’un partisan de l’italien nous allèguera le classique « Nous sommes en Italie, nous parlons italien », répliquons-lui courtoisement : « Certes, nous sommes en Italie, sous Statut Spécial qui reconnaît le bilinguisme légal. Réfuter le français c’est involontairement faire acte de fascisme ».
Un peuple qui perd sa langue, perd son âme, trahit ses ancêtres, renie sa culture, devient une proie aisée pour les gouvernements étatistes, sombre dans l’anonymat que souhaitent les superpuissances tandis qu’un peuple qui garde jalousement sa langue originelle mais s’intéresse à l’étude des langues étrangères, s’enrichit sur le plan économique, culturel et humain.

I. BONFILLON DI PLACIDO
Tiré du Peuple n. 3 du 19/01/1984

Réunion informative et consultative de l’Union Valdôtaine à Saint-Pierre

1983 a été une année pleine d’événements qui ont concerné de près notre communauté, les uns positifs, d’autres moins.
Le printemps a été absorbé par la préparation de la campagne électorale à laquelle les femmes ont contribué, soit au niveau personnel en soutenant la liste de l’UV, soit en présentant une candidate, en tant que groupe de l’Entraide. Le Rendez-Vous Valdôtain d’Aoste – auquel l’Entraide a collaboré comme chaque année – laissait déjà prévoir le succès qui attendait l’Union Valdôtaine : plus de vingt mille voix de liste !

La deuxième partie de l’année a été caractérisée par des nuages qui ont commencé à obscurcir le ciel de notre Vallée : d’abord il y a eu la question des deux dixièmes de la répartition financière. L’Entraide s’est engagée par la distribution de tracts et la participation à la manifestation du 22 octobre – dans ce combat dont nous avons gagné la première manche. Au cours de ces mois nous avons intensifié notre collaboration à la presse valdôtaine et notamment rédigé un essai de recherche sur la femme valdôtaine qui a paru cet automne dans les numéros 4 et 5 de « La Revue Valdôtaine ».

1983 s’est terminé par l’explosion d’un orage sur nos têtes : l’affaire Casino. Tandis que le tonnerre gronde encore menaçant, le bon sens et l’expérience de nos ancêtres nous ont suggéré de nous rassembler à l’abri.
En effet dans cette période sombre pour la Vallée d’Aoste, l’Union Valdôtaine a reçu plusieurs messages et témoignages de solidarité, ce qui signifie que les Valdôtains ont compris que seulement par l’unité nous pouvons nous défendre.
Nous devons continuer sur ce chemin en donnant tout notre soutien à ceux qui travaillent pour la cause valdôtaine et en particulier au Président Rollandin, et la façon la plus concrète est celle de participer, maintenant plus que jamais, à la vie de notre Mouvement.

Nous voyons qu’il est difficile d’intéresser les gens, de les faire participer ; les femmes, puis, toujours « i fôr et i mouleun » comme on dit, n’ont guère de temps disponible : dommage, car elles pourraient animer la vie des Sections de l’Union Valdôtaine, prendre part à l’organisation des fêtes sociales, etc. dans un mot, apporter une contribution plus active à la vie du Mouvement. Dans ce but, l’Entraide s’est proposé, pour cette année, d’organiser une série de rencontres-débats, avec la participation d’experts, pour aborder des problèmes qui concernent notre communauté. Le premier, dédié aux services pour le 3ème âge, qui a eu lieu tout récemment, a vu une présence considérable tant de public que d’administrateurs.

Notre action continue et nous profitions de cette occasion pour demander aux femmes de s’engager davantage dans la vie politico-sociale valdôtaine ; nous demandons aux hommes de les aider dans cette tâche.
La collaboration entre hommes et femmes se révèle indispensable non seulement pour la santé du couple, de la famille mais aussi pour celle de notre communauté.
Quelqu’un des hommes ici présents, en réfléchissant sur la nécessité de cette participation féminine, est peut-être en train de se demander ce qu’il pourrait faire pour la favoriser. C’est là que nous voulions arriver : que chacun de vous se demande s’il pourrait intéresser davantage sa femme à la vie du Mouvement, en la soulageant parfois de ses engagements, en la désirant présente aux fêtes comme aux réunions des Sections, etc.

Amis unionistes, seulement par notre engagement personnel nous pouvons faire changer les choses, gagner notre bataille.
Nous avons plusieurs batailles à conduire et nous ne pouvons pas nous permettre de les perdre car pour nous, perdre une bataille en ce moment, voudrait dire peut-être recevoir un coup dont in nous serait difficile de nous soulever.
Etre unionistes comporte des devoirs, notamment celui de défendre nos idées par notre présence et par notre cohérence. Dans ce moment particulier le Mouvement a besoin de notre engagement, de notre soutien ; les élections pour le Parlement européen et le deuxième Congrès National approchent : nous devons démontrer encore une fois d’être forts et nous ne pourrons le faire qu’en gardant notre unité et en travaillant davantage, hommes et femmes, tous ensemble pour l’Union Valdôtaine.

Tiré du Peuple n. 7 du 16/02/1984

8 mars 1984

Sur la planète Terre

– dans les pays islamiques
on lapide les femmes adultères ;

– en Afrique on leur mutile le sexe

– dans le monde entier, le viol,
la torture, l’agression,
la répression, la discrimination

Tous les mimosas de la terre
ne suffiraient pas à couvrir
ces crimes et ces abus

Voilà pourquoi le 8 mars
ce n’est pas de la rhétorique
mais le rappel de tristes réalités

Et nous, qui pouvons le faire,
revendiquons pour toutes les femmes
encore esclaves au seuil de l’an 2000
le droit de disposer librement de leur corps
et de décider leur vie.

Nous qui en 1984 nous pouvons
travailler, sortir, aimer, choisir,
nous maquiller, nous amuser, voyager,
prendre une vacance, avoir de l’argent,
discuter, étudier, nous confronter… vivre enfin,

fêtons ensemble ce 8 mars
journée de réflexion et de tendresses
journée de la femme.

tiré du Peuple n. 10 du 9/03/1984

Donne-moi la main

Par Marina

Le mimosa est une fleur tendre et fragile, aux couleurs printanières, c’est peut-être pour cela qu’il a été choisi comme traditionnel hommage aux femmes pour le 8 mars : mais la femme est donc tendre et fragile comme le mimosa ? ou bien est-ce l’homme, qui pour une journée au moins, veut se rapprocher d’elle en empruntant des qualités définies jadis « féminines » ? En réalité l’homme et la femme se sont, malgré tout, rapprochés : l’homme a découvert qu’il peut être aussi tendre, fragile, maternel sans perdre pour cela sa virilité.

La femme est sortie du foyer, et ça été dur, car le travail dans les premiers temps a pour elle redoublé, mais cette autonomie financière lui a permis de modifier son rapport avec l’homme, la famille, la réalité.

Ce moment de mise en discussion des rôles a permis la naissance d’un couple nouveau, où l’homme dépassant sa crise, « aide à la maison » et s’occupe volontiers des enfants, où la femme, refusant une nouvelle exploitation, propose un rapport d’égal à égal.

Aujourd’hui un couple qui fonctionne, et qui donc pourra constituer une vraie famille, ne peut être composé que par deux êtres qui s’entendent, qui collaborent, amants et amis à la fois, « complices » dans la vie de chaque jour, sincères l’un envers l’autre et envers eux-mêmes. La famille de demain sera ainsi ou bien elle ne sera pas.

Tiré du Peuple n. 10 du 9/03/1984

Rencontre-débat sur la promotion des services pour les personnes âgées et handicapées

Par Magui Maquignaz-Bétemps et Lina Voyat de l’Entraide des Femmes Valdôtaines

La rencontre, organisée par l’Entraide des Femmes Valdôtaines le vendredi 3 février 1984 et qui a eu lieu au Siège Central de l’UV en présence d’un public très nombreux et intéressé, a été ouverte par l’exposé de M. Rubbo, chef de service de l’Assessorat à la Santé et Aide Sociale, qui a illustré les dispositions régionales dans le domaine.
L’assistance aux personnes âgées, a expliqué M. Rubbo, a évolué dans notre région au cours des dernières 30 années : on est passé de l’aide économique aux personnes avec des revenus insuffisants (1954) à l’aide économique aux personnes invalides (1964). Depuis la condition sociale et économique des personnes âgées a évolué : tout le monde touche une retraite ou une pension sociale. On prit donc en considération l’idée que la communauté doit offrir aux personnes âgées et handicapées surtout des « services ».
C’est pour cela que l’Administration régionale a approuvé une loi (1978, puis 1982, loi n. 93) dont les buts principaux sont :

Le débat qui a suivi a été très animé et intéressant. Plusieurs problèmes ont été soulevés, et plusieurs précisions ont été données, dont :
donner aux communes les moyens économiques pour gérer les « services » en faveur des personnes âgées et handicapées. Ces services consistent surtout en
1) assistance à domicile ayant le but d’éviter le déracinement de la personne âgée de son milieu ;

Centres de rencontre qui doivent favoriser les liens entre les personnes âgées et leur milieu en créant des occasions de rencontre entre elles et avec toute la communauté.
2) prévoir la création de centres résidentiels dans chaque district (district = groupe le plus homogène possible de communes qui partagent un certain nombre de services sanitaires et sociaux).
Les Centres résidentiels sont constitués en premier lieu par :
– les foyers-logements, pour personnes autosuffisantes ;
– les mirocommunautés, c’est-à-dire des petites structures dans lesquelles les personnes âgées peuvent habiter et trouver une assistance complète.

Les microcommunautés doivent être conçues et gérées de façon à être adaptables aux exigences des personnes qui s’y rendent. Elles doivent être ouvertes, c’est-à-dire qu’il est possible d’y accéder en cas de besoin et éventuellement les quitter. Les microcommunautés et l’assistance domiciliaire doivent s’intégrer réciproquement.
Le plan régional de construction, pour lequel a déjà été approuvée la dépense d’environ 15 milliards, prévoit au moins 1 structure dans chaque district. M. Rubbo a dit qu’à l’état actuel 57 communes ont présenté des plans pour l’assistance à domicile ; cela veut dire qu’environ 95.000 personnes peuvent accéder à ces services.
M. Rubbo a conclu en rappelant que les administrateurs doivent constamment s’efforcer d’interpréter les besoins de la population pour pouvoir lui donner des structures réellement efficaces.

1) Les difficultés rencontrées par les organisations des retraités pour sensibiliser les Communes aux problèmes du 3ème âge et pour faire démarrer les services prévus par la loi.
2) Plusieurs administrateurs ont souligné une autre difficulté qui a un peu ralenti le démarrage : une certaine méfiance des personnes âgées à l’idée que des personnes inconnues, entrent dans leur maison et s’occupent d’eux. Toutefois, l’expérience a montré que la plupart des opérateurs, grâce à leur sensibilité et à leur capacité d’établir des rapports humains, ont été très bien acceptés.

Cela dit, on a souligné l’importance de la préparation du personnel, qui devrait être spécialisé. Pour le moment, on a fait 3 cours préparatoires. On essayera d’améliorer toujours la qualité du personnel, bien que celui qu’on a employé jusqu’ici se soit démontré pourvu des qualités indispensables pour accomplir cette tâche : sensibilité, bon sens, savoir faire.
On a souligné l’importance d’embaucher des gens de l’endroit, à qui les usagers font plus facilement confiance. On a aussi rappelé la nécessité d’avoir une assistante sanitaire qui, avec le vieillissement progressif des assistés, devient de plus en plus nécessaire dans les microcommunautés.

A ce propos, le problème a été soulevé des rapports entre USL et Communes. En effet le Service Sanitaire institué par les Communes n’a aucun rapport avec l’USL. Le personnel est embauché par les Communes avec un contrat à temps déterminé, comme dépendant ou bien comme « libero professionista ».
D’où la difficulté pour les infirmières de se construire une carrière et, par conséquent, des Communes pour trouver des infirmières disposées à s’occuper de l’Assistance à domicile, sauf quelqu’un qui a déjà une place de travail et qui fait ainsi des heures supplémentaires. Pour ce qui est du côté financier, c’est la Région qui s’en charge, par l’intermédiaire des Communes.
Une loi a été prévue par l’USL pour résoudre ce problème, mais son application à l’échelon régional doit encore être étudiée.

Un autre problème concernant le personnel est celui des remplaçantes. Pour le moment les Communes ont dû le résoudre en faisant recours à leur imagination. Cela est possible surtout là où il y a plusieurs services, ce qui rend possible un roulement du personnel ; ou bien quand 2 Communes voisines s’accordent pour embaucher l’une la titulaire et l’autre la remplaçante et les échanger en cas de nécessité.

3) Des éclaircissements ont été donnés à propos de la démarche à suivre pour installer un service et des compétences de la Région et des Communes : les Communes doivent envoyer à la Région, avant la fin de Mai, la demande de financement et les programmes pour l’année suivante ; la Région se charge de donner des directives générales et du financement, mais elle ne se mêle pas à la gestion et aux choix, qui sont du ressort de la Commune.

Le financement est établi d’après le plan de la Commune, il varie donc chaque année : par exemple, cette année des fonds ont été donnés pour la remplaçante, qui n’avaient pas été prévus auparavant.
En conclusion, cette répartition des compétences vient d’une conception démocratique de ce service : la Commune doit être l’intermédiaire enter l’usager et la Région.
4) On a encore souligné l’importance de la Commission de gestion de ce service : il devrait exister dans chaque Commune une Commission mixte (administrateurs + usagers) ; ses compétences seraient : vérifier la gestion et exprimer les nécessités des personnes âgées. Elle n’a pas encore été réalisée, soit pour des difficultés d’ordre pratique, soit pour le jeu d’intérêt démontré par les Communes. Pour le moment, les personnes âgées peuvent faire référence à la « Consulta permanente ».

5) On a soulevé aussi le problème des handicapés et des psychopathes : quels services sont prévus pour eux ?
La loi dit : « Questa legge promuove l’assistenza agli anziani e a quelle persone che, indipendentemente dall’età , versino in obiettive condizioni di disagio sanitario, sociale ed economico ».
Les microcommunautés devraient donc pouvoir se charger de cette assistance, s’adapter aux exigences du moment.
Elles doivent trouver place dans des petites structures qui s’adaptent aux exigences du moment : pour cela la loi prévoit qu’elles soient construites sans barrières architectoniques. Le contrôle doit être exercé par l’Assessorat aux travaux publics.

A l’heure actuelle, il existe aussi des centres diurnes pour les handicapés : 2 à Aoste, 1 à Châtillon, 1 est en construction à Hône. Ces maisons sont ouvertes pour les usagers du district, mais on prévoit de les ouvrir à d’autres zones aussi.
La solution du problème toutefois, est à rechercher dans les microcommunautés, qui auront de la Région un financement proportionnel aux exigences et qui devraient embaucher du personnel spécialisé, d’après les problèmes spécifiques de leurs usagers.
Il en est de même pour l’Assistance psychiatrique : à l’heure actuelle on a dû refuser des personnes, faute de personnel spécialisé.
6) Quelques problèmes restent à résoudre :
a) les transports : quelles facilités prévoir pour les voyages en car et en bus ? Le taxi médical comme en France ? Une carte spéciale comme pour le train ?
b) la contribution aux frais par des usagers : le principe à suivre est le suivant : chacun doit payer proportionnellement à sa pension de retraite ; la plus grande contribution est donnée à ceux qui ont la retraite moins importante.

Il est parfois difficile d’établir exactement le revenu des usagers, qui peuvent être autres que la pension de retraite.
Quelqu’un, dans l’assemblée, n’est pas persuadé que le principe général soit appliqué correctement : les usagers qui jouissent d’une retraite plus importante semblent être pénalisés.
c) Uniformiser les services des communes voisines : voilà une exigence qui s’est manifestée pour ne pas créer des mécontentement.
d) A ne pas oublier que le problème de l’assistance aux personnes âgées devient de plus en plus urgent dans les Communes de montagne, à cause du vieillissement de la population : par exemple, à Introd, sur 475 habitants 82 ont plus de 68 ans ; à Gressoney, le vieillissement des usagers de la microcommunauté a rendu, cette année, nécessaire la présence d’une assistante sanitaire.

Le débat s’est conclu par l’intervention du Président de l’UV J.-C. Perrin, qui nous a rappelé que la population est en train de vieillir, et que les personnes âgées ont, heureusement, de moins en moins de problèmes économiques grâce à l’amélioration du système d’allocations familiales et des assurances vieillesse. Par contre pour elles dans le futur, il faudra essayer de résoudre de plus en plus le problème du temps libre et de l’accès à la culture.
La tâche qui se posera aux structures publiques dans les années à venir sera donc d’améliorer la qualité de la vie des personnes âgées : au point de vue de la santé, de l’assistance, de la culture, des loisirs.
La qualité de la vie, pour une personne âgée, c’est surtout de ne pas se sentir seule. Il faut y penser dès maintenant.

Les personnes âgées ou handicapées pour tout renseignement peuvent s’adresser à M. Pierre Bioley, secrétaire du Syndicat Retraités du SAVT, 2, Place Manzetti ou bien au secrétaire du SAVT, M. Ezio Donzel

Tiré du Peuple n. 16 du 18/04/1984

Totem et tabou

Tabou est un mot emprunté à une langue polynésienne et il désigne un objet, un être ou un acte dont il faut se détourner en raison de sa nature sacrée.
Totem est un mot emprunté à une langue indigène de l’Amérique du nord et il désigne un objet ou un être qu’il faut vénérer en raison de sa nature sacrée.
Au sens figuré, ces mots désignent aujourd’hui quelque chose de défendu (tabou) ou bien une valeur positive à laquelle on ne peut pas toucher (totem). Il y a, chez nous, des mots qui sont totem ou tabou, ou totem pour les uns et tabou pour les autres, en raison de leur connotation émotive ou culturelle qui amoindrit leur signification primaire, jusqu’à s’y superposer, en certains cas.

D COMME DISSUASION

« … Infatti proprio quando tutto è tranquillo, si deve cercare di consolidare la pace mediante la costruzione di armi ».
Ce texte n’est pas tiré, comme on pourrait le croire, d’un discours de M. Reagan ou de M. Cernienko illustrant au peuple le concept de « force de dissuasion atomique », mais d’un ancien document grec de Erone. Voici, en effet la suite :
« Con la costruzione di catapulte possiamo proteggerci contro l’attacco dei nemici interni ed esterni, sia in tempo di pace che in tempo di guerra. A questo solo scopo dobbiamo impegnarci in questa arte della meccanica e avere ogni cura per essa. Una simile iniziativa non solo darà a noi un senso di tranquillità, ma farà anche in modo che chi è intenzionato a compiere azioni malvagie non osi attaccare in considerazione dei progressi fatti da questa tecnica. Ove invece essa verrà trascurata, qualsiasi attacco, per quanto debole, avrà successo, non avendo i cittadini fatto alcun preparativo di difesa » (Tiré du texte scolaire FARE STORIA de A. Brancati).
Quelle admirable plaidoirie en faveur de la dissuasion !

Les anciens Grecs ne pouvaient pas connaître la suite de l’histoire, mais nous, nous la connaissons. Et pourtant…
L’histoire ne nous a rien appris, évidemment.
Et bravo ! messieurs « les grands de la Terre » qui avez découvert la « dissuasion », le moyen infaillible pour établir la paix ; vous qui affamez les trois-quarts du monde pour financer vos armements (pacifiques, évidemment) ; vous qui colonisez pour vous assurer votre grandeur (indispensable pour la dissuasion) ; d’ailleurs, les peuples pauvres, les peuples petits (on ne dit plus « sauvages » maintenant, ce n’est plus la mode, on dit « émergents », mais émergents de quoi ? et pour aller où ?). Ces peuples là, disais-je, n’ont pas de force de dissuasion, eux, qu’est-ce qu’ils peuvent donc prétendre ?

Vous qui subventionnez et armez les quelques dizaines de guerres qui sont en cours en ce moment dans le monde (toujours au nom de la paix, évidemment) ; vous qui avez remplacé la « force de frappe », terme trop brutal et agressif par la « force de dissuasion », terme beaucoup plus gentil, qui vous posez automatiquement du bon côté, du côté de ceux qui sont menacés et qui doivent se défendre, bien sûr (moi, je trouve ce jeu de mots ignoble, comme l’idéologie qu’il soutend) ; eh bien, vous, messieurs « les grands de la Terre », ne vous sentez-vous pas un peu ridicules ?
Il y aurait de quoi, si vous étiez de bonne foi.
Vous avez découvert la « dissuasion », bravo !
2000 ans d’histoire ont servi à ça !
Mais, si le regard sur le passé peut être décevant, dans la mesure où nous nous rendons compte que l’histoire se répète toujours, ce même constat peut aussi, peut-être, nous rassurer.

Au fond, pour rester dans la Grèce ancienne, c’est la tolérante, démocratique, cultivée Athènes qui a eu le dessus sur Sparte, la militaire.
Est-ce que cela peut bien nous faire espérer pour l’avenir ?
Et encore, les grands empires qui ont eu une vie plus facile et longue et qui ont laissé une trace dans l’histoire sont ceux qui ont su respecter les particularités des peuples qu’ils avaient asservis, en choisissant la voie de la tolérance, de la culture, du respect, de la civilisation (Darius le persan, Alexandre de Macédoine). Les autres, qui avaient choisi le despotisme et la prévarication, se sont écroulés sous le vent de la révolte ou de la rivalité et se sont dissous en poussière dans le désert.
ET TOI, EUROPE DE DEMAIN, QUELEL VOIE CHOISIRAS-TU POUR TON AVENIR ! 


Magui Maquignaz Bétemps


Tiré du Peuple n. 24 du 13.06.1984

Lycées techniques

L’avis que la Conférence Régionale pour la Condition Féminine a donné sur la loi portant la création des Lycées techniques n’a pas été approuvée à l’unanimité, mais avec le vote contraire de l’Entraide des Femmes Valdôtaines et l’abstention des représentants du SAVT et de l’UV.
Les trois représentantes avaient aussi présenté un avis (dont le texte est ci-joint) totalement différent de celui approuvé. En décidant de l’envoyer à la presse, nous voulons aussi faire quelques précisions sur les points du document approuvé par la Conférence et repris par « La Stampa » du 24 courant.

D’abord, sur le point du prétendu risque d’embauchement de professeurs étrangers. Il nous semble que l’opinion (il ne s’agit que d’une opinion) reflète surtout très peu de confiance dans le corps enseignant valdôtain. Quant à nous, nous pensons qu’il y a sûrement une bonne réponse de la part des professeurs valdôtains, qui démontreront de comprendre la grande importance culturelle que cette école aura pour le Val d’Aoste. Naturellement, tous les moyens techniques doivent leur être assurés pour pouvoir dispenser leurs cours en français.
Quant à l’affirmation « la sola risposta sta nel privilegiare l’insegnamento del francese… » nous estimons qu’il s’agit de la réponse fondamentale, étant donné que la langue est le moyen d’expression de toute la culture d’un peuple, de plus, elle est le pilier sur lequel se base notre autonomie même.
Nous sommes d’accord que les exigences socio-économiques doivent être connues, avant de décider quel type d’enseignement technique dispenser.

Quant aux élèves et à leurs difficultés, la loi ne dit pas qu’il devront « di colpo e tout court affrontare l’insegnamento in francese di ogni materia ». Il est évident qu’on ne peut ignorer la réalité, dont l’école actuelle est responsable. Les élèves devront donc sûrement suivre des cours intensifs de français pour améliorer leur niveau de préparation.

La prétendue « contrapposizione tra una scuola di lingua italiana ed una scuola di lingua francese », n’est qu’un prétexte pour nier l’évidence encore une fois, c’est-à-dire que l’école « italienne » a été jusqu’à présent un facteur de destruction de l’identité de notre peuple.
Une école bilingue (ou mieux encore entièrement française) sera, au contraire, un important élément d’unification et permettra à tous les valdôtains, indépendamment de leur origine, de prendre conscience que la sauvegarde de notre autonomie passe à travers la sauvegarde de nos langues maternelles.
Pour terminer, l’expérience de l’IPR de Châtillon démentit aisément cette thèse, car aucune « contrapposizione » ne s’est avérée entre les différents types d’écoles.

L’Entraide des Femmes Valdôtaines
Tiré du peuple n. 27 5/07/1984

Totem et tabou

Tabou est un mot emprunté à une langue polynésienne et il désigne un objet, un être ou un acte dont il faut se détourner en raison de sa nature sacrée.
Totem est un mot emprunté à une langue indigène de l’Amérique du nord et il désigne un objet ou un être qu’il faut vénérer en raison de sa nature sacrée.
Au sens figuré, ces mots désignent aujourd’hui quelque chose de défendu (tabou) ou bien une valeur positive à laquelle on ne peut pas toucher (totem). Il y a, chez nous, des mots qui sont totem ou tabou, ou totem pour les uns et tabou pour les autres, en raison de leur connotation émotive ou culturelle qui amoindrit leur signification primaire, jusqu’à s’y superposer, en certains cas.

P COMME POLITIQUE – R COMME ROSE

LA POLITIQUE EN ROSE

Un certain M. Wojtila a passé quelques jours à l’Adamello pour fairer du ski.
Un certain M. Pertini, son ami, a été lui rendre visite et a passé une journée avec lui.
Il paraît que la rencontre a été très cordiale et affectueuse. Très bien. Je m’en réjouis pour eux. Mais je ne voix pas en quoi ça nous concerne.
Cette visite se voulait strictement privée et il y a eu un déploiement remarquable de forces pour protéger cette privacy.
Et pourtant, depuis quelques jours, cette nouvelle a fait la une de tous les journaux et la troisième page a été remplie de commentaires (satisfaits, alarmés, complaisants) à propos de l’événement.
On a parlé de l’évolution de la figure du Pape et du Président, du rôle de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui, de problèmes théologiques, on a refait l’histoire de l’Eglise et des Papes depuis Saint Pierre, on a disserté sur les rapports entre Eglise et Etat, on s’est souciés pour la laïcité de l’Etat et de M. Pertini. On a même disserté sur le droit de M. Wojtila de faire du ski et sur sa pensée à propos du corps et de l’homme dans sa globalité.

De quel droit ? Pour autant que je sache, aucune loi de l’Eglise n’interdit à un Pape de faire du ski et, en tout cas, ce que M. Wojtila a fait dans sa vie privée le concerne.
La vie privée d’un Président ou d’un Pape leur appartient, comme celle de n’importe qui et nous n’avons pas le droit de la juger.
Nous avons le droit de dire notre avis sur le Président de la République italienne et sur Jean Paul II, non pas sur M. Wojtila et sur M. Pertini.
Si je porte un jugement sur Jean Paul II c’est en raison de ce qu’il dit dans sa fonction de Saint Père, de chef de l’Eglise Catholique à propos de la contraception, du célibat des prêtres, des rites religieux, de la paix dans le monde, de la justice sociale, etc.
L’emploi du temps libre de M. Wojtila ne m’intéresse pas du tout.
Si je porte un jugement sur le Président de la République italienne, c’est en raison de ce qu’il dit et fait en tant que Président ; sa pipe, ses promenades à la montagne, ses aimables conversations et plaisanteries ne m’intéressent pas du tout. Elles ne devraient intéresser personne.

Et pourtant, des journalistes sérieux se sont laissés prendre au piège et ont transformé un événement strictement privé en événement politique. Ou peut-être cela était prévu et le prétendu événement privé n’était qu’un ballon d’essai ?
Des deux, l’une.
En tout cas je remarque que l’on est tombé, là aussi, comme il arrive toujours plus souvent, dans la tentation de faire de la « POLITIQUE EN ROSE ».
Tentation ou piège ?
Piège pour le lecteur, sans aucun doute.
Qu’est-ce que j’entends par « politique en rose » ?
J’entends cette tendance qu’on a à mettre en évidence, dans les personnages, publics, le côté privé, « humain ».
Ce faisant, on brouille les cartes sur table, on apporte des éléments de jugement qui ne sont pas pertinents et qui deviennent prépondérants.
On nous présente les mères, les fiancées, les épouses, les enfants, les hobbys, les sports, les manies et les vêtements de ces personnages, sous prétexte de nous en montrer le « côté humain ».

Mais pourquoi ne devraient-ils pas être humains ?
De toute évidence ils sont des hommes comme les autres, ils ont donc des mères des fiancées, des épouses, des enfants, des hobbys, des sports des manies, des vêtements.
Mais pourquoi cela devrait changer notre jugement sur le personnage en question ?
Est-ce qu’un plombier est meilleur qu’un autre plombier s’il a une belle femme, trois enfants adorable ou s’il aime faire du ski ?
Ces personnages sont des hommes comme les autres, mais leur métier n’est pas tout à fait comme celui des autres : ils ont un rôle public, ils prennent des décisions qui « nous » concernent ; c’est sur ce rôle et ces décisions que nous devons être renseignés et que nous devons juger.
Tous les autres éléments qu’on ajoute pour influencer notre jugement sont mystificateurs. C’est la Politique en rose.
Qui peut être beaucoup plus dangereuse qu’on n’a l’air de le croire. Le pire dictateur peut devenir un personnage presque sympathique si on nous le présente en tant que grand-père tendre et affectueux (Hitler aussi était très tendre avec les enfants, et pourtant…).
Le meilleur des ministres peut devenir un personnage frivole à la moralité douteuse, si on nous le présente dans un bistrot, entouré d’amis et de jolies filles, pendant une fête. Il aura sans doute la bouche béante, les yeux vides et l’air idiot (et vous quelle tête avez-vous après un dîner avec les amis ? et pourtant…)

C’est de la mystification.
C’est de l’hypocrisie.
C’est de la mauvaise foi.
C’est de la politique en rose.
Les exemples pourraient être nombreux. Un peut suffire : cas de J. F. Kennedy.
On a voulu en faire un mythe : et voilà le jeune idéaliste, le mari et le père affectueux, jeune, sympathique et très catholique, issu d’un clan patriarcal, l’image même de l’honneur et des vertus ancestrales.
On a voulu détruire le mythe : et voilà la même personne transformée en jeune débauché, maniaque sexuel, qui fréquente plus les jeunes actrices que sa propre femme, qui n’a pas divorcé seulement par respect de la forme, aux drôles de fréquentations, dans le milieu des artistes, qui, à leur tour, ont des drôles de fréquentations dans le milieu de la mafia… Et le clan Kennedy, de quelle façon a-t-il assemblé sa fortune ?…
La politique en rose.
Tout le monde a lu tout cela, tout le monde connaît cela, mais qu’est-ce qu’on connaît, qu’est-ce qu’on a retenu de la politique d’intégration raciale, de la « nouvelle frontière », de l’affaire de la « baia dei porci », de la guerre au Vietnam ?

La politique en rose.
On est submergé de photos de princesses qui accouchent, de chefs d’Etat en vacance, de femmes d’hommes politiques qui font leurs courses au supermarché « comme tout le monde », de ministres qui se dorent au soleil sur leur yacht « comme tout le monde »… Comme tout le monde ?!?
Et le ministre Untel est tellement « normal », qu’il joue de la guitare avec ses amis, et le ministre Untelautre est si gentil parce qu’il aime chanter des airs de mélodrame…
Quand nous montrera-t-on la photo d’un ministre nu pour nous démontrer que son anatomie est comme celle de tout le monde ?
La politique en rose
Je regrette presque le temps où les familles étaient présentées rigides et figées dans les photos officielles !
A chacun son rôle.
C’était plus honnête que les mystifications mièvres des potos qu’on voit aujourd’hui.
La politique en rose.
Bien sûr que les hommes publics dans leur vie privée sont des personnes comme toutes les autres : personne n’a jamais prétendu que pour devenir homme politique il faut être anormal.
Laissons-les donc vivre leur vie privée comme bon leur semble ; laissons à M. Pertini sa pipe, à M. Wojtila son ski, à M. Craxi sa guitare.
Jugeons plutôt leurs actes publics : ça nous concerne et de ça ils nous doivent rendre compte. Ne soyons pas dupes de la politique en rose ; les mythes nous charment, bien sûr, et la politique en rose forge chaque jour des mythes pour nous ; mais les mythes sont pour les peuples enfants ; nous, désormais, nous sommes un peuple adulte.

Magui Maquignaz Bétemps


Tiré du Peuple n. 31 du 3/08/1984

Assistance psychiatrique

Nous publions ici une lettre présentée par l’Entraide des Femmes Valdôtaines au Bureau régional pour la condition féminine, qui l’a acceptée, au sujet des modifications de la loi n. 833 concernant l’assistance psychiatrique présentées par le Ministre Degan.
Cette lettre a été ensuite adressée à l’ULCES en tant que soutien à sa « lettera aperta al Ministro Degan ».

Aosta, lì 19 giugno 1984

Alla Sezione Regionale per la Valle d’Aosta dell’ULCES

La Consulta Regionale per la Condizione Femminile,

VISTO il d.di.l. presentato dal Ministro della Sanità, Degan, concernente : « Modifiche degli artt. 34, 35 e 64 della l. 23/12/1978, n. 833 relativi all’assistenza psichiatrica », in particolare nelle parti in cui si parla di « Servizi di assitenza socio-sanitaria attuata presso strutture e residenze apposite per i trattamenti protratti » e di « trasformazione degli ospedali psichiatrici in istituti di riabilitazione per lungodegenti », esprime la preoccupazione che tali strutture, ipotizzate probabilmente per colmare un vuoto tra l’assistenza domiciliare ed ambulatoriale territoriale, che deve restare il fulcro dell’assistenza psichiatrica, ed i servizi di diagnosi e cura ospedalieri in cui dovrebbe essere curata la fase acuta della malattia, possano trasformarsi nuovamente in luoghi di internamento dei malati mentali.
La Consulta Regionale per la Condizione Femminile ritiene che nell’organizzazione del dipartimento di salute mentale si debba mantenere intatto lo spirito innovativo della legge 13 maggio 1978, n. 180 e tendere al recupero del malato nonchè al suo reinserimento nella società con tutte le garanzie di sostegno sociale e sanitario per sé e per i suoi familiari. Solo con questo spirito si può parlare di « istituti di riabilitazione per lungodegenti » mentre si deve fermamente respingere ogni altra ipotesi di ritorno all’istituzionalizzazione dei malati.
La Consulta Regionale per la Condizione Femminile appoggia pertanto l’iniziativa dell’ULCES di inviare una lettera aperta al Ministro Degan, in quanto in essa si evidenzia e si denuncia il rischio di ritornare al tradizionale internamento del malato mentale.

Tiré du peuple n. 31 du 3/08/1984

Le rapport de Mme Lina Voyat de l’Entraide au Congrès

Amis unionistes et invités au IIème Congrès National de l’Union Valdôtaine, au nom de l’Entraide je vous adresse nos salutations les plus amicales.
Cinq années se sont écoulées depuis le premier Congrès, quelques unes positives, d’autres moins, cependant c’est avec enthousiasme que nous nous retrouvons tous ici aujourd’hui et notre foi dans nos idéaux, notre envie de lutter pour les réaliser, notre détermination, notre confiance dans le Mouvement n’ont pas changé.
C’est donc avec enthousiasme que nous participons aux travaux de ce deuxième Congrès, convaincues qu’il sera riche en propositions, que les débats seront stimulants pour nous tous, que la ligne politique et idéologique qui en ressortira pourra nous guider dans les 5 prochaines années.

Pour ce qui est de la période qui vient de s’écouler, nous de l’Entraide nous estimons avoir travaillé avec constance et engagement, en pleine cohérence avec les principes du Mouvement et de notre Statut, qui dit :
« les buts de l’Entraide sont.
– la promotion sociale et culturelle de la femme valdôtaine ;
– la défense de l’identité et de la dignité du peuple valdôtain, de sa culture et de ses traditions ;
– le développement des langues historiques valdôtaines (français, patois, walser), à travers son action dans la famille, dans l’école et dans la vie quotidienne.
En vue du Progrès de la Communauté valdôtaine, l’Entraide conduit une action visant à résoudre les problèmes de la santé de la vie socio-économique, du tiers âge, des personnes handicapées, de la drogue, etc… »

En particulier, pour atteindre le premier des buts que nous nous sommes proposés, « la promotion sociale et culturelle de la femme valdôtaine » :
1) Nous avons participé, à côté d’autres groupes féminins, aux débats concernant la condition de la femme.
2) Nous participons à la Conférence Régionale pour la Condition féminine (Consulta) ; 3) Nous avons organisé une conférence-débat publique sur l’Ecole Valdôtaine au Palais régional en hiver 1983 ; ce débat, d’ailleurs, s’est poursuivi par la suite sur la presse et à l’intérieur de la « Consulta ».
4) Par une collaboration constante à la rédaction du Peuple Valdôtain nous avons exprimé notre avis sur des problèmes politiques, idéologiques, culturels, sociaux, sanitaires, ou bien portant sur la condition féminine. Et, toujours à propos de notre collaboration avec la presse, nous rappelons le n. 4-5 de la « Revue Valdôtaine » de 1983 rédigée par l’Entraide et dont le sujet était « La femme valdôtaine : condition et rôle : témoignages et essais de recherches ». Et je ne citerai pas ici tous les documents et tracts que nous avons élaborés et diffusés.
5) Notre activité s’est concrétisée aussi par la participation aux élections régionales de 1983 et par des rencontres périodiques avec les femmes inscrites à l’UV ou sympathisantes.

Pour ce qui est du deuxième point de notre Statut : « La défense de l’identité et de la dignité du peuple valdôtain, de sa culture de ses traditions » :
1) Nous avons organisé, lors des Rendez-Vous Valdôtains, plusieurs activités à l’intention des enfants et, notamment, des expositions de dessins et peintures d’enfants, des jeux, de l’animation théâtrale portant sur des sujets de culture valdôtaine.
2) Toujours à l’occasion des « Rendez-Vous Valdôtains », nous avons réalisé des recherches et des exposition ayant comme thème la culture et les traditions valdôtaines.

Notre engagement dans la défense de nos langues historiques a été constant : nos langues véhiculaires ont toujours été le français et le patois.
Notre engagement vis-à-vis des problèmes de la santé, de la vie socio-économique, du tiers âge et des personnes handicapées, de la drogue, s’est concrétisé par :
1) l’organisation d’un débat sur le rôle du Centre de Consultation de Donnas ;
2) l’organisation d’une rencontre avec les personnes âgées lors du Rendez-Vous Valdôtain de 1982 ;
3) l’organisation en automne 1983 d’une Conférence-Débat publique sur la loi régionale portant la création de structures pour les personnes âgées et handicapées et sur ses réalisations ;
4) la participation au débat sur le problème de la drogue, printemps 1984 ;
5) la Communication aux organes régionaux compétents de nos évaluations sur le plan socio-sanitaire, notamment sur les thèmes de la maternité, de l’enfance, des maladies, mentales, de la drogue, de l’alcoolisme, etc…

Nous nous engageons, bien sûr, pour le futur à poursuivre notre travail dans la même direction : nous avons envisagé plusieurs débats, des rencontres dans les communes, l’organisation d’expositions, la collaboration avec la presse du Mouvement.
Notre engagement futur se déploiera donc toujours sur deux lignes d’action parallèles : d’une part nous continuerons à soutenir le Mouvement, bien conscientes du fait qu’être valdôtains, aujourd’hui, est de plus en plus un choix qui exige un engagement personnel et constant, une cohérence pas toujours facile, une préparation idéologique et non seulement des slogans.

D’autre part, nous ne cesserons pas d’interpréter et de faire connaître les exigences et les problèmes des femmes, qui, aujourd’hui, à travers mille difficultés et souvent sans être comprises, essayent de définir leur rôle dans note société.
Bien sûr, nous savons que la force vient aussi du fait d’être solidaires les unes des autres et de travailler ensemble pour rejoindre les mêmes buts : nous ne cesserons pas non plus, donc, d’essayer d’amener le plus grand nombre possible de femmes valdôtaines vers nos activités.
Travaillons donc, avec engagement et cohérence, sans nous cacher les difficultés, mais sans perdre de vue notre but final qui est, comme nous l’avons déjà écrit, de devenir, enfin, un peuple suffisamment fort pour lutter contre l’arrogance, suffisamment libre pour pouvoir pratiquer la tolérance, suffisamment uni pour construire notre avenir tous ensemble.

Tiré du Peuple n. 45 du 7/12/1984