1985
L’intervention de l’Entraide
Amis unionistes,
servir le pays dans la liberté : voici le slogan qui nous guidera pendant la prochaine campagne électorale. Inutile de vous rappeler l’importance d’avoir des administrateurs unionistes dans nos communes : liberté signifie aussi savoir bien gérer son propre territoire, d’une façon utile, sans le dénaturer, mais au contraire en valorisant ses caractéristiques et ses ressources au profit de tout le monde : et nous sommes sûres que des administrateurs unionistes, s’inspirant des principes de l’auto-gestion et de l’épanouissement du pays, sauront travailler mieux que d’autres pour atteindre ces buts.
Liberté signifie aussi que tout le monde doit avoir les mêmes devoirs et les mêmes droits. Tout le monde : hommes et femmes.
A ce propos, nous avons apprécié le fait que le Président du Gouvernement ait rappelé aux unionistes, lors du dernier Comité Central, l’opportunité de présenter beaucoup de femmes dans les listes pour les élections communales ; cependant nous voudrions vous faire remarquer qu’il n’est pas « opportun » de se souvenir des femmes seulement à l’occasion des élections : en effet à la veille de chaque consultation électorale le mot d’ordre semble être : « cherchez la femme ! ».
Si la présence des femmes était constante et importante dans le Mouvement et dans les sections, leur présence dans les listes électorales en découlerait automatiquement.
Bien sûr, la responsabilité de l’absence des femmes ne revient pas entièrement aux hommes ; bien sûr, les femmes sont souvent trop occupées avec la famille et avec la maison pour vouloir s’intéresser aussi de questions politiques ; bien sûr, souvent les femmes ont une sorte de complexe d’infériorité vis à vis des hommes pour ce qui concerne l’engagement dans des activités publiques ou administratives : mais cela ne doit pas vous servir d’alibi ; liberté signifie aussi savoir prendre des responsabilités et faire des choix, mais les femmes ont sur leur dos des siècles d’histoire qui leur ont appris à déléguer aux autres cette prérogative.
La responsabilité de donner aux femmes la place qui leur convient dans la société revient aussi bien aux hommes qu’aux femmes ; c’est aux hommes de leur faire confiance, de les pousser, de les encourager, bien conscients que l’espace que les femmes occuperont n’est pas de l’espace volé aux hommes : c’est de l’espace conquis pour tout le monde : la liberté n’a pas de frontières.
Servir le pays dans la liberté : en sollicitant votre engagement dans cette campagne électorale, nous voulons toutefois vous rappeler que nous rendrons vraiment libre notre pays seulement par un engagement constant, aussi bien dans notre vie privée que publique ; par une parfaite cohérence entre nos choix pratiques, administratifs et politiques et notre idéologie ; par une plus grande participation à la vie du Mouvement, à tout niveau ; par une valorisation de l’information autonomiste (presse et radio) : si nous saurons vraiment, par nos actes et non seulement par les paroles, servir notre pays, la liberté viendra aussi.
Tiré du Peuple n. 5 1/2/1985
Organisée par l’Entraide des Femmes Valdôtaines
Le soir du 9 février 1985 a eu lieu au restaurant Agip d’Aoste le dîner organisé par l’Entraide des Femmes Valdôtaines, auquel avaient été invité aussi le Président du Gouvernement régional, M. Auguste Rollandin et les Assesseurs régionaux de l’Union Valdôtaine.
Ça été l’occasion pour soumettre à nos élus des problèmes qui nous intéressent : ont été posées des questions notamment sur l’agrotourisme, sur le problème de la santé, sur la formation professionnelle, sur la défense de la langue française dans les écoles et dans la vie de tous les jours en sollicitant la création de l’Office de la langue française.
Le Président du Gouvernement régional et les Assesseurs à l’Agriculture, Forêts et Milieu Naturel, M. Joseph César Perrin et à la Santé et Aide Sociale, M. Hugues Voyat ont éclairci ces sujets.
L’Assesseur à l’Instruction Publique, M. René Faval, n’a pu être présent à cause d’un engagement ainsi que Mlle Maria Ida Viglino, pour des raisons de santé.
Au cours du repas a été illustré aussi la prise de position de l’Entraide au sujet de la loi sur la violence sexuelle qui sera examinée bientôt par le Sénat, et afin que cette loi soit approuvée avec des amendements (voir « Peuple » n. 3) ont été recueillies des signatures pour une pétition.
L’Entraide, sensible à ce problème, avait déjà diffusé un supplément au « Peuple Valdôtain » avec des articles de Guy Héraud, d’Andrea Chiti-Batelli et de Mechtild et Guiu Sobiela Caanitz et la résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil d’Europe sur les maltraitements aux enfants.
Plus de soixante femmes ont participé à cette rencontre et au repas qui s’est terminé en liesse.
a.r.
tiré du Peuple n. 8 du 21/02/1985
Dites-moi Monsieur l’Assesseur. Une série de rencontres-débats organisée par l’Entraide
par Magui Bétemps
Jeudi 14 mars, dans la salle des Manifestations du Palais régional, a eu lieu la première d’une série de rencontres-débats avec les Administrateurs, organisée par l’Entraide des Femmes Valdôtaines.
Notre but était d’offrir à la population la possibilité d’avoir des renseignements de première main et de poser les questions qui lui tiennent à cœur directement à l’Assesseur en question.
Par ailleurs, nous avons voulu offrir à nos Administrateurs la possibilité d’entendre de la vive voix des usagers les requêtes et les problèmes de chaque secteur de la vie publique.
La première rencontre-débat était dédiée à la Santé en VDA, l’invité était l’Assesseur Ugo Voyat.
Le but que nous étions données a été rempli, car l’assemblée, assez nombreuse, était attentive, plusieurs questions ont été posées, plusieurs problèmes débattus.
L’Assesseur a débuté par un exposé portant sur la situation de la Santé en VDA, depuis l’application de la loi 833 de 1978. Il a ensuite illustré le plan socio-sanitaire et les compétences en matière de la Région et de l’USL, en présentant les structures existantes sur le territoire en VDA et les projets pour le futur immédiat (notamment : ouverture de Centres traumatologiques dans les zones touristiques, ouverture de nouveaux dispensaires polyvalents à Morgex et Châtillon, mise en fonction de la Maternité au Beauregard, restructuration de l’Hôpital régional, déplacement de la division de psychiatrie et élargissement de la division de radiologie, etc.).
D’autres problèmes n’ont pas encore été résolus et apparaissent de difficile solution.
Des pourparlers avec l’Assesseur à la Santé d’Ivrée sont en cours, pour trouver une solution au problème de la Radiothérapie.
De même il faudra ouvrir encore 20 micro-communautés pour garantir une assistance satisfaisante aux personnes âgées.
Un problème qui reste est celui de l’assistance aux handicapés. Des pourparlers sont en cours pour mettre à leur disposition de nouvelles structures.
De même, reste à organiser l’assistance aux toxicomanes.
D’autres petits problèmes contingents sont en voie de solution : il faut repérer de locaux plus vastes pour le laboratoire d’analyse, ainsi que résoudre les questions liées au contrat de travail.
De même, sera bientôt appliquée la loi pour l’exemption du payement du ticket et il faudra former du personnel spécialisé, notamment pour les laboratoires et pour l’Assistance aux personnes âgées.
Plusieurs de ces problèmes ont été repris et examinés à fond lors du débat qui a suivi.
L’Assesseur, sans vouloir donner des recettes miraculeuses, s’est néanmoins engagé à examiner et essayer de résoudre dans le plus bref délai possible les problèmes qui sont sur le tapis.
Voici le compte-rendu de la première conférence-débat. On a pu se rendre compte de l’importance d’y assister, pour mieux connaître les problèmes de notre communauté et pour exercer notre droit de parole.
N’oublions pas qu’être autonomiste signifie aussi être présent dans la vie de notre communauté, connaître les problèmes de notre pays, collaborer à les résoudre.
C’est pour nous donner la possibilité de parler directement à notre Assesseur que nous avons organisé ces rencontres. Sans doute il pourra nous donner des renseignements plus précis que ceux que l’on peut recueillir dans les magasins ou les bistrots.
Tiré du Peuple n. 13 du 28/03/1985
L’appel de l’Entraide aux femmes
Chères amies,
nous voici donc à la veille d’une nouvelle consultation électorale, pendant laquelle nous choisirons les administrateurs de nos Communes.
Nous avons souvent entendu dire, ces jours-ci, que ce qui compte est de faire « de la bonne administration » ; que les listes se rattachant à un parti ou à un mouvement ne nous donneront pas forcément de meilleurs administrateurs, etc., etc.
Il est bien de réfléchir un instant sur cette attitude qui, apparemment, peut sembler logique. Il est vrai que le fait d’appartenir à une organisation politique ne signifie pas que l’on soit sans défaut personnel (d’ailleurs on peut penser qu’il se passe la même chose pour les candidats « libres »).
Mais il est vrai aussi que l’administration d’une communauté, petite ou grande, impose des choix de principe (quel type de développement ? quel type de services offrir à la population ? etc.). En résumé pour administrer il faut avoir un programme, une ligne d’action cohérente, parce qu’il faut avoir conscience que tous les problèmes administratifs concernent l’existence même de toute la communauté valdôtaine.
Les listes proposées par l’UV donnent la garantie que les administrateurs élus travailleront sérieusement pour respecter les programmes présentés à la population, parce que l’UV en est garante, comme elle est garante des alliances librement choisies dans les différentes communes.
Mais, en plus, nos listes, et… elles seules, nous donnent l’assurance qu’on administrera en tenant toujours compte des intérêts de tous les valdôtains, et non pas de telle autre catégorie, ou bien des intérêts des partis italiens.
Engageons-nous donc pour la bonne réussite de ces élections, compte tenu aussi de l’enjeu qu’elles représentent pour le devenir de notre Mouvement.
Notre force, nous le savons, doit être l’union entre tous les valdôtains et le courage de travailler toujours mieux pour notre Vallée.
Tiré du Peuple n. 18 du 2/5/1985
Une volonté, une intelligence, une amie: Maria Ida Viglino
Mademoiselle Viglino, encore l’an dernier Madame l’Assesseur à l’Instruction Publique, vient de nous quitter subitement, quelques mois après avoir cessé ses activités publiques et politiques.
La mort seule lui fit baisser les bras.
Immense, la foule reconnaissante qui l’accompagna vers la paix éternelle, innombrables les gerbes et les couronnes qui jonchèrent sa tombe. Ce fut des obsèques nationales.
Cette femme d’exception a dû regarder, de l’au-delà, avec une émotion bienveillante, ce long cortège du dernier adieu. Mais c’est toute sa vie de lutteuse obstinée toute son existence dédiée au service du Val d’Aoste, ses soixante-dix ans sans défaillance dont elle doit s’énorgueillir à la droite du Dieu des Justes.
Une jeune fille puis une femme comme vous, comme moi, qui a su choisir, coûte que coûte, l’étude et la connaissance, la Résistance active, l’engagement politique sous la barbarie mussolinienne à une époque où il paraissait déplacé qu’une fille osât revendiquer autre chose que le balai, la serpillière et le bon plaisir des mâles de la famille. Une femme qui, dans sa vie privée d’une extrême discrétion, connut les émois, les rêves, les moments dépressifs, la tendresse, les difficultés qui sont l’apanage de la féminité.
Son regard vif, incisif, finement malicieux, révélait une intelligence clairvoyante, organisatrice, volontaire. Une intelligence s’éduque, s’affine, s’enrichit : elle su, elle voulut, pour le service de tous, qu’il en fût ainsi. Elle le voulut intensément au bénéfice du peuple valdôtain, peuple laborieux et libre. Ardent et irréductible défenseur du français, langue héréditaire et légitime, nous lui devons son implantation officielle dans nos établissements scolaires. Elle aimait le patois et encourageait les traditions, prévoyant qu’une culture ancestrale est un tremplin capable de propulser l’avenir. Elle appréciait les arts et un poème pouvait la bouleverser.
Une belle âme, une âme noble, cette expression familière à nos aïeux, glorifiait un esprit généreux et altruiste, exempt de bassesse. Ida Maria Viglino mérite cet hommage. Son œuvre lui survivra dans la nouvelle génération. Elle gravit et fait gravir au Val d’Aoste, les degrés ascentionnels d’un monde plus conscient et plus humain.
A qui passera-t-elle le relais ?
L’éducation, la justice sociale et la paix mobilisent le cœur et l’intelligence des femmes. Femmes valdôtaines, femmes de l’Entraide, chacune dans notre milieu, chacune selon nos possibilités, soyons citoyennes à part entière. Ne décevons pas Ida Maria Viglino, une grande figure de notre histoire.
Irma Bonfillon
Tiré du Peuple n. 27 du 4/07/1985
Exposition du peintre Maria Grazia Bin Ansaldo
DU 30 AOUT AU 8 SEPTEMBRE
DANS LA SALLE
COMMUNALE D’ART D’AOSTE
En octobre 1983, la prestigieuse revue « Capital » citait les plus célèbres portraitistes italiens et un groupe de six promesses, parmi lesquelles Maria Grazia Bin Ansaldo. La jeune femme peintre s’est en effet rapidement affirmée – elle est citée par le « Bolaffi », le « Quadrato » et d’autres catalogues – ses œuvres sont toujours plus estimées et achetées par des collectionneurs.
Pour Mme Bin peindre c’est une nécessité, dictée par un grand amour pour la nature et en particulier pour sa merveilleuse vallée. Cette femme, née à Aoste et descendante du côté maternel d’une ancienne famille valdôtaine, a cependant passé une période de préparation à Venise, où elle eut pour maîtres quelques excellents coloristes. De retour à Aoste, elle a été conquise par la beauté du paysage, en métamorphe continuelle dans les différentes saisons. Elle a représenté les arbres en fleur au printemps, les ruisseaux et les lacs alpins, les bois et les sentiers dorés de l’automne, et enfin les neiges et les givres de l’hiver. Parmi ses sujets il y a aussi les enfants joyeux, peints généralement au pastel, et la montagnarde qui serre au cœur son enfant blond.
Ses fleurs des champs ont plu, pour leur originalité et leur charme, au vieux et célèbre Abrate, qui lui a fait cadeau de son livre avec une dédicace affectueuse. Il s’agit en effet d’une peintre non banalement réaliste (celle qui représente avec exactitude les fenêtres des maisons ou les branches d’un arbre) mais tendant à évoquer ce qui demeure en nous de beau et de charmant. Elle participe pour cette raison, ave le peintre Gianasso, au perfectionnement d’une façon de peindre fantaisiste et romantique, définie « Réalisme poétique ».
Mme Bin Ansaldo à la fin du mois d’août présentera ses tableaux les plus récents dans la Galerie Communale d’Art d’Aoste, du 30 août au 8 septembre.
Après avoir pu admirer ses œuvres nous sommes certaines qu’elles auront comme toujours, un grand succès de public et de critique.
Arlette (de l’Entraide des Femmes Valdôtaines)
Tiré du Peuple n. 33 du 16/08/1985
40ème Anniversaire de l’Union Valdôtaine
A l’occasion du 40ème Anniversaire de la fondation de l’Union Valdôtaine l’Entraide des Femmes Valdôtaines rappelle le rôle fondamental que les femmes ont toujours joué dans notre société et dans nos familles par la défense de nos droits et l’épanouissement de notre culture. Les femmes ont participé dès le début à la vie de l’Union Valdôtaine. Si quelques-unes seulement ont occupé une place publique et ont su mériter l’estime de tous les Valdôtains (il suffit de rappeler, pour ce qui est de l’administration, Mme Céleste Perruchon-Chanoux et Mme Ida Viglino ou bien, pour ce qui est de la littérature, Mme Armandine Jérusel et Mme Pia Faccini-Lantermoz) n’oublions pas toutes les autres.
Celles qui, pendant la Résistance, ont lutté dans l’ombre et en silence pour affirmer l’idéal valdôtain.
Celles qui ont contribué à maintenir vivant dans nos familles ce même idéal pendant des générations.
Celles qui défilaient sur les places en 1946 pour réclamer le plébiscite. Celle qui, tout au début de la vie du Mouvement, ont contribué à sa naissance et à son affirmation, dans les différentes sections de la Vallée.
Si dans le passé les femmes ont souvent travaillé dans l’ombre, la progressive prise de conscience de l’importance de leur rôle dans la société a fait naître l’exigence de se regrouper pour participer à la vie publique non seulement à titre individuel mais aussi en tant que porte-parole de toutes les femmes.
Voilà pourquoi l’Entraide s’est formée et pourquoi elle essaie de favoriser la présence féminine dans tous les secteurs de la vie publique et surtout dans les différents organes du Mouvement.
Nous nous réjouissons donc pour l’élection de Mlle Jeannette Fosson au Conseil Communal d’Aoste, d’autant plus qu’on peut constater que dans plusieurs autres communes des femmes, depuis juin 1985, font partie de l’administration, ainsi que des Comités de direction de section de l’UV.
Aujourd’hui, ainsi qu’en ’45, les femmes sont donc présentes dans l’UV et réclament le droit et le devoir de travailler pour le Mouvement, bien conscientes du fait que cela signifie travailler pour la reconquête de notre Pays.
Tiré du Peuple n. 40 du 23/09/1985