1986
Première Conférence Nationale de l’UV
L’intervention de Madame Joséphine Gérard Roux au nom de l’Entraide des Femmes Valdôtaines
Chers amis unionistes,
L’Entraide a lu avec beaucoup d’intérêt le document « Le point sur la situation idéologique », et partage entièrement l’analyse de la pensée qui est à la base de notre Mouvement. Comme pièce d’appui, nous portons ces quelques phrases, qui ont été écrites par Carlo CATTANEO, non par un Valdôtain donc, mais par un italien, né à Milan en 1801.
Un esprit illuminé qui s’était battu aussi contre les discriminations dont étaient objet les Juifs, et contre toute forme d’autoritarisme politique ; un des théoriciens de l’Unité d’Italie, qui, toutefois, n’a jamais adhéré à des sociétés secrètes, parce qu’il pensait qu’il fallait agir à travers l’éducation, l’information de l’opinion publique, à travers des réformes économiques, législatives et sociales. CATTANEO écrivait donc : (N’oubliez pas que CATTANEO écrivait quand l’Unité d’Italie n’avait pas encore été réalisée et que la forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie. Il faut donc situer ses affirmations dans son contexte historique).
CITATIONS
« La libertà non deve piovere dai Santi del Cielo, ma scaturire dalle viscere dei popoli. Chi vuole altrimenti è nemico della libertà. La libertà è pianta di molte radici e viene meno quando è ridotta a espressione dell’unità dello Stato.
Non si può conservare la libertà se il popolo non vi tiene le mani sopra, ogni popolo in casa sua sotto la sicurtà e la vigilanza degli altri tutti ».
« Il faut que dans chaque état de l’Italie le peuple, en s’insurgeant, proclame immédiatement sa souveraineté, qu’il nomme son assemblée, qu’il la surveille, qu’il organise lui-même sa propre liberté ».
Io credo che il principio federale, come conviene agli Stati, conviene anche agli individui».
« Le federazioni non solamente poggiano sul consenso spontaneo e perennemente rinovellato delle moltitudini, ma stringendo nell’autorità federale tutto ciò di solidario interesse, lasciando a tutti i popoli l’esercizio dei loro speciali diritti, lo svolgimento delle loro idee tradizionali e spontanee, il giusto orgoglio della sovranità ch’è cara ai popoli quanto ai regnanti. Quindi l’ordine generale non invade l’ordine locale.
Allontaniamo le incompetenti analogie prese da altri popoli, soprattutto le centralizzazioni di quei stati dove la guerra, la pace, l’ordine e il disordine dipendono dagli umori di un Re, dalla temperatura di una capitale, da un Ufficio centrale di acque e strade.
Il male peggiore di cui è affetta l’Europa, è il nazionalismo il quale, d’altra parte, non è che un modo nuovo di presentarsi dell’imperialismo. L’Impero Romano, il Sacro Romano Impero, il Napoleonismo non attuarono una politica europea, perché i diversi popoli erano considerati strumenti e non attori dell’Unità.
L’Italia non può essere liberata che in seno a una libera Europa, un’Europa popolare, democratica, federale, opposta all’Europa monarchica, nazionalista, intollerante e capitalista ».
Cela démontre que l’idée fédéraliste n’est pas une utopie, et n’est pas une invention de nos jours. Elle est née et a été prônée en même temps que l’idée de démocratie, et d’absolutisme et république (et CATTANEO n’a pas été le seul idéologue du fédéralisme). Si elle a été mise de côté, en Italie, c’est seulement à cause de la puissance militaire et de la politique d’expansion de la Maison de Savoie.
Depuis, toute idée qui ne soit pas centralisatrice (monarchique, fasciste ou démocratique qu’elle soit), a été considérée révolue et utopique.
Nous considérons, au contraire, qu’elle n’est pas révolue, parce que c’est l’idéologie qui le plus tient en considération le droit à la liberté et à l’individualité, dans le respect réciproque des personnes et, surtout, des communautés. Nous ne la considérons non plus utopique parce qu’elle a déjà été réalisée, et ensuite parce que les avantages de la décentralisation sont reconnus para tout le monde, et la décentralisation n’est que le premier pas vers l’autonomie et le fédéralisme.
Autonomie et fédéralisme sont étroitement liés et chacun des deux sert pour pouvoir réalise l’autre.
Cela dit, nous partageons aussi la deuxième partie du document, voire la partie concernant la politique militante et le rapport entre idéologie et politique administrative, si bien que, déjà au Congrès National nous avions écrit : « Si parfois nous avons eu l’impression que notre Mouvement ait un peu perdu son élan idéal, étant trop pris par des problèmes administratifs, c’est peut-être que dans notre esprit Idéologie et Politique occupent deux places différentes et séparées. Ce qui n’est pas vrai ni souhaitable.
En effet faire de la politique ne signifie pas seulement faire de l’administration, mais aussi (même quand on fait de l’administration) prendre des décisions qui comportent un choix idéologique.
Chacun de nous se trouve, dans la vie de tous les jours, dans une situation pareille, et trop souvent on prend des décisions sans trop y réfléchir, ce qui nous porte parfois à être incohérents avec les principes et les idéaux que nous professons. Les exemples pourraient être nombreux : combien d’Unionistes parlent italien à leurs enfants, font leurs annonces de mariage et de mort en italien ?
Et combien d’Unionistes oublient nos principes de fédéralisme et de coopération lorsqu’il s’agit de leurs rapports humains et sociaux et de leurs intérêts.
S’il y a un décalage entre notre comportement et nos idéaux c’est parce que nous ne sommes pas toujours conscient du fait que les idées acquièrent plus de force et de crédibilité lorsqu’elles sont traduites dans la pratique.
Pour ce qui est du rapport entre politiciens-administrateurs et idéologie, le point le plus important est, à notre avis, celui que nous avions appelé COHERENCE.
« En principe, tout choix politique de nos administrateurs devrait s’inspirer des principes du Mouvement qu’ils représentent. Tout au moins, c’est cde que les électeurs souhaitent. Les administrateurs devraient traduire dans la pratique ce que le Mouvement énonce au niveau idéologique.
Par ailleurs, c’est dans l’Administration que les idées prennent forme et rencontrent des obstacles à leur réalisation pratique : on est donc obligé de faire des choix, d’établir des priorités, de décider chaque fois ce qui est essentiel et réalisable, de trouver les moyens pour atteindre le but qu’on s’est donné ».
Nous pensons aussi que, pour que l’idée et la politique active marchent en symbiose, il faudrait se rappeler que … « la tâche du Mouvement est de parfaire et d’élaborer les idées, de creuser en profondeur, d’élaborer des lignes d’action ».
« La tâche des Administrateurs est de traduire tout cela dans la pratique ».
Deux différents plans d’action donc : l’un vertical l’autre horizontal ; mais ils doivent se croiser sans cesse pour se confronter et pour éviter de faire fausse route car, tout en étant différents le terrain et le mode d’action, les points de départ et d’arrivé doivent être les mêmes ».
Pour ce qui concerne la diffusion de l’idée, une grande responsabilité revient encore aux administrateurs (noblesse oblige !) parce qu’ils sont sur la scène, ils sont des personnages publics.
D’autres moyens très importants de diffusion de l’idée ce sont les médias et, surtout, les médias non de parti, parce qu’ils touchent une plus grande couche de population, et ne peuvent pas être accusés de partialité ou de sectarisme.
Par exemple le Mouvement devrait être plus présent dans l’élaboration soit de programmes radio-télévisés, soit d’articles de presse. Pour que cela soit possible ce sont les administrateurs qui devront poursuivre les négociations avec la RAI et les journaux, afin de rejoindre un accord pour un usage plus répandu de la langue française dans les médias. Cependant l’Union Valdôtaine, n’ayant pas les moyens de disposer pleinement des mass-medias actuellement existants, ressent le besoin d’informer pour elle-même ses adhérents pour créer et conserver avec eux des liens constants. Pour répondre à ces objectifs, notre Mouvement s’appuie déjà sur trois structures : les Commissions, la Presse, la Radio.
Examinons chacune d’elles pour tâcher d’y apporter quelques améliorations :
1) – Les Commissions : le Mouvement « pour l’étude des différentes branches de la vie régionale nomme des Commissions d’étude » qui peuvent se servir, outre que des inscrits au Mouvement, de techniciens.
Nous proposons d’attribuer une autre fonction aussi à ces Commissions : informer (et donc former) la base en lui faisant connaître les résultats de leurs recherches. Puis, tenant compte de son avis aussi, formuler des propositions à soumettre aux administrateurs.
Les Commissions, pour atteindre ce but de formation et information des inscrits, dans des domaines spécifiques, devraient rédiger, au moins annuellement, un compte-rendu de leur activité et le distribuer aux sections.
On reproche souvent aux Unionistes de discuter des problèmes qu’ils ne connaissent pas bien, ou sur la base de renseignements faux ou incomplets qu’il ont reçus par ci ou par là : au fait il tient au Mouvement et, pour lui, aux Commissions chargées de recherches et d’études, de leur donner des renseignements exhaustifs et exacts, et aussi des arguments pour soutenir leurs thèses.
2) La Presse : Pour ce qui est de la presse, nous voudrions rappeler que le Peuple Valdôtain est un journal populaire et qu’il est donc important qu’il remplisse cette double fonction de formation-information. Il faudrait toujours veiller à ce que dans le journal il y ait un juste équilibre entre les articles plus spécifiquement idéologiques et politiques et es articles d’actualité politique, ou de réponse aux attaques de la presse adversaire.
Etant un journal hebdomadaire, le Peuple Valdôtain devrait fournir ses réponses et ses opinions à propos des problèmes contingents dont le lecteur entend parler un peu partout.
3) La Radio : Il serait souhaitable que la Radio de l’Union Valdôtaine démarre et, pour sa part, elle devrait transmettre principalement des programmes en langue française ou en patois ; accorder plus d’espace à la chanson francophone ; donner plus fréquemment les informations du jour concernant à la fois la Région et notre Mouvement.
Nous demandons à la radio de l’Union Valdôtaine de remplir une fonction de formation et d’information alternative par rapport aux médias italiens.
POUR CONCLURE, n’oublions pas que la force du Mouvement n’est pas seulement dans la quantité, mais aussi et surtout, dans la qualité de ses adhérents.
Il n’est plus temps de suivre des drapeaux, des slogans, ou, qui est pire, des intérêts personnels.
TOUT le Mouvement doit grandir et avancer ensemble, aussi bien le sommet que la base. C’est lorsque les racines sont solides et bien nourries que l’arbre produit de bons fruits ! C’est lorsque la base est solide et convaincue que le Mouvement est le plus FORT et la FORCE de la base est aussi dans l’information et la formation. PLUS les adhérents seront convaincus et MOINS le Mouvement sera vulnérable.
Pour que nos idéaux se réalisent nous devons avancer, TOUS ENSEMBLE, non seulement en quantité, mais aussi, et surtout, en qualité.
Merci
Tiré du Peuple n. 3 du 16/10/1986
L’Intervention de l’Entraide des Femmes
Je vous apporte le salut de l’Entraide des Femmes Valdôtaines.
Cette année nous ne présenterons pas le compte-rendu habituel de notre activité ; nous préférons en effet voler quelques minutes de votre attention pour rappeler celle qui, au cours de mille neuf cent quatre-vingt-cinq, nous a quittées.
Celle qui a toujours encouragé l’Entraide, et qui en faisait partie, celle qui a consacré sa vie au peuple valdôtain, celle qui n’a pu fêter le 40ème anniversaire de notre Mouvement mais dont nous sentons encore la présence. En souvenir de Mademoiselle Viglino nous vous prions de lui rendre hommage en nous levant tous debout et en gardant une minute de silence… Merci. Que l’exemple donné par Mademoiselle Viglino, l’exemple de son attachement à la cause, de son engagement, de sa ténacité, de sa cohérence, de son travail infatigable nous guide, nous encourage à poursuivre la lutte pour la défense de notre communauté.
Aujourd’hui plus que jamais il est nécessaire de travailler assidûment car, si les élections de ces trois dernières années ont été positives pour nous, il ne faut pas dormir sur les lauriers : notre engagement doit être constant et surtout nous devons approfondir notre préparation dans tous les domaines.
Pour cela nous vous faisons part de certaines exigences et de sollicitations que nous avons recueillies encore avant-hier.
Nous demandons au Mouvement de bien vouloir soigner particulièrement la préparation des unionistes par une série de cours spécifiques sur divers sujets et notamment par un nouveau cours pour les administrateurs. Nous devons offrir les moyens, aux Valdôtains qui le désirent, d’approfondir leurs connaissances.
Nous demandons également aux adhérents de s’engager pour la diffusion de l’idée autonomiste par leur soutien à la presse unioniste : « Le Peuple Valdôtain », hebdomadaire de formation et d’information, « La Revue Valdôtaine », témoignage de notre culture francophone et les mensuels « La Ville d’Aoste » et « Jeunesse Aujourd’hui».
Ce soutien concerne la propagande, l’abonnement et la collaboration, en particulier des Secrétaires des Sections par l’envoi de nouvelles des Communes.
Pour notre part, nous nous engageons, vu l’importance de la presse, à soutenir les publications susdites et en particulier « La Revue Valdôtaine », moyen de rapprochement des Valdôtains à l’idée autonomiste et présence culturelle valdôtaine.
Nous comptons aussi poursuivre notre travail de rencontre avec les autres femmes dans les sections de l’UV et avec la population, afin que la communauté valdôtaine soit toujours plus consciente de ses droits et de ses possibilités.
Rappelons-nous la devise de l’abbé Trèves : « Ne pas se plaindre et gémir mais faire et agir ! ».
Vive l’Union Valdôtaine !
Tiré du Peuple n. 30/10/1986
8 mars
L’Entraide
organise
pour le 8 mars
au Restaurant « Pezzoli »
de Gressan
une soirée surprise
Rendez-Vous à 19h15. Venez nombreuses et passez-vous le mot. Veuillez communiquer votre adhésion avant le 5 mars à l’UV 27/29 avenue des Maquisards – Aoste. Tél. 0165/41120-32532.
Bonjour ! As-tu cinq minutes à nous consacrer ? Nous voudrions te raconter une petite histoire. Une histoire qui est la nôtre et qui pourrait être aussi la tienne. Ecoute !
Il était une fois un petit peuple qui vivait au pied des Alpes.
Les hommes étaient fiers, courageux, dignes, honnêtes, tenaces, volontaires, engagés.
Les femmes étaient fières, courageuses, dignes, honnêtes, tenaces, volontaires… mais elles ne el savaient pas.
Un matin, le printemps venait d’éclore… une femme ouvrit sa fenêtre. Elle vit s’envoler un moineau, luire une perle de rosée sur une fleur, elle vit encore un nuage s’étirer dans le ciel bleu d’azur et un petit avion d’argent s’y enfouir.
Et puis, elle vit, en face de chez elle, une autre fenêtre s’ouvrir. Une autre femme regardait… elle regardait s’envoler un moineau, luire sur une fleur une perle de rosée, elle regardait encore un nuage s’étirer dans le ciel bleu d’azur et un petit avion d’argent s’y enfouir.
Les deux femmes se cherchèrent des yeux, se sourirent, se parlèrent.
Elles parlèrent du printemps, de leurs enfants, de leur ménage, de leur boulot, de leur mari, de leur village, de leur pays, de leur solitude…
La première femme pensa : « Qu’est-ce qu’elle est bien, cette femme ! ».
La deuxième femme pensa : « Elle gagne à être connue, celle-là ! ».
Peu à peu, une troisième, puis une quatrième, une cinquième, une sixième… fenêtres s’ouvrirent.
Et voilà un groupe de femmes. Des femmes fières, courageuses, dignes, honnêtes, tenaces, volontaires, prêtes à s’engager aux côtés des hommes pour mener le même combat.
C’était l’Entraide des Femmes Valdôtaines.
L’Entraide, ce groupe collatéral de l’UV, qui réunit unionistes et sympathisantes, se fixe pour objectifs :
– la promotion sociale et culturelle de la femme valdôtaine ;
– la défense de l’identité et de la dignité du peuple valdôtain, de sa culture et de ses traditions ;
– le développement des langues historiques valdôtaines (français, patois, walser) à travers son action dans la famille, dans l’école et dans la vie quotidienne.
Depuis sa formation (en 1978) l’Entraide s’est déjà penchée sur les problèmes de la santé, de la vie socio-économique, du troisième âge, de l’école, de la culture, en organisant rencontres, débats, retrouvailles, conférences.
Au sein du Mouvement, elle s’est fait le porte-parole des femmes lors des assemblées consultatives et lors du Comité Exécutif.
Nos ne sommes pas là aujourd’hui pour parler politique mais plutôt … puisque l’on a toujours besoin d’un printemps, nous t’invitons à ouvrir ta fenêtre. Nous t’invitons à une fête des femmes, des femmes valdôtaines.
Nous sommes sûres que tu accepteras de te joindre à nous.
A bientôt.
Tiré du Peuple n. 9 du 27/02/1986
Grand succès de la soirée organisée par l’Entraide
Le 8 mars
Plus de cent femmes ont participé samedi 8 mars à la soirée organisée par l’Entraide des Femmes Valdôtaines à Gressan : une occasion pour se retrouver en liesse mais aussi pour pouvoir mettre en évidence nos problèmes. Au début du repas a été rappelée la figure de Maria Ida Viglino, qui par son engagement constant et son action déterminée, a conduit avec succès tant de batailles, démontrant la valeur des femmes de notre terre.
Ont été lus les messages du Président de l’Union Valdôtaine Bétemps, du Président du Gouvernement Rollandin et de l’Assesseur Voyat, tandis qu’était excusée l’absence du Secrétaire Régional de l’Union Valdôtaine Tamone.
A la fin de la soirée sont arrivés l’Assesseur Faval, le conseiller Stévenin et le vice-secrétaire de l’Union Valdôtaine Viérin.
Un spectacle théâtral sur un sujet « chaud », les Lycées Techniques, a conclu la soirée, démontrant que la lutte des femmes continue dans d’autre domaines et sous d’autres formes.
a.r.
Tiré du Peuple n. 12 du 20/03/1986
Rendez-Vous
L’Entraide des Femmes Valdôtaines organise, pour le Rendez-Vous d’Aoste, une pêche à surprise. Si tu veux collaborer à la bonne réussite de cette initiative, tu peux apporter au siège de l’Union Valdôtaine (av. des Maquisards n. 29) les cadeaux que tu pourras recueillir à la maison ou chez tes amis.
Tu peux aussi signaler ta disponibilité pour la confection de colis et pour la permanence, aux heures que tu choisiras, aux stands de l’Entraide.
Tiré du Peuple n. 25 du 19/6/1986
Francophones à vos stylos !
ECRIRE c’est communiquer, c’est exprimer, c’est ouvrir le dialogue. Ecrire n’est pas très difficile à condition d’avoir vraiment quelque chose à dire car : « ce qu’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément ».
Débuter dans un métier, dans un sport, dans un art nécessite toujours un peu de technique, de méthode et quelques efforts.
Dites-vous bien que le lecteur doit vous comprendre sans être soumis à un casse-tête chinois. Il est votre interlocuteur, c’est à lui que vous vous adressez.
N’écrivez jamais que ce que vous pensez.
Etablissez un plan avant de rédiger votre article.
Rayez, sur vos brouillons, toutes les inutilités, les « redites », les expressions trop longues qui peuvent être remplacées par un seul mot.
Décomposez les phrases trop longues, à l’italienne, par de petites indépendantes. Vous éviterez ainsi l’écueil des pronoms relatifs (que nous étudierons par la suite).
Surtout n’oubliez pas de consulter le Dictionnaire qui est à l’écrivain ou au journaliste ce qu’est la faux au paysan.
Jeunes Valdôtains , jeunes étudiants, le Peuple attend vos articles. Une occasion pour découvrir, qui sait ? une vocation journalistique ou littéraire.
Tiré du Peuple n. 35 du 25/09/1986
A vos stylos
Ecrire, d’accord. Mais quoi donc ? Et pourquoi donc ?
Ecrire est cette nécessité d’information et de témoignage qui suscita le journalisme.
Nous devons la Bible aux textes hébraïques. Les échanges épistolaires de Saint Paul et les messages des apôtres nous ont transmis le Nouveau Testament, base de notre civilisation occidentale. Les hiéroglyphes nous font découvrir l’Egypte pharaonique.
Des penseurs et des philosophes ont jeté, par écrit, des modes de vie et des conceptions politiques qui ont amélioré la condition humaine : (Rousseau, Voltaire, Karl Marx, J. Jaurès, Alexandre Marc… etc). Les romanciers sont des conteurs qui rédigent, pour nous, des drames ou des comédies.
Les docteurs en lettres, en droit, en sciences, en médecine présentent toujours une thèse, c’est-à-dire développent, soutiennent par écrit, un sujet donné.
Les paroles des chansons que vous fredonnez ont été écrites par un chansonnier.
Nos cinéastes s’en réfèrent toujours soit au scénario préalablement écrit, soit à un ouvrage d’auteur.
Les poètes jouent avec les mots et les images selon les règles de la prosodie. Ils manient le verbe en artistes.
Croyez-moi, on oubliera Malraux, Lamartine, Maô et bien d’autres en tant qu’hommes politiques mais leurs œuvres littéraires leur survivront longtemps.
Ecrivez donc sur votre commune, sur les difficultés et les aspirations du boulanger, du commerçant, de votre Syndic, du sculpteur anonyme, de la ménagère, de la doyenne ou du doyen de votre village ou de votre quartier, bref sur le peuple valdôtain. Inventez de petits contes. Recueillez de vieilles légendes, des anecdotes d’actualité, des situations humoristiques. Vous verrez que ce qui n’est qu’un jeu peut devenir une passion.
Pour vos premiers essais, employez le présent de l’indicatif ou, à la rigueur, l’imparfait.
Chez nous, la faute la plus fréquente est le mauvais emploi des PROPOSITIONS, ces traîtres petits mots invariables qui unissent le verbe au complément.
Je mange des cerises : (je mange quoi ? des cerises : direct sans l’aide d’une préposition).
J’appelle ma mère : (J’appelle qui ? ma mère : C. Direct sans préposition).
Les compléments qui répondent à la question qui ? ou quoi ? sont des comp. directs. Les verbes qui les précèdent sont des verbes transitifs directs qui passent de l’action au comp. sans INTERMEDIAIRE.
Se rappeler que : faire la lessive = lessiver – écrire un texte = rédiger – faire une promenade = se promener – faire de la broderie = broder – faire de la cuisine = cuisiner, etc.
Et à propos de RAPPELER ou SE RAPPELER, pensez qu’ils sont transitifs directs. On dit : « Je me rappelle toi à cinq ans. « Vous vous rappelez la belle journée passée ensemble ».
Mais on dit : Je me souviens de notre vieille maison. Nous nous souvenions que l’hiver avait été incroyablement long.
Et puis… et puis à vos grammaires ! Rajeunissez, c’est la rentrée !
Tiré du Peuple n. 37 du 9/10/1986
Communiqué de l’Entraide
L’ENTRAIDE DES FEMMES VALDOTAINES
– ayant appris la nouvelle de l’attribution du prix « L’alunno più buono d’Italia » à Barbara Borghi de Pont-Saint-Martin ;
– tient à exprimer à cette jeune fille courageuse ses félicitations et ses meilleurs vœux pour l’avenir ;
– souligne le fait que dans un monde où la bonté, l’humanité et le sacrifice deviennent toujours plus rares, il y a cependant des enfants qui se distinguent par ces qualités ;
– rappelle enfin qu’une attention particulière doit être prêtée au monde de l’enfance et à ses problèmes.
L’Entraide
Aoste, le 16 Octobre 1986
Tiré du Peuple n. 39 du 23/10/1986
Francophones à vos stylos !
L’Entraide n’a pas la prétention de jouer aux professeurs érudits. Mais elle s’est donnée pour tâche d’aider socialement et culturellement la population valdôtaine. Or, pour un oui pour un non, les adultes comme les enfants se récusent devant l’effort ou affectent une fausse modestie : « Je suis pas capable de… » (je NE suis PAS capable) « Aiuto ! », formules fatalistes importées de l’Italie du Sud habituée à être assistée. Si nous revendiquons la liberté, la dignité, l’autonomie, mettons-nous à l’ouvrage : l’écriture est une manière de se libérer. C’est une gymnastique psychique recommandée.
Amis, veuillez considérer cette série d’articles comme un aide-mémoire, un présentoir de « trucs », de « tuyaux », de « ficelles » utiles à une rédaction plus aisée.
Voyons la façon la plus classique de convaincre le lecteur du bien fondé de notre conviction, de notre engagement politique, philosophique ou confessionnel.
Un exemple : Pour ou contre le maintien des traditions. Dans le cas où vous seriez leur zélé défenseurs.
Arguments de la thèse : racines d’une civilisation – fidélité aux coutumes ancestrales – respect envers la mémoire de nos aïeux –tout ce qui nous rappelle nos sources – douce poésie du temps passé – rien ne s’improvise – essence culturelle d’une civilisation – admiration devant la perfection d’œuvres accomplies avec un outillage sommaire – charmes envoûtants du félibrige – transmission des vertus familiales, etc…
Arguments de l’anti-thèse : (prévoir et exposer les opinions de l’antagoniste) vivre au présent – avancer dans la technique – la modernité soulage l’homme, le soigne, lui révèle d’autres horizons – l’art doit jaillir de l’imagination et non être une pieuse copie. Honorer la mémoire de nos ancêtres c’est innover comme ils le firent eux-mêmes – n’utilisez-vous pas le téléphone, la machine à laver, le tracteur, l’automobile, la télévision ? etc…
Synthèse : (nous avons forcé notre esprit à l’équité et pouvons défendre avec plus de logique et de poids nos vues personnelles) sans les balbutiements de l’art et des sciences aurions-nous avancé socialement, techniquement, artistiquement ? – La spécificité d’une région s’appuie sur ses traditions – ne pas stagner – ne pas se laisser obnubiler par le passé – Sans fondations solides, le plus bel édifice s’écroule – si l’art n’invente pas, il rénove, se renouvelle, évolue – un battement de cœur pour le passé – une espérance féconde pour l’avenir – œuvrer au présent dans l’enthousiasme mais avec un infini respect du passé – un peuple qui renie ses traditions trahit… etc.
N’omettez pas d’introduire votre exposé par une vocation d’un objet traditionnel, de la Foire de Saint Ours, d’une chorale folklorique…ou une citation d’auteur.
Il reste à construire les phrases. Des phrases claires et intelligibles pour tous.
NE DITES PLUS :
« Pas tant de bruit » mais « pas autant de bruit ». « Je ne suis pas tant contente » mais « je ne suis pas contente ». « Vous êtes beaucoup malade » mais « très malade » devant un adjectif il est préférable d’employer Très que beaucoup. Beaucoup est un adverbe quantitatif : il se place devant le nom « beaucoup de monde » – « beaucoup de fleurs ». Il se place après le verbe et signifie alors « énormément, considérablement » « elle rêve beaucoup » « Jean transpire beaucoup » ou « beaucoup trop ».
Très est un adverbe superlatif. Il signifie « excessivement, au plus haut point ». Il renforce l’adverbe bien : « très bien » Il remplace parfois les « oh ! oui « Avez-vous peur ? – Très. ». On dit également : j’ai très faim, très soif, très sommeil, très peur, très envie de…
Mais il modifie surtout un adjectif en le renforçant elle est très sensible – nous sommes très fatiguées.
L’Entraide
Tiré du Peuple n. 43 du 20/11/1986