1988
Engageons-nous contre la violence
8 MARS
par Arlette Réal
Dans quelques jours l’Entraide des Femmes Valdôtaines fêtera le 8 mars, journée de la femme, journée de liesse mais également de réflexion.
Les femmes ont parcouru plusieurs étapes du chemin vers l’indépendance économique, condition préalable pour leur émancipation.
Les résultats, on peut bien le dire sont satisfaisants, cependant la femme est encore partagée entre des tâches multiples ; ses engagements de famille, son travail à la maison et au bureau, le plus souvent au détriment de ses loisirs et de son repos. Des objectifs tels que le travail à mi-temps et la flexibilité des horaires sont encore à atteindre.
Mais il y a quelques choses que les femmes en particulier sentent comme une menace très grave et chaque jour croissante : il s’agit de l’escalade de la violence, une violence dont les victimes sont inévitablement les plus faibles du point de vue physique : les enfants, les personnes âgées, les femmes.
La violence semble bien être l’ultime défi de l’homme à l’univers entier. Chaque jour les mass-média nous informent des barbaries qui ont lieu dans les pays de la guérilla comme dans nos rues et nos foyers. La nature, sa faune et sa flore, témoignent du désastre écologique de la planète, fruit de la brutalité humaine. Que pouvons-nous faire, les femmes, contre la sauvagerie de l’an 2000 ?
Je suis persuadée que non seulement nous pouvons mais nous devons nous engager dans la défense de la qualité de la vie.
Cette défense implique :
– que nous apprenions à nos enfants l’esprit de tolérance et cela par notre exemple de chaque jour : nous en ferons des adultes libres et respectueux de leur prochain ;
– que nous sollicitons la promulgation des lois punissant sévèrement la violence sexuelle et l’enlèvement des personnes, en particulier des enfants. A ces sujets nous tenons à rappeler que la loi contre la violence sexuelle présentée au Parlement depuis des années n’a pas encore été approuvée et donc appliquée.
Nous ne pensons pas que le citoyen doive se faire justice à lui-même : c’est l’Etat qui doit assurer au moins le minimum de sécurité et de justice propres aux pays démocratiques.
– A l’origine de la violence, il ne faut pas l’oublier, il y a bien souvent l’injustice sociale : agissons pour éliminer les causes des mécontentements, pour aplanir les contrastes sociaux, pour donner à chacun la possibilité de réussir sa vie, d’avoir une chance dans cette vie.
– Le fédéralisme semble être le seul système politique nous garantissant les meilleures conditions pour une organisation future de la société et des différents pays basée sur le respect de la personne.
L’autonomie est une des étapes fondamentales du fédéralisme. Par sa défense nous soulignons la valeur de la personne dans un monde toujours plus robotisé et sans âme. Nous préservons nous-mêmes et les générations futures de la violence et de l’abus élevés à système de vie.
Le monde souffre du manque de tendresse, mais il a également besoin fermeté et de renouveau.
Soyons fermes dans la condamnation morale de ceux qui accomplissent des actes de violence, engageons-nous pour la défense de notre milieu culturel et de l’environnement.
Toute idée ne vaut pas la vie humaine : que les terroristes, les chefs d’Etat malades de pouvoirs, les voyous et les violeurs de femmes et d’enfants se le tiennent pour dit.
Tiré du Peuple n. 8 du 25/02/1988
Grand succès de la fête organisée par l’Entraide
par Arlette Réal
L’Entraide des Femmes Valdôtaines a rappelé le 8 mars par une grande fête, ouverte à tout le monde, qui a eu lieu à Saint-Christophe, au restaurant « Le Comari ». Presque deux cents personnes ont participé à cette rencontre.
Lors du repas, après les souhaits de bienvenue, a été lu un message de solidarité avec toutes les femmes et en particulier avec celles qui vivent le drame de la guerre et en subissent les horreurs en soulignant la nécessité d’un engagement de toutes les femmes et en particulier avec celles qui vivent le drame de la guerre et en subissent les horreurs, en soulignant la nécessité d’un engagement de toutes les femmes contre la violence pour un monde plus humain. A ce sujet, ce 8 mars, l’Entraide a commencé à recueillir les signatures pour une pétition sollicitant l’approbation de la part du Parlement de la loi contre la violence sexuelle. D’autres représentantes de l’Entraide ont encore pris la parole. L’une d’elles a interprété une poésie dédiée aux femmes : une des représentantes de l’association au sein de la Conférence régionale pour la condition féminine a renseigné les présents sur l’activité de cet organisme.
Après la lecture de l’allocution que nous a fait parvenir le Secrétaire général de l’UV Tamone et des messages du député Caveri et de l’assesseur Faval pour justifier leur absence, le Président du Mouvement Alexis Bétemps a pris la parole pour souhaiter une bonne fête à toutes les femmes.
Le Président du gouvernement régional Rollandin, qui était hors de la Vallée, et l’assesseur Perrin, indisposé, n’ont pu se joindre à nous.
Parmi les autorités, on notait la présence de Mademoiselle Jeannette Fosson, conseillère à la commune d’Aoste, du vice-secrétaire et du vice-président de l’UV MM. Dino Viérin et Humbert Nigra, de l’assesseur Voyat et du conseiller Stévenin.
La fête s’est poursuivie dans la gaieté, avec la musique de « Mile Danna et le Rodzo et Ner », jusqu’à une heure avancée de la nuit.
Tiré du Peuple n. 11 du 17/03/1988
Le message de l’Entraide pour le 8 mars
Très chères amies,
femmes de l’Entraide ou sympathisantes,
femmes de la Vallée,
messieurs leurs maris,
Epouses, mères, mama-grans, sœurs aînées, toutes travaillant de vos mains, travaillant avec votre cœur ou avec votre intelligence, éducatrices et femmes au foyer, l’Entraide des Femmes Valdôtaines vous souhaite une excellente fête dans un esprit d’amitié, de fraternité et d’union.
Il serait injuste de commencer nos réjouissances sans évoquer nos aînées qui luttèrent contre le fascisme et ces martyres de « Trois Ville », de La Thuile et ces résistantes, qui, la nuit venue, par les sentiers de montagnes, portèrent le ravitaillement, les messages, les armes parfois aux maquisards clandestins et celles qui œuvrèrent pour sauvegarder la culture de noter vallée : Sœur Scholastique, Anaïs Désaymonet, J.-Duc Teppex, Mme Martinet et tout récemment Mlle M. Ida Viglino. Ayons aussi une pensée émue pour nos aïeules à qui nous devons ce que nous sommes.
Il serait injuste de ne pas tourner notre pensée vers ces femmes de l’Italie du Sud qui s’efforcent de conquérir leur dignité et leur indépendance face à un patriarcat archaïque, qui s’opposent héroïquement à la mafia, à ces femmes de l’Islam qui réfutent le port du voile, l’ignorance, les mutilations sexuelles, à ces femmes d’Ethiopie qui se battent contre la famine tuant leurs enfants dans leurs bras, à ces femmes d’Afrique du Sud qui, avec leurs compagnons, combattent l’Apartheid, à ces femmes des bidons-villes du Mexique qui, dans la pauvreté et les cataclysmes organisent la survie de leur famille, à ces femmes des Philippines qui, malgré la guerre civile, déploient un courage remarquable, à ces femmes de Palestine qui luttent contre la pression inhumaine de l’occupant, à ces femmes médecins ou infirmières qui passent les frontières bénévolement pour secourir les victimes des conflits armés, à toutes ces femmes, religieuses ou laïques qui, comme Mère Thérésa, font reculer la misère et la mort.. et tant, et tant d’autres.
Devant tant d’abnégation et de grandeur, nous, femmes de la Vallée d’Aoste, prenons au moins l’engagement de soutenir notre culture, nos langues légitimes, notre promotion féminine et celle de nos filles, d’entrer en lutte ouverte contre toutes formes de violence, contre la drogue, contre l’AIDS, d’apporter un peu de réconfort à nos anciens, de mieux nous informer politiquement et civiquement enfin, de prendre connaissance avec les Droits de l’Homme et de défendre leur statut. Programme chargé, trop chargé, mais réalisable si nous nous groupons, si nous nous organisons si nous sacrifions une petite heure par mois pour collaborer avec l’Entraide. Nos enfants nous ont coûté assez cher en souffrances, en soins, en tendresse et nous nous devons de leur laisser, en héritage, un monde meilleur.
Nous vous rappelons que l’Entraide, qui organise cette rencontre s’inspire du Fédéralisme Intégral et a une action sociale et culturelle conforme aux idéaux unionistes.
Amis, réunis aujourd’hui, dans la joie, accordez-nous votre aide et faites tout pour que la vie soit digne et belle dans notre splendide Vallée.
Que la fête commence !
Tiré du Peuple n. 11 du 17/03/1988
Dixième anniversaire de l’Entraide des Femmes Valdôtaines
par Arlette REAL
L’Entraide des Femmes Valdôtaines vient de fêter son dixième anniversaire par une soirée qui s’est déroulée le jeudi 16 juin dans le cadre des manifestations du Rendez-Vous valdôtain d’Aoste.
Lors d’une conférence de presse ouverte au public, des représentantes de l’association ont expliqué les raisons qui ont amené à la naissance de l’Entraide, dont le but est la promotion sociale et culturelle de la femme valdôtaine.
A ce sujet, l’accent a été mis sur la sensibilité des femmes de notre terre, sur leur modernisme et, parallèlement, sur leur modestie, qui les empêche de faire ressortir toute leur richesse intérieure, leurs qualité potentielles.
Les femmes de l’Entraide ont souligné l’activité de l’association, notamment au sein de la Conférence féminine régionale et en ce qui regarde le problème de la violence sexuelle : l’Entraide a recueilli, ces derniers temps, deux mille signatures sollicitant l’approbation de la loi qui est en souffrance au Parlement depuis une dizaine d’années.
Les projets qui peuvent être réalisé dans l’immédiat de 88/89 concernent le secteur culturel : il s’agit d’abord de la création d’une troupe de théâtre d’enfants qui jouerait en langue française et de la réalisation de trois conférences-spectacles. L’Entraide envisage aussi de parfaire son organisation, afin d’être présente dans tous les endroits de la Vallée.
Un repas a suivi, à la fin duquel les candidates de l’Union Valdôtaine ont adressé leurs messages aux nombreux présents (les hommes aussi étaient de la fête !).
Un hommage floréal a été remis aux participantes, qui se sont ensuite rendues dans le chapiteau du bal où le défilé de mode prévu a commencé.
Une douzaine de jeunes filles de l’Ecole régionale de couture ont élégamment présenté les modèles originaux qu’elles avaient confectionnés avec habileté, goût et fantaisie, en démontrant ainsi leur capacité et leur esprit d’initiative.
Après le défilé, très applaudi, la musique a attiré les danseurs et les danseuses et un nombreux public.
Tiré du Peuple n. 26 du 30/06/1988
Femmes : un petit début
par Dina Quendoz
Les travaux de préparation au Congrès national ont commencé depuis le mois de septembre dernier. Trois commissions ont été formées : pour l’organisation pratique de ces journées, pour l’éventuelle révision des Statuts du Mouvement et du Règlement électoral, pour l’élaboration du thème du Congrès.
Le deuxième groupe est celui qui a déjà présenté une partie de son travail, celle concernant le Règlement électoral, au Comité Central du 5 novembre dernier.
Parmi les modifications que la Commission a proposées, et que le Comité Central a approuvées, il y en a une qui revêt une importance remarquable dans la vie de l’Union Valdôtaine et qui intéresse tout particulièrement les femmes unionistes.
Il est assez aisé de s’apercevoir de l’absence des femmes dans le panorama politique de notre région : c’est en prenant comme point de départ cette vérité de La Palice que les membres de la Commission ont essayé d’en analyser les raisons.
Et il y en a certainement beaucoup.
Et beaucoup dépendent directement des femmes elles-mêmes.
Mais il y en a au moins une qui est d’abord de compétence des dirigeants du Mouvement car il est avant tout nécessaire d’encourager les femmes à assumer des responsabilités et de ce fait à être présentes dans les instances du Mouvement.
Comment faire ? Plusieurs chemins peuvent être parcourus et c’est à la suite de longues et fort intéressantes discussions que la Commission est enfin arrivée à un choix.
La proposition a été la suivante : inviter les sections de l’Union Valdôtaine à nommer aussi des femmes déléguées a prochain Congrès national et garantir ensuite à un certain nombre de celles-ci, sous présentation de candidature, une place au sein du Comité Central. C’est là un instrument important que nous avons obtenu et nous devons apprendre à nous en servir : la réalisation de la démocratie et de l’égalité à l’intérieur du Mouvement dépend maintenant aussi un peu de nous.
Je regrette évidemment d’admettre la nécessité de recourir à cette sorte d’obligation pour permettre aux femmes l’accès à la formation politique et aux centres de décisions mais, face à l’évidente réalité et aux résultats positifs des choix faits en ce sens et depuis longtemps par les partis de l’Europe du nord, je ne peux que faire capituler mes illusions de jadis et féliciter d’abord la Commission et ensuite le Mouvement tout entier de ce fondamental tournant donné à la vie de l’Union Valdôtaine.
Tiré du Peuple n. 45 du 1/12/1988