1998
Femmes et politique : un binôme difficile
Les élections sont à la porte, combien seront les candidates ?
En cette période, l’Union Valdôtaine se prépare à un rendez-vous très important : les élections régionales. Les sections se réunissent, les pourparlers s’enchaînent, les candidatures jaillissent. Mais dans ce climat de fervente activité, l’éternel problème se pose : pas ou très peu de femmes parmi les candidats.
Dans nos Statuts, il y a un article, le numéro 7, qui affirme que : « l’Union Valdôtaine, ayant constaté que la présence des femmes dans la vie politique valdôtaine est encore faible, consciente de l’importance du rôle joué par celles-ci à l’intérieur du Mouvement et de la société, s’engage à favoriser et à solliciter leur participation et leur présence au sein des différents organes ».
C’est un article qui a été conçu et voté il n’y a pas un an, le 1er février 1997, lors de la Conférence Nationale de Châtillon, mais qui pourrait dater de 1970 ou même de 1950. La substance ne changerait pas, puisque la question de la non-présence des femmes en politique, malgré l’évolution de la société, persiste.
Il s’agit d’un problème très complexe qui voit le monde unioniste partagé sur des positions très variées : il y a ceux (et celles évidemment) qui sont sincèrement préoccupés, il y a ceux qui sont soucieux surtout de l’image que le mouvement peut donner à l’extérieur, il y a ceux qui sont farouchement contre et qui estiment que le rôle des femmes est essentiellement privé et limité à la famille et puis, comme toujours, il y a les indifférents.
Un petit sentiment de lassitude parcourt cependant transversalement toutes ces catégories…
C’est la frustration qui découle de la conscience de se trouver face à un problème très débattu théoriquement, dérivant d’une situation non équitable, mais dont la solution présuppose de profonds changements de mentalité et de vie. Changements qui, il faut l’avouer, s’avèrent coûteux surtout pour les hommes. Par ailleurs ce n’est pas concevable d’arriver à une plus grande participation féminine en politique dans les conditions de vie actuelle, qui voient les femmes engagées au travail, à la maison, en famille, perpétuellement au pas de course, aiguillonnées par le mythe médiatique de la femme parfaite qui réussit partout. Comment peut-on imaginer que dans des existences aussi saturées il puisse y avoir de la place pour la politique, un domaine qui exige une dédition et une disponibilité de temps infinies, que difficilement la plupart des femmes pourraient actuellement garantir.
Et pourtant une plus grande contribution des femmes ne saurait être que salutaire et fournirait un apport nouveau et différent, en vertu justement de la diversité, qui devrait être un élément à valoriser et non pas un objet d’aplatissement en vue d’une prétendue standardisation des méthodes et des acteurs de la politique.
Donc, en revenant à l’article 7 des Statuts, si l’Union Valdôtaine est réellement « consciente de l’importance du rôle joué par les femmes », elle devrait s’engager « à favoriser et à solliciter leur participation et leur présence au sein des différents organes », en contribuant, avant tout, à créer les conditions sociales et familiales adéquates.
En attendant, je souhaite vivement que de nombreuses pionnières démentissent mes propos farfelus et se présentent en masse aux élections régionales.
Patrizia Morelli
Tiré du Peuple n. 4 du 29/014/1998
L’importance de la « fête de la femme »
Considérations en marge du 8 mars
En lisant « La Stampa » de dimanche 8 mars, j’ai cru voir enfin ramené aux justes proportions et significations le phénomène de la « Fête des femmes ».
Sur le quotidien, en effet, deux articles seulement traitaient indirectement cet événement : en première page, le touchant reportage de Barbara Spinelli « L’otto marzo infinito delle donne d’Algeria » traçait un portrait de la situation actuelle en ce pays ensanglanté et des systèmes de résistance mis en œuvre par la population, et par les femmes en particulier, pour survivre à la violence et à la répression ; un deuxième, paru dans les « cronache », citait la crise du secteur de la floriculture causée par l’élévation de la température qui a anticipé la floraison des mimosas, considérées le symbole de la fête des femmes.
De plus, je croyais enfin disparues les fêtes mondaines avec strip-tease masculin incorporé, mais j’ai dû malheureusement revenir sur mon opinion et constater, grâce à un hebdomadaire local, que quelques initiatives de ce genre ont encore été proposées.
De ma part je n’ai jamais rattaché beaucoup d’importance au 8 mars de chez nous, que j’ai plutôt la tendance à considérer comme un prétexte commercial ou comme l’occasion pour le politicien, ou l’aspirant politicien, du moment de se rendre visible en dissertant de la condition féminine, quitte à la négliger et à l’oublier le lendemain.
Par contre, j’apprécie les initiatives culturelles et les moments de sensibilisation, comme l’appel en faveur des femmes de Kaboul, tout en ne voyant pas la nécessité de les lier à une date particulière.
Je souhaite donc l’extinction de cette fête, qui se prête à des interprétations ambiguës, pour laisses la place à un sentiment diffus dans toute la société visant au respect des femmes et à leur effective participation à tous les niveaux.
Au niveau politique, et dans noter mouvement en particulier, il ne suffit pas de se poser le problème à la veilles des élections en s’apercevant que – oh ! dommage ! – il n’y a qu’une femme sur les 30 candidats choisis par les sections. Ou, et c’est encore pire mais cela s’est déjà produit dans le passé, en faisant retomber sur les femmes la responsabilité du fait qu’il n’y a d’élues de sexe féminin, sous prétexte que « les femmes ne votent pas les femmes ». Or, je crois que les femmes, tout comme les hommes, votent les candidats qui mieux pourraient les représenter, indépendamment du sexe.
Mais si le rapport est de 1 à 30, en faveur des hommes, les possibilités de choix sont évidemment proportionnelles.
Il est certain qu’un grand travail reste à faire, à partir des sections, où les candidatures des femmes, mais des hommes aussi, devraient mûrir et se développer dans le temps, suite à des évaluations préparatoires et non pas aux exigences de la dernière minute.
J’ai conscience du fait que par mes considérations je risque de radoter et d’ennuyer le monde, comme sympathiquement me fait parfois remarquer notre dynamique rédacteur en chef, mais tous nous nous heurtons à la réalité, et donc je pense qu’il est de mon devoir, comme de celui de tous les unionistes et surtout des élus, d’agir pour qu’une effective parité puisse se réaliser.
Pa.M.
Tiré du Peuple n. 10 du 12/03/1998