Vie de l'Union5 Juillet 2016 - 12:37
Idéologue, fort probablement, est la définition qui remonte à l’esprit de tous ceux qui ont connu Emile Proment. Cependant, si on a eu cette chance, on sait bien qu’il était beaucoup plus que cela : journaliste, écrivain, polémiste et observateur attentif de la vie du Mouvement, pour se limiter à quelques autres exemples. Voilà pourquoi le rappeler aujourd’hui, à quatorze ans de sa disparition, survenue lorsqu’il avait 88 ans, est assez difficile.
Il est vrai que le temps s’étant écoulé du 3 juillet 2002, jour où il nous quitta, permet maintenant d’apprécier dans l’ensemble l’immense patrimoine d’articles et écrits qu’il a laissé. Toutefois, le risque est d’oublier quelque chose, quelque trait de cet homme petit dans sa taille, mais grand dans son cœur et dans l’exemple d’attachement qu’il a constamment offert aux adhérents à l’Union Valdôtaine.
Pour ceux qui, tout comme le soussigné, ont eu l’opportunité de vivre ce vivace laboratoire d’idées qu’était jadis la rédaction du « Peuple Valdôtain », Monsieur Proment demeurait une figure cruciale dans la réalisation de l’hebdomadaire. Dans son petit bureau au premier étage du siège central d’Aoste, où sa présence était annoncée avant tout par l’arôme de sa cigale, il lisait et il corrigeait tout ce qui avait trait au journal : des articles, aux ébauches des pages prêtes à aller sous presse. Sa correction n’était jamais une punition, son style discret en faisait un moment de formation, de croissance plutôt.
Lorsqu’il n’y avait pas du matériel à contrôler, il écrivait sur sa machine à taper, ou bien il lisait un des nombreux livres qui bourraient son coin de travail. Il n’avait pas d’horaires, ni de jours de fête. La langue française était le refuge où il trouvait du soulagement à sa soif de connaissance. Non seulement il était convaincu de l’importance de bien faire - ce qui dans les années ’90 représentait encore une vision suffisamment partagée du travail - mais il était également persuadé qu’il n’était jamais trop tard pour commencer à bien faire. Si l’on croit qu’en vieillissant on perd l’optimisme, des personnages du genre sont là pour nous faire revoir nos opinions.
Cela, en tout cas, ne doit pas conduire à des conclusions hâtives : fort de ses convictions, Emile Proment était tout à fait sévère dans le jugement du Mouvement et de son action. Ce n’était pas de l’intransigeance, bien que certains de ses écrits aient fait l’objet d’instrumentalisations politiques désagréables (cela est arrivé, entre autres, avec le « Roman d’un jeune valdôtain », en 1992), mais la conscience d’un idéal qu’il avait commencé à mûrir dans les années où adhérer à l’Union Valdôtaine présentait un prix à payer.
Emile Proment venait en fait d’une tradition unioniste qui n’avait pas encore absorbé dans son code génétique la culture du gouvernement, mais se bornait sur la lutte pour la pleine application de nos Statuts (à cette époque, l’Etat était beaucoup moins prêt à la négociation que de nos jours), pour la reconnaissance totale de nos prérogatives d’Autonomie et pour l’autodétérmination de la communauté valdôtaine. Bien d’entre nous rappellent encore ses interventions lors des Congrès des années ‘90, lorsqu’il rappelait l’importance de ne pas négliger les racines ainsi que les raisons du combat ayant conduit les Valdôtains à se rassembler dans un Mouvement populaire tel l’UV. Bien d’entre nous rappellent les vifs applaudissements qu’il remportait à chacun de ces « appels ».
Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle (et même le courage, dirais-je) de le reconnaître : un monde a entretemps changé et tenir ces mêmes positions serait aujourd’hui anachronique. Cependant, la contribution offerte par Monsieur Proment, et la rigueur qui le distinguait dans sa militance, sont des valeurs inscrites à jamais dans l’histoire de l’Union Valdôtaine et elles restent là, en tant qu’exemple de loyauté et de dévouement total à une cause. Un héritage pour lequel il faut - malgré le temps qui passe et qui favorise l’oubli - remercier Emile Proment.
Christian Diemoz
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Idéologue, fort probablement, est la définition qui remonte à l’esprit de tous ceux qui ont connu Emile Proment. Cependant, si on a eu cette chance, on sait bien qu’il était beaucoup plus que cela : journaliste, écrivain, polémiste et observateur attentif de la vie du Mouvement, pour se limiter à quelques autres exemples. Voilà pourquoi le rappeler aujourd’hui, à quatorze ans de sa disparition, survenue lorsqu’il avait 88 ans, est assez difficile.
Il est vrai que le temps s’étant écoulé du 3 juillet 2002, jour où il nous quitta, permet maintenant d’apprécier dans l’ensemble l’immense patrimoine d’articles et écrits qu’il a laissé. Toutefois, le risque est d’oublier quelque chose, quelque trait de cet homme petit dans sa taille, mais grand dans son cœur et dans l’exemple d’attachement qu’il a constamment offert aux adhérents à l’Union Valdôtaine.
Pour ceux qui, tout comme le soussigné, ont eu l’opportunité de vivre ce vivace laboratoire d’idées qu’était jadis la rédaction du « Peuple Valdôtain », Monsieur Proment demeurait une figure cruciale dans la réalisation de l’hebdomadaire. Dans son petit bureau au premier étage du siège central d’Aoste, où sa présence était annoncée avant tout par l’arôme de sa cigale, il lisait et il corrigeait tout ce qui avait trait au journal : des articles, aux ébauches des pages prêtes à aller sous presse. Sa correction n’était jamais une punition, son style discret en faisait un moment de formation, de croissance plutôt.
Lorsqu’il n’y avait pas du matériel à contrôler, il écrivait sur sa machine à taper, ou bien il lisait un des nombreux livres qui bourraient son coin de travail. Il n’avait pas d’horaires, ni de jours de fête. La langue française était le refuge où il trouvait du soulagement à sa soif de connaissance. Non seulement il était convaincu de l’importance de bien faire - ce qui dans les années ’90 représentait encore une vision suffisamment partagée du travail - mais il était également persuadé qu’il n’était jamais trop tard pour commencer à bien faire. Si l’on croit qu’en vieillissant on perd l’optimisme, des personnages du genre sont là pour nous faire revoir nos opinions.
Cela, en tout cas, ne doit pas conduire à des conclusions hâtives : fort de ses convictions, Emile Proment était tout à fait sévère dans le jugement du Mouvement et de son action. Ce n’était pas de l’intransigeance, bien que certains de ses écrits aient fait l’objet d’instrumentalisations politiques désagréables (cela est arrivé, entre autres, avec le « Roman d’un jeune valdôtain », en 1992), mais la conscience d’un idéal qu’il avait commencé à mûrir dans les années où adhérer à l’Union Valdôtaine présentait un prix à payer.
Emile Proment venait en fait d’une tradition unioniste qui n’avait pas encore absorbé dans son code génétique la culture du gouvernement, mais se bornait sur la lutte pour la pleine application de nos Statuts (à cette époque, l’Etat était beaucoup moins prêt à la négociation que de nos jours), pour la reconnaissance totale de nos prérogatives d’Autonomie et pour l’autodétérmination de la communauté valdôtaine. Bien d’entre nous rappellent encore ses interventions lors des Congrès des années ‘90, lorsqu’il rappelait l’importance de ne pas négliger les racines ainsi que les raisons du combat ayant conduit les Valdôtains à se rassembler dans un Mouvement populaire tel l’UV. Bien d’entre nous rappellent les vifs applaudissements qu’il remportait à chacun de ces « appels ».
Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle (et même le courage, dirais-je) de le reconnaître : un monde a entretemps changé et tenir ces mêmes positions serait aujourd’hui anachronique. Cependant, la contribution offerte par Monsieur Proment, et la rigueur qui le distinguait dans sa militance, sont des valeurs inscrites à jamais dans l’histoire de l’Union Valdôtaine et elles restent là, en tant qu’exemple de loyauté et de dévouement total à une cause. Un héritage pour lequel il faut - malgré le temps qui passe et qui favorise l’oubli - remercier Emile Proment.
Christian Diemoz