Idées7 Juillet 2016 - 17:46
Les Alpes sont le plus grand réservoir d'eau de l'Europe et alimentent les grands fleuves du continent, comme le Danube, le Rhin, le Rhône et notre Pô.
Cette condition particulière de «château d'eau» n'a jamais été sous-estimée par les populations de montagne, loin s’en faut: l'eau a toujours été considérée comme une ressource et la disponibilité réelle en eau a été une valeur à rechercher, préserver et développer. En dépit du fait qu’il s’agit d’une ressource disponible en quantité, nos ancêtres savaient que l'eau potable était un bien rare et précieux, susceptible d’être protégé, car réparti inégalement et exposé à de nombreuses sources de pollution.
Du puits à la source, du réseau d’adduction d’eau à la fontaine, un territoire anthropisé ne prospère que s’il peut accéder à une source d'eau douce, en quantité suffisante pour tous les êtres vivants qui l’habitent, hommes ou animaux.
Les grands ouvrages du passé, disséminés sur notre territoire, tels que les réseaux monumentaux de nos canaux d'irrigation, sont la preuve que la bonne gestion de l'eau, qui permet un approvisionnement suffisant, a toujours été, dans notre zone rurale, un pilier pour la gestion de «lo bien», la propriété, individuelle et collective, qui appartenait aux familles et aux communautés villageoises. Dans les petits et très petits centres habités, les ressources des propriétaires, la plupart du temps insuffisantes si prises individuellement, devaient être partagées collectivement pour le bien-être de tous. Je pense aux fours, aux moulins, aux pâturages, aux bassins-versants, aux surfaces boisées – parfois appartenant à des particuliers, à des consorteries, ou le plus souvent à des familles anciennement installées – faisant toujours l’objet d’entretien ou de travaux collectifs. Cette attention à la collectivité a toujours été une caractéristique de notre peuple lorsque l'agriculture était l'une des rares, sinon la seule, source de revenu pour les particuliers.
L'intérêt pour la gestion de l'eau bien commun est même aujourd’hui un sujet d’une étroite actualité: ces mois-ci tombe le cinquième anniversaire d'un référendum dans lequel les Italiens ont voté « oui » à l'eau comme bien publique à part entière, afin de le mettre à l'écart de toute spéculation économique et de gestion.
Plus de 60% des électeurs en Vallée d'Aoste ont participé au référendum, une participation encore plus élevée que le niveau de 54% atteint au niveau national.
Par conséquent, je ne partage pas l'opinion de ceux qui disent que les régions sous-estiment l’importance de l’eau. Je crois que cela n’est le fait ni des personnes qui se sont rendues en nombre au référendum, ni des institutions. Car, en premier lieu les administrateurs en reconnaissent l'importance capitale du point de vue naturel, environnemental, culturel et, d'autre part, ils travaillent dans un cadre législatif et réglementaire spécifique qui leur a permis de développer des modèles spécifiques de gestion.
Dans les Alpes, il n’y a pas le problème d’une pénurie d’eau, mais la tenue du cycle de l'eau ne se limite pas aux vallées alpines. Nos montagnes fournissent aux plaines les ressources en eau nécessaires à l'irrigation et à la production alimentaire, pour les besoins industriels, énergétiques et domestiques des populations urbaines.
Cinq ans après le référendum qui a reconnu l'eau comme une ressource publique, nous ne devons pas réduire notre attention sur cette question, car nous sommes conscients que les intérêts en jeu sont nombreux et que le thème de la rentabilité de la gestion de l'eau est extrêmement délicat.
Stefano Rodotà, dans un discours rapporté au cours des dernières semaines dans les pages de «Repubblica», a en effet mis en garde "[…] contro l’approvazione di ulteriori norme che sostanzialmente consegnerebbero ai privati la gestione dei servizi idrici. Il punto chiave è appunto rappresentato dalle modalità di gestione, per la quale le nuove norme e il testo unico sui servizi locali fanno diventare quello pubblico un regime eccezionale e addirittura ripristinano il criterio dell’adeguatezza della remunerazione del capitale investito, cancellato dal voto referendario […]”.
Dans nos montagnes eau publique signifie concrètement apporter de l'eau, un bien primaire et non commercial, depuis les lieux les plus reculés jusque dans les foyers et les entreprises. Les responsables de l'administration publique dans nos territoires doivent prendre en charge la protection des ressources en eau et de la qualité des eaux glaciaires, torrentielles et fluviales, en termes de:
Dans cette liste, non exhaustive, ne doit pas manquer la volonté de vraiment maintenir l'eau publique.
Nous voulons le faire aujourd’hui pour donner suite à la volonté démocratique exprimée lors du référendum de 2011.
Nous devons le faire en cohérence avec notre passé, afin de protéger, à long terme les aspects écologiques et préserver l'accès futur à des quantités suffisantes de bonne eau propre pour tous.
Jean Barocco
Syndic de Quart et membre de la Junte Nationale de « Federbim »
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Les Alpes sont le plus grand réservoir d'eau de l'Europe et alimentent les grands fleuves du continent, comme le Danube, le Rhin, le Rhône et notre Pô.
Cette condition particulière de «château d'eau» n'a jamais été sous-estimée par les populations de montagne, loin s’en faut: l'eau a toujours été considérée comme une ressource et la disponibilité réelle en eau a été une valeur à rechercher, préserver et développer. En dépit du fait qu’il s’agit d’une ressource disponible en quantité, nos ancêtres savaient que l'eau potable était un bien rare et précieux, susceptible d’être protégé, car réparti inégalement et exposé à de nombreuses sources de pollution.
Du puits à la source, du réseau d’adduction d’eau à la fontaine, un territoire anthropisé ne prospère que s’il peut accéder à une source d'eau douce, en quantité suffisante pour tous les êtres vivants qui l’habitent, hommes ou animaux.
Les grands ouvrages du passé, disséminés sur notre territoire, tels que les réseaux monumentaux de nos canaux d'irrigation, sont la preuve que la bonne gestion de l'eau, qui permet un approvisionnement suffisant, a toujours été, dans notre zone rurale, un pilier pour la gestion de «lo bien», la propriété, individuelle et collective, qui appartenait aux familles et aux communautés villageoises. Dans les petits et très petits centres habités, les ressources des propriétaires, la plupart du temps insuffisantes si prises individuellement, devaient être partagées collectivement pour le bien-être de tous. Je pense aux fours, aux moulins, aux pâturages, aux bassins-versants, aux surfaces boisées – parfois appartenant à des particuliers, à des consorteries, ou le plus souvent à des familles anciennement installées – faisant toujours l’objet d’entretien ou de travaux collectifs. Cette attention à la collectivité a toujours été une caractéristique de notre peuple lorsque l'agriculture était l'une des rares, sinon la seule, source de revenu pour les particuliers.
L'intérêt pour la gestion de l'eau bien commun est même aujourd’hui un sujet d’une étroite actualité: ces mois-ci tombe le cinquième anniversaire d'un référendum dans lequel les Italiens ont voté « oui » à l'eau comme bien publique à part entière, afin de le mettre à l'écart de toute spéculation économique et de gestion.
Plus de 60% des électeurs en Vallée d'Aoste ont participé au référendum, une participation encore plus élevée que le niveau de 54% atteint au niveau national.
Par conséquent, je ne partage pas l'opinion de ceux qui disent que les régions sous-estiment l’importance de l’eau. Je crois que cela n’est le fait ni des personnes qui se sont rendues en nombre au référendum, ni des institutions. Car, en premier lieu les administrateurs en reconnaissent l'importance capitale du point de vue naturel, environnemental, culturel et, d'autre part, ils travaillent dans un cadre législatif et réglementaire spécifique qui leur a permis de développer des modèles spécifiques de gestion.
Dans les Alpes, il n’y a pas le problème d’une pénurie d’eau, mais la tenue du cycle de l'eau ne se limite pas aux vallées alpines. Nos montagnes fournissent aux plaines les ressources en eau nécessaires à l'irrigation et à la production alimentaire, pour les besoins industriels, énergétiques et domestiques des populations urbaines.
Cinq ans après le référendum qui a reconnu l'eau comme une ressource publique, nous ne devons pas réduire notre attention sur cette question, car nous sommes conscients que les intérêts en jeu sont nombreux et que le thème de la rentabilité de la gestion de l'eau est extrêmement délicat.
Stefano Rodotà, dans un discours rapporté au cours des dernières semaines dans les pages de «Repubblica», a en effet mis en garde "[…] contro l’approvazione di ulteriori norme che sostanzialmente consegnerebbero ai privati la gestione dei servizi idrici. Il punto chiave è appunto rappresentato dalle modalità di gestione, per la quale le nuove norme e il testo unico sui servizi locali fanno diventare quello pubblico un regime eccezionale e addirittura ripristinano il criterio dell’adeguatezza della remunerazione del capitale investito, cancellato dal voto referendario […]”.
Dans nos montagnes eau publique signifie concrètement apporter de l'eau, un bien primaire et non commercial, depuis les lieux les plus reculés jusque dans les foyers et les entreprises. Les responsables de l'administration publique dans nos territoires doivent prendre en charge la protection des ressources en eau et de la qualité des eaux glaciaires, torrentielles et fluviales, en termes de:
Dans cette liste, non exhaustive, ne doit pas manquer la volonté de vraiment maintenir l'eau publique.
Nous voulons le faire aujourd’hui pour donner suite à la volonté démocratique exprimée lors du référendum de 2011.
Nous devons le faire en cohérence avec notre passé, afin de protéger, à long terme les aspects écologiques et préserver l'accès futur à des quantités suffisantes de bonne eau propre pour tous.
Jean Barocco
Syndic de Quart et membre de la Junte Nationale de « Federbim »