Union Valdôtaine

Le mouvement en ligne

1984

2ème Congrès National 1984

Thèses du IIème Congrès National

TITRE I PERSPECTIVES CONSTITUTIONNELLES

I – LA FIN DES MYTHES
1. Nation, Etat, Souveraineté
2. Des conséquences capitales pour la Vallée d’Aoste
3. Thèses pour la libération des Minorités en Europe

II – LES BASES DU PROJET VALDOTAIN

1. Les principes fondamentaux
2. Les limites du statut actuel

III – LE PROJET VALDOTAIN
1. Un élément accessoire: la garantie internationale
2. Le régime souhaité: l’autonomie intégrale

TITRE II – TERRITOIRE ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE


I – THEORIE ET PROCESSUS DE L’INDEPENDANCE

1. Les équilibres économiques en Europe
2. Economie et autodétermination en Vallée d’Aoste

II – LA VALORISATION DES RESSOURCES
1. Valorisation du territoire
2. Valorisation de l’épargne

III – UNE STRATEGIE DE RECONQUETE DU PATRIMOINE

1. La réappropriation des eaux
2. La réalisation de la zone franche
3. Le renforcement de la coopération
4. La lutte contre le chômage

TITRE III – L’ECONOMIE VALDOTAINE


I – L’AGRICULTURE: DE L’ASSISTANCE A LA PROMOTION
1. Les insuffisances de la politique agricole
2. Les réalisations et les changements depuis le dernier Congrès
3. Perspectives pour l’avenir

II – L’INDUSTRIE ET L’ARTISANAT: UNE SITUATION DIFFICILE
1. L’industrie
2. L’artisanat

III – LES ACTIVITES TERTIAIRES: UNE EXPANSION GENERALE
1. Le tourisme
2. Le commerce
3. Les transports

TITRE IV QUALITE’ DE LA VIE

I – L’ASSISTANCE MEDICO- SOCIALE
1. Les dispensaires polyvalents
2. La formation professionnelle
3. L’achèvement de la structure hospitalière

II – L’EVALUATION DES PROJETS – OBJECTIFS
1. La protection de la femme et de l’enfance
2. La prévention de la toxicomanie
3. La lutte contre l’alcoolisme et l’abus de tabac
4. La sauvegarde de la santé mentale
5. L’aide au troisième âge
6. La promotion d’initiatives

TITRE V – ECOLE ET CULTURE

I – L’ECOLE VALDOTAINE
1. L’application des articles 38/39/40
2. Les Lycées Techniques
3. Les interventions urgentes
4. La Communauté Walser

II – LA CULTURE VALDOTAINE
1. Une culture menacée
2. Les initiatives antérieures n’ont pas suffi
3. Propositions pour l’action culturelle

III – LES SPORTS ET LES LOISIRS
1. Les jeux et sports traditionnels
2. Les sports d’hiver
3. Les Olympiades
4. Les loisirs

TITRE I PERSPECTIVES CONSTITUTIONNELLES

Le but de cette analyse est illustrer les lignes principales de l’action future du mouvement de l’Union Valdôtaine en matière d’aménagement constitutionnel de la Vallée d’Aoste.
Au moment où le débat s’anime autour de la valeur réelle de l’autonomie accordée aux régions italiennes, et notamment à celles qui jouissent d’un régime d’autonomie spéciale, nous nous sentons en devoir de préciser notre orientation afin que le projet politique de l’U.V. puisse être connu et discuté sans préjugés ni ambigüités.
Pour ce faire nous estimons nécessaire de déterminer au préalable le sens exact des mots que nous allons employer, afin qu’ils soient vidés de la valeur mythique dont le cours de l’histoire les a chargés.


I – LA FIN DES MYTHES

1.  Nation, Etat, Souveraineté
Nous considérons la NATION comme une communauté humaine, douée de caractères communs, qui affirme sa volonté de vivre et de s’organiser autonomement. Le fait qu’un peuple n’ait pas pu ou voulu se donner un état comme forme de gouvernement autonome ne peut en aucun cas constituer la preuve que ce peuple ne revêt pas un caractère “national”. L’histoire compte un grand nombre de nations qui à certaines époques ont renoncé, volontairement ou pour des causes extérieures, à leur indépendance. Dans cette optique nous estimons que le peuple valdôtain a mûri et conserve encore de nos jours un caractère national suffisamment accentué pour légitimer son droit de libre disposition.
Nous devons constater que la notion d’ETAT, telle qu’elle est couramment employée dans la science politique et dans le droit constitutionnel, risque d’être à l’origine de nombreuses ambigüités.
En tant qu’autorité souveraine qui s’exerce sur un peuple et un territoire donnés, l’état contemporain représente une abstraction qui couvre des réalités extrêmement diversifiées. Peut-on comparer réalistiquement l’état soviétique et la principauté de Monaco? Au delà des différences quantitatives il faut relever une divergence qualitative énorme; il faudrait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir. Pourtant, les artifices juridiques et les nécessités de la politique portent à considérer que le Liechtenstein avec ses 20.000 habitants est un état souverain alors que le Québec, avec ses 6 millions d’habitants et une surface cinq fois supérieure à l’Italie ne peut pas jouir des privilèges que la personnalité juridique internationale pourrait lui garantir.
Le noyau de cette ambigüité et la source du malaise qui en découle sont à rechercher dans l’idée de SOUVERAINETE. Le dogme d’après lequel seuls les régimes jouissant de cette autorité suprême auraient le caractère d’état est actuellement sérieusement ébranlé.
Comment peut-on soutenir que la Pologne ou l’Afghanistan sont des états “souverains” alors que leurs gouvernements ne font qu’obéir aux ordres du grand frère qui les protège” Qui peut encore parler de “souveraineté”, au sens propre du mot, des états de l’Europe occidentale alors que c’est ailleurs que sont prises les décisions vitales qui les concernent.
Si l’autorité souveraine est limitée de l’extérieur contre la volonté de ses détenteurs, elle perd inévitablement son caractère de suprématie” Seules les grandes puissances, par conséquent, peuvent réalistiquement être considérées comme étant souveraines”

2.  Des conséquences capitales pour la Vallée d’Aoste
Les considérations que nous avons ci-dessus exposées, loin d’être un simple exercice d’abstraction terminologique, ont une importance capitale pour notre analyse: les états contemporains, tels que l’Italie, n’étant plus authentiquement “souverains”, sont à notre avis dépourvus de la légitimité de nier aux communautés nationales qui vivent dans leur sein de se donner une organisation autonome si elles en manifestent la volonté par des procédures démocratiques. Le Tyrol du Sud, la Sardaigne et la Vallée d’Aoste ont le droit de négocier, en vertu de leur caractère national, un aménagement différent de leur position constitutionnelle à l’intérieur ou, le cas échéant, à l’extérieur du système juridique italien. Un alinéa de la Constitution italienne, un pacte que nos communautés n’ont pas scellé par leur libre adhésion, ne peut pas suffire pour étouffer les aspirations autonomistes de nos régions.
Ayant ainsi brossé le tableau général dans lequel s’inscrit notre revendication autonomiste, nous entendons préciser les bases idéales dans lesquelles notre projet plonge ses racines.

3. Thèses pour la libération des Minorités en Europe.
Il sera question dans ce rapport des minorités ethniques indigènes, à l’exclusion des minorités de migrants. Les minorités de migrants ont en effet pour destin normal l’intégration et l’assimilation. Les minorités indigènes, au contraire, ont le droit le plus strict à conserver leurs particularités linguistiques, culturelles, psychologiques, sur le territoire où elles se sont formées et qu’elles ont marqué de leur travail, de leur art, de leur génie propres.
Les minorités se manifestent presque toujours par une langue originale, distincte de la langue de l’Etat. Il existe bien, aussi, des minorités de race et des minorités de religion, mais on les trouve surtout hors d’Europe. Sur notre continent, le seul cas de minorité non-linguistique est celui des Irlandais du Nord catholiques; mais il faut bien voir que le conflit qui les oppose aux protestants, et plus généralement au Royaume Uni, n’est pas un conflit de religion, mais un conflit ethnique traditionnel, mettant en jeu deux cultures différentes, celle des vrais Irlandais – les catholiques, dont les ancêtres parlaient le gaélique – et celle des colons britanniques (Ecossais et Anglais).
Il y a minorité lorsque la langue du groupe ne jouit pas du même statut que la langue de la majorité. Cela se rencontre dans deux cas: lorsque la langue de la minorité n’est pas reconnue et ne figure ni à l’école, ni dans les rapports avec l’administration; et dans le cas également du bilinguisme institutionnel comme cela est inscrit en Italie dans les statuts du Val d’Aoste et de la province autonome de Bozen (Tyrol du Sud). Il faut se rendre compte en effet, que, même si ce bilinguisme est correctement appliqué, il ne réalise pas l’égalité entre majorité et minorité, étant donné que le territoire minoritaire seul est voué au bilinguisme, cependant que l’ethnie majoritaire pratique l’unilinguisme dans sa langue propre.
On peut classer les minorités de mainte façon différente, mais il est une classification qui revêt un intérêt pratique et moral plus grand que les autres, c’est la classification entre les minorités par la force des choses et des minorités par la faute des hommes. Cette distinction mérite donc d’être présentée et précisée.
On appelle minorités par la force des choses les minorités dispersées ainsi que les minorités enclavées à l’intérieur d’autres ethnies; ainsi en est-il des Hongrois Szekler en Romanie, établis dans l’arc des Carpates, en plein cœur de l’Etat (à la différence des Hongrois de Transylvanie occidentale adossés à la frontière hongroise; ainsi en est-il des Tchonvaches et des Bochkirs en Russie. C’est la raison pour laquelle, ces peuples, pourtant plus nombreux que les Estoniens, ou les Tadjiks n’ont pu être érigés en Républiques fédérées, ainsi en est-il aussi des Slovènes de Carinthie, minorité dispersée qui n’est majoritaire que dans deux communes seulement d’un territoire qu’en compte plus d’une cinquantaine. Les juifs nationaux, les Tziganes constituent d’autres exemples de minorités “par la force des choses”, de la catégorie minorités dispersées ou minorités en diaspora.
Pourquoi appeler les minorités enclavées ou dispersées “minorités par la force des choses”? Simplement parce qu’on ne trouve pas à l’origine du fait minoritaire une faute de l’Etat ou de la société internationale. Ces minorités doivent leur condition de minoritaires à l’ordre même des choses. Et cet ordre des choses ne se laisse pas facilement changer, parce qu’il faudrait, pour le changer opérer des transferts de population, transferts les plus souvent inhumains et donc les intéressés eux-mêmes probablement ne voudraient pas.
Tout autre est la situation des minorités par la faute des hommes. Celles-ci sont constituées par des groupes compacts situés sur la frontière même de l’Etat. De tels groupes n’étaient pas voués par nature à être des minorités. Ils le sont devenus à la suite d’erreurs en général volontaires, commise par les Etat et par de mauvais traités. Prenons le cas du Val d’Aoste, du Tyrol du Sud, du Kossovo, du Pays Basque, de la Catalogne. Ces peuples ou fragments de peuple ne seraient pas des minorités si les frontières avaient été dessinées autrement ; si, par exemple, l’occasion de Plombières en 1858 et le traité de Turin en 1860 avaient admis les Valdôtains au bénéfice du plébiscite » au même titre que les Savoyards et si, par voie de conséquence, la frontière entre la France et l’Italie avait passé, non au Mont-Blanc, mais à Pont-Saint-Martin ; de même il n’y avait aucune raison de consacrer la frontière du Brenner. Si, conformément aux vues du Président Wilson, qu’il fallait adopter comme frontières politiques, les « claires limites des peuples » partout où elles existaient, la nouvelle frontière entre l’Autrice de l’Italie eût été fixée à Slurn, le Tyrol du Sud serait resté autrichien et il n’y aurait pas de minorité sud-tyrolienne.
Les minorités par la faute des hommes – c’est-à-dire par la faute des guerres et des mauvais traités – différent des « minorités par la force des choses » à deux point des de vue :

  1.  Leur condition a pour origine une erreur et une faute morale. Celles-ci doivent être réparées.
  2.  Elles peuvent être réparées puisqu’il suffit de modifier le tracé de la frontière pour faire disparaître la condition minoritaire.

Déplaçons la frontière valdôtaine du Mont-Blanc à Pont-Saint-Martin, la frontière tyrolienne du Brenner à Salurn, et nous aurons dé-minorisé, c’est-à-dire libéré, les valdotains et les sud-tyroliens.
On objectera que ces déplacements de frontières feront naître de nouvelles minorités dans le temps même où elles feront disparaître les minorités actuelles ; en ce sens que ce sont les populations italiennes immigrées qui deviendront, du même coup, minoritaires au Val d’Aoste et au Tyrol du Sud. Cela est vrai, mais nous ferons à l’objection trois réponses :

  1. Nous avons défini comme minorité à protéger la minorité indigène, et non la minorité de migrants (même si ces migrants différent des migrants ordinaires en ce qu’ils n’ont pas changé d’Etat).
  2. Il est possible d’accorder aux immigrés un certains statut protecteur. On peut même les traiter fort bien, c’est-à-dire leur connaître le même statut que celui qui est actuellement réservé aux valdôtains et aux Sud tyroliens.
  3. L’inversion des minorités s’accompagne d’une réduction du nombre d’hommes minoritaires – aussi longtemps du moins que le nombre des immigrés appartenant à l’ethnie majoritaire ne dépasse pas le nombre des indigènes. Et, s’il arrivait que cela se produisît, nous serions en présence d’une situation intolérable, celle d’une minorité indigène devenue minoritaire chez elle. Cet état scandaleux justifierait à lui seul la libération de la minorité, quelques conséquences qui puissent s’en suivre pour les immigrés d’ethnie majoritaire venus s’établir chez elle.

Si l’on parvenait, par des modifications de frontières, à faire disparaître les minorités par 1a faute des hommes c’est plus de la moitié des situations minoritaires qui seraient purgées, et les 9/10 des sujets minoritaires libérés.
Mais, dira-t-on, les frontières sont intangibles, car l’Acte final de la Conférence d’Helsinki l’a prévu. C’est ce que l’on prétend-telles les déclarations d’Andreotti et de Pertini lui-même. A vrai dire l’acte final dit simplement que les frontières héritées de la seconde guerre mondiale sont “inviolables”; mais cela ne signifie pas qu’elles ne puissent être modifiées par des voies pacifiques. Cela est tellement vrai que jamais la RFA n’eût signé l’Acte d’Helsinki si cela avait dû l’empêcher d’obtenir, par des moyens non-violents, la réunification de l’Allemagne. Or, si l’Allemagne a le droit de se réunifier, pourquoi le Tyrol ne l’aurait-il pas, ni le Val d’Aoste- cette Savoie orientale – de rejoindre la Savoie occidentale?
Une autre objection vient du caractère apparemment utopique du projet d’abolition des conditions minoritaires issues de la “faute des hommes”. Il s’agit ici de développer une philosophie lucide et conséquente. L’Utopie est un projet de vie. A ce titre, elle peut et doit servir de projet politique. Comme le disait Guillaume d’Orange, le père-fondateur de la Hollande moderne, “il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre”. Ce n’est pas parce qu’un but paraît inaccessible qu’il faut renoncer à le poursuivre. D’abord, parce que l’impossible n’est jamais sûr; ensuite parce que, même si on n’atteint pas le but qu’on s’est fixé, on peut s’en approcher, c’est-à-dire améliorer substantiellement le statu quo. N’est-ce pas sous la menace précise de sécession que le Val d’Aoste a décroché son autonomie actuelle? De même, c’est la peur du terrorisme sud tyrolien qui a obligé l’Italie à accorder au Tyrol du Sud en 1969-1970 le fameux “Paquet” accroissant sensiblement les compétences de la Province Autonome de Bozen. Combattre pour l’autodétermination du Val d’Aoste ne peut que conduire à une amélioration ou meilleure application de l’autonomie actuelle.
Non seulement, le droit ne s’oppose pas à la revendication d’autodétermination (l’Acte final d’Helsinki n’est d’ailleurs qu’une simple déclaration politique), mais il la fonde et la justifie. Les deux Pactes des droits de l’Homme – ouverts à signature en 1966 et ratifiés par l’Italie- reconnaissent en leurs articles là “tout peuple le droit de disposer librement de lui-même”.
Ce droit n’est pas réservé aux seuls peuples d’outremer et aux peuples coloniaux – comme on essaie de le faire croire – ni aux “nations sans état” à l’exclusion des simples “minorités nationales”, mais à toute population animée d’un vouloir vivre commun. Si ce n’était le cas, on eût employé d’autres mots que le mot “peuple”, à la signification des plus larges. Au demeurant, qui contesterait qu’il existe un “peuple valdôtain”? Certainement ni les Valdôtains, ni les Italiens eux-mêmes.
En outre, l’idée d’autodétermination est plus facile à opposer à l’Italie qu’à des autres Etats pour la raison très simple que l’Italie repose sur la doctrine du Risorgimento et s’en enorgueillit. Le Risorgimento, c’est le droit d’autodétermination généralisé. Mario Scelba s’en est d’ailleurs inspiré pour réclamer un plébiscite à Trieste, et De Gaulle et Gronchi ont célébré ensemble ce principe “sacré” sur le champ de bataille de Solferino. Comment une nation qui exalte l’autodétermination pourrait-elle en refuser la jouissance à tout peuple qui en son sein s’en réclamerait contre elle? Elle se mettrait, à le faire, en contradiction complète avec son propre idéal et se déconsidérerait sans rémission.Mais pour mettre l’Italie en contradiction avec elle-même encore faut-il revendiquer l’autodétermination et ne pas se contenter de revendications mineures. C’est pourquoi, l’Union Valdôtaine doit très clairement réclamer que son but ultime et déjà actuel est l’autodétermination du peuple valdôtain. L’Union Valdôtaine exige l’autodétermination hic et unuc.
Afin que cette revendication reçoive le maximum de force, l’Union Valdôtaine doit rechercher des alliés à l’intérieur et à l’extérieur de l’Etat italien. A l’intérieur, elle devrait approfondir le lien de collaboration avec les mouvements nationalitaires (voir MAO, M.F., U.S., P.S.d’AZ., etc.). A l’extérieur, la revendication d’autodétermination est aussi celle de la puissante Flandre, de la Wallonie, de l’héroïque Euskadi-Sud, du non moins héroïque Kosovo, de nombreuses forces catalanes et de certaines Corses – sans parler des peuples extra-européens: Kurdes, Sikhs, Sud-Soudanais, Sud-Moluquois. Une union des peuples auto-déterminationnistes existe déjà. C’est l’Alliance Libre Européenne (ALE) à laquelle l’Union Valdôtaine adhère dès 1982. Les revendications autodéterminationnistes pourront se manifester à la Tribune du Parlement Européen grâce au groupe “Arc en ciel” où siègent Michele Columbu élu dans la liste UV-PSd’AZ. et deux députés flamands de la Volksunie et où prendra place bientôt, comme député de la Liste des Nationalités de l’Etat italien, le Dr. Alexis Bétemps.
Un dernier point reste à examiner. Faut-il, en revendiquant l’autodétermination, indiquer le but? Faut-il préciser, par exemple, que le Val d’Aoste désire se réunir avec la Savoie ou le Tyrol du Sud à l’Autriche? Cela n’est pas nécessaire et relève de l’opportunité. La revendication d’autodétermination se justifie en elle-même en termes d’égalité entre les peuples et donc de dignité. Mais, si un accord pouvait s’établir sur ce point entre les différentes minorités européennes par la faute des hommes, celles-ci pourraient revendiquer, par exemple, le statut de Régions européennes, directement rattachées à la Communauté Européenne.
Cette plateforme commune, et son européisme, devraient favoriser l’acceptation par l’opinion publique de l’idée d’autodétermination et de mobilité des frontières. L’avenir n’en serait pas obéré pour autant. Car l’autodétermination est un droit permanent; et rien n’empêcherait des minorités qui auraient opté pour le statut de “région européenne” de réclamer ultérieurement un autre type de destin.


II – LES BASES DU PROJET VALDOTAIN

1. Les principes fondamentaux.
Deux principes fondamentaux sont à la base de notre philosophie politique: l’indépendance et la coopération. C’est autour de ces deux idées que notre action se déploie dans le but de servir les intérêts du peuple valdôtain.
Parler d’INDEPENDANCE, dans une vision réaliste des problèmes politiques actuels, signifie revendiquer la possibilité de gérer librement nos ressources matérielles et spirituelles. Qu’il soit question d’aménagement du territoire, d’organisation des moyens de production ou de rapports culturels et scolaires, nous réaffirmons le droit naturel des Valdôtains de dire le dernier mot dans tous ces domaines.
La seule limite que nous reconnaissons comme juste et indispensable à cette libre disposition est représentée par la COOPERATION avec tous les peuples qui, comme le nôtre, avancent sincèrement sur la voie d’un progrès paisible et équilibré. Une coopération généreuse, qui n’oublie pas les régions les plus défavorisées, mais qui n’est pas non plus vouée à niveler aveuglement les profondes différences entre les régions, fruit précieux de l’histoire et patrimoinede l’humanité entière.
Ces idées, l’U.V. ne les expose pas aujourd’hui pour la première fois. Cependant, aujourd’hui plus que jamais nous sentons le besoin de dire par quels moyens et grâce à quelles structures, ces idées pourront être concrètement réalisées. Un choix politique clair, à niveau institutionnel, s’impose.

2.  Les limites du Statut actuel.
Le régime de prétendue autonomie qui nous a été accordé en 1948 et qui s’est progressivement rétréci, tel une peau de chagrin, n’est pas un instrument suffisant pour nous permettre des projets aussi ambitieux que ceux que nous avons exposés. Les nombreuses limitations qu’on a imposées à notre compétence législative et administrative, l’état de dépendance et d’incertitude financière dans lequel nous nous trouvons malgré la répartition financière de 1980, l’impossibilité d’établir des relations permanentes à l’échelle internationale: voilà autant d’éléments qui nous empêchent de réaliser une politique économique et culturelle autonome par rapport au vouloir des autorités romaines.
Il y a deux ans, au moment où les partis politiques présents au Conseil Régional avaient commencé à s’interroger sur l’opportunité d’apporter des modifications au Statut Spécial de 1948, l’U.V. avait présenté un projet de modification du dit Statut. Il s’agissait, comme on l’avait précisé au moment de la présentation du projet, d’une proposition minimale visant simplement à introduire quelques variations au régime d’autonomie actuellement en vigueur afin de mieux l’adapter à la situation actuelle. Ce projet ne représentait pas, en effet, une solution optimale pour les aspirations valdôtaines et notre mouvement s’était réservé de mieux prec1ser par la suite le contenu de ses propositions politiques à ce sujet.
Le moment est venu de nous poser la question: quel est-il le régime qui conviendrait aux valdôtains pour seconder leur aspiration à l’autogouvernement tout en tenant compte de l’exigence de favoriser au maximum le développement de nos relations économiques, politiques et culturelles avec les autres pays?


III – LE PROJET VALDOTAIN

1.  Un élément accessoire: la garantie internationale.
Quand on pense à la sauvegarde des droits linguistiques et au maintien de notre particularisme culturel, nous sommes souvent tentés d’imaginer pour le Val d’Aoste une formule semblable à celle que l’accord De Gasperi-Gruber détermine pour le Tyrol du Sud, soit une garantie internationale permettant à un pays étranger, ou à un organisme international, de veiller au respect de notre droit au maintien de notre originalité culturelle. Tout en constatant que cette formule a permis aux sud-tyroliens de défendre un patrimoine linguistique et leur identité nationale (mais dans une situation combien différente de la nôtre!), nous sommes forcés de reconnaître qu’une telle solution ne peut pas être considérée dans notre cas comme la meilleure. En effet une tutelle internationale s’avère efficace seulement pour éviter que l’administration de l’état auquel on impose cette limitation mette en œuvre des instruments discriminatoires à l’égard de la minorité. Elle ne peut guère empêcher, par contre, que d’autres éléments, tels que par exemple l’immigration volontaire, ou l’investissement de capitaux venant de l’extérieur, puissent altérer l’équilibre démographique, ou les rapports de nature économique sur lesquels la survie du groupe ethnique minoritaire se fonde. Une garantie internationale pourrait cependant constituer un élément accessoire très important si elle s’ajoutait à un statut politique d’autonomie intégrale. Mais ce régime que nous définissons “d’autonomie intégrale”, comment se configure-t-il?

2. Le régime souhaité: l’autonomie intégrale
Cette autonomie intégrale se fonde sur le droit de libre disposition des peuples. Tout peuple, comme le nôtre, qui présente des caractères homogènes et la volonté de construire librement son système politique, a le droit d’exercer sans conditionnement extérieur son pouvoir constituant, en choisissant sa forme de gouvernement et en se détachant, le cas échéant, de l’état dans lequel il est englobé contre sa volonté.
L’exercice de ce pouvoir constituant de la part du peuple valdôtain devrait à notre sens provoquer la création d’une région-état qui pourrait renégocier avec l’état italien ses rapports de collaboration sur un pied d’égalité juridique et non plus dans un cadre de dépendance formelle et substantielle comme cela a été le cas jusqu’à maintenant.
Le point de départ du processus qui devrait amener à la révision des pouvoirs autonomes des institutions valdôtaines devrait être un acte de libre disposition de la part du peuple valdôtain: un référendum institutionnel portant sur la volonté au moins de la population valdôtaine d’affirmer sa non-dépendance par rapport à l’état italien et d’établir un rapport de nature différente avec ce dernier. La Vallée d’Aoste se constituerait ainsi en région-état et assurerait par un pacte fédéral sa propre collocation sur le plan juridique international.
Le fait qu’une telle procédure ne soit pas prévue par la Constitution italienne ne représente pas un obstacle infranchissable pour la réalisation de notre objectif. Notre région est une communauté humaine dont l’histoire et la géographie ont forgé une individualité nationale précise et le consentement de la population rend légitime la requête d’autodétermination sur la base du principe affirmé dans le pacte international des droits de l’homme: “tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit ils élaborent librement leur statut politique et réalisent leur développement économique, social et culturel” (art. l).
Notre projet politique dépasse largement la dimension polémique des faits contingents. Si d’autres régions en Italie revendiquent le même droit à l’autodétermination, nous ne pouvons que nous ranger de leur côté pour en soutenir les requêtes. Il faut cependant que ce soit bien clair que notre proposition n’est pas mûrie en conséquence de leurs revendications, mais bien avant, et qu’elle plonge ses racines dans la doctrine intramontaniste du XVIIème et du XVIIIème siècle, ainsi que dans la pensée autonomiste et fédéraliste d’Emile Chanoux.
C’est en effet dans un esprit fédéraliste que nous envisageons l’attribution à cette région-état dont nous prônons la création des pouvoirs touchant à tous les domaines fondamentaux pour la vie de notre peuple. Par contre, nous sommes persuadés qu’elle devrait renoncer volontairement à la règlementation de toutes ces activités, telles que les relations diplomatiques, les questions monétaires et la défense militaire, qui doivent être concertées à un niveau supérieur.
La Vallée d’Aoste deviendrait donc une entité politique douée d’une souveraineté volontairement limitée mais, dont l’autonomie très vaste permettrait d’assurer un épanouissement économique et culturel formidable.
Elle ne se renfermerait pas sur elle-même; loin de là, la Vallée d’Aoste ouvrirait ses horizons à une coopération à tout azimut! On n’élèverait pas des frontières: on les ferait tomber. La mosaïque dont notre pays veut devenir un élément important est cette Europe Unie dont les partis italiens parlent beaucoup au moment des campagnes électorales, mais dont ils s’efforcent par tous les moyens de retarder la création. Les institutions communautaires, et in primis le Parlement Européen, doivent devenir notre interlocuteurs privilégiés dans la recherche d’un nouvel équilibre constitutionnel pour notre Région.
Nous sommes conscients que le projet dont nous venons de esquisser les lignes maîtresses témoigne d’une très grande ambition. Nous sommes cependant persuadés que c’est dans cette direction que 1 nous devons nous acheminer si nous voulons assurer à notre pays un avenir de prospérité.
On nous accusera probablement d’être des rêveurs et des utopistes. Ces accusations ne nous offensent guère car nous savons page 10 bien qu’à la base de toute grande conquête il y a toujours une utopie.
Le fait que d’autres peuples aient déjà réalisé ce genre d’utopie, ou soient en train de la réaliser, nous rend encore plus déterminés dans nos convictions. La route est longue et difficile, nous ne nous faisons pas d’illusions à ce propos. Mais les résultats que nous atteindrons nous récompenseront largement de tous nos efforts. Avec l’autonomie intégrale nous nous acheminerons vers l’indépendance économique.


TITRE II TERRITOIRE ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

I – THEORIE ET PROCESSUS ECONOMIQUE DE L’INDEPENDANCE

1. Les équilibres économiques en Europe

La crise qui frappe le monde entier représente pour les pays occidentaux la crise d’un modèle économique, le modèle capitaliste. Voilà pourquoi les écoles capitalistes économiques essaient de trouver des solutions à la crise qui n’impliquent pas de changement ou de renversement du système capitaliste.
En ce qui concerne l’Europe, il y a deux orientations de l’économie capitaliste: la première a été celle de favoriser le développement inégal des diverses régions par une dynamique qui ne réduise pas le niveau global du revenu à redistribuer: cette école a tenu tant que le développement a été constant mais face à la stagnation économique elle a engendré des situations insoutenables.
Un économiste américain Rolland a écrit que “cette situation a créé dans certains cas la persuasion que leur meilleur espoir d’affronter d’une manière efficace les problèmes est constituée par l’autodétermination politique”.
La deuxième école capitaliste a au contraire idéalisé le modèle de société et d’économie qui lui est le plus approprié: standardisation et répartition du potentiel financier et des techniques et mobilité tant des entreprises que des salariés. Il en découlerait une société encore divisée en classes mais sans les “complications” régionales de l’emploi et du revenu.
C’est en partie le motif pour lequel le problème économique est aujourd’hui présenté comme un problème d’intégration européenne.
Le “gap” technologique avec les Etats Unis, la dépendance par rapport au dollar, la crise énergétique sont autant d’éléments qui nécessitent une politique et une économie unitaire de l’Europe.
La solution de la crise modernise ce que Lerroux avait imaginé au début du siècle, c’est-à-dire la dénationalisation d’entières communautés par l’immigration en la transformant aujourd’hui en intégration.
Le système capitaliste ne craint plus les conflits de classe mais plutôt les variantes qui peuvent lui être apportées de l’extérieur.
La solution du déséquilibre Nord-Sud est donc la création d’un autre type de Sud, celui des nations sans état dont le territoire, d’abord divisé par les confins d’Etat, puis économiquement et culturellement contrasté par le traitement différent réservé par les Etats d’appartenance, est aujourd’hui hypothétiquement recomposé au moment d’une intégration complète dans le super-Etat Européen.
Celle que l’on appelle “Europe des Régions” est le passage du colonialisme au néo-colonialisme.
Existe-t-il une alternative économique à ce projet? Elle existe dans la mesure où ces nations sans Etat savent proposer leurs droits à une auto-décision et à un auto-gouvernement; elle existe dès l’instant où celles-ci savent utiliser le “régionalisme”, en élaborant leur propre stratégie économique au sein des institutions de l’état et européennes. Cette stratégie est la seule qui soit en mesure de vaincre la double signification de la résolution de la crise européenne centrée sur l’affirmation définitive du capitalisme même, des multinationales.

2. Economie et autodétermination en Vallée d’Aoste: pour une théorie des indépendances.
La Vallée d’Aoste arrive à l’an 2000 sans avoir acquis une tradition ouvrière, ni même une tradition capitaliste. Il manque dans son histoire une bourgeoisie d’entreprise et l’on trouve des patrons venus de l’extérieur et une classe ouvrière en grande partie immigrée. On peut dire que l’histoire de la Vallée d’Aoste en Italie est l’histoire d’un affrontement perpétuel avec des éléments étrangers à la réalité valdôtaine: l’Etat italien, l’industrialisation, le fascisme. Malgré cela, la Vallée d’Aoste a acquis un certain bien-être: la Vallée d’Aoste se présente comme l’une des Régions les plus riches d’Italie: c’est un bien-être épidermique (voitures, villas, Casino) que masque le chômage (surtout les jeunes et les femmes) croissant, une hausse incontrôlable des prix des produits de consommation, la crise du secteur industriel contrôlé par l’Etat (les participations d’Etat) ou par les trusts (toutes les usines travaillant pour FIAT) . La baisse de l’emploi a entraîné indirectement une transformation de la Vallée en grand marché et grande artère routière . Chez les travailleurs, jusqu’à quelques années en arrière, les moments de tension sociale ont été atténués par la double activité ou par la vente de petites propriétés; les luttes des travailleurs pour combattre la crise ont eu des objectifs incomplets ou erronés: en renonçant à comprendre l’identité nationale de la Vallée certains porte-parole de la classe ouvrière italienne ont contribué à affaiblir l’ensemble des classes et l’économie valdôtaine. Le capital de vol (grands centres touristiques, usines financées par la Région et faisant aussitôt faillite, les centres commerciaux) s’est trouvé initialement à son aise dans le contexte d’une autonomie strictement bureaucratique. Ce n’est pas par hasard que la classe ouvrière a été et est encore insensible au problème de la zone franche, visée dans le Statut de ’48 et jamais réalisée, contribuant ainsi à la perte d’une grande occasion économique.
Plus personne ne met en opposition ce qui a été appelé le “sous-développement sans misère” de la Vallée et un “développement sans identité”. Pour surmonter la crise, la Vallée d’Aoste a besoin d’être elle-même, vraiment autonome, pleinement en mesure d’exploiter toutes ses possibilités économiques. Du point de vue stratégique il s’agit de faire fructifier les “indépendances” dont la Vallée est capable dans certains secteurs; l’énergie représente une possibilité considérable: des études spéciales ont prouvé que le potentiel énergique est tel qu’il peut faire de la Vallée la seule “Région” d’Europe autosuffisante en la matière, en utilisant des sources renouvelables dont elle est déjà l’exportatrice; les finances et l’autonomie financière représentent un élément fondamental pour l’exercice d’une stratégie économique; par la conquête de la répartition financière équivalant aux 9/l0èmes de tous les impôts perçus sur le territoire régional, la Vallée s’assure les moyens financiers pour planifier son développement; l’autonomie est la condition préalable pour rendre les possibilités opérationnelles: l’extension de l’autonomie, une révision du Statut, l’acquisition de nouvelles compétences et la consolidation de celles qui lui ont déjà été attribuées constituent pour la Vallée autant d’objectifs auxquels tout le monde devra se sentir appelé à participer. En conclusion, la Vallée d’Aoste doit valoriser pleinement ses ressources et adopter une stratégie de reconquête dans plusieurs domaines.


II – LA VALORISATION DES RESSOURCES

1. Valorisation du territoire.

La politique du territoire est orientée vers le développement équilibré de la Communauté par l’utilisation non destructive de ses ressources et se différencie des politiques de secteur (logement, agriculture, tourisme, transports, etc.) à cause de sa vision globale.
La politique du territoire ne s’occupe donc pas seulement de l’aménagement physique du milieu (urbanisme, patrimoine naturel, etc.), mais aussi de la planification et du contrôle des investissements publics et privés.
Jusqu’ici la planification a été effectuée, bien qu’avec des difficultés, suivant une logique de secteur: aujourd’hui l’Administration publique se doit de planifier le développement des divers facteurs qui s’entrelacent les uns les autres en s’appuyant sur les entrepreneurs tant publics que privés.
L’exploitation des ressources de la Vallée d’Aoste peut aujourd’hui faire l’objet d’une stratégie politique de longue haleine sur des objectifs tels que le développement de la moyenne montagne et le lancement de l’agrotourisme; mais compte tenu des exigences de développement autonome des organismes à l’échelon local (Communes, Consortiums de Communes, etc.), elle doit en même temps faire l’objet de programmes susceptibles d’être réalisés (et, partant, de donner dès résultats) immédiatement.
La planification régionale doit donc être soutenue par une compétence locale de planification qui soit à même de coordonner les actions publiques et privées: l’agrotourisme en est un exemple.
L’agrotourisme pourrait être une solution à condition qu’on trouve un réseau de ressources pouvant déclencher un développement autonome: produits typiques à appellation d’origine contrôlée, système de production constituant des caractéristiques socioculturelles typiques de ce territoire, présence d’équipements et de structures touristiques auxquelles l’activité agricole pourrait s’intégrer.
Trouver ces ressources suppose un certain esprit d’entreprise, des capacités d’organisation des dimensions, des caractéristiques de la productivité, des structures qu’il est difficile au particulier d’assumer: la collectivité publique locale doit donc intervenir comme organisateur, promoteur, gestionnaire des diverses composantes d’un programme agrotouristique, les capacités d’entreprise locale, les formes d’activité intégrée, les services de liaison (demande touristique, coordination avec les autres communautés, rapports avec la Région).
Si la Région doit prendre à son compte le rôle de planification, la communauté locale doit assumer le rôle d’action, avec règlements et contrôles (les instruments traditionnels d’urbanisme qui règlementent l’utilisation de la zone urbanisée), mais en usant de souplesse dans l’expérimentation de nouveaux modèles d’utilisation des ressources et l’entreprise privée (entreprises artisanales, familiales, le part-time, les nouvelles formes d’organisation, l’aptitude professionnelle renforcée) doit être à même de développer, surtout chez les propriétaires historiquement et culturellement d’un territoire, un projet de transformation des ressources en assumant ses charges et les bénéfices de la gestion.
Le rapport entre “impératifs” et “possibilités” est parfois difficile comme dans le cas du Centre Historique d’Aoste: les interventions publiques nécessaires et contrôlées ne peuvent être indépendantes du processus autonome de réutilisation; l’organisation et l’utilisation du Centre Historique peuvent être modifiées à travers l’instrument d’une gestion mixte, publique et privée, qui soit en mesure de concentrer les capacités de réalisation en tenant compte que le Centre Historique est doté de ressources facilement utilisables:
– une augmentation de l’offre touristique face à une demande déjà croissante; une protection du bien architectonique et la requalification de sa possibilité de jouissance reconnue au service du bien-être des habitants et comme attraction pour les touristes;
– une consolidation des investissements déjà existants sur le plan historique par la requalification du système commercial.
En général, une politique du territoire, pour être active, doit utiliser à fond les possibilités de la législation en vigueur en les rendant incisives mais susceptibles de résister aux bouleversements spéculatifs et de surmonter la fragilité et les obstacles d’ économies mono-sectorielles ou complètement assistées. Elle doit également réaliser des investissements en faisant appel aux capitaux locaux. Or, on constate que si les Valdôtains épargnent dans une proportion analogue aux autres habitants d’Italie du Nord, ils laissent trop dormir leur argent au lieu de l’investir dans des projets qui seraient bénéfiques à l’économie régionale.

2. Valorisation de l’épargne.
En Vallée d’Aoste, les dépôts bancaires se chiffrent à 897 milliards au 31 mai 1984, auxquels s’ajoutent les dépôts postaux d’environ l00 milliards (92,5 milliards à la fin de 1982). On peut donc affirmer que la liquidité en Vallée d’Aoste est de 1000 milliards, sans compter les investissements des particuliers surtout en Titres d’Etat tels que les BOT, CCT et BPT.
Les liquidités bancaires appartenaient, au 31 mai dernier, pour 13,5% à l’Administration Publique et aux Entreprises Financières (p.ex. FINAOSTA); pour 11,2% aux Etablissements non financiers; pour 75,3% aux particuliers.

a)Evolution et accroissement des dépôts de 1977 à 1983.
Il est intéressant de suivre’ l’évolution des dépôts ces dernières années pour constater s’ils ont suivi ou non la courbe de l’inflation.
En 1977 (décembre) on comptait en Vallée d’Aoste 313 milliards de dépôts bancaires; en 1980 (décembre) on en comptait 537 milliards; en 1983 (septembre) on en comptait 822 milliards. En revanche, les dépôts postaux étaient en 1977 au nombre de 59 milliards; en 1980, 84 milliards et en 1983 (décembre) 92 milliards.
On peut donc constater que l’accroissement des dépôts bancaire est en pourcentage plus élevé que l’accroissement des dépôts postaux; il dépasse même le seuil d’inflation.
Ce taux d’inflation a été de 242% de ’77 à ’83, tandis que l’accroissement des dépôts bancaires a été de 262% (l’accroissement des dépôts postaux de ’77 à ’82 n’a été que de 55%).
Il faut toutefois tenir compte de la relativité de ces augmentations dont les causes varient selon les provinces et selon les moments.

b)De la structure de l’épargne
Ces données permettent également d’effectuer certaines comparaisons avec les autres provinces sur l’épargne de la Vallée d’Aoste dans le système bancaire – des comparaisons certes relatives pour les raisons exposées précédemment, sur la composition des dépôts entre administration publique entreprises et particuliers, mais qui fournissent tout de même une donnée de comparaison intéressante.
La Vallée d’Aoste, avec une population de 114.000 habitants aurait eu en 1983 un dépôt bancaire moyen de E. 7.210.000 par personne.

c)Des emplois et des investissements du système bancaire
Le sujet qui intéresse les observateurs économiques est celui qui concerne les emplois et là encore un examen approfondi s’avérerait nécessaire: en 1980 (septembre) les emplois du système bancaire s’élevaient à 143 milliards dur 480 de dépôts équivalant à 29%. En 1983 (septembre) il se chiffraient à 214 milliards sur 822 de dépôts équivalant à 26%, ce qui indiquerait une aggravation de 3 points qui ne se différencie ni ne se retrouve par exemple dans la province de Sondrio, la province qui nous rassemble le plus comme territoire et structures, où les emplois ont été constants dans la mesure de 47% des dépôts tant en 1980 qu’en 1983.
Nous pouvons dire, toutes proportions gardées, que nous sommes au bas de l’échelle en ce qui concerne les emplois associés aux provinces riches (Pavie et Savona) qui détiennent respectivement le 30 et le 26%, aux provinces de montagne (Belluno 26%) et aux provinces pauvres comme Nuoro et Oristano où l’emploi tombe à 27 et à 25% des dépôts.
Avant de juger ce phénomène de l’emploi réduit des capitaux locaux, lié également à un esprit d’entreprise limité, il convient de tenir compte de certains éléments capitaux: les Banques gardent gelés des forts pourcentages des recettes des dépôts pour répondre aux garanties requises par la Banque d’Italie pour sauvegarder l’Epargne; les établissements bancaires se retrouvent avec des montants indisponibles qui oscillent entre 30 et 35% des dépôts, en sommes à terme, qui sont en partie à basse rémunération et en partie en obligations choisies par la Banque d’Italie.
Jusqu’à présent, le système bancaire disposait des fonds de trésorerie des Administrations publiques et organismes similaires (Région, Communes, Entreprises financières), des montants qui, en Vallée d’Aoste, peuvent être jugés probablement plus considérables que dans les autres provinces, ne serait-ce que par le nombre de Communes. Nombre d’entreprises de la Vallée d’Aoste se financent partiellement mais congrûment à l’extérieur (Cogne – Morgexcarbo – Ilssa Viola – Enrietti). De plus, dans les emplois ne sont pas pris en compte les crédits et les débits à moyen terme contractés auprès d’établissements spécialisés de l’extérieur (IMI- Mediocredito) à qui de nombreux établissements locaux font appel.

Les Caisses Rurales
Un autre moyen pour accéder au crédit à des taux acceptables est celui d’avoir la possibilité de s’adresser aux Caisses Rurales et Artisanales (déjà développées au Trentin) qui si elles étaient plus nombreuses nous permettraient également de parvenir à une plus grande autonomie financière en Vallée d’Aoste.
Ainsi l’exemple de la Caisse Rurale de Gressan qui gère déjà quelque 23 milliards depuis qu’elle a été constituée voilà deux ans et demi. Celle-ci sera du reste bientôt ouverte aux Communes limitrophes.
La valorisation du territoire et de l’épargne serait un pas considérable vers une plus grande indépendance économique, mais cette indépendance ne serait pas concevable toutefois sans la reconquête préalable de la totalité de notre patrimoine.


III – UNE STRATEGIE DE RECONQUETE DU PATRIMOINE

1. La réappropriation des eaux.
Derrière le simple mot d'”énergie” se cache le propulseur qui a permis, ces cinquante dernières années, le considérable développement scientifique, économique et social des peuples qui ont pu et su maîtriser cette force. En effet, même si l’énergie a toujours été le pôle et le pivot autour desquels gravitent les activités humaines, c’est au cours de ces dernières années qu’elle a joué le rôle d’acteur principal dans le développement profond de la société, dans ses multiples domaines. Après la grave crise liée au marché du pétrole et à certains facteurs structuraux qui ont caractérisé la vie jusqu’à présent, une nouvelle époque va prendre la relève: il s’agit de l’ère de l’automatisation et de l’informatique dont les besoins énergétiques sont plus grands encore, du fait qu’elles appellent une diversification des productions d’énergie pour limiter la dépendance vis-à-vis du pétrole et valorisent toute les possibilités énergétiques et surtout les sources renouvelables.
Personne donc ne contestera les principes suivants:

  1. Aucune vie organisée n’est possible sans énergie.
  2. Chaque peuple en tant que tel doit pouvoir gérer ses sources d’énergie ainsi que son développement.
  3. Toute utilisation d’énergie a quelque rapport avec l’environnement.

La conciliation de ces trois principes incontestables représente pour tout gouvernement la résolution de presque la totalité des problèmes.
Sur cette base nous pouvons faire quelques considérations relatives à la situation de notre Région. Notre unique source d’énergie réside dans le secteur hydro-électrique, et nous ne consommons que une petite partie de ce que nous produisons, environ le 20%. Le reste est exporté dans différentes régions d’Italie et consommé surtout dans le “triangle industriel” Turin-Milan-Gênes. Nous pouvons donc affirmer que nous donnons une contribution importante aux activités économiques italiennes. Les Valdôtains, au cours des siècles ont fait justement de l’eau l’instrument primaire de leur développement économique et social.
L’histoire en effet nous apprend quels sacrifices humains et économiques les Valdôtains ont dû faire pour maîtriser et pour exploiter d’une manière utile l’eau. A part les œuvres les plus anciennes qui sont encore sous nos yeux pour confirmer ce que nous venons de dire, nous tenons à rappeler l’énorme sacrifice économique et l’engagement social que nos ancêtres ont soutenu à partir de 1784 pour l’affranchissement des eaux et des forêts à des fins communautaires alors que jusqu’à ce moment-là les Seigneurs en gardaient la propriété.
Cette propriété, “affranchie” moyennant le paiement d’une grosse somme d’argent de la part de tous les Valdôtains, fut ensuite défendue avec acharnement contre les multiples tentatives que le gouvernement, libéral d’abord et fasciste ensuite, avait mis en œuvre pour exproprier les valdôtains de leurs eaux. Avec la naissance de la République, justice semblait vouloir être faite par Rome, qui, dans le Statut Spécial, accordait à la Vallée d’Aoste le droit à l’eau, prévoyant, à l’art. 7, la concession gratuite des eaux à la Région pour la durée de 99 ans, renouvelable. Mais dans ce même article il fut ajouté: “la concession est en tous cas subordonnée à la condition que l’Etat n’ait pas l’intention de faire de ces eaux l’objet d’un plan d’intérêt national”; cette apostille donna en effet la possibilité à l’Etat italien de créer depuis 1962 un organisme tel que l’ENEL, en lui donnant, par la loi n° 1643, la faculté d’exploiter toutes les sources énergétiques du territoire national, sans prévoir de dédommagements!
Depuis 1962 beaucoup de choses ont changé et le moloch ENEL s’aperçoit de ne pas être à même d’exploiter d’une manière rentable toutes les sources, ce qui l’a obligé à libéraliser la production d’électricité qui redevient possible même pour les particuliers.
Voilà donc indiquée une voie à parcourir pour le développement énergétique de la Vallée d’Aoste: augmenter la production de l’énergie électrique, et cela non plus au moyen d’énormes digues et de grands bassins qui provoquent des dégâts et des déséquilibres du territoire, mais au contraire par un réseau de toutes petites centrales à dérivation simple ou avec des ouvrages hydrauliques de captage d’une portée modeste. Nous savons que, avec les petites centrales, nous pouvons produire encore 760 millions de kilowatts-heures par an d’énergie électrique, pratiquement la même quantité que nous consommons maintenant en une année dans notre Région dans tous les secteurs. Les objectifs que nous devons nous proposer, dans la situation énergétique de notre Région, peuvent donc se résumer ainsi:

  • réduire la dépendance des dérivés du pétrole (principalement le gazole) qui, en ce moment, constituent encore près de 80 pour cent de notre consommation;
  • viser à l’épargne énergétique par une série d’interventions, surtout dans la construction résidentielle, en faveur d’isolants et de menuiserie adaptés à notre réalité géomorphologique (climat de montagne, températures moyennes plutôt basses, considérable écart thermique entre l’été et l’hiver, etc … );
  • viser à l’utilisation de sources d’énergie alternative et renouvelable surtout le soleil et le vent, et, où c’est possible, le biogaz;
  • viser à des sources qui, de toute façon, ne créent pas de pollution et garantissent la conservation de notre bien le plus précieux: le territoire.

Nous avons déjà parlé de l’énergie hydro-électrique provenant de petites chutes d’eau, à développer surtout dans la moyenne et la haute montagne et dans les Vallées latérales. Pour l’axe central de la Vallée nous avons fait un autre choix: le méthane. C’est un choix cohérent avec le plan général que nous devons établir. En effet, le gaz naturel est une source propre et non polluante, qui pourra jouer un rôle important dans la reprise économique et industrielle de notre Région. Nous devons être vigilants afin que les temps et les accords soient respectés, et afin que, après les travaux de canalisation, tout redevienne, sur notre territoire, comme avant.

2. La réalisation de la Zone Franche
L’examen de la situation locale, surtout en ce qui concerne l’application du Statut de 1948, nous impose de nous occuper aussi de l’article 14 de ce Statut qui prévoit explicitement que “Le territoire de la Vallée d’Aoste est placé en dehors de la ligne douanière et constitue une zone franche”. Ce n’est pas le cas ici de chercher des coupables auxquels imputer la non application de cet article après 36 ans. Tous les partis et les mouvements palmitiques qui depuis 1948 jusqu’à nos jours se sont succédés au gouvernement de la Région ont des responsabilités à cet égard. C’est cependant indispensable que ce Congrès National de notre Mouvement s’exprime à cet égard et fasse des propositions précises que nos administrateurs régionaux devront s’engager à présenter aux organes compétents.
La Zone Franche est un droit qui nous est reconnu par le Statut, il faut donc que cette Assemblée examine à fond ce problème pour que aussi ce droit soit respecté sans qu’on continue encore pendant des années à nous élargir l’aumône des marchandises en exemption fiscale.

3. Le renforcement de la coopération.
En Vallée d’Aoste le développement de la coopération apparaît décidément plus en retard que dans les autres régions italiennes, même si l’on peut affirmer que la base de l’économie valdôtaine a été, jusqu’au siècle dernier, l’exploitation en coopération des biens, dans les secteurs principaux de l’agriculture et de l’élevage des moutons.
L’exploitation en commun se réalisait par le groupement des habitants dans une association appelée “consorterie”, forme originaire et typique de propriété collective qui, malgré la privatisation progressive de la propriété, occupe même de nos jours une surface considérable par rapport au patrimoine global des forêts et pâturages de la Région.
Les “consorteries”, qui ont été réorganisées par l’intervention de l’Administration régionale, présentent parfois une gestion qui se rapproche de la véritable activité d’entreprise du fait de l’installation de remontées mécaniques, de la construction d’étables et de fours sociaux, de l’exploitation des carrières, ce qui assure, ainsi, une certaine rentabilité.
Hormis les cas des “consorteries”, la coopération en agriculture a cependant de la peine à s’affirmer en Vallée d’Aoste, et cela est très négatif pour une réalité comme la nôtre où le grand morcellement de la propriété a pour conséquence une productivité insuffisante.
Dans cette situation une coopération basée sur une réorganisation foncière totale pourrait constituer un facteur très important de rentabilité et cela permettrait de rétablir un juste équilibre entre les principaux secteurs économiques de la Région et du point de vue de l’emploi et du point de vue de la formation du revenu.
Si l’on contribue à créer et à développer une mentalité favorable à la coopération, l’exploitation en commun des terres, la zootechnie, la viticulture, l’arboriculture pourront devenir de véritables activités productives, liées à une adéquate organisation pour la conservation, la transformation et la commercialisation des produits.
Les deux lois régionales qui prévoient des interventions en faveur de la coopération semblent appropriées; il faudrait cependant accorder plus de pouvoir délibératif aux organismes coopéra tifs, en les considérant comme des interlocuteurs réels dans les commissions chargées des problèmes institutionnels, sociaux et économiques.
Une autre intervention fondamentale doit être prévue en ce qui concerne la formation des associés et du personnel (de direction, intermédiaire, spécialisé) car on ne peut se fier à l’improvisation pour atteindre des résultats valables sur le plan économique. A noter un aspect particulier: la configuration institutionnelle et la représentativité du coopérativisme valdôtain à l’extérieur de la Région; celui-ci parait être, en effet,, dans une situation de dépendance totale par rapport aux organisations et aux institutions coopératives de l’état. Cela est dû, en partie, à l’absence d’un coopérativisme culturel qui, dans les autres régions, est très développé notamment en matière de gestion des structures (cercles culturels, bibliothèques, théâtres, auditoriums, cinémas, salles de réunion) qui, en Vallée d’Aoste, ne sont gérées que par l’Administration publique.
Le problème de la représentativité du coopérativisme valdôtain doit également être évalué au niveau européen, dans la perspective de la croissante diffusion de la coopération transfrontalière; coopération qui, actuellement, n’intéresse que les institutions, mais qui pourra bientôt intéresser les opérateurs économiques ainsi que les particuliers.
Le développement du coopérativisme valdôtain ne pourra donc se concrétiser que s’il trouve une juste place à l’intérieur de ces “tendances” sociales dont le but, en définitive, est l’organisation des différentes exigences et des différents problèmes dans une dynamique supranationale.

4. La lutte contre le chômage
Un des composants indispensables pour assurer un niveau acceptable de “qualité de la vie” est nécessairement l’indépendance économique.
Un peuple ne pourra jamais être entièrement autonome s’il n’a auparavant atteint la liberté de ses besoins et, par paradoxe, le manque d’autonomie réelle a engendré en V.D.A des problèmes économiques très graves.
Dans l’attente donc que l’Etat italien nous applique vraiment et complètement le Statut – tout en étant insuffisant – qu’il a voulu nous octroyer, il est nécessaire et urgent que notre Mouvement s’applique une fois de plus, même si l’engagement est toujours plus lourd, à chercher à résoudre le problème fondamental de l’emploi.
Il faut toutefois considérer, pour une meilleure compréhension et explication de toutes les causes qui ont provoqué l’actuelle et très difficile situation économique valdôtaine, le bouleversement provoqué par le pouvoir central qui s’est inséré dans notre civilisation, pouvoir par lequel nous avons maintes fois perdu notre identité essentiellement paysanne et alpine qui était notoirement spirituellement riche et en même temps modérée dans ses prétentions.
Dans le temps présent, si nous voulons vraiment atteindre une vie communautaire la plus proche possible de nos besoins et nécessités, nous devons entreprendre des actions qui rendent à notre peuple sa physionomie ethnique, sans laquelle nos colonisateurs et l’ensemble de toutes les forces extérieures pourront de plus en plus s’emparer de notre économie.
En effet, malgré le fait qu’aux yeux des italiens la VDA constitue un petit “bengodi” par rapport à d’autres régions, il y a quelques années, aussi chez nous on a vu augmenter énormément le problème du chômage, face à la crise économique généralisée qui a provoqué partout la rupture périodique de l’équilibre entre la production et la consommation, dont les conséquences sont le chômage, des faillites et un effondrement souvent important des cours économiques.
Plus précisément c’est le déchirement presque total du tissu industriel (textile, chimique et sidérurgique) qui a provoqué la grave crise de l’emploi dans notre Région.
A la fin de l’année 1981 l’industrie valdôtaine comptait 7.703 employés ainsi partagés:
– 717 dans les industries chimiques;
– 5.621 dans les industries métallurgiques;
– 328 dans les industries de l’habillement;
– 169 dans les industries textiles;
– 868 à l’intérieur d’autres industries manufacturières.
Pendant l’année 1982 on a eu une baisse de 628 unités qui deviendront 3.166 places perdues dans l’année courante; par conséquent la flexion totale sera de 41,11%.
Malgré cette situation dramatique, jusqu’à présent les gouvernements et les partis italiens n’ont pas absolument essayé et voulu porter des remèdes; il s’agit donc, de notre part, d’intervenir par un organisme économique qui puisse évaluer de nouvelles initiatives telles que – par exemple – la création d’industries de moyenne dimension dirigées, autant que possible, par des entrepreneurs valdôtains.
Toutefois, pour établir une politique industrielle adhérente aux besoins de la V.D.A. il est nécessaire qu’on accomplisse le transfert total des fonctions administratives de l’Etat à la Région; on revient ainsi à l’éternel discours de manque d’autonomie.
Pour ce qui concerne la situation des jeunes gens sans occupation – qui est le résultat de la stagnation économique générale – il faudra s’efforcer énormément de leur créer de nouvelles places d’emploi; cela sera possible seulement en assurant par l’école une véritable expérience professionnelle, c’est-à-dire qu’il faut améliorer l’instrument pédagogique et garantir aux jeunes ‘une formation de base qui leur permettra de meilleures possibilités de travail pour le futur, en tenant compte des prévisibles besoins du monde économique.
Il est donc très important que toutes les forces politiques s’engagent pour la réalisation du projet de loi no 57 présenté par le Gouvernement Régional le 10 avril 1984 portant “Création des Lycées Techniques”.
En effet par la présence d’une école technique bilingue, au-delà des nombreux problèmes pratiques qui pourront être résolus par l’accord sur les principes généraux, on pourra finalement former des techniciens selon les besoin lu monde du travail et de la réalité socio-économique valdôtaine, tout en considérant qu’on aura ainsi la possibilité d’assurer toutes les directions, les contenus et les essors décidés par notre communauté dans le cadre d’une politique autonome et autogérée qui offrira certainement aux jeunes valdôtains du futur, la possibilité d’étudier et de travailler chez eux.
On doit donc absolument s’appliquer à définir une nouvelle stratégie contre le chômage qui ne doit pas être la création de places de travail “à n’importe quel prix”, mais au contraire on doit privilégier la formation, la lutte contre l’inactivité et la réinsertion culturelle des personnes en chômage.
Mais surtout “formation et programmation”, non seulement à l’école et dans la famille mais aussi par des cours professionnels à l’intérieur des entreprises; des stages de préparation au travail; des occupations temporaires d’utilité générale telles que l’écologie, l’assistance aux handicapés et aux personnes âgées et les activités dans les forêts et les parcs naturels; la création de fonds d’initiative pour les jeunes.
Il s’agira donc de faciliter le passage de l’éducation à la vie active, sans oublier aussi qu’il faut considérer la possibilité d’occupation qu’on doit faire découler de la réduction de l’horaire de travail.
La pleine application de l’art. 38, 3ème alinéa, du Statut Spécial sera enfin essentielle: il prévoit que les administrations publiques doivent prendre en service des fonctionnaires originaires de notre Région et connaissant la langue française; en outre cette obligation devrait être étendue à toutes les administrations privées afin qu’on puisse assurer à nos jeunes un emploi qui est actuellement difficile à trouver.
Nous avons le devoir de ne plus permettre que notre Région soit considérée comme une terre de conquête étant donné que nous voulons fermement que tous les Valdôtains aient la possibilité de s’autogérer et de progresser non pas selon les modèles imposés de l’extérieur, mais selon leur propre choix et leur volonté. Pour l’heure, le tableau de l’économie valdôtaine présente encore beaucoup d’ombres, notamment dans l’agriculture et surtout dans l’industrie.

TITRE III L’ECONOMIE VALDOTAINE

I – L’AGRICULTURE: DE L’ASSISTANCE A LA PROMOTION

1. Les insuffisances de la politique agricole.

Toutes les découvertes scientifiques faites par l’homme ont entraîné des conséquences plus ou moins importantes dans la société humaine.
La personne ou le groupe qui en avait le monopole s’en est toujours servi pour mieux s’affirmer et dominer les autres.
L’invention de la roue ou bien de l’araire ou encore de l’arc ou de la fusion des métaux a permis à certaines populations de s’imposer et dominer les autres.
Tout récemment la découverte des armes à feu a permis aux Européens de coloniser le monde entier.
Le moteur à vapeur a signé le commencement de l’ère industrielle. Cette invention a bouleversé les précédents équilibres pas seulement dans le domaine économique mais aussi social. Les avantages apportés à l’homme par le développement des industries ne peuvent pas être mis en discussion, mais en même temps il ne faut pas oublier les inconvénients: l’industrie est une grande dévoratrice d’énergie, donc très polluante; l’industrie demande de gros investissements de capitaux, donc concentration du pouvoir; l’industrie occupe beaucoup de main d’œuvre, donc déplacement d’hommes d’un pays à l’autre; l’industrie produit des pièces toutes égales entre elles, donc nécessité d’informer le marché.
L’industrialisation analysée aussi sous ces points de vue perd beaucoup de son charme: les guerres d’indépendance d’Italie deviennent des guerres de conquête d’un marché et d’un territoire d’exploitation plus vastes; l'”Eroe dei due mondi” se dégonfle et devient un mercenaire financé par les industriels et les commerçants.
Pour venir à nous et en particulier à notre agriculture nous devons constater que l’industrialisation nous a touchés surtout par ses effets négatifs. Notre Vallée n’a été qu’un territoire à coloniser, donc à exploiter soit pour ses matières premières, soit pour ses énergies, soit pour sa main d’œuvre. De ce point de vue nous avons des corrélations très étroites avec l’Italie insulaire et du sud.
La mécanisation a favorisé d’avantage la plaine que la montagne. L’homme primitif fouillait les plaines marécageuses, malsaines à cause du paludisme, et sans eaux potables; avec la mécanisation les plaines sont assainies, les fleuves endigués, le paludisme vaincu. Les terrains de la plaine plus fertiles et plus facilement mécanisables mènent une concurrence mortelle à l’agriculture de montagne. Nous assistons à la “tertiarisation” de l’agriculture de montagne, c’est-à-dire à la dénaturation de son rôle de production à celui de service.
A notre agriculture on ne reconnaît plus qu’un rôle secondaire par rapport à l’industrie, au tourisme et au commerce. C’est bien dans cette perspective que les communes rédigent leurs plans d’aménagement: en premier lieu elles délimitent les zones résidentielles, industrielles, commerciales, touristiques et en dernier, cela qui reste, est réservé à l’agriculture. Toujours dans ce climat on exalte la figure du “jardinier de la montagne”, c’est-à-dire (en pratique) de celui qui entretient les prairies et ramasse les ordures des touristes. L’agriculture n’est plus une activité productrice mais seulement une activité d’entretien de l’environnement.
L’industrie et le tourisme jouent le rôle du lion dans l’engagement de la main d’œuvre. La campagne se dépeuple tandis que les villes se gonflent à n’en plus finir. Mais la population agricole ne peut pas descendre en dessous de certains niveaux sans qu’aussi les autres secteurs en souffrent.
Pour garantir un minimum de vitalité à la montagne il faut garantir un minimum de revenu aux agriculteurs.
Les lois économiques nous disent que pour augmenter la fortune il faut ou diminuer les sorties ou augmenter les entrées, ou les deux à la fois.
Dans une atmosphère polluée par la présomption que l’industrie est un monopole réservé pour toujours au premier et au deuxième monde on préfère, pour sauver ce minimum d’agriculture, recourir à la politique des contributions à fonds perdus (= distribution gratuite de poissons), c’est-à-dire diminution des sorties dans l’achat de moyens de production ou dans la réalisation d’améliorations foncières.
Mais les monopoles sont destinés à tomber et les matières premières à s’épuiser ou à devenir au moins plus rares. L’industrie européenne, pauvre en matières premières et toujours plus concurrencée par de nouveaux pays qui s’industrialisent, entre en crise. Toute une hiérarchie de valeurs est remise en cause et dans le domaine de la politique agricole on se demande si à la place de distribuer gratuitement des poissons il n’était pas mieux d’enseigner aux gens à pêcher …
Après plus de trente ans de politique de contributions on peut se demander si les résultats ont été proportionnés aux efforts. Malheureusement nous nous apercevons que ceux-ci ont seulement ralenti l’abandon de la montagne, sans favoriser son renouveau. Notre agriculture, qui était jadis une des plus avancées des Alpes est devenue l’une des plus arriérées.
Evidemment la politique des aides directes n’est pas la plus efficace pour résoudre les problèmes en agriculture.
Si d’un côté on reconnaît à l’aide directe plusieurs avantages, tels: impact immédiat très efficace pour surmonter une période de crise;

  • simplicité d’action, donc facilement ‘compréhensible par le public, donc populaire;
  • engagement modeste de personnel, donc structures agiles; de l’autre côté si la crise perdure dans le temps, les inconvénients de cette façon d’intervenir prennent le dessus et à long terme on s’aperçoit que l’aide directe:
  • ne stimule pas l’agriculteur dans la recherche de cultures, structures et organisations nouvelles; ne favorise pas la recherche d’une organisation économique rationnelle de la ferme;
  • risque de surcharger le bilan de frais d’amortissement;
  • ne donne aucune garantie pour l’avenir;
  • fait des agriculteurs une classe de mendiants;
  • crée dans l’agriculteur un sens de dépendance et d’infériorité vis-à-vis des autres classes sociales.

A l’aide indirecte on peut reprocher sa lenteur dans les effets et son engagement massif de techniciens et de structures, par contre elle a l’avantage de:

  • orienter mieux les agriculteurs vers de nouvelles cultures, techniques ou organisations plus rentables;
  • conseiller des choix raisonnés d’après une attentive analyse de la gestion de la ferme;
  • viser à la création de fermes économiquement viables ou bien à réaliser le plus haut revenu possible par mètre carré cultivé, de sorte que l’agriculteur soit financièrement autonome, donc heureux et fier de son travail.

Déjà à l’occasion du 1er Congrès National nous disions que “La politique des contributions à fonds perdus, pratiquée par l’Assessorat de l’Agriculture n’est pas en mesure de résoudre les problèmes de notre agriculture … ” et nous continuions en souhaitant un effort majeur dans le domaine de la recherche.
Avec ces propositions nous n’entendions pas et nous n’entendons pas dire qu’il faut abandonner complètement le chemin des aides directes pour celui des aides indirectes, mais simplement proposer un élargissement des façons d’intervenir dans le domaine agricole. C’est-à-dire employer tous les moyens et toutes les tactiques que les sciences viennent de découvrir pour favoriser le progrès de notre agriculture. A ce propos il nous faut rappeler qu’aussi les sciences politiques sont en évolution continuelle; les techniques d’hier peuvent être dépassées par d’autres d’aujourd’hui plus efficaces. Si dans le tiers monde jusqu’à quelques années en arrière on envoyait des bateaux chargés de denrées, aujourd’hui on préfère envoyer des techniciens. L’essentiel est de ne pas se cristalliser sur des formules qui ont fait leur temps.
Nous souhaitons donc un emploi judicieux, sélectif et complémentaire de l’allocation d’aides à fonds perdus, d’emprunts à taux bonifiés et d’assistance technique-économique-sociale.
En ligne générale nous estimons que les contributions à fonds perdus doivent être restreintes à des cas bien particuliers et limités dans le temps: accidents climatiques, crise momentanée de marché, œuvre de petite envergure, impossibilité de garantir un revenu convenable avec d’autres moyens. L’emprunt à taux bonifiés doit prendre la relève sur toutes les aides directes d’une certaine importance et durée dans le temps car c’est la formule la plus engageante pour des choix vraiment économiques. L’assistance technique, économique et sociale doit se développer encore davantage car elle est l’unique formule qui a démontré être vraiment capable de renouveler notre agriculture. Dans les pays à agriculture avancée elle est le pilier du progrès agricole. Le Parlement Européen, à ce propos, a posé des limites très restrictives aux aides directes, tandis qu’au contraire il a formulé des directives aux pays membres pour encourager le développement de l’assistance technique-économique-sociale.

2. Les réalisations et les changements depuis le dernier Congrès.
Dans ces dernières années nos efforts se sont tournés toujours plus vers les aides indirectes; nous rappelons en premier lieu la création de la Fondation pour la gestion de l’Institut agricole. La Fondation, douée de moyens et d’autonomie, pourra garantir la formation des jeunes agriculteurs et en même temps développer la recherche dans le secteur technique.
Le Service d’Assistance Technique économique et sociale du Département de l’Agriculture dispose actuellement d’un bon nombre de techniciens (quoique encore insuffisants) et de moyens; la loi qui a créé ce service nécessiterait quelques modifications pour mieux le coordonner avec l’Institut agricole et pour lui confier toujours plus une mission d’assistance économique.
Ces deux organismes pourront (nous le souhaitons) faire rattraper à notre agriculture beaucoup de temps perdu par l’œuvre stimulante de la recherche technique et économique, de la démonstration, de l’instruction et de la vulgarisation.
Dans le secteur législatif, tout récemment, on a mis ordre et clarté en réunissant dans une unique loi toutes les interventions en agriculture qui avant étaient dispersées en plusieurs dizaines de lois qui créaient des difficultés d’interprétation et d’application.
Dans l’assainissement du bétail nous pouvons finalement dire d’être au bout du problème. Un problème qui se traînait depuis des dizaines d’années détruisant nos étables et notre bonne réputation.

3. Perspectives pour l’avenir.
Formuler des projets pour l’avenir est une chose très engageante parce que d’un côté il nous faudra rattraper le temps perdu et de l’autre contrecarrer la concurrence toujours plus forte de la riche agriculture de la plaine.
Les ressources du département de l’agriculture ne peuvent plus être répandues à pluie en sauvetage de toutes les situations même les plus désespérées ou dans les poches des plus dégourdis.
L’aide ne peut plus être allouée par ordre chronologique de présentation des demandes, mais doit être emboitée dans un programme de développement de la zone en vue de financer par avance les améliorations que la recherche aura démontré être les plus avantageuses.
Notre programme, en peu de mots, est de passer de la politique de l’assistance à celle de promotion de l’agriculture. Naturellement ce changement demandera des temps de préparation. Si du côté de l’assistance nous disposons déjà d’une très longue expérience, sur le chemin de la promotion nous ne sommes qu’aux premiers pas. Les institutions et les services dont nous disposons devront marcher à plein rythme et en parfaite complémentarité de sorte que tous les administrateurs, mais aussi tous les agriculteurs, soient continuellement renseignés sur toutes les cultures, sur toutes les techniques, sur toutes les structures possibles et réalisables dans la zone. Mais surtout il faudra être particulièrement renseignés sur les revenus de toutes les différentes combinaisons entre cultures, techniques et structures.
Nous voulons donc le perfectionnement de la formation et de l’assistance technique, mais nous souhaitons surtout que celle-ci évolue le plus tôt possible en information économique.

II L’INDUSTRIE ET L’ARTISANAT: UNE SITUATION DIFFICILE

1. L’industrie.

a) Une crise aux facteurs multiples.
Une série de facteurs notoires, liés à des situations et des choix de niveau international, national et régional, a plongé la vallée d’Aoste dans une situation particulièrement difficile:

  • dans les secteurs métallurgique et mécanique les deux plus grosses structures locales (Nuova SIAS et ILSSA) se sont engagées dans un processus complexe de reconversion, subordonné à la restructuration de tout le secteur sidérurgique national et international qui comporte des programmes draconiens de réorganisation;
  • dans les secteurs chimique et textile, la fermeture des entreprises les plus importantes (Fortuna-West, Inteva, SIV, Montefibre Châtillon) a été enregistrée au cours des deux dernières années. Ceci après de laborieuses tentatives d’adaptation structurelle pour récupérer les positions perdues face aux profondes innovations technologiques et aux nouvelles exigences postulées par le marché international;
  • le secteur alimentaire (brasserie, confiserie, distillerie), est pratiquement le seul qui ne présente aucune difficulté particulière.

Pour mesurer l’intensité de la crise il suffit de faire le compte des suppressions d’emplois prévues d’ici 1985 à la Nuova-SIAS, des mises en chômage technique total et des diminutions des heures de travail sur certains postes, en conséquence de la fermeture des sociétés chimiques et textiles: il en dérive une réduction de 41% des postes de travail du secteur.

1-Objectifs et perspectives. Maintenir un rapport d’équilibre convenable entre les trois secteurs fondamentaux de l’activité économique de la Région (tertiaire, agricole et industriel) implique que l’on poursuive l’objectif d’une consolidation de la structure industrielle.
Ceci en considération soit du retour fiscal indirect (en fait 9/10 des contributions directes sur les revenus d’entreprise des personnes morales – I.R.P.E.G. -, des retenues à la source sur les revenus des salaires des entreprises situées sur le territoire régional et de l’I.V.A. perçue dans la Région nous sont attribués), soit de la croissance amorcée sur le plan social en général et de l’expansion du tertiaire qualifié due au réemploi et à la circulation des salaires dans la vie quotidienne.
Les objectifs principaux peuvent être les suivants:

  • créer des solutions alternatives capables de réduire la rigidité de l’organisation contraignante autour de la mono spécialisation métallurgique, concentrée dans la Nuova SIAS et l’ILSSA, au moyen d’initiatives de productions verticales susceptibles d’établir entre elles un réseau relationnel;
  • favoriser, au point de vue des dimensions des entreprises (actuellement déséquilibrées puisque supérieures à 200 employés ou inférieures à 9), l’implantation de petites et moyennes entreprises; elles doivent être privilégiées pour toute une série de raisons liées à la localisation, aux services, à la gestion et à la possibilité de mieux étendre le développement à tout le territoire;
  • stimuler autant que possible, sur la base de la réalisation des deux objectifs précédents, la constitution d’un véritable groupe industriel local jusqu’ici pratiquement inexistant dans le processus d’industrialisation, ceci en raison justement de la dissuasion opérée par la concentration de l’industrie valdôtaine dans un petit nombre d’établissements de grosses dimensions;
  • mettre en discussion le problème du redressement technologique des entreprises appartenant aux secteurs en pleine expansion en proposant l’introduction de machines de haut niveau technologique, qui nous permettrait d’affronter la concurrence et de nous assurer une présence sur le marché. Dans cette optique, nous jugeons très opportun le refinancement, de 85 milliards, de la loi n. 696 de 1983 qui prévoit l’octroi, à fonds perdus, de subventions pour l’achat de machines- outils de haute technologie. La loi concerne non seulement les entreprises de niveau industriel mais aussi celles de niveau artisanal, elle pourrait ainsi devenir un instrument important de soutien aux plus petites entreprises, surtout si on lui ôtait sa caractéristique de mesure conjoncturelle et si on la transformait en un stimulant permanent;
  • évaluer avec le plus grand soin le type de structure à privilégier dans le cadre des propositions d’investissement récemment présentées aux forces économiques et sociales, de façon à éviter les décisions trop hâtives, qui ne feraient qu’aggraver la crise actuelle. L’efficience de ces initiatives devra par conséquent être évaluée par un organisme économique spécial qui pourrait être une Institution de l’Administration régionale, ou une émanation de la FINAOSTA ou bien encore un institut spécialisé de l’extérieur sur lequel la Région pourrait s’appuyer.

d)Instruments et stimulants.
Le premier fait marquant que nous devons considérer avec attention est que si, à l’origine, l’installation des structures productives industrielles dans notre Région a été favorisée par la présence de matières premières et d’énergie, ce qui compensait d’une certaine manière leur éloignement des centres industriels, aujourd’hui ces motivations ayant perdu de leur importance, les entreprises qui veulent s’installer doivent faire face à des coûts d’exercice décidément supérieurs à tous les niveaux (transports, maintenance, change, approvisionnement).
Cependant pour inciter les entrepreneurs à agir dans la Vallée, il faudrait avant tout éliminer la disproportion des coûts en couvrant la différence par des soutiens régionaux.
Pour atteindre cet objectif et plus généralement pour mettre en œuvre des actions de relance de l’activité industrielle il est nécessaire de:

  • augmenter et déterminer les sommes destinées aux investissements soit pour la reconversion des structures existantes soit pour l’implantation de nouvelles industries. De telles interventions régionales, pouvant se concrétiser par des financements à taux avantageux ou des capitaux-risques investis par l’intermédiaire de la FINAOSTA, doivent être faites après une soigneuse sélection qualitative de la part des organismes compétents dont nous avons parlé précédemment, en sauvegardant une certaine élasticité dans les interventions de moindre importance;
  • avoir la possibilité de réaliser effectivement une politique industrielle dotée d’une certaine autonomie, en obtenant à travers le règlement d’application du Statut Spécial l’attribution de la compétence en matière de planification du développement régional, de réglementation et d’incitation à la production industrielle, de réglementation des interventions financières et de crédits pour stimuler l’activité industrielle sur tout le territoire régional. Naturellement pour avoir de bons résultats il faudrait qu’à l’exercice de ces fonctions administratives corresponde une augmentation du pouvoir législatif de la Région, ce qui s’obtiendra seulement si l’Etat cesse son habituelle politique d'”occupation” de tous les domaines législatifs par des dispositions législatives tellement détaillées qu’aucune possibilité ne subsiste pour une autonomie convenable dans les divers choix et en conséquence pour une action administrative de longue haleine;
  • faire un minutieux travail de divulgation de ces instruments et stimulants prévus non seulement par l’Administration régionale mais aussi par l’Etat et la Communauté Européenne;
  • créer des structures sur tout le territoire pour l’assistance aux petites et moyennes entreprises;
  • se doter d’un correct instrument d’étude du marché local par la constitution d’un organisme d’analyse régional qui donnerait une connaissance précise du cadre général de l’offre et de la demande. En particulier cet organisme devrait, non seulement définir les données structurelles du marché du travail mais également, faire l’étude approfondie de l’évolution de la population scolaire et des professions afin d’avoir un cadre précis des besoins, pour l’orientation, la formation professionnelle et l’emploi et imposer le concept de formation professionnelle, instrument de développement au service des exigences du marché du travail et de son organisation;
  • persévérer dans notre volonté de concéder, sur l’énergie, des prix plus compétitifs aux établissements industriels et artisanaux, en nous donnant pour cela l’objectif d’obtenir – étant donné les conditions favorables en ce qui concerne les sources d’approvisionnement énergétique et la situation des entreprises – une dérogation au monopole de l’ENEL.


2. L’artisanat.
La structure de l’artisanat valdôtain est centrée sur des entreprises à caractère généralement individuel et familial, qui tendent à employer un nombre très limité de salariés.
La cause en est à rechercher essentiellement dans le coût de la main d’œuvre, excessif pour un secteur en crise, qui doit essayer de maintenir une compétitivité dans le contexte de la réalité économique valdôtaine et qui, surtout, dispose de guère d’espace pour recourir à l’apprentissage dont le coût est grotesquement disproportionné à la rentabilité.
La prédominance des secteurs du bâtiment et de l’industrie manufacturière, des services pour l’hygiène et l’esthétique dénote un autre caractère, qui est également la limite de l’artisanat valdôtain: il s’agit d’un artisanat de services, surtout, non de production; de services liés plus ou moins directement au cycle du bâtiment et de l’industrie, sous le profil de l’entretien, de la restructuration, de la production manufacturière, et par ce fait inévitablement entraîné dans la crise générale qui les frappe.
La Région Vallée d’Aoste a, dans le secteur de l’artisanat, un pouvoir législatif primaire.
Ce pouvoir s’exerce amplement en ce qui concerne les actions visant à soutenir les initiatives en la matière notamment par des aides financières, en l’occurrence subventions en capital (la majorité) et quelques-unes en compte-intérêt: un système qui s’est révélé plutôt limité surtout du point de vue de la coresponsabilité de l’artisanat au capital-risque.
Pour la relance de ce secteur, l’intervention régionale devrait s’insérer dans un programme régional spécial, fondé sur une sérieuse étude de marché. En s’alliant à l’initiative de la catégorie, la collectivité publique, dans le contexte d’un juste équilibre entre les divers secteurs productifs, peut orienter les choix des artisans en indiquant quels sont les secteurs où la requête est la plus grande et qui méritent donc d’être privilégiés.
La compétitivité de l’artisanat par rapport aux autres secteurs économiques ne peut être assurée que par l’ensemble de mesures citées précédemment et indiquées ci-après; mesures susceptibles d’inciter les capacités et l’esprit d’entreprise des artisans et qui, partant, trouveront un soutien économique approprié de la part de l’Administration régionale.
En conséquence, il conviendrait:

a) avant tout, d’intervenir au niveau de la législation actuelle en rajustant le plafond d’interventions pour les entreprises de production, actuellement prévu à 80 millions de lires, pour toutes les entreprises artisanales en général, prévu par la loi n° 101 de 1982;

b) Des mesures de protection et de garantie du produit typique doivent être adoptées contre l’invasion d’objets qui, tout en copiant la typologie des productions traditionnelles, en constituent une dénaturation dangereuse du fait que les matériaux et instruments de production utilisés ne sont pas appropriés. Il convient donc de redécouvrir le caractère culturel de la production artisanale typique en valorisant les sujets d’inspiration et les caractéristiques mêmes par un projet de transfert à l’Assessorat régional de l’Instruction publique et de la culture des compétences spécifiques de l’artisanat typique.

III – LES ACTIVITES TERTIAIRES: UNE EXPANSION GENERALE

1. Le tourisme.


a)  La situation actuelle.
Dans l’année 1980 il y avait en Vallée d’Aoste 25.000 personnes, soit 54,25% de la population active, occupée dans le tertiaire. La consistance actuelle se situe au cours d’une évolution où s’accentue son importance de par la crise qui affecte, pour de multiples raisons, les deux autres secteurs.
Il est vrai que le tourisme est – à l’heure actuelle et en perspective – un pilier de l’économie valdôtaine, mais c’est d’une façon lucide et sans euphorie qu’il faut analyser son importance et son rôle. Nous relevons qu’il est à soutenir et à encourager, mais, en abandonnant toute velléité mono économique dans un contexte équilibré. Nous relevons de même que la satisfaction pour le flux économique qu’il produit doit s’accompagner d’une analyse ponctuelle des voies que ce flux prend. On peut en effet constater que les revenus qu’il produit sont infiniment moins profitables aux Valdôtains qu’ils ne pourraient l’être si l’exploitation touristique était véritablement dans leurs mains, ce à quoi il faut arriver.
Pour ce qui est de la réceptivité au Val d’Aoste il existe
– 534 hôtels avec un total de 18.703 lits
– 57 campings (capacité d’accueil de 14.679 personnes) dont 21 sont ouverts toute l’année
– 40 bivouacs et 37 refuges (2.263 lits).
A côté de ces structures en quelque sorte officielles, on note un phénomène qui, de par sa complexité, son ampleur et le manque de statistiques précises à son égard est difficile à recenser: celui des résidences secondaires. D’après les sources ISTAT de 1971, il y avait 16.809 maisons non occupées pour un total de 53.593 pièces. Le nombre de lits qu’elles fournissent a été évalué à 150.000. Effets négatifs: dénaturation du territoire; non rentabilité économique (en termes de gain immédiat et d’emploi; augmentation des charges pour la collectivité locale; leur marginalisation culturelle, sociale et économique).
Insuffisance du patrimoine hôtelier; utilisation irrationnelle et insuffisante du patrimoine para-hôtelier existant (lieu saturé ou lieu désert selon le cas); manque de structures de complément: telles sont quelques-unes des faiblesses.

b)  Les propositions.
Suivant réflexion, des mesures méritent d’être proposées:
Recensement et contrôle régional, organique et sévère, du phénomène des résidences secondaires (travail dans le contexte de la loi en vigueur ou pour une nouvelle loi).
GESTION du territoire qui réduise l’échelle des valeurs qui se crée au sein de chaque commune entre les destinations des différentes zones et par là remettre en valeur l’agriculture sous son aspect économique.
Mesures aptes à conserver et élargir le patrimoine hôtelier.
Récupération et reconstitution, non pas à des fins archéologiques, ni dans une optique permissive à l’égard des résidences secondaires, du patrimoine d’habitation existant.
Renforcer le potentiel d’hébergement locatif (chez l’habitant), le recenser, en structurer l’offre, ce qui est à faire dans une perspective de complémentarité entre agriculture et fonction touristique (réforme des règles de détermination de l’activité principale). Cette reconversion doit produire des maisons véritablement occupées ou que le propriétaire, agriculteur, louerait aux vacanciers.
Pourvoir à ce que les Valdôtains désireux de travailler dans le secteur puissent. accéder à une spécialisation véritable.
Requalification des professions gravitant sur le tourisme (guides de haute montagne, éventuels autres guides, moniteurs de ski, opérateurs agrotouristiques) Créer une offre variée et qualifiée de structures pouvant servir d’alternative et/ou de complément à celle des sports d’hiver; structures aptes à créer et retenir un flux touristique dans la période d’insuffisante utilisation.
Mesures aptes à favoriser la coopération entre les opérateurs d’une même zone.
Elaboration d’un plan d’aménagement touristique et aménagement rationnel du domaine skiable; diversification dans la participation financière de la Région; création de quelques pistes de niveau international.
Mesures pour atténuer le déséquilibre entre les zones touristiquement exploitées et les zones de la moyenne montagne (contradiction apparente avec le point précédent); diversification de l’offre.
Politique d’emprunts à long terme.

2. Le commerce
La rationalisation du réseau de vente établit un équilibre convenable entre les établissements commerciaux par rapport à la capacité de demande de la population, tant résidente que fluctuante, garantissant en même temps une plus grande productivité et fonctionnalité.
Cette méthode de programmation se révèle encore plus nécessaire dans un territoire comme celui du Val d’Aoste où le secteur tertiaire l’emporte sur l’agricole et l’industriel.
L’augmentation des présences touristiques et, par conséquent, de la demande des biens de consommation, unie à la “navette” que font les populations limitrophes et qui est due à la perte de valeur de la lire par rapport aux devises française et suisse, ont fait qu’au cours d’une trentaine d’années, de 1951 à 1980, le nombre des établissements commerciaux est passé de 1135 à 2635, avec une densité moyenne de 43 résidents par établissement.
Si l’on considère la distribution des établissements sur le territoire l’on constate qu’ils convergent sur quelques points de attraction représentés par Aoste et les zones immédiatement limitrophes, privilégiées par leur position au carrefour des routes qui conduisent aux deux Tunnels, par quelques communes de type urbain (St-Vincent, Châtillon, Morgex) et par quelques centres de montagne situés au sommet des vallées latérales, ayant un particulier attrait touristique (Courmayeur, Valtournenche). Les autres communes possèdent quelques points de vente dans le seul but pratiquement d’assurer un minimum de services à la population locale.
Tout ceci n’est pas sans conséquence si l’on considère qu’un réseau de distribution concentré dans des zones déterminées et ayant des dimensions exagérées par rapport aux exigences de la population résidente peut résister seulement si et tant que durant les facteurs qui sont à la base de cette concentration, c’est-à-dire, comme il a été dit, un fort développement touristique et les achats faits par des consommateurs de passage et les étrangers qui font la navette.
Il est clair qu’il s’agit de facteurs variables, conditionnés, au moment actuel, par une crise économique générale en Italie qui a eu nécessairement des répercussions négatives aussi sur le développement du tourisme, et par une politique de rigueur, à l’étranger aussi, qui a diminué les présences, surtout françaises, ainsi que par une réduction de l’écart monétaire à la suite de l’entrée en vigueur du SME.
C’est vraiment pour cela qu’on estime qu’il est nécessaire de tendre, plutôt qu’à l’expansion du secteur, à une rationalisation par le moyen des plans de développement, parce qu’un convenable déploiement des activités sur le territoire ne peut pas faire abstraction de la relative programmation. Seules 19 communes, toutefois, apparaissent actuellement pourvues du plan commercial et de celles-ci sont exclus des communes comme Aoste, St-Vincent, Valtournenche, Courmayeur, où la concentration de vente est plus forte.
Par conséquent, la première exigence est que toutes les communes adoptent leur propre plan, avec l’intervention aussi, s’il est nécessaire, de la part de la Région moyennant l’exercice du pouvoir subrogatoire, d’un Commissaire ad acta pour l’élaboration des plans des communes en défaut.
De cette façon seraient plus efficaces les interventions actuellement prévues par l’Administration régionale comme les contributions en compte intérêt et les fonds de roulement. Parallèlement l’on estime nécessaire que la Région élabore un programme sectoriel de formation afin d’augmenter la capacité professionnelle des commerçants et, par conséquent, la qualité du service.
Cette formation ne peut pas faire abstraction, avant tout, de la connaissance de la langue française, mais doit également être axée sur les caractéristiques spécifiques de la Vallée d’Aoste faisant ainsi du commerçant le premier promoteur des produits locaux et le premier agent qui repousse, dans son propre intérêt, l’invasion de produits concurrentiels de la production régionale provenant de l’extérieur et partant, faisant de lui un professionnel du tourisme.

3. Les transports.
Depuis toujours (on peut bien partir du temps des Salasses et des Romains) les transports et les communications routières sont un problème dont la correcte solution détermine des influences directes et importantes sur l’économie, la culture, l’identité du Val d’Aoste. Le fait d’être géographiquement un “carrefour” peut alimenter le rôle européen de la Vallée d’Aoste ou bien n’en faire qu’un itinéraire de passage.
Nous connaissons bien les dégâts qu’un trafic énorme comme celui des TIR cause au Val d’Aoste du fait que les infrastructures routières régionales ne peuvent plus satisfaire aux exigences liées aux transports et communications modernes.
La Région par ses plans et l’Union Valdôtaine par sa politique doivent nous éviter tout aspect négatif d’un développement des transports et des communications dont nous n’aurions pas la maîtrise.
Voilà pourquoi l’engagement dans l’optique des accords transfrontaliers propose à l’attention de l’Europe toutes nos capacités de gérer différents secteurs et, donc dans ce cas spécifique, les transports.
La politique que nous nous proposons de réaliser en tant que Union Valdôtaine et, en tant que Région, vise à s’insérer dans les normatives de caractère général disposées par l’Etat (d’où la nécessité de présenter des plans régionaux) et dans le contexte des engagements que la Vallée d’Aoste partage et soutient, c’est-à-dire des liaisons et rapports transfrontaliers, tout cela compte tenu de la compétence primaire que le Statut d’Autonomie nous donne (ce qui nous permet d’envisager, par exemple, un règlement pour les remontées mécaniques).
En somme, la politique régionale, l’attitude de l’Union Valdôtaine, la Vallée d’Aoste doivent harmoniser le discours des transports par la pleine utilisation des possibilités législatives valdôtaines en affirmant la validité du principe des liaisons transfrontalières.
Quant aux transports routiers la situation des infrastructures existant au Val d’Aoste est la suivante: Tunnel du Mont-Blanc, Tunnel du Grand-Saint-Bernard, Autoport, Autoroute n. 5 (liée avec les autoroutes Torino-Milano-Piacenza-Genova) 6 routes de l’Etat, 234 Km. de routes régionales, 1.300 Km. de routes communales.
La situation des liaisons routières internes est presque satisfaisante: le rapport proportionnel route-territoire et route-population est un des plus élevés en Italie.
C’est le résultat d’une politique visant à limiter l’abandon de la montagne en facilitant les communications.
Nous devons avouer que, parfois, le développement des liaisons routières internes n’a pas atteint le résultat espéré.
Cet échec ne découle quand même pas des “routes” en elles mêmes, mais d’autres facteurs plus complexes, liés à la crise de l’économie de montagne et la superposition de mythes et de privilèges de la société métropolitaine.
L’Union Valdôtaine pense et se propose d’améliorer la situation des transports routiers avant tout en éliminant les “points noirs” dans les liaisons internationales et surtout dans les liaisons avec l’itinéraire européen E 21 (directrice Aoste-Tunnel du Mont-Blanc).
Du côté français les travaux de réalisation des plus modernes infrastructures routières sont presque achevés.
De notre côté nous n’en sommes qu’au projet et au débat sur les investissements.
L’élimination des points noirs doit se faire, avant tout, par la réalisation du projet de liaison routière du Tunnel du Mont-Blanc à l’Autoroute (AS) – Quart l’Eglise, et ensuite par des travaux d’amélioration de l’accès de la Route Nationale 27 du Grand-Saint-Bernard et des contournements d’Etroubles et de Gignod.
Il ne faut pas oublier que les réalisations et les améliorations des liaisons routières aux Tunnels alpins de la Vallée d’Aoste font l’objet d’une résolution du Conseil de l’Europe qui date de 1981.
Le troisième point à l’attention du Val d’Aoste doit être l’urgence d’intervention pour réduire la période de fermeture des routes des cols du Petit et du Grand-Saint-Bernard.
Quatrième “point noir”: le trafic commercial. Nous devons œuvrer pour la réalisation d’un centre intermodal de transports des marchandises, chemin de ferroute, pour favoriser le flux du trafic des marchandises entre France, Suisse et Italie. Il est un “point noir” interne qu’il faudra aborder avec beaucoup d’attention avant de passer, éventuellement, à la phase des réalisations. Il s’agit des liaisons inter-vallées, dont la complexité doit faire l’objet d’un débat plus “articulé” et un document politique ne peut pas assumer la responsabilité de le résumer. C’est quand même un problème qui se pose et qui demande un choix précis pour en assurer la réalisation la plus harmonieuse avec le problème du territoire.
D’ordre différent sont les problèmes qui se posent quant aux transports ferroviaires. Avant tout il faut prendre acte qu’une résolution du Conseil de l’Europe (n° 124 du 27.10.1981), concernant les grands axes de communication, souhaite la construction d’un Tunnel Martigny-Aoste. C’est un problème qu’il faut aborder avec le sérieux que l’institution européenne mérite. Nos considérations, celles qui nous font pencher sur toute autre opinion, doivent se concrétiser par des réalisations “alternatives” comme, justement, le centre intermodal. Quant aux transports ferroviaires, donc, la politique que nous devons poursuivre est celle d’améliorer le tracé du chemin de fer, de créer un système automatique pour la circulation des trains, de redoubler la voie ferrée jusqu’à Aoste, d’électrifier la ligne, de la démilitariser. Un problème particulier est constitué par le prolongement de la ligne ferroviaire jusqu’à Courmayeur, prévu dans le plan complémentaire FF.SS. et lié à l’exigence de la création de l’inter port, c’est-à-dire l’intégration ferroute à un nouveau système pour “containers” adopté par les sociétés de transports.
Inutile d’insister sur le déjà dit ou sur le presque déjà décidé: la liaison ferroviaire Cogne-Charemoz-Eaux Froides est une réalisation importante, ainsi que toute la politique des remontées mécaniques (secteur particulier des transports) , qui représentent le noyau fondamental du développement touristique. Un autre problème particulier est celui des liaisons téléphériques Aoste-Pila et Châtillon-Zerbion. Sont l’exemple des réalisations les plus urgentes.
Aborder le problème des transports aériens c’est regarder loin. L’aéroport régional devrait former ses structures: quand ce dernier sera doté de nouveaux systèmes de radionavigation on pourra aborder d’autres problèmes comme la perspective d’achat d’avions pour les vols interrégionaux.
Si importants que soient la consolidation de notre économie et la recherche d’une indépendance toujours plus grande dans la gestion de nos affaires et l’exploitation de nos ressources, elles ne sauraient constituer les seuls buts de notre action. Celle-ci doit viser également, de manière constante, à améliorer le niveau individuel et collectif de la qualité de la vie: santé et protection sociale, formation scolaire et promotion culturelle.

TITRE IV QUALITE’ DE LA VIE

I – L’ ASSISTANCE MEDICO – SOCIALE


La société actuelle, caractérisée plus que jamais par l’attachement acharné à une idée de la vie tout à fait matérielle, aurait besoin de temps à autre de réfléchir, de s’arrêter un petit instant et d’essayer de découvrir à nouveau les vraies valeurs de la vie elle-même.
En général, ce moment de réflexion intérieure coïncide avec une période de maladie: “Tanque quand iet la santé …” récite un vieux dicton populaire! Quelle grande vérité!
L’individu a le droit de s’exprimer et de s’épanouir dans ses capacités, et la société a le devoir de lui garantir principalement trois choses: la liberté d’action (santé-indépendance physique), la liberté du besoin (indépendance économique), la liberté d’esprit (indépendance morale et sociale). Nous considérions plus spécialement ici la liberté d’action.
Pendant ces cinq dernières années le Conseil Régional du Val d’Aoste a entrepris une action législative très importante visant à adapter les principes contenus dans la loi italienne de réforme sanitaire aux exigences et aux caractéristiques de l’ethnie, de la culture et de la géographie de notre Région.
En effet, les objectifs prévus dans le programme de l’Union Valdôtaine de 1978 ont été totalement rejoints.
La loi régionale no 66 du 23 juin 1983 portant plan socio-sanitaire de la Région Vallée d’Aoste pour le triennat 1983/85 constitue le pilier sur lequel doit être construit le programme du Mouvement dans cette matière.
Le plan poursuit en priorité la réalisation d’objectifs spécifiques et d’actions de planification consistant entre autre dans:
1) le développement des réseaux de dispensaires polyvalents;
2) la formation professionnelle;
3) l’achèvement de la structure hospitalière;
4) la réalisation des projets-objectifs;
5) la promotion d’initiatives en matière de prévention et d’éducation sanitaire.

1. Les dispensaires polyvalents.
Le plan prévoit la construction des dispensaires de Châtillon et de Morgex. Le premier est déjà en phase de réalisation, le second est envisagé en tant que projet à courte échéance.
Et à propos de structures, il est indispensable à notre avis de programmer les interventions et les investissements en tenant compte de la disponibilité des spécialistes et du personnel para-sanitaire. On risquerait, sans cela, de construire des vraies “cathédrales dans le désert”, typique exemple d’une politique aveugle et dangereuse.
Avec la construction des structures de Châtillon et de Morgex on pourra considérer achevé le réseau des dispensaires en Vallée d’Aoste, distribués sur le territoire de façon à servir le mieux possible la population.

2. La formation professionnelle.
Il est indispensable à notre avis que l’Administration Régionale dans ses fonctions de programmation s’intéresse particulièrement à la formation professionnelle.
En effet la Vallée d’Aoste à cause de toute une série de raisons historiques et géographiques risque toujours de rester isolée par rapport aux progrès de la science. Pour éviter ce danger il faut agir de deux façons: d’un côté, donner la possibilité aux médecins et, en général, à tous les employés de l’U.S.L. de participer régulièrement aux cours de recyclage professionnel organisés par les meilleurs centres de spécialisation d’Italie et du monde entier, de l’autre côté il est absolument nécessaire essayer de “former” surtout des obstétriciennes, des physiothérapeutes de la réhabilitation, des logopédistes, des assistantes sanitaires, des monitrices, des pédiatres.
En considération de l’absence en Vallée d’Aoste d’une Université, il faut étudier les possibilités juridiques afin de permettre aux jeunes étudiants valdôtains de s’inscrire aux spécialités. On pourrait par exemple se conventionner avec les Universités mêmes ou avec les Régions en prévoyant une réserve de places aux Valdôtains.
Ou encore, ce qui serait le mieux, introduire ces spécialités par le moyen des Lycées Techniques en aboutissant au niveau universitaire du Brevet de Technicien Supérieur: dans ce cas, en effet, la Vallée d’Aoste peut et, à notre avis, doit faire la loi aux termes de l’art. 2, lettre r du Statut Spécial.
La nécessité de faire un effort particulier dans ce domaine découle aussi du fait indubitable à notre avis que le malade préfère en général se faire soigner de la part de personnel qui connaît sa langue et ses coutumes.

3. L’achèvement de la structure hospitalière.
Pendant les cinq dernières années l’Administration Régionale a projeté et achevé toute une série de travaux dans le but de améliorer sensiblement l’état des locaux de l’hôpital général et aussi du territoire.
Les œuvres réalisées sont les suivantes: construction et restructuration de l’Hôpital Beauregard, construction du bâtiment dénommé “Piastra” de l’Hôpital d’Aoste, rue de Genève, Travaux de restructuration de services différents: service des urgences et pharmacie pavillon d’hémodialyse maladies infectieuses, U.O. Radiologie, T.A.C., Oto-rhino-laryngologie (hommes et femmes), restructuration traumatologie, blanchisserie,accès à l’Hôpital, Travaux divers d’aménagement.
En suivant l’exemple de ces dernières années, il s’agit à présent de terminer la restructuration interne de l’hôpital et de réutiliser les locaux de la “Maternité”.
En particulier et selon un ordre de priorité on prévoit:

  • la restructuration de la bâtisse de la pharmacie pour l’utiliser comme centre de transfusion et, en partie, comme laboratoire de bactériologie;
  • la surélévation des locaux de la blanchisserie afin d’agrandir les chambres des hospitalisés et la réalisation des chambres pour les prisonniers;
  • la restructuration des locaux de la radiologie et la construction d’une bâtisse adjacente pour l’unité opérative de la psychiatrie;
  • la restructuration de la “Maternité” de la rue Saint-Martin-de-Corléans pour l’utiliser en partie en tant que centre de réhabilitation , en partie comme école pour les infirmiers et en partie pour des bureaux;
  • la restructuration du laboratoire d’analyses de la rue G. Rey pour centraliser les bureaux du service n° l de l’hygiène publique;
  • la réalisation dans les locaux du Beauregard d’un centre de “scintigraphie”.


II – L’EVALUATION DES PROJETS – OBJECTIFS

1. La protection de la femme et de l’enfance en plaçant au centre du nouveau système la phase de la prévention.
Il est nécessaire à ce propos développer l’activité des centres de consultation, notamment pour ce qui concerne la gynécologie, la pédiatrie et l’assistance psychologique et, surtout de mettre en place un véritable service de médecine scolaire.
Ce service, qui devrait servir à instituer un état civil sanitaire, doit devenir un instrument important pour les interventions socio-sanitaires sur le territoire.
La loi régionale n° 28 du 21.7.80 portant interventions pour la protection de la maternité, de l’enfance et de l’âge de la croissance a pour but la réalisation d’un système efficace d’assistance pédiatrique aussi dans les districts sanitaires en prévoyant l’intégration et la coordination des activités d’assistance obstétrique et pédiatrique et surtout le recueil des données statistiques et leur élaboration (fiche pédiatrique de 0 à 3 ans et de l’âge de la croissance de 4 à 14 ans). A ce propos il serait souhaitable d’arriver au plus tôt à la création d’un centre régional d’élaboration des données.

a) Quelle est la réalité actuelle?
Si l’on se limite aux simples données numériques, pourrait affirmer que l’activité de la prévention en Vallée d’Aoste est satisfaisante par rapport aux habitants et par rapport à la situation des autres Régions d’Italie.
Mais l’on ne peut pas s’arrêter aux données statistiques, car il faut vérifier la qualité, la méthode du travail.
Le rôle du centre de consultation est d’activer le dialogue avec l’usager, et donc le travail est valable non pas seulement par rapport au nombre des prestations, mais par rapport à leur qualité. La structure publique ne doit pas faire la faute de penser qu’en augmentant le personnel automatiquement la qualité s’améliore. La tâche principale des opérateurs sanitaires des centres de consultation c’est d’informer, de la façon la meilleure possible, l’individu sur les problèmes de la sexualité, de la contraception, des risques génétiques, dans le but de donner au couple et à la famille une assistance psychologique pour une procréation libre et responsable.
Il est donc évident que le bon fonctionnement des centres de consultation est dans les mains mêmes des opérateurs sanitaires. Surtout ceux de base. L’individu choisira la structure publique et non pas le spécialisé privé au fur et à mesure que la structure publique sera à même de répondre à ses exigences.
Il est évident aussi que les opérateurs seront à même de mieux remplir leur tâche s’ils peuvent accéder à une formation permanente qui tienne compte des progrès techniques mais aussi des exigences psychologiques et socioculturelles des usagers.
L’organisation des services sera basée sur le travail d’équipe, en tenant compte de toutes les compétences professionnelles, et sur l’utilisation optimale du personnel et des structures.

b)  Les objectifs prioritaires dans ce domaine doivent être alors: 

  • le démarrage du programme de prévention pour les enfants de l’âge de 4 à 14 ans;
  • la mise à jour et la meilleure organisation du service pédiatrique pour l’âge 0-3 qui est déjà partiellement opératif. Il faudra surtout viser à rendre homogène le service sur tout le territoire régional, ce qui est d’ailleurs nécessaire aussi pour le service obstétrique-gynécologique;
  • la prévention du handicap à partir du diagnostic précoce jusqu’à l’assistance qualifiée au moment de l’accouchement;
  • l’éducation sanitaire en particulier en ce qui concerne la puériculture et notamment l’allaitement au sein;

pour la femme en particulier:

  • bon fonctionnement des centres de consultation, dont nous avons déjà parlé, pour tous les problèmes sanitaires et psychologiques de la femme et du couple;
  • développement et amélioration des techniques de préparation à l’accouchement (R.A.T.), des techniques pour l’accouchement même (notamment la méthode Leboyer) et de celles pour l’assistance aux nouveaux nés (Rooming-in);
  • prévention des cancers génitaux féminins;
  • continuation de la prévention du cancer utérin surtout par le diagnostic précoce; e) amélioration des structures de prévention et de soin;
  • éducation sanitaire pour atteindre le plus grand nombre possible de femmes;
  • éducation sanitaire aussi pour la prévention du cancer au sein, qui exige de la part de la femme la connaissance des techniques de surveillance sur elle-même.

Cette action doit être envisagée aussi en tant que collaboration entre les associations de volontariat et les structures sanitaires.
Il est enfin nécessaire une meilleure coordination entre la phase de prévention qui doit être dispensée préalablement dans les structures du territoire et la phase des soins médicaux dont la compétence revient soit à la structure hospitalière, soit aux structures du territoire.
Dans ce but, il faut poursuivre les objectifs du plan sanitaire qui prévoient la présence des mêmes opérateurs, notamment des médecins gynécologues et pédiatres dans les deux structures.
Pour ce qui concerne l’activité des Centres de Consultation en particulier il est important que nos structures ne servent pas uniquement à la prévention, car celle-ci ne peut être séparée de l’aspect curatif.
Il faut en effet considérer, le fait que l’usager, très souvent, prend en considération la prévention seulement après une maladie, et que difficilement il se rendra dans une structure où les soins ne sont pas donnés. Il s’adressera, plutôt, à la médecine privée.Il est donc nécessaire que la prévention demeure un moment strictement lié à celui des soins.
Si l’on veut éliminer les polémiques il y a un seul chemin à suivre: séparer clairement la médecine publique de la médecine privée, c’est-à-dire éviter qu’un médecin soit en même temps employé dans la structure publique et libre praticien.
L’état italien doit prendre une décision, comme d’ailleurs l’ont déjà fait les nations les plus évoluées d’Europe. L’Italie doit sortir définitivement de l’équivoque: d’un côté en effet la loi de réforme sanitaire encourage sur le papier la prévention et la médecine publique, et de l’autre côté une loi prévoit un salaire ridicule pour les médecins qui en sont chargés: beaucoup moins qu’un manœuvre!
Voilà pourquoi l’on arrive pas à mettre en place, par exemple, une véritable médecine sportive, secteur que, d’après la loi, on devrait “développer avec énergie en utilisant des équipes spécialisées répandues dans tout le territoire”.

2. La prévention de la toxicomanie: l’usage de la drogue.
La drogue: “le cancer du XXème siècle, le moyen à travers lequel les sociétés les plus industrialisées et avancées seront réduites en cendre, la guerre fratricide sans armes”, etc…
Il existe déjà une vaste littérature à propos de cet argument si dramatique, on organise des congrès, des débats, des tables rondes avec la participation de philosophes, de politiciens, d’administrateurs. Les résultats: absolument nuls!
Est-ce qu’on peut parler de prévention dans les écoles? Il paraît vraiment que les tentatives de faire de l’éducation sanitaire et sociale, d’organiser des interventions contre l’usage des stupéfiants dans les écoles aient rejoint le résultat contraire, c’est-à dire d’augmenter la curiosité et par conséquent la consommation de la drogue.
La structure publique se limite à soigner les drogués avec la méthadone, la seule tentative de réadaptation est faite à présent par les communautés thérapeutiques.
Il ne faut pas quand même déclarer forfait, puisqu’au contraire, il est nécessaire, à notre avis, d’essayer si non de prévenir cette maladie, au moins de mettre sur place un système intégré de soins en prévoyant l’assistance et l’aide économique de la part de l’administration publique aux communautés thérapeutiques, les seules à même de rejoindre le but de la réadaptation des drogués.

a)La première et la plus importante prévention doit être faite à l’intérieur de la famille, en suivant constamment l’enfant de 0 à 18 ans dans ses besoins surtout psychologiques. La famille est le noyau social le plus important et le plus proche des jeunes gens et donc le plus sensible à ce problème. La drogue a touché désormais tous les niveaux sociaux, du plus riche jusqu’au plus pauvre, le phénomène a rejoint une dimension si large qu’on ne peut plus se cacher derrière un doigt.
Le Val d’Aoste a la possibilité de circonscrire le phénomène dans des limites acceptables. Même si les données officielles ne sont pas véritables (voir à ce propos l’annexe n° 2), car on est sûr que les drogués sont plus ou moins 2.000, les conditions géographiques et sociales de la Vallée d’Aoste permettent à notre avis d’intervenir d’une façon tout à fait satisfaisante. Il est nécessaire d’organiser page 48 des cours de formation pour les familles, mais est nécessaire surtout l’esprit de solidarité humaine typique de nos petits pays de montagne.
Tout en ayant un certain retard par rapport aux autres régions, chez nous le nombre des personnes qui s’approchent des substances stupéfiantes et psychotropes et les emploient augmente remarquablement.
Il suffit de voir les données statistiques du Ministère de l’Intérieur: de la situation générale italienne ressortent des indications pour des stratégies particulières, efficaces pour agir profitablement sur le problème.
Mais nous n’avons pas l’intention de disserter sur les directives du Ministre ni sur les causes de la diffusion de la drogue dans notre Vallée: nous voulons retenir l’attention sur les causes du retard des forces politiques et sociales en ce qui concerne l’action de prévention et de réponse concrète dans ce secteur socio-sanitaire. En même temps nous tâcherons d’esquisser un plan d’interventions.
Pour créer des prémisses valables:
– la politique de l’autruche doit être immédiatement abandonnée: à l’abandon de l’attitude “qualunquista” et à l’indifférence doit correspondre l’exigence de prendre sur soi la charge dérivant d’un problème social qui atteint un grand nombre de personnes de toute catégorie sociale.
– parmi les divers facteurs cause de ce retard il y a, en premier plan, le manque d’attention pour la toxicomanie dont les débuts en Vallée d’Aoste se situent dans les années ’70, même si elle était limitée alors à quelques cas dans les plus gros centres de la Vallée.
Dans la phase actuelle, pour une intervention profitable, qui au début résultera morcelée, il faudra tenir compte du temps, car la logique du marché est pressante dans tous les secteurs, du marché “d’acabit mafieux” – qui voit des business à un intérêt élevé – jusqu’au débit “à la minute” perpétré désormais réitérativement par des sujets esclaves de la substance stupéfiante qui crée une dépendance physique accentuée, telle que, par exemple l’héroïne.

b) Un effort législatif est nécessaire. Si le temps est désormais notre ennemi, non seulement en ce qui concerne la résolution du problème drogue mais aussi simplement pour l’affronter, le législateur devra approuver dans un bref délai des lois qui consentent la création de centres pour les toxicomanies (voir les autres Régions).
Il faudra refuser des modèles dont la validité est douteuse, les expériences ratées, tandis qu’il faudra tenir compte de l’état actuel de la situation socio-sanitaire et revoir et réévaluer les expériences privées de ces dernières dix années dans la Région. Pour réaliser cela, il ne faudra pas oublier qu’une condition fondamentale sera la capacité ainsi que la volonté de poursuivre un projet qui pourra aussi enregistrer des échecs.
Donc, on devra être d’accord sur le chemin à parcourir en insérant dans cette optique les risques de l’inconnu. Ainsi on ne se trouvera pas face à une stérile critique, mais l’effort tendant à sauvegarder le bien-être psycho-physique de nos jeunes pourra être considéré valable. En même temps l’on pourra tenter, par des moyens suffisants, de limiter le nombre des personnes qui directement ou indirectement souffrent parce qu’elles sont intéressées par ce problème.
Après la création de l’instrument législatif, ou mieux encore, en sa prévision, il faut œuvrer pour que la préparation des opérateurs sanitaires soit continue et pour que leur nombre augmente.
Dans un champ de problématiques si vaste, on ne peut certes négliger l’aspect culturel, en tant qu’information correcte et continue. Il faut privilégier et subventionner toute une série de conférences et de débats qui engagent les différents secteurs publics et privés – des professionnels du secteur aux familles en général.
Il faudra donc promouvoir des initiatives culturelles à tous les niveaux. Pour parvenir à une programmation sérieuse au niveau tant de la prévention que des soins, il faudra considérer le fait que au niveau régional n’existent pas de recherches spécifiques à ce sujet. Une connaissance plus approfondie dans le champ des toxicomanies est donc nécessaire, ainsi que dans d’autres phénomènes sociaux, afin d’affronter convenablement ces problématiques qui, nous le répétons, ont été beaucoup négligées.
En résumé nous pouvons dire que, en ordre de priorité, il est nécessaire de:

  1. Faire des recherches sociologiques avec des capacités d’interprétation conséquentes de la part du personnel spécialisé.
  2. Avoir un ou plusieurs instruments législatifs tenant compte du fait que, pour le moment, le phénomène ne peut être freiné par les instruments à disposition (soit les culturels, soit ceux des institutions publiques pour le contrôle social). Il faut que ces instruments prévoient des financements adéquats et qu’ils aient les caractéristiques de déplacer des centres éventuels au dehors des structures actuelles. Afin que les règlements ne résultent pas trop génériques, il faut qu’ils soient rédigés par des commissions composées de personnel technique dans les divers secteurs, y compris celui des initiatives de volontariat.
  3. Prendre dans le même temps des initiatives au niveau de la formation, pour le personnel socio-sanitaire préposé soit par le secteur de la prévention soit pour celui de la réhabilitation-resocialisation. Un dialogue plus vaste s’impose, en évitant cependant des commissions mégalithiques de personnages déjà engagés dans d’autres domaines ou quand même peu intéressés par ces problématiques.
  4. Activer au niveau d’information et culturel toutes les initiatives qui intéressent les secteurs de l’école et de la famille, ainsi que les familles des toxicomanes (voir le programme pour un projet de formation et information pour la Région Vallée d’Aoste et pour la ville d’Aoste présenté aux assesseurs à l’Instruction Publique et à la Santé par la R.A.V.A., par le Ce.V.S. et par le Centre Valdôtain de Solidarité).
  5. Dans le secteur de l’information en particulier, il faut que les médias informent les gens correctement et non pas de façon alarmiste au sujet de la drogue: ils doivent éviter les positions qui peuvent créer l’opinion que chez nous le problème n’existe pas et que n’existent pas les drogués (cela pourrait commencer par une transmission correcte et soignée des données).
  6. Prendre en considération les initiatives à caractère privé dans le champ des toxicomanies (en rappelant que celles existant sur notre territoire sont parmi les premières nées en Italie, selon l’enquête faite par le Groupe “Abele”), en les finançant et en favorisant leur développement.
  7. Le problème de la prévention doit être particulièrement pris en considération, car il est désormais connu que seulement par une œuvre correcte de prévention l’on parviendra à limiter les dégâts que les substances causant des altérations psycho-physiques sont à même de produire.

Il suffit de considérer le nombre des jeunes en Vallée d’Aoste âgés de 12 à 25 ans et de prévoir combien d’eux peuvent arriver à subir les effets dévastateurs des substances susmentionnées (en tenant présent le développement du phénomène de p6lytoxicomanies) pour comprendre, ou au moins tâcher de le faire, combien cela pèsera au niveau historique sur l’identité d’un peuple.
Il est hors de doute qu’il faut rechercher une volonté commune, pour œuvrer sérieusement et concrètement, parmi ceux qui préfèrent l’intérêt collectif à celui purement personnel, et que d’autres initiatives en faveur de la société valent peu ou ne valent rien, si elles ne tiennent pas compte de la réalité de la personne dans des moments socialement dramatiques tel que celui-ci.

3.  La lutte contre l’alcoolisme et l’abus du tabac.

a)  L’alcoolisme.
Un phénomène largement répandu en Vallée d’Aoste est celui de l’alcoolisme. Cette toxicomanie se développe en deux stades: dans le premier on est porté à boire excessivement mais on n’est pas dépendant de l’alcool, c’est-à-dire que l’on peut encore s’arrêter de boire sur son initiative; dans le deuxième stade au contraire, le buveur devient dépendant et l’alcoolisme prend les caractères de la toxicomanie, correspondante à celle des stupéfiants.
A l’origine de cette maladie il y a presque toujours des facteurs psychologiques. L’alcoolique boit pour se soustraire à l’anxiété, aux frustrations, aux conflits, pour se donner du courage, pour fuir les décisions, pour affronter des situations existantes négatives, pour acquérir une liberté temporaire.
L’alcoolisme est à son tour cause d’autres maladies et de mortalité et constitue un des plus importants problèmes sanitaires.
Le foie est l’organe le plus atteint car c’est là que finit la plus grande partie de l’alcool absorbé.
Les rapports entre l’alcoolisme et le cancer sont évidents. Par exemple le risque du cancer du larynx est proportionné à la consommation d’alcool (et de tabac) et il se multiplie par 150 si cette consommation est très élevée, de même que pour le cancer de l’œsophage en rapport avec l’alcoolisme dans presque 90% des cas.
L’alcool peut en outre faire des dégâts à l’organisme entier: système nerveux, cœur, poumons, estomac et naturellement il cause de graves dégâts psychiques.
Pour la femme la maladie est encore plus grave car la quantité d’alcool déterminant la toxicodépendance est trois fois inférieure à celle de l’homme. De plus, pour la femme, cette situation entraîne des conséquences encore plus néfastes du point de vue psychologique, tandis que la mort survient plus tôt.
Il est donc nécessaire de sensibiliser davantage la population à ce problème, pour aider l’alcoolique et sa famille à sortir de cette maladie. A ce sujet, puisque le seul remède prouvé est celui de la suspension totale et absolue de l’alcool, le rôle du médecin, de la famille et des amis est essentiel. Pour le buveur dépendant il faut d’abord, après une information toute crue de sa condition d’alcoolique de la part du médecin, employer une thérapie de désintoxication, suivie par un traitement psychothérapeutique de longue durée qui maintienne la condition indispensable de sobriété absolue. A ce propos l’Union Valdôtaine apprécie l’association des Alcooliques Anonymes, dont les membres mettent en commun leur expérience de sobriété pour aider d’autres personnes à résoudre ce problème.
Il faut souligner qu’actuellement c’est pour les alcoolique la seule possibilité d’une aide psychologique concrète et prolongée.
Il est donc nécessaire que le service public d’assistance psychologique et psychiatrique collabore avec l’association des A.A.. Cette assistance combinée est fondamentale pour combattre cette maladie, et se révèle indispensable après la phase de la désintoxication pour éviter la rechute avec la conséquente aggravation de la situation.
Nous avons parlé auparavant de l’importance de l’information sur cette véritable plaie sociale qu’est l’alcoolisme, phénomène en explosion qui aujourd’hui a atteint toutes les catégories sociales. A ce sujet l’Union Valdôtaine doit promouvoir une vaste campagne d’information et de sensibilisation de l’opinion publique.

b) L’abus du tabac.
Et il ne faut pas oublier une autre toxicodépendance dont on parle moins encore tellement elle est “normale”: celle du tabac.
Elle aussi exprime un malaise psychologique et elle aussi nuit à la santé (il suffit de rappeler que depuis 1965 l’Organisation Mondiale de la Santé a catalogué les cigarettes Marlboro parmi les substances plus toxiques que la marijuana). Le tabac est la première cause du cancer et de l’emphysème et la cause principale des maladies du cœur. Les savants nous disent qu’il est sûrement la cause principale du cancer au larynx, à la bouche et qu’il contribue au développement de tumeurs à la vessie, aux reins et au pancréas et ils mettent en garde les non-fumeurs contre l’aspiration involontaire de tabac fumé.
Une campagne d’information et de sensibilisation de l’opinion publique – aussi en collaboration avec les associations volontaires, par exemple la “Lega italiana per la lotta contro i tumori” – est donc nécessaire ainsi que le respect des lois déjà existantes en la matière, comme celle concernant la défense de fumer dans les locaux publics. Il ne faut pas oublier en effet que le tabac est davantage nuisible pour les non-fumeurs, obligés de subir le choix d’autrui et ses conséquences.
A ce sujet il y a à considérer le problème de la permission de fumer dans les écoles: le corps enseignant ainsi que le personnel scolaire doit être le premier à donner le bon exemple et l’assessorat régional à l’Instruction Publique et celui à la Santé doivent s’engager pour faire respecter strictement la tutelle de la santé des enfants mineurs ainsi que des non-fumeurs. Pour les jeunes une manière d’éduquer formative et thérapeutique comportementale valorisant – du point de vue culturel et existentiel surtout – l’esprit de compétition, la victoire sur soi-même, la prioritaire affirmation individuelle, est une efficace prévention scolaire contre la permanente agression psychologique du tabac.
Quant à la famille, le discours est tellement vaste qu’il nous porterait trop loin: il suffit de rappeler que souvent les jeunes fument pour imiter les parents.
La considération que la première éducation on la reçoit en famille est une vérité désormais acquise: les parents aussi ne doivent pas oublier leurs responsabilités.

La sauvegarde de la santé mentale.
Paradoxalement, bien que le propre de l’homme par rapport aux autres mammifères se situe dans sa capacité de penser, pendant longtemps les maladies et les troubles atteignant cette capacité – touchant, autrement dit, au domaine de la psyché -n’ont pas été considérés en tant que tels, mais assez empiriquement classés et hâtivement définis comme “folie”.
Le “fol” de notre ancienne langue d’oïl était devenu depuis longtemps le “fou” du français moderne, que des études sérieuses sur cette altération connue sous le nom de “folie” restaient à faire. Cette anormalité qui touchait de si près aux manifestations de l’esprit devait paraître sans doute étrangère à des médecins dont la fonction était principalement de traiter et de soigner le corps.
En fait la psychiatrie, la branche de la médecine qui s’occupe de la santé mentale, est encore – au jour que nous sommes et après désormais des décennies d’études sérieuses et de découvertes importantes dans son domaine – en quelque sorte le cousin pauvre du milieu médical en général.
a)Notre pays n’a pas constitué, dans ce domaine, une exception par rapport aux autres pays à l’Europe: en effet alors qu’une tradition multiséculaire d’assistance hospitalière caractérise la Vallée d’Aoste, ses malades mentaux n’ont joui d’une assistance publique codifiée qu’avec l’application chez nous des normes des lois italiennes 180 et 833 de 1978, qui supprimaient ces établissements qu’on appelait “maisons de fous” et instituaient les unités opératives (divisions) de psychiatrie dans tous les hôpitaux.
Ainsi, s’il est vrai que la ,Vallée d’Aoste a réglé pendant longtemps des allocations importantes pour l’hospitalisation de malades mentaux à des établissements piémontais, tels que Collegno, il est aussi vrai que la première structure hospitalière de neuropsychiatrie établie à Aoste ne date que de 1981 (Loi régionale n° 18).
De même, les structures que la loi créant le département pour la santé mentale prévoit dans le territoire de la Vallée connaissent un démarrage plutôt lent et difficile.
b) La situation actuelle est donc axée sur:
1) une structure hospitalière, unité opérative de neuropsychiatrie, dont les carences sont, à peu dire, tragiques.
2) une action périodique dans différents centres de la Vallée, Saint-Pierre pour les districts 1, 2 et 3, Châtillon pour les district 7, 8 et 9, Verrès 10 et 11 – Pont-Saint-Martin pour les districts 12, 13 et 14 (alors que les districts 4-5 et 6 sont servi directement par les structures d’Aoste) qui est conduite dans les centres de consultation, ainsi que, le cas échéant, au domicile du malade. Cependant cette action ne peut, pour l’instant, s’appuyer sur aucune des structures prévues par la loi, ni en matière de traitement, ni en matière d’hébergement des malades mentaux (p.ex.: communautés, etc.).
Il serait malhonnête de ne pas reconnaître que l’U.S.L. – dernièrement aussi par la création d’une commission ad hoc – est en train d’œuvrer tant par l’engagement de ses organes – Assemblée, Comité de Gestion- que par l’action des médecins et des autres préposés à ce domaine spécifique, pour contribuer à la solution de ce problème, mais il serait également malhonnête de se cacher que bien de choses restent à faire à cette fin.
c ) L’U.V. voit son action dans le domaine de la santé mentale, d’abord en tant que prise de conscience de l’urgence et de la gravité du problème, ensuite en tant qu’effort, équilibré dans ses deux composantes essentielles, destinée à aboutir, d’une part, à l’adéquation des structures hospitalières aux nécessités réelles d’un traitement efficace; d’autre part, à la mise sur pied de structures dans différentes zones, couvrant tout le territoire de la Vallée, telles à permettre réellement les activités de prévention, de traitement et de la réadaptation que la loi régionale n° 18 du 23 mars 1981 prévoit et dont elle affirme, à juste titre, la nécessité.
Ces deux composantes, structure hospitalière et structures dans le territoire, se complètent et se correspondent l’une l’autre, par une telle réciprocité qu’il serait inutile, voire trompeur, de prétendre résoudre le problème par le recours uniquement à l’une des deux ou, tout simplement, en privilégiant l’une sur l’autre.
Bien sûr, il s’agit ici de l’expression d’une volonté politique, et non pas d’une suite d’interventions découlant de cette volonté politique, qui, elles, doivent forcément s’articuler dans des moments successifs, dont l’ordre dépend aussi souvent des possibilités concrètes du moment. L’important est que ces interventions se suivent dans le but précis qui a été exprimé et de façon cohérente par rapport au dessein politique qui est à la base de ce but.
L’U.V. veut ainsi mettre en pratique son principe de défense et de sauvegarde de la personne, aussi et surtout, dans un domaine où la personne, dans ses composantes essentielles, court les plus grands dangers et •subit les pires bouleversements.


5. L’aide au troisième âge.
Dans les thèses sur les “services sociaux”, présentées au 1er Congrès National de l’U.V. on citait parmi les dispositions plus significatives, dans le domaine de la santé, aussi l’approbation de la loi régionale pour les services en faveur des personnes âgées qui s’est avérée d’une importance fondamentale dans ces dernières années. a)L’assistance aux personnes âgées a évolué dans notre Région au cours des dernières 30 années: on est passé de l’aide économique aux personnes avec des revenus insuffisants (1954) à l’aide économique aux personnes invalides (1964). Depuis, la condition sociale et économique des personnes âgées a évolué: tout le monde touche une retraite ou une pension sociale. On prit donc en considération l’idée que la communauté doit offrir aux personnes âgées et aux handicapés, surtout des “services”.
N’oublions pas la bataille conduite par l’U.V. pour que l’hôpital Beauregard ne devienne pas un “cronicaire”, contre certaines forces politiques et sociales qui voulaient destiner ce centre hospitalier entièrement aux personnes âgées; l’U.V. au contraire, en suivant les initiatives les plus modernes et les principes les plus novateurs, a toujours été orientée vers l’exigence de réaliser un système de décentralisation le plus ample possible et de participation active et responsable, conçu à la mesure de la population, dans l’intérêt de tous les Valdôtains.
C’est pour cela que l’Administration Régionale a approuve les lois régionales n° 47 du 20 juin 1978, no 26 du 23 avril 1979 et n° 55 du 10 décembre 1980, qui ont été abrogées par l’approbation de la loi régionale n° 93 du 15 décembre 1982 portant texte unique des dispositions régionales pour la promotion de services en faveur des personnes âgées et handicapées.
b) Les buts principaux de cette loi sont: a) donner aux Communes les moyens économiques pour gérer les “services” constitués surtout par l’assistance à domicile, ayant le but d’éviter le déracinement de la personne âgée de son milieu, et par les centres de rencontre qui doivent favoriser les liens entre les personnes âgées et leur milieu en créant des occasions de rencontre entre elles et toute la communauté; b) prévoir la création dans chaque district de centres résidentiels qui sont constitués en premier lieu par les foyers-logements pour personnes autosuffisantes et les micro communautés, c’est-à- dire des petites structures dans lesquelles les personnes âgées peuvent habiter et trouver une assistance complète. Le plan régional de construction prévoit au moins une structure dans chaque district (voir annexe n° 3): il faudra donc compléter et réaliser toutes les structures prévues par le plan de façon que dans les 14 districts au moins une micro communauté soit en fonction. Les Communes où opèrent des services sociaux en faveur des personnes âgées et handicapées ont été 21 en 1979, 30 en 1980, 31 en 1981, 43 en 1982, 54 en 1983 et enfin 57 en 1984 (voir annexe n° 4). Cela veut dire qu’environ 35.000 personnes peuvent accéder à ces services. Une impulsion à l’extension et au développement des services sur le territoire régional a été déterminée par la réponse favorable des citoyens à l’offre des services institués et, sur le plan normatif, par l’application de la nouvelle loi régionale n° 33, qui a contribué à surmonter beaucoup de difficultés administratives rencontrées par les Communes dans la réalisation concrète des services programmés.
c) Pour le futur les administrateurs devront constamment s’efforcer d’interpréter les besoins nouveaux de la population pour pouvoir lui donner des services et des structures réellement efficaces. On devra améliorer toujours plus la qualité du personnel, qui devrait être spécialisé, et si possible embaucher des gens de l’endroit à qui les usagers font plus facilement confiance. D’autres problèmes doivent encore être résolus comme ceux concernant le rôle et le recyclage du personnel; le problème des assistantes sanitaires et des remplaçantes; le problème des handicapés et des psychopathes; les micro communautés devraient pouvoir se charger de cette assistance en manière continuelle, aussi la nuit; le problème des barrières architectoniques; le problème des transports: quelles facilités prévoir?; le problème de la contribution aux frais par les usagers; le problème de l’uniformisation des services dans les Communes voisines, surtout pour celles de montagne; le problème de la réhabilitation: il faudra créer un centre de la réhabilitation à Aoste et améliorer ce service aussi sur le territoire.
La population est en train de vieillir mais les personnes âgées ont, heureusement, de moins en moins, de problèmes économiques grâce à l’amélioration du système d’allocations familiales et d’assurances vieillesse.
Par contre pour elles, dans le futur, il faudra essayer de résoudre de plus en plus le problème du temps libre et de l’accès à la culture. La tâche qui se posera aux structures publiques dans les années à venir sera donc d’améliorer la qualité de la vie des personnes âgées et handicapées au point de vue de l’assistance, des loisirs et de la culture.
Toutes les nouvelles structures et les nouveaux services devront être conçus de façon à être adaptables aux exigences des personnes qui s’y rendent et surtout orientées de façon à être “ouvertes” à toute la communauté pour éviter de créer de nouvelles formes d’isolement des personnes âgées et handicapées.

6. La promotion d’initiatives en matière de prévention et d’éducation sanitaire.
Le “Wallfare State”, la politique visant à donner gratuitement tout à tout le monde est à notre avis une politique perdante pour trois raisons principales:
a) parce que l’on n’arrivera jamais à satisfaire toutes les exigences des gens car il est dans la nature même de l’homme de vouloir s’améliorer toujours plus et s’épanouir totalement;
b) parce que la structure publique n’arrivera jamais, pour un tas de raisons, à remplacer l’initiative privée de l’individu;
c) parce qu’on sera obligé d’instituer un système d’impôts absurde et donc non proposable.
Le principe même du fédéralisme, qui exalte l’homme et sa pleine individualité, s’oppose d’ailleurs à une politique semblable.
Il est nécessaire d’essayer de remettre en valeur les capacités et la créativité de l’individu, mais il est nécessaire en même temps d’essayer de créer une véritable conscience sociale.
Education sanitaire signifie aussi éducation sociale.
Quand les médecins auront appris qu’il n’est pas bien d’ordonner des médicaments s’il n’est pas indispensable de le faire, quand les catégories sociales les plus élevées auront appris qu’il est juste de limiter un petit peu leurs exigences en faveur des catégories plus faibles (pauvres – vieillards – handicapés), quand on aura appris que la prévention sanitaire n’est pas proportionnelle à la quantité des examens de diagnostique et de laboratoire (quelques 550.000 dans l’année 1983!), eh bien, à ce moment-là on pourra dire en toute tranquillité d’avoir vraiment progressé sur le bon chemin.
Education sanitaire ne signifie donc pas simplement enseigner aux enfants à utiliser la brosse à dents, éducation sanitaire signifie aussi et surtout sortir de l’égoïsme.
L’école et les mass-média sont les deux grands moyens qu’il faut employer pour informer le citoyen sur ses droits et ses devoirs: il s’agit à présent de démarrer.
L’assistance médico-sociale est donc un élément primordial de la qualité de la vie à laquelle aspirent tous les Valdôtains. Elle a pour but de faciliter à tout âge l’épanouissement individuel et familial des hommes et des femmes, ce à quoi contribue également l’accès à la formation scolaire et culturelles, et aux loisirs.

TITRE V ECOLE ET CULTURE

I L’ECOLE VALDOTAINE


C’est à l’école que les enfants et les jeunes passent la plupart de leur temps: désormais, beaucoup plus qu’en famille. C’est donc surtout à l’école que les citoyens futurs se forment.
Pour cela le secteur de l’école est extrêmement important pour l’avenir de notre peuple.
L’U.V. veut construire une véritable école valdôtaine d’où puissent sortir des Valdôtains conscients de leur particularisme et capables d’utiliser leur langue: le français.
Il est donc évident que l’objectif de l’U.V. ne peut être que la création d’une seule école où la langue instrumentale est le français et où, à côté de toutes les notions utiles, une place de choix est réservée à la civilisation valdôtaine. Mais la situation politique et sociolinguistique de notre pays, nous oblige, pour récupérer le terrain perdu, à envisager trois étapes intermédiaires:
1ère étape – Application des Art. 38/39/40 du Statut Spécial
-Lycées Techniques.
2ème étape – Double filière.
3ème étape – Ecole valdôtaine.

l.  L’application des articles 38/39/40.
Elle a été rendue possible par l’art. 28 des décrets d’application du Statut Spécial (loi n° 196 du 16.5.1978). A l’école maternelle le bilinguisme prévu a déjà été appliqué au cours de l’année scolaire ’83/’84.
La Commission compétente poursuit son travail pour l’application des articles à l’école élémentaire.
Des positions différentes partagent les membres de la Commission. Notre position est claire: pour le premier cycle, où la division par matières n’est pas prévue, nous envisageons une solution de bilinguisme équilibré sur le modèle de l’école maternelle. A partir de la classe de troisième et pour tout le reste de la scolarité (école moyenne et secondaire de deuxième degré) où une division par matières est bien établie, nous pensons que le français doit être la langue véhiculaire pour certaines d’entre elles, toujours les mêmes, et pour toute la durée des études.
Cette solution qui, par rapport à ce qui est actuellement, représente une amélioration, n’est cependant pas satisfaisante parce qu’elle suppose une forme de bilinguisme intégral pratiquement impossible à atteindre par ce type d’organisation scolaire.
C’est pour cela qu’en parallèle nous devons faire avancer la réalisation du projet sur les Lycées Techniques.

2. Les Lycées Techniques.
Les Lycées Techniques veulent être la réponse valdôtaine aux possibilités offertes à notre Pays en matière d’instruction technico-professionnelle par l’art. 2, lettre g, du “Statut Spécial” que les Italiens lui ont octroyé en 1948 (loi constitutionnelle n° 4 du 26 février 1948).
Les lois valdôtaines en cette matière, qui ont vu le jour à partir de décembre 1960, n’ont fait, jusqu’ici, que reproduire et codifier à l’intention des Valdôtains les lois italiennes, dans l’absence la plus totale et absolue de toute action d’adaptation, si ce n’est l’application bornée de la lettre de l’art. 39 du statut qui prévoit un certain nombre d’heures d’enseignement du français: le même que celui qui est réservé à l’enseignement de l’italien. Encore importe-t-il d’ajouter que ce français, en dépit de toute affirmation officielle, n’a toujours été enseigné qu’en tant que langue étrangère obligatoire.
L’Union Valdôtaine, consciente de l’importance de l’école et de la fonction qu’elle peut et doit avoir dans la récupération et l’épanouissement de l’identité ethnique des Valdôtains, se propose d’atteindre par la création de ce type d’école deux buts que le Mouvement estime essentiels:
1) récupération du français en tant que langue instrumentale dans l’étude et dans le travail, donc dans la vie;
2) acquisition de hauts niveaux de préparation technique dans les domaines et dans les directions que le gouvernement valdôtain estimera bons, compte tenu de la situation actuelle et de la nécessité que les valdôtains sachent récupérer et manœuvrer les leviers de leur économie.
Les Lycées Techniques représentent donc une première solution, nécessairement limitée à un secteur et à une tranche d’âge, du problème complexe et capital que l’école représente pour notre Pays. Les Lycées Techniques sont aussi un passage obligatoire pour atteindre la double filière. Leur succès nous permettra de réclamer une école valdôtaine avec deux filières, sur le modèle du Tyrol du Sud, qui présuppose des modifications à notre statut, loi constitutionnelle.
Nous ne devons pas nous cacher que ce passage sera particulièrement difficile et qu’avant de l’entreprendre nous devons nous donner les moyens pour réussir, en préparant les valdôtains, en formant un large consensus sur lequel nous pourrons compter.
Ensuite seulement, la filière de langue française devra absorber la filière de langue italienne pour aboutir à la reconquête de notre langue sur notre territoire. Voilà donc les buts et le chemin que l’U.V. se propose de poursuivre dans le domaine de l’école.
Il est évident que le but final est encore loin; mais nous devons œuvrer avec toutes nos forces pour l’atteindre. Nous devons donc commencer à frayer le chemin.
Dans l’immédiat nous pouvons, et nous devons, au plus vite, réaliser l’application des art. 38/39/40 du Statut et le projet des Lycées Techniques.
Mais cela ne suffit pas.
Pour une réalisation efficace nous avons besoin d’enseignants préparés techniquement et convaincus du rôle qu’on leur demande de jouer.
Quelques interventions, d’importance inégale, sont urgentes.

3.  Les interventions urgentes.

  1. Réforme de l’école normale. Elle pourrait être présentée comme expérimentation. il faut que l’école normale devienne réellement bilingue pour fournir des instituteurs préparés déjà au nouveau type d’enseignement qui impliquera l’application des art. 38/39/40 du Statut. Il faut aussi qu’une chaire de Civilisation Valdôtaine soit instituée pour que les enseignants futurs aient conscience de l’histoire et de la culture valdôtaine dont ils devront être les diffuseurs.
  2. Formation professionnelle des enseignants. Les enseignants à qui on demande un grand effort pour réaliser un projet qui rencontrera certainement des oppositions nombreuses ne devront pas être abandonnés à eux-mêmes. Il faudra leur donner les compétences techniques nécessaires: linguistiques et didactiques. Donc, des stages devront être organisés en V.D.A. et ailleurs; les institutions d’appui (IRSSAE) devront être équipées pour répondre à ces besoins nouveaux.
  3. Le recrutement des enseignants. Dans la période de transition, avant que les nouveaux enseignants sortent des écoles reformées, nous devrons nous assurer des compétences linguistiques spécifiques des enseignants que l’administration embauche. Les vérifications devront être plus approfondies et surtout le français ne doit plus être utilisé comme une barrière de sélection. L’examen pour la titularisation doit être soutenu aussi bien en français qu’en italien, les deux volets du concours appréciés à leur juste valeur, selon les mêmes critères, doivent, l’un comme l’autre permettre aux candidats de réaliser des points utiles à l’avancement de carrière.
  4. Le contrôle. L’expérience passée nous apprend qu’un contrôle est nécessaire, contrôle qui ne doit pas manquer de gratifier les enseignants qui accomplissent leur devoir et de stimuler les enseignants les plus négligents. Cependant, ce contrôle ne doit pas être conçu comme une inspection punitive mais comme un service technique d’appui.
  5. La reconnaissance des diplômes obtenus dans les pays francophones. Il est indispensable que les jeunes valdôtains aient la possibilité d’accéder à des universités francophones pour parfaire leurs études. Ils pourront ainsi élargir leurs horizons habituels et perfectionner leur connaissance de la langue. Mais il est indispensable qu’au moment du retour ils puissent utiliser leurs diplômes chez nous. Avec la reconnaissance des titres d’études “étrangers” on effacerait un anachronisme, héritage du nationalisme le plus borné du XIXème siècle.
  6. Rapport avec les institutions culturelles valdôtaines. Il est indispensable que les liens entre institutions culturelles et école soient plus étroits pour permettre que les élaborations et le matériel recueilli par les dites institutions puissent être utilisés avec profit à l’école.


4.  La communauté Walser de la Vallée du Lys mérite un discours à part.

Ce n’est pas parce que les Walser sont peu nombreux que leur problème doit être négligé: ce serait contre tous les principes de l’Union Valdôtaine.
Tout ce qui a été dit pour le français devrait être lu, par les Walser en fonction de l’Allemand.
Ces dernières années la communauté Walser a connu un essor nouveau (Communauté de Montagne, Centre Culturel Walser, publications, etc.). Tout cela doit être encouragé et les instruments nécessaires assurés par l’administration publique.
Nous sommes une nationalité minoritaire et nous serons jugés, à juste raison, aussi pour notre attitude envers des minoritaires plus faibles, à l’intérieur de notre propre Région. La culture walser est l’une des composantes de la culture de la Vallée d’Aoste.

II LA CULTURE VALDOTAINE

1.  Une culture menacée.
La culture n’est rien d’autre que l’ensemble des connaissances et des comportements (linguistiques, techniques, économiques, religieux, sociaux, etc.) qui caractérisent une société humaine déterminée, ou singularisent les individus qui la composent ou s’y repèrent.
La culture est donc quelque chose qui est produit et vécu d’une façon tout à fait naturelle par la communauté qui l’engendre; en principe, elle évolue selon des règles qui font partie de sa logique intérieure, et selon des sollicitations externes. Et c’est le juste équilibre de ces deux facteurs qui fonde le dynamisme culturel, indispensable à l’évolution comme au développement, et de cette culture, et de la société même où elle s’exprime et se manifeste.
a) La Vallée d’Aoste, du fait de sa situation géographique et de ses vicissitudes historiques, a constitué dans le passé une région particulière aux caractères bien différenciés. Au cours des siècles, elle a su se faire octroyer des franchises, des privilèges et des libertés qui l’ont rendue autonome, – au point de constituer un Etat au sein des Etats de Savoie. Cette autonomie, obstinément défendue, sauvegardée et amplifiée par les pouvoirs politiques et administratifs de l’ancien Duché, a contribué, à son tour, à marquer la personnalité et l’individualité de notre région. En même temps, elle a été l’un des éléments – et des plus puissants – qui ont fait prendre conscience à notre peuple de sa spécificité.
Ainsi, pendant huit siècles et plus il s’est établi une interaction entre les éléments politiques et administratifs et les éléments ethniques et culturels: ceux-ci poussant à l’élargissement de notre autonomie, ceux-là aidant à souligner notre particularisme et, en quelque sorte, l’entérinant.
De fait, notre appartenance pluriséculaire aux Etats de Savoie nous a valu une culture franco-alpine – ou de type savoyard, si l’on préfère – qui se distingue des autres cultures environnantes. Très nette par rapport à la civilisation de la plaine du Pô, un peu moins vis-à-vis de celle du pied des monts (Piémont), cette différence est beaucoup plus nuancée confrontée aux civilisations de l’aire francophone. De ce côté, à travers nos langues ancestrales, et par un processus d’osmose, nous avons en effet subi toute une série d’influences qui nous ont intimement rapprochées.
Mais à partir de 1861, l’équilibre culturel de notre communauté a été sérieusement perturbé par de fortes sollicitations extérieure (qu’on nous pardonne l’euphémisme!) qui ont déclenché le processus d’aliénation culturelle contre lequel précisément nous regimbons.
b) L’Union Valdôtaine est née pour renverser ce processus et, par son action, se propose essentiellement de guider le peuple valdôtain vers la reconquête de sa culture originale. Or, bien vite, afin de pouvoir participer à la vie politique et donc à l’administration de notre pays, l’U.V. ne put plus se contenter d’être un mouvement d’opinion au-delà de toute idéologie. Elle espéra ainsi influer davantage sur les chois politiques vitaux pour la survivance de notre communauté. Ce choix, bon ou mauvais a été fait et il n’est plus temps, ni d’ailleurs souhaitable, de le remettre en question.
Ce sont donc nos élus aux différents échelons de l’administration, qui doivent assumer la lourde tâche d’orienter notre peuple sur le difficile chemin de la liberté, le seul qui puisse lui restituer une culture authentique. Reste à savoir ce qu’ils devraient faire pour mener à bien ce projet. Il semble évident, au vu de la définition de la culture proposé au départ, qu’il n’existerait pas un secteur privilégié sur lequel concentrer les énergies de nos représentants en faveur de ce renouveau; renouveau qui concerne l’agriculture aussi bien que la santé, l’instruction publique ou le tourisme … Car, sous l’effet de la persécution séculaire que nous avons subie, le tissu culturel valdôtain a été gravement endommagé. D’où l’obligation, pour nos élus, de s’adonner à un travail patient, et souvent ingrat, de reconstitution de ce tissu.
Travail qui risque pourtant de s’avérer stérile, au point où nous sommes, sans une quantité suffisante au départ de ce ferment indispensable à la prise de conscience par les Valdôtains de leur identité. C’est là une tâche primordiale après laquelle, notre conscience ethnique pleinement reconquise, toute greffe politique ou administrative contribuera à recréer un tissu culturel cohérent et vivant. Mais comment procéder?
c) Il convient avant tout de répertorier les éléments au travers desquels une culture se reconnaît le plus facilement. Et ces éléments sont la langue et l’histoire, couple bien connu de tout colonisateur.
L’état italien ne nous a jamais refusé, ni le progrès économique (sous réserve que ce soient les italophones qui le contrôlent), ni les services sociaux. Dans ces domaines notre autonomie a permis des réalisations. Et tous comptes faits, la vie végétative pour un Valdôtain moyen est plus que satisfaisant, – mis à part celle du campagnard, bien sûr. Mais si les parias sont encore une fois les campagnards, c’est bien parce que leur système de vie est porteur de valeurs culturelles qui nous sont propres et se révèlent dangereuses pour un Etat centralisateur.
En revanche, ce qu’on nous a toujours contesté ouvertement, c’est la langue, surtout, et notre histoire. C’est donc vers la récupération de la langue et de l’histoire valdôtaines que l’effort de notre Mouvement doit tendre en premier.
C’est pourquoi nos représentants politiques devraient à cette fin conjuguer leurs efforts avec le Mouvement. Tout unioniste doit être persuadé de l’importance de ce choix: notre culture annihilée, l’U.V. n’aurait plus de sens et deviendrait non plus un moyen de pouvoir mais un instrument du pouvoir.
S’il est bien entendu que cette civilisation valdôtaine doit être sauvegardée, il appert aussi qu’elle doit être récupérée d’extrême urgence.

2.  Les initiatives antérieures n’ont pas suffi.


a) L’Administration régionale, via notamment l’Assessorat à l’Instruction Publique, a bien pris dans le passé, et ces derniers temps surtout, des initiatives visant à la sauvegarde et au développement de notre langue. Certains résultats, voire des résultats certains, ont été obtenus. Mais cette action n’a pas été et ne se révèle pas encore suffisante. Et ce n’est pas le manque de bonne volonté qui est ici en cause, mais le fait que cet Assessorat est complètement absorbé par les graves problèmes de la seule Ecole, – de sorte que les divers responsables qui l’mt régi n’ont jamais pu dédier un temps suffisant aux exigences spécifiques de notre culture. Ainsi des actions et des initiatives se sont-elles juxtaposées, mais sans suite, dépourvues de coordination et d’envergure.
Pour leur part, des organismes privés ont essayé de suppléer à ce manque. Et il faut bien dire que toutes ces associations ont pu poursuivre leur activité grâce à l’intervention financière de l’Assessorat à l’Instruction Publique qui, très souvent, les a ainsi encouragés à pallier quelques unes de ses carences. Tout cela s’est inscrit en faveur du renouveau de notre culture, au même titre que les actions para-culturelles des partis d’obédience ou d’apparence valdôtaines.
L’activité de l’Assessorat à l’Instruction Publique et des différentes associations culturelles a donc surtout servi à endiguer le processus d’acculturation. A défaut, l’impact de la culture italophone instaurée par l’Ecole et amplifiée par les mass medias, aurait été plus néfaste encore. Si bien que, quoique louable, cette action désordonnée, improvisée en fonction des circonstances ou d’urgences contingentes, sans continuité, ne dérivant d’aucun plan concerté, ni ne s’inscrivant dans un programme élaboré, – le plus souvent a fait long feu.

b) Quelles sont au demeurant ces associations?
Nous ne retiendrons que celles dont le caractère valdôtain est incontestable, et laisserons de côté les organismes qui diffusent de la culture italophone; sans oublier pour autant que la réappropriation de l’espace culturel valdôtain passe aussi par la reconquête de ces canaux qui répandent actuellement la culture italienne:
1. Les organismes intégrés à l’Administration régionale: bibliothèques et Archives historiques; 2. Les organismes, plus ou moins structurés, nés de l’initiative privée et qui vivent grâce à une contribution de l’Administration régionale: théâtres populaires, Académie de Saint-Anselme, Comité des Traditions Valdôtaines, Centre d’Etude franco-provençales, Institut Valdôtain de la Culture, A.V.A.S., Musée Cerlogne, Société de la Flore, Groupe d’Etudes préhistoriques, Equipe d’Action Culturelle (EAC) ;
Les premiers jouissent des avantages des structures publiques (ils sont animés par des professionnels, n’ont pas de gros problèmes d’argent, leur continuité est assurée par la structure même) mais présentent des inconvénients (bureaucratisation, fonctionnaires recrutés par concours et pas toujours très motivés).
Les seconds bénéficient eux aussi de certains avantages (animateurs volontaires, souvent désintéressés et très motivés, dépendant de structures librement acceptées) mais leur action est limitée par une grande pauvreté de ressources et de moyens, ce qui les empêche dans la plupart des cas de disposer de personnel à plein temps, de locaux adéquats et de la trésorerie minimale qui leur permettraient de prendre des initiatives valables.
Il est évident que pareil constat ne constituerait qu’un stérile rabâchage s’il ne débouchait sur un Projet visant à pourvoir à de telles carences, dès lors que nous voulons résolument contribuer à assurer, non seulement la survie précaire, mais la vie vraie du peuple valdôtain.
De là la série de considérations et de propositions suivantes, que nous soumettons au Congrès National, afin qu’avec son concours nous puissions tenter de fonder une réelle politique de la culture.

3.  Propositions pour l’action culturelle.


A) L’intervention logistique et financière de l’Administration régionale est indispensable à ce type d’entreprise. Ce qui implique:
1. la mise en place, parmi les cadres de l’administration, d’un personnel spécifique, choisi en raison de ses aptitudes certaines plutôt que théoriques, et essentiellement destiné à jouer un rôle de conseil, d’arbitre et de coordonnateur;
2. Mise en fonction de la surintendance aux activités culturelles. Pour que l’activité culturelle ait le dynamisme et la coordination nécessaires, la mise en fonction de la Surintendance aux activités culturelles prévue par la loi no 355 est essentielle. Le rôle de cette surintendance est particulièrement délicat … Il est donc important de la définir le mieux possible en vue de concevoir des sous-organismes adéquats et limiter le danger de prévarication.
Convaincus que la culture d’état, propre aux régimes totalitaires est le grand danger que nous devons éviter, conscients d’autre part que les expressions culturelles de notre civilisation valdôtaine ont du mal à percer à cause du haut degré d’aliénation ethnique dont nous souffrons, nous devons envisager des structures administratives qui:
a) encouragent les associations culturelles valdôtaines à poursuivre et à améliorer leur travail (aide matérielle pour l’organisation d’expositions, de congrès, médiation pour les contacts avec le monde scientifique, et avec celui du spectacle, etc.);
b) assurent les prestations techniques qui déchargent les associations culturelles de certaines tâches pénibles pour des animateurs culturels volontaires: démarches administratives, classement, conservation et diffusion des documents (livres, vieux papiers, photos, films, enregistrements, etc.).
Les associations culturelles ainsi déchargées pourraient avec plus de profit s’occuper de:
– programmer et organiser leurs initiatives scientifiques ou d’administration
– pourvoir à la formation culturelle de leurs membres
– recueillir de la documentation selon leurs buts
– soigner les relations publiques publiciser leurs initiatives.
Pour que ce projet puisse se réaliser il est indispensable que l’Administration régionale se donne une organisation adéquate.
De la surintendance devraient dépendre des services éminemment techniques déjà existants (nous employons le mot “service” par commodité et nous ne sous-entendons pas nécessairement une structure bureaucratique. Nous avons essayé de définir les “fonctions” dont la surintendance devrait se charger):
– les bibliothèques
– les archives historiques.
D’autres services devraient être institués:
– services pour les activités musicales, beaux arts et activités diverses en langue française
– service pour les activités à caractère ethnographique et linguistique
– services administratifs
– service pour les interventions pratiques (montage et transport d’expositions, projections de films ou diapos, choix et achat de matériel technique, etc.).

B) La culture, le sens qu’on en a, les voies qui la fondent, la compétence qui en découle, sont loin de dépendre de la seule instruction scolaire ou universitaire, de la position sociale, ou de l’entregent politique. La culture, dans son exercice, n’est donc ni affaire de concours administratifs, ni de marchandages partisans, ni de trafic d’influence. Aussi bien est-il indispensable que l’initiative privée la féconde, la nourrisse – et la protège du fait du Prince.
D’où la très large délégation de pouvoirs que l’Administration doit consentir aux responsables cooptés des diverses associations en cause, lesquels devraient être choisis plus en fonction de leur expérience vécue, de leurs connaissances propres, de leurs œuvres éventuelles et de leur vocation profonde, que d’après les critères conventionnels de l’Etablissement.
Pour ce qui regarde la langue, nous préconisons notamment:

  1. aide à la multiplication des échanges culturels avec les pays francophones (jumelages, participations à des manifestations internationales, diffusion de la culture francophone en VDA, et sous toutes ses formes: librairie, presse, TV, radio, cinéma, théâtre, expositions, récitals, conférences);
  2. installation en VDA d’un poste de radio (puis de TV) entièrement francophone. Action plus incisive sur le Comité Régional de la RAI;
  3. mesures en faveur du patois, qui est en ce moment notre lien direct le plus solide et populaire avec la francophonie;
  4. reconnaissance des titres d’études obtenus par nos étudiants dans des universités francophones;
  5. assistance aux administrateurs pour franciser progressivement les démarches administratives, en leur préparant des formulaires, des délibérations-types, etc. A cet effet, un bureau de traducteurs-consulteurs pourrait intervenir.

Il est évident que rien de tout ce qui est dit dans le présent document ne saurait être valable, si, à l’engagement économique que les interventions sollicitées exigent, ne correspondent pas un engagement politique constant et un exemple concret de la part des élus aux différentes charges ouvrant l’accès à ces bribes de pouvoir que les italiens, ainsi qu’il est dit dans ce document, nous concèdent bien adroitement, en commençant par le Président du Gouvernement, par les Assesseurs ainsi que par les Conseillers de la Vallée: exemple -concret qui signifie, tout d’abord, le recours exclusif à notre langue dans toutes leurs interventions officielles, ainsi que dans tous les actes officiels découlant de leur charge.
La culture valdôtaine est l’expression de notre identité en tant que peuple. Elle devrait donc imprégner tous nos actes de la vie quotidienne, en public et dans le privé, au cours du travail ou durant le temps libre. Elle a sa place même dans les sports et les loisirs, deux pratiques appelées à jouer un rôle croissant dans les sociétés postindustrielles.

III LE SPORT ET LES LOISIRS.

Il est vraiment souhaitable de diffuser l’activité sportive dans toute la Vallée, par le moyen de structures communautaires qui donnent ainsi la possibilité aux jeunes de pratiquer leur sport préféré. La valorisation des jeux traditionnels valdôtains (tsan, fiolet, rebatta), les sports de la neige et de la montagne et la planification des nouveaux équipements sportifs pourra donner une réponse positive au besoin d’éducation sportive de notre jeunesse.

1.  Les jeux et sports traditionnels.
Le sport, pratiqué au niveau de la base, joue un rôle éminemment culturel et social dans la vie individuelle et collective. Nos jeux populaires en sont un formidable exemple; ils ont suivi toute l’évolution du peuple valdôtain, ils ont eu avec lui des périodes de crise et des moments de reprise.
En effet la nouvelle prise de conscience des Valdôtains a engendré un rapprochement, une redécouverte de la passion pour le tsan, le fiolet, la rebatta et les palets. Mais s’accroître crée des problèmes du point de vue de l’organisation, des financements et des infrastructures. Leur transformation de simple pratique ludique en véritable activité sportive est juste et normale, mais elle ne doit pas faire perdre le sens du territoire, de la tradition, de l’immense capital culturel que ces jeux portent avec eux. Les financements publics ont déjà augmenté dans ces dernières années, mais ils devraient donner la possibilité d’améliorer les structures organisatives, après une confrontation sérieuse avec les fédérations concernées. Le problème le plus grand à résoudre est celui des terrains de jeux; l’épanouissement parfois exagéré de certains pays, les routes et autoroutes risquent d’étouffer les possibilités de pratiquer nos sports. Il existe une loi régionale qui devrait permettre l’achat et l’aménagement de terrains destinés aux jeux valdôtains; mais elle n’est pas suffisamment exploitée.
Notre engagement est celui de sensibiliser les administrateurs à tous les niveaux et de créer un rapport de collaboration loyale et profitable avec les responsables et les pratiquants pour faire de façon que cette expression de notre personnalité de notre être-peuple soit toujours gardée, non comme une pure célébration de quelque chose qui est mort, mais comme une partie vivante de notre existence.
 
2.  Les sports d’hiver.
Les sports d’hiver ont rejoint désormais un degré de perfectionnement qui nécessite un entraînement continuel et assidu. Cela oblige les jeunes à faire un choix: ou l’école ou les sports. La création d’un “Collège” pour les jeunes athlètes valdôtains qui pratiquent les sports d’hiver offrirait aux jeunes la possibilité de continuer leurs études et en même temps de s’entraîner et de participer aux compétitions.
En Vallée d’Aoste, le choix de la localité pour placer ce “Collège” est grand. Plusieurs stations de sports d’hiver pourraient l’accueillir. Nous indiquons, de notre part, la Commune de La Thuile car ici existent des bâtiments qui pourraient être adaptés pour cet emploi.
La gestion du “Collège” devrait être conduite en collaboration entre la Région, l’A.S.I.V.A. et la F.I.S.I.

3.  Les Olympiades.
A notre avis la Vallée a toutes les qualités requises pour organiser des manifestations à niveau mondial, qui en sus de leurs renommées sportives, deviennent d’un intérêt touristique énorme parce qu’elles peuvent apporter l’image de la Vallée d’Aoste, grâce à la télévision, dans les’ foyers du monde entier.
C’est pour cela que nous estimons nécessaire et indispensable, par les voies prévues, que la Vallée d’Aoste présente sa candidature pour une des prochaines éditions des Olympiades d’hiver, c’est-à-dire dans 20 ans.
S’il y a la volonté politique dans cette direction, dès à présent on peut envisager une planification des actions régionales visant à la réalisation dans le futur de ,cette manifestation. Comment se préparer pour cet évènement? Avant tout par un recensement de toutes les structures existantes sur le territoire et présentant les qualités requises pour accueillir des compétitions.
Il devient indispensable de s’orienter vers la restructuration, selon les exigences des techniques modernes, du secteur; il faudra aussi œuvrer pour construire ces structures qui ne sont pas présentes dans notre Vallée: grâce à l’intégration de ces structures, notre Pays pourra offrir un éventail d’infrastructures complet pour satisfaire les exigences des jeux et des sports d’hiver.

4.  Les loisirs.
Dans le domaine des loisirs, le pouvoir public doit soutenir les initiatives visant au maintien et à la mise en valeur des caractéristiques ethniques et linguistiques du peuple valdôtain, au développement de l’esprit communautaire (théâtre populaire, chant choral, chanteurs et groupes enracinés dans l’humus culturel valdôtain etc., ainsi qu’au resserrement des liens de solidarité avec les autres ethnies opprimées et les autres communautés francophones.
Pour ce qui est des structures il est nécessaire, voire indispensable, pour mieux organiser et placer les différentes activités culturelles, de prévoir un auditorium polyvalent.
Parmi les loisirs d’aujourd’hui une place de relief est occupée par la télévision. En effet, l’importance de l’image dans le monde actuel est désormais indéniable dans tous les secteurs, de l’information aux loisirs, au monde du travail. La télévision en particulier, par la promptitude de l’information, a contribué d’une façon remarquable à l’amélioration du niveau culturel des gens. Cependant cet instrument, comme toute chose, doit être employé correctement: son abus a des conséquences néfastes car il limite le dialogue dans la famille, ainsi que la possibilité d’expériences différentes.
Aux Etats Unis ont est déjà en train de désintoxiquer les enfants vidéo-dépendants, qui à cause de leur permanence exagérée devant la télé présentent des problèmes d’adaptation, d’apprentissage, etc.
Nous rappelons à ce propos que les enfants deviennent vidéo- dépendants lorsqu’ils n’on pas d’autres moyens de divertissement. Ce fait est d’autant plus regrettable dans un milieu de montagne comme le nôtre où il est très facile de pratiquer un sport, dans toutes les saisons (ski, luge, patinage, bob, trekking, sports traditionnels, etc.).
Il ne faut pas oublier aussi que les programmes offerts par le petit écran actuellement sont imbibés de violence (films et téléfilms … ), ce qui est contre produisant du point de vue éducatif, et souvent vides de contenus: ils jouent donc, en ce sens, un rôle négatif.
Un autre aspect extrêmement négatif de l’abus de la télévision est l’aplatissement culturel et linguistique. La revendication des médias francophones a été et demeure encore un des points saillants pour le maintien de notre identité.
Il est donc important de savoir employer sagement ce moyen d’information et d’amusement, en ayant le courage de l’éteindre quelquefois, pour stimuler notre imagination autrement, en écoutant par exemple de la musique, en lisant un bouquin, en sortant de chez soi … et surtout en privilégiant le dialogue avec ceux qui nous entourent.

Intervention du Président Joseph-César Perrin

I – LA PAIX ET L’INDEPENDANCE

1. Les grandes causes pour lesquelles lutter.

La paix, la réunification de l’ancienne nation savoyarde dans une Europe unie fédéraliste et neutrale, le respect des droits de l’homme, l’accès des nationalités aujourd’hui minoritaires à l’autodétermination sont des grands thèmes pour lesquels il vaut la peine de lutter; nous regardons à ces principes même quand nous nous penchons sur les problèmes de tous les jours et nous allons à la recherche de la meilleure façon de travailler pour le bien de notre nation valdôtaine.
La paix est un problème qui se pose comme indissolublement lié aux problèmes des nationalités, la plupart desquelles se trouvent à la frontière des Etats et ont souffert le partage de l’après-guerre. L’Acte final de la Conférence d’Helsinki dit que les frontières issues de la seconde guerre mondiale sont inviolables; mais cela ne signifie pas qu’elles ne puissent être modifiées par des voies pacifiques. Cela est tellement vrai que jamais le RFA n’eut signé l’Acte d’Helsinki si cela devait l’empêcher d’obtenir par des moyens non violents, la réunification de l’Allemagne. Or, si l’Allemagne a le droit de se réunifier, pourquoi le Tyrol ne l’aurait-il pas, ni le Val d’Aoste, cette Savoie orientale – de rejoindre la Savoie occidentale à l’intérieur d’une Europe fédérale des petits peuples.
Les nations opprimées par la guerre et par les Etats sont les défenseurs naturels de la paix. Ce sont elles qui remettent en discussion par la voie démocratique les frontières et en demandent la mobilité aujourd’hui et la suppression demain dans le contexte de l’unification européenne.
Le Val d’Aoste joue son petit rôle.

2. La tradition pacifiste de l’autonomisme valdôtain
Dans la « Déclaration de Chivasso » à laquelle elle fait toujours référence historique on affirme que « il federalismo è il quadro più adatto a fornire le garanzie di questo diritto individuale e collettivo e rappresenta la soluzione del problema delle piccole nazionalità e la definitiva liquidazione del fenomeno storico degli irredentismi, garantendo nel futuro assetto europeo l’avvento di una pace stabile e duratura ».
Et dans « Federalismo ed Autonomie » Emile Chanoux, déjà inspirateur de la Déclaration de Chivasso, écrit : « tutti i popoli hanno diritto di conservare i propri caratteri, la propria personalità etnica e storica, a qualsiasi complesso politico appartengano… le collettività umane devono poter sussistere serbando intatte le caratteristiche della loro personalità. E’ una legge di giustizia. E’ l’unica garanzia per la pace in Europa ».
Voilà donc la source historique de ce qu’on peut bien appeler, au sens moderne, « le pacifisme nationalitaire ».

3. Le fédéralisme pour l’Europe des peuples
Voilà le rôle du Val d’Aoste, carrefour de la paix et de l’autodétermination des peuples. Par ce grand projet nous plaçons l’UV dans ce vaste courant d’opinion qui veut l’Europe des Peuples. Il nous résulte parfois difficile de faire comprendre non seulement notre identité valdôtaine mais l’identité de nos luttes.
Nous proclamons notre choix pour le fédéralisme et pour un indépendantisme rempli de l’essence d’un vrai internationalisme, c’est-à-dire la solidarité des nations véritables et non l’équilibre précaire des égoïsmes des Etats.
Mais très souvent on continue, en Vallée d’Aoste, en Italie, en Europe, à parler d’autonomie, de fédéralisme, de régionalisme, de décentralisation, de fédéralisme intégral, de confédéralisme, de socialisme libertaire, de souveraineté, d’autodétermination, de patrie, de petite patrie, de pays, comme s’il s’agissait de synonymes.
Au cours des années, bien sûr, les mots ont changé de signification. Il y a dix ans le « régionalisme » tenait presque de la révolution, aujourd’hui il ne signifie que décentralisation.
Cela, comme l’a dit Guy Héraud, dépend de l’ethnicisation progressive des Etats et des partis des Etats.
Forcés à tenir compte de l’existence des Nations sans Etats, qu’on appelle aussi « minorités ethniques » ou mieux « nationalités », Etats et partis ont joué le jeu de la surenchère et ils ont récupéré, au moins du point de vue formel, le langage de la « particularité » pour lui enlever toute signification.
Mais ni l’UV, ni les autres mouvements autonomistes peuvent supporter d’être classés, tout court, parmi les séparatistes, car le projet politique de l’UV relève donc d’une correcte analyse de ce que c’est l’Etat, la Nation, la Souveraineté, l’Indépendance, le Fédéralisme.

II – PERSPECTIVES CONSTITUTIONNELLES : L’INDEPENDANCE ET L’EUROPE

I – LA FIN DES MYTHES

1. Nation, Etat, Souveraineté.

Nous considérons la Nation comme une communauté humaine, douée de caractères communs, qui affirme sa volonté de vivre et de s’organiser autonomement. Le fait qu’un peuple n’ait pas pu ou voulu se donner un état comme forme de gouvernement autonome ne peut en aucun cas constituer la preuve que ce peuple ne revêt pas un caractère national. Le peuple valdôtain a mûri et conserve encore de nos jours un caractère national suffisamment accentué pour légitimer son droit à la libre disposition.
L’Etat, par contre, en tant qu’autorité souveraine qui s’exerce sur un peuple et un territoire donnés, représente une abstraction qui couvre des réalités extrêmement diversifiées. Peut-on comparer l’Etat soviétique à la principauté de Monaco ?
Pourtant, face aux artifices juridiques et aux nécessités de la politique il faut considérer que le Liechtenstein avec ses 20.000 habitants est un Etat souverain alors que le Québec, avec ses 6 millions d’habitants et une surface cinq fois supérieure à l’Italie, ne peut pas jouir des privilèges que la personnalité juridique pourrait lui garantir.
Le noyau de cette ambiguïté et la source du malaise qui en découle doivent être recherchés dans l’idée de Souveraineté. Le dogme d’après lequel seuls les régimes jouissants de cette autorité suprême auraient le caractère d’état est actuellement sérieusement ébranlé. Comment peut-on soutenir que la Pologne ou l’Afghanistan sont des états « souverains » alors que leurs gouvernements ne font qu’obéir aux ordres du « grand frère » qui les protège.

2. Des conséquences capitales pour la Vallée d’Aoste
Seules les grandes puissances, par conséquent, peuvent être considérées comme étant souveraines. Les états contemporains, tels que l’Italie, n’étant plus authentiquement « souverains », sont à notre avis dépourvus de la légitimité de nier aux communautés nationales qui vivent dans leur sein de se donner une organisation autonome si elles en manifestent la volonté, en vertu de leur caractère national, à l’intérieur ou, le cas échéant, à l’extérieur du système juridique étatique.

II – LES BASES DU PROJET VALDOTAIN

1. Les principes fondamentaux.

Deux principes fondamentaux sont à la base de notre philosophie politique : l’indépendance et la coopération.
Parler d’indépendance signifie revendiquer la possibilité de gérer librement nos ressources matérielles et spirituelles. La seule limite que nous reconnaissons comme juste et indispensable à cette libre disposition est représentée par la coopération avec tous les peuples qui, comme le nôtre, avancent sincèrement sur la voie d’un progrès paisible et équilibré. Une coopération généreuse, qui n’oublie pas les régions les plus défavorisées, mais qui n’est pas non plus vouée à niveler aveuglement les profondes différences entre les régions, fruit précieux de l’histoire et patrimoine de l’humanité entière.

2. Les limites du statut actuel
Le régime de soi-disant autonomie qui nous a été accordé en 1948, n’est pas un instrument suffisant pour nous permettre de réaliser des projets aussi ambitieux que ceux que nous avons exposés. Les nombreuses limitations qu’on a imposé à notre compétence législative et administrative, l’état de dépendance et d’incertitude financière dans lequel nous nous trouvons malgré la répartition financière de 1980, l’impossibilité d’établir des relations permanentes à l’échelle internationale : voilà autant d’éléments qui nous empêchent de réaliser une politique économique et culturelle autonome par rapport au vouloir des autorités romaines.

III – LE PROJET VALDOTAIN

1. Un élément accessoire : la garantie internationale
Quel est le régime qui conviendrait aux Valdôtains pour seconder leur aspiration à l’autogouvernement ? Parfois nous sommes tentés d’imaginer pour le Val d’Aoste une formule semblable à celle que l’accord De Gasperi-Gruber détermina pour le Tyrol du Sud, soit une garantie internationale. Mais une telle solution ne peut pas être considérée dans notre cas comme la meilleure.
En effet une tutelle international (permettant à un pays étranger ou à un organisme international de veiller sur le respect du droit au maintien de l’originalité culturelle de la communauté garantie) s’avère efficace seulement pour éviter que l’administration de l’état auquel on impose cette limitation mette en œuvre des instruments discriminatoires à l’égard de la minorité. On ne peut guère empêcher, par contre, que d’autres éléments, tels que p.e., l’immigration volontaire, ou l’investissement de capitaux venant de l’extérieur, puissent altérer l’équilibre démographique, ou les rapports de nature économique sur lesquels la survie du groupe ethnique minoritaire se fonde. Une garantie internationale pourrait cependant constituer un élément accessoire très important si elle s’ajoutait à un statut politique d’autonomie intégrale.

2. Un régime souhaité : l’autonomie intégrale
Cette autonomie intégrale se fonde sur le droit à la libre disposition des peuples, soit le droit d’exercer sans conditionnement extérieur son pouvoir constituant, en choisissant sa forme de gouvernement et en se détachant, le cas échéant, de l’état dans lequel il est englobé contre sa volonté.
L’exercice de ce pouvoir constituant de la part du peuple valdôtain devrait à notre sens provoquer la création d’une région-état qui pourrait renégocier avec l’état italien ses rapports de collaboration sur un pied d’égalité juridique et non plus dans un cadre de dépendance formelle et substantielle comme cela a été le cas jusqu’à maintenant.
Le point de départ devrait être un acte de libre disposition de la part du peuple valdôtain : un référendum institutionnel portant sur la volonté ou moins de la population valdôtaine d’affirmer sa non-dépendance par rapport à l’état italien et d’établir un rapport de nature différente avec ce dernier. La Vallée d’Aoste se constituerait ainsi en région-état et assurerait par un pacte fédéral sa propre collocation sur le plan juridique international.
C’est en effet dans un esprit fédéraliste que nous envisageons l’attribution à cette région-état dont nous prônons la création des pouvoirs touchant à tous les domaines fondamentaux pour la vie de notre peuple. Par contre, nous sommes persuadés qu’elle devrait renoncer volontairement à la réglementation de toutes ces activités, telles que les relations diplomatiques, les questions monétaires et la défense militaire, qui doivent être concertées à un niveau supérieur.
La Vallée d’Aoste deviendrait donc une entité politique douée d’une souveraineté volontairement limitée, mais dont l’autonomie très vaste permettrait d’assurer un épanouissement économique et culturel formidable.

3. Thèses pour la libération des minorités en Europe.

Et pour revenir au sujet de la coopération, la « libération » du Val d’Aoste s’accompagne au problème plus général des minorités/nationalités en Europe. Il y a en a qui sont « minorités » par la force des choses, des minorités dispersées ou bien enclavées à l’intérieur d’autres ethnies.
Mais toute autre situation est celle des nationalités/minorités par la faute des hommes, de ces groupes compacts, souvent aux frontières des Etats, devenus minorités à la suite d’erreurs, souvent volontaires, commises par les Etats et par de mauvais traités. Prenons le cas du Val d’Aoste, du Tyrol du Sud, du Kosovo, du Pays Basque, de la Catalogne, ces nations ne seraient pas des minorités si les frontières avaient été dessinées moins artificiellement.
Ou pour ces situations le droit international non seulement ne s’oppose pas à la revendication d’autodétermination, mais par contre il la fonde et la justifie. Les deux Pactes des droits de l’homme reconnaissent à « tout peuple a le droit de disposer librement de lui-même ». Afin que la revendication générale que le droit des peuples se diffuse, des alliances sont de plus en plus nécessaires. Nous avons déjà dit quel type de rapport existe en Italie entre les « minorités » : il nous reste de dire de la stratégie de coopération entre les mouvements de l’Europe entière. L’Alliance Libre Européenne est l’exemple le plus clair de quelle action nous pouvons mener en Europe. Elle groupe une vingtaine de mouvements autonomistes, indépendantistes, nationalitaires, qui collaborent dans un esprit fédéraliste.
Un point reste encore à examiner. Faut-il, en revendiquant l’autodétermination, indiquer le but ? Faut-il préciser, par exemple, que le Val d’Aoste désire se réunir avec la Savoie ou le Tyrol du Sud avec l’Autriche ? Cela n’est pas nécessaire et relève de l’opportunité. La revendication d’autodétermination se justifie en elle même en termes d’égalité enter les peuples. Mais si un accord pouvait s’établir sur ce point entre les différentes « minorités » par la faute des hommes, celles-ci pourraient revendiquer, par exemple le statut de Régions Européennes, directement rattachée à la Communauté Européenne, seul cas dans lequel le terme Région perd sa signification d’autonomie amoindrie. Cette plateforme commune, et son européisme devraient favoriser l’acceptation par l’opinion publique de l’idée d’autodétermination et de mobilité des frontières. L’avenir ne limiterait pas pour autant d’autres solutions. Car l’autodétermination est un droit permanent ; et rien n’empêcherait aux nationalités qui auraient opté pour le statut de « région européenne » de réclamer ultérieurement un autre type de destin.

III – DU 1979 AU 1984

Du Congrès de l’enthousiasme au Congrès de la méditation
Il y a cinq ans nous avons célébré le Congrès de l’enthousiasme : 1979 a été l’année dans laquelle le succès d’une liste fédéraliste et autonomiste promue par l’UV avec Bruno Salvadori à la tête, a raté pour très peu le succès ; mais c’est l’année dans laquelle Dujany et Fosson ont été élus à Rome ; c’est l’année dans laquelle on a recueilli les fruits de la réunification.
C’est l’année du 1er Congrès National, quand avec la réunification on a récupéré l’identité nationale de notre mouvement. Tout cela après être sortis victorieux de la bataille électorale de 1978 qui, primant l’action de l’UV, a fait de notre Mouvement la force politique de majorité relative.
Il est bien, à ce point, de voir qu’est ce qu’on a fait de ces 5 années qui se sont écoulées. Nous tirons ces quelques lignes historiques de la brochure que l’UV a édité pour ce Congrès et qui porte la signature de Claude Magnabosco.
En 1980 l’unité a encore primé l’UV qui obtint un grand succès lors des élections régionales.
Un accident de route prive la Vallée d’Aoste de l’activité précieuse de Bruno Salvadori.
La Jeunesse Valdôtaine publie un affiche et remet dans les mains du Président de la République Pertini une lettre dans laquelle on demande la reconnaissance des diplômes décernés aux Valdôtains dans des Pays francophones.
L’UV pose le problème de la diminution du trafic des TIR ; la solution est-elle l’autoroute ? Le grand débat est ouvert.
Les populations du Parc manifestent à Aoste contre la condamnation infligée à des administrateurs pour avoir bâti sans l’autorisation du Par cet contre l’absolution, lors du même procès, de « touristes » accusés pour la même raison.
En 1981 la Junte Andrione définit avec l’Etat la nouvelle répartition financière : 9/10ème des impôts et des tributs payés en VDA redeviennent en Vallée d’Aoste.
Sur « Le Peuple Valdôtain s’ouvre le débat concernant la révision du Statut d’Autonomie et les élections européennes. Un « article spécial » est dédié aux problèmes de plus en plus graves de la Cogne.
En 1982 les partis nationalitaires de l’Etat italien (UV, MAO, MF, US, PS.d’Az.) constituent à Aoste le Bureau des Communautés Ethniques et Nationales. L’UV adhère à l’A.L.E. (Alliance Libre Européenne) organisme de coopération des mouvements nationalitaires en Europe. Le « Peuple Valdôtain » débat encore la question de la Zone franche. De grandes polémiques se déchaînent sur la question de l’assainissement du bétail ; polémiques que notre assesseur à la Santé Rollandin réussit à maîtriser.
La Vallée d’Aoste se place à l’avant-garde dans la recherche des sources d’énergie : la commission spéciale guidée par R. Faval démontre que dans les années à venir notre région pourra se suffire à elle-même dans le secteur de la production d’énergie.
La Région reconnaît officiellement la communauté Walser par la constitution d’une communauté de montagne spécifique. Une commission de l’UV élabore un projet minimal de révision du Statut d’Autonomie.
En 1983 encore un grand succès aux élections régionales et politiques : l’UV se reconfirme parti de majorité relative en atteignant 27,3% des suffrages et 9 conseillers régionaux, un dixième conseiller nous ayant échappé pour moins de 200 voix. Dujany et Fosson sont élus au Parlement Italien. Les DP, dont la baisse paraît irréversible, et l’UVP se réunissent en fédération. La petite « Lista per la zona franca » joue le rôle qui fut de la Ligue et de l’UDV.
A la fin de l’année éclate l’affaire du Casino : lors d’une enquête sur le recyclage d’argent sale dans les Casinos. La magistrature ne peut vérifier que quelques irrégularités administratives probables. Mais le bruit est très grand et les conséquences imprévisibles. On criminalise sur la presse, même l’autonomie. Le Président Andrione prend la fuite.
Auguste Rollandin prend provisoirement sa place à la tête du Gouvernement.
Pour la Vallée d’Aoste, qui venait de manifester publiquement avec un cortège populaire, le 22 octobre, son opposition au retranchement de 2/10èmes de la répartition financière, la situation devient difficile.
L’article 40 du Statut d’Autonomie trouve sa première application grâce au travail acharné de Mme Maria Ida Viglino, Assesseur à l’Instruction Publique. L’UV propose aussi la création des Lycées Techniques, projet qui fut immédiatement contrecarré par l’opposition de « partitocratie » italienne.
Et nous sommes, désormais, au 1984.
Avec beaucoup de difficultés l’UV et la Junte que M. Rollandin forme au début de l’année restent debout. Au mois de juillet la Junte se renouvelle : quelques changements se rendent nécessaires pour la rendre moins vulnérable aux attaques politiques et aux enquêtes de la magistrature. La Vallée célèbre par un Congrès international le 40ème anniversaire du sacrifice d’Emile Chanoux. Dans ce climat l’UV affronte l’électorat : elle se présente avec le Parti Sarde d’Action, à la tête d’une liste pour le Parlement Européen qui représente toutes les nationalités de l’Etat. Les délégués des nationalités de l’Europe entière manifestent à Aoste leur solidarité à l’UV et signent le « document Chanoux », remis après à l’ONU pour que les droits des peuples soient reconnus dans le contexte des droits de l’homme.
La liste obtient 195.000 voix dans toute l’Italie ; en Vallée d’Aoste UV et DP perdent plus de 10.000. La liste obtient un élu, le sarde Columbu, qui par effet de l’accord de roulement établi au préalable, laissera sa place en 1987 à Alexis Bétemps.
Andrione est encore en fuite et aucun éclaircissement s’est produit sur l’affaire du Casino quand l’UV recueille 23.000 signatures pour protester contre le fait que non seulement l’application de la zone franche n’a pas encore été réalisé, mais le Gouvernement n’a pas même mis à jour, comme une loi régionale le demande, la quantité et la qualité des denrées contingentées.
C’est la veille du deuxième Congrès National.
On peut juger ces 5 années qui sont passées en mille façons. La conclusion de la Présidence Andrione qui avait débuté il y a 10 ans et la situation d’incertitude dans laquelle nous nous trouvons encore pourraient nous faire tirer des conclusions négatives.
Mais un tel jugement ne serait pas correct. Les réalisations positives depuis 1979 ont été plusieurs. Seule la conquête de la répartition financière pourrait démontrer l’incisivité de l’action politique menée par l’UV.
Bien sûr, les évènements qui se sont produits nous obligent de faire de ce Congrès le Congrès de la méditation et de la réflexion. Ce qui demande une lucidité politique exceptionnelle. Les évènements, en effet, nous ont profondément troublés en tant qu’hommes unionistes avant que comme administrateurs ou militants. Mais l’aspect humain dans une telle situation ne peut pas prendre la relève sur l’aspect politique.

IV – L’AUTONOMIE APRES L’AFFAIRE CASINO

1. Quel jugement sur l’affaire ?
C’est bien difficile de trouver la lucidité politique nécessaire pour répondre à des questions auxquelles il faut, pourtant, répondre. Quelle est l’attitude la plus correcte du point de vue humain et du point de vue politique que l’UV doit assumer par rapport à l’affaire Casino en se penchant sur la destinée du principal protagoniste de l’affaire même, M. le Président Mario Andrione ?
Déjà aux élections européennes du mois de juin nous avons payé le prix électoralement : très cher de notre désorientation et de notre incertitude.
Désorientation et incertitude que nous avons démontré juste au moment où les Valdôtains étaient bombardés par des nouvelles, des voix, des soupçons très graves concernant le Président Andrione, l’UV, l’autonomie.
C’est légitime, donc, avant de nous poser tout autre interrogatif sur l’attitude globale que nous devons prendre par rapport à l’affaire Casino, nous demander si par rapport aux évènements, à niveau émotionnel et politique nous nous sommes démontrés à la hauteur de nos responsabilités, en tant que dirigeants du mouvement et en tant qu’unionistes.

2. 10 années de stabilité politique.
Si au moment plus difficile nous avons risqué la débandade, aujourd’hui nous sommes à même d’en tirer les conclusions.
Il s’agit de conclusions de caractère historique puisque l’affaire Casino risque d’effacer 10 années d’administration constructive et stable, 10 années dans lesquelles nous avons connu et apprécié les capacités du Président Andrione.
Il s’agit de conclusions de caractère historique, j’insiste, puisque l’histoire contemporaine de l’UV nous fait croire que les scandales et les polémiques en VDA ne sont jamais nés pour « moraliser » la vie sociale et économique. Scandales et polémiques ont toujours eu une matrice et un rôle politiques. Le premier scandale Casino, le fil de fer, l’Alpila, au-delà de leurs caractères contingents ont déterminé des changements dans les équilibres politiques et administratifs. Ils sont servis le plus des fois, même quand l’UV, n’y entrait en aucune faces pour affaiblir l’UV, pour arrêter la croissance de l’UV.
Certains choix économiques (l’industrialisation), partitiques (les divisions au sein du mouvement autonomiste), sociales (les campagnes d’opinion contre l’autonomie) font partie d’un plan visant à dénationaliser le Val d’Aoste.
Nous sommes au point où, une année après, on ne sait pas quelles responsabilités on attribue effectivement à M. Andrione.
Nous parlons donc des responsabilités que nous connaissons : il est responsable de dix années d’administration stable dans un pays qui ne connaît que dix jours de stabilité ; il est responsable de la décision par laquelle il solidarisa avec les populations du Parc en démontrant, par ce geste, la contradiction existante dans le rôle institutionnel de la Présidence de la Junte, à laquelle sont attribuées les compétences du préfet ; il est responsable d’avoir supporté par sa personnalité le poids d’une situation que voyait même les forces alliées de l’UV ne compter, pour dépasser leurs propres limites et faiblesses, que sur les capacités d’Andrione. C’est ce qui l’a perdu.

3. Faut-il changer d’alliances ?
Plusieurs unionistes se sont demandés en lisant des toutes récentes polémiques au sujet de l’exclusion de la DC de la Junte sarde s’il n’était par le cas de faire le même choix en Vallée d’Aoste pour démontrer, après l’affaire Casino, qu’un changement se produit. Le PCI n’a pas manqué, dernièrement, d’adresser de spécifiques requêtes dans ce sens à l’UV. Et juste au moment où le PCI a produit son effort le plus haut vers un rapprochement avec l’UV, l’éclatement de l’affaire Casino n’a pas rendu possible la réponse adéquate qu’on aurait pu donner dans ce sens en rendant impossible n’importe quelle réponse.
Si on se laisse fasciner par la fanta-politique on pourrait dire que l’affaire Casino correspond, comme signification politique à ce que l’assassinat de Moro a représenté pour la DC.
Aujourd’hui qui a l’intérêt d’affaiblir l’UV, ne peut pas s’attendre que l’UV se suicide par d’aventures politiques et des brusques changements. Certes l’histoire du VDA n’exclut pas les changements, qui dans le passé ont été fréquents ; mais l’UV ne peut pas subir des changements comme, par exemple, elle subit la transposition du centre gauche italien en VDA. Si des changements sont nécessaires ce sera puisque et quand l’UV les aura déterminés.C’est clair, et si il ne l’est pas il faudra que le devienne bientôt, que l’UV n’est pas la seule à payer les conséquences de l’affaire Casino ; elle paye plus que les autres mais tous payeront la désaffection des Valdôtains pour la politique.
On n’a pas l’intention de mettre en discussion l’autonomie de la magistrature, mais nous affirmons qu’elle a opéré dans un climat social et politique particulièrement hostile à l’autonomisme et à l’autonomisme valdôtain en particulier.
L’UV sort de cette période de tempête avec un rapport nouveau avec la gauche et avec la DC et les autres partis aussi.
L’UV n’apprécie pas aujourd’hui la DC, demain le PCI et après-demain encore la DC. Comme elle doit choisir des alliés pour gouverner elle les choisit d’après l’adhésion à un programme administratif.
En ce moment la VDA a besoin de stabilité politique puisque des changements profonds se sont produits au sein de la société et de l’économie valdôtaine.
Et c’est la stabilité, ne l’oublions pas, qui nous a permis, jusqu’à présent, de limiter les effets en VDA d’une crise mondiale.
Mais si l’UV a changé son rapport avec les autres forces politiques à travers une confrontation plus serrée et plus immédiate même au sein du Conseil régional, c’est l’attitude des autres forces qui doit encore changer par rapport à l’UV.

4. Une assomption de responsabilité.
L’UV s’assume pleinement, totalement, toutes les responsabilités qui lui viennent en tant que mouvement de majorité relative. A ce propos les autres forces doivent savoir que l’UV ne veut pas seulement administrer mais gouverner.
C’est un changement qui se rend nécessaire puisque certains problèmes (l’exigence de construire l’autoroute, le Parc, le chômage) se sont produits en Vallée d’Aoste pour des exigences et des logiques de développement qui n’appartiennent pas au VDA.
Et pourtant ils sont devenus des problèmes valdôtains. Tout cela représente une contradiction de l’autonomie : nous avons de gros problèmes qui naissent pour la dépendance et la non réelle autonomie et on nous demande de résoudre ces problèmes avec l’argent de l’autonomie. Nous refusons ce rôle. Nous réclamons le plein droit de nous gouverner. La Vallée d’Aoste ne devrait pas se substituer à l’état mais elle doit le faire là où l’état n’intervient pas et là où elle peut le faire. Elle démontre ainsi que derrière la revendication idéologique de l’indépendance politique il y a une sommatoire de capacités d’indépendance dans plusieurs secteurs. Les thèses de ce Congrès indiquent où nous voulons aller.
Ni le procès, ni la criminalisation peuvent battre la force de la vérité.
Et la vérité c’est que l’UV propose une VDA pleinement autonome et décidée à ne pas abdiquer aucunement à l’autonomie de laquelle elle est capable.

V – L’ETAT DU MOUVEMENT

1. Jugement sur les dernières élections communales, régionales, européennes.
Depuis 1979, depuis notre premier Congrès National, d’importantes échéances électorales nous ont vu engagés et mis à la preuve.
En 1980, après les élections communales, l’UV est présente comme force de majorité dans 50 communes et elle est à l’opposition dans 18. Elle n’est pas représentée (au moins officiellement) à Bard, Chamois, Fénis, Gressoney-La-Trinité, St-Denis et Valsavarenche, même si rien n’exclut que parmi les indépendants élus dans ces communes il n’y ait pas de sympathisants de notre Mouvement. Nous remarquons un brillant succès de nos candidats. L’aire unioniste est en effet forte de 381 élus contre les 99 de la DC, les 95 du PCI, les 69 des DP. Dans les administrations communales 33,42% des 1140 conseillers sont des unionistes. Le succès obtenu dans les communes valdôtaines a été rejoint aussi à Aoste. Dans le chef-lieu l’UV a en effet obtenu 14,3% des voix et elle est passée de 4 à 6 conseillers. En 15 ans, malgré la toujours plus marquée dévaldostanisation de la ville d’Aoste, notre mouvement a redoublé sa force en pourcentage et en conseillers élus.
Les 26 et 27 juin 1983 l’UV a recueilli les fruits du travail accompli dans les cinq années de la législature soit par le Mouvement soit par nos représentants au Gouvernement régional et au Parlement. Fosson a été confirmé sénateur avec 42,7% des voix, Dujany a été réélu député avec 38,9% des suffrages.
Les listes de notre Mouvement pour les élections communales d’Arnad et de La Salle ont obtenu la majorité absolue et 12 conseillers chacune. Aux élections régionales, malgré que toutes les forces politiques aient conduit une campagne électorale contre notre mouvement, nous avons obtenu plus de deux mille voix nouvelles. L’UV est passée de 18.318 voix de ’78 à 20.493 voix, qui représentent 27,3% de l’électorat. Malheureusement, malgré les 2175 voix en plus, malgré l’augmentation du 2,6% l’UV reste à 9 conseillers. Cela est dû aux effets d’un système électoral imposé par l’état italien qui prime les petites forces. C’est un système injuste qui doit être modifié. Pour 187 voix nous n’avons pas obtenu le dixième conseiller. Cette mutilation de notre victoire doit cependant nous pousser à augmenter encore nos efforts.
Le 17 juin 1984 se tiennent les deuxièmes élections du Parlement Européen. L’UV redevient comme en 1979 protagoniste dans toute l’Italie : avec le Parti Sarde d’Action, le M.A.O., le M.F., l’Union Slovène elle promue la liste « Federalismo – Europa dei Popoli » qui dépasse les 190.000 voix et obtient l’élection d’un Europarlementaire, M. Michele Columbu du PS d’A. est élu : il démissionnera au moment donné pour laisser la place à l’unioniste Alexis Bétemps. Le succès général de la liste a été malheureusement gâté par le résultat obtenu en Vallée d’Aoste où la coalition UV-ADP a essuyé un échec. En VDA par rapport aux résultats du 1983, on perd 12.000 voix. J’affirmais alors : « Les causes sont nombreuses : l’effet de la mort de Berlinguer, la crainte du « sorpasso » du PCI sur la DC, la confusion créée par un symbole non connu, l’attitude des partis italiens face au problème de l’Europe, la méfiance des Valdôtains à l’égard de certains de nos alliés, la crainte de ne pas avoir un élu, la propagande massive des mass-media pour les partis italiens. Tout y a contribué.
A cela il faut surtout ajouter l’effet de l’ « affaire » Casino et de la crise économique valdôtaine qui ont joué lourdement contre nous. En lui reconnaissant la leadership du gouvernement régional, l’électeur a déchargé sur l’UV les tensions sociales et les problèmes économiques. Nous avons payé pour tous les autres.
Mais nous devons aussi savoir nous interroger et regarder à notre propre intérieur. Ces dernières années ont peut-être vu une diminution de cette tension idéale qui avait caractérisé notre Mouvement il y a deux ans et qui l’avait porté à la reprise et au succès.
Nous devons retrouver et reprendre l’esprit des années où l’UV vivait grâce au volontariat et les gens se cotisaient pour faire face aux nécessités économiques du Mouvement.
Nous devons nos effacer et oublier les petites ambitions personnelles pour nous remettre, corps et âme, au service de la Cause Valdôtaine.
Nous devons combattre tout esprit de clientèle et de mendicité. Pour cela nous devons redevenir école de formation.
Moralité, justice, honnêteté, modestie, humilité, amour du travail, doivent être nos impératifs catégoriques, su jamais nous les avions oubliés.
Pour la Vallée d’Aoste et pour l’Union Valdôtaine ».
Je crois que les réflexions d’alors sont encore valables si nous voulons surmonter les difficultés du moment.
En ’84, en effet, nous connaissons une baisse des adhésions aussi, phénomène qui n’est pas grave dans sa consistance (- 300 adhérents à l’UV par rapport au ’83) mais dans le fait que cela paraît représenter une baisse dans notre capacité de mobilisation sociale.
Les données sont quand même en contreposition avec les faits. En 1982 nous avons su animer une grande manifestation populaire pour protester contre le projet du Gouvernement italien de couper deux dixièmes de la répartition financière définie en ’82. Et en ces derniers jours notre pétition sur le retard d’application de la zone franche et sur la quantité de denrées contingentées assignées entre temps aux Valdôtains en exemption fiscale, a recueilli 23.197 signatures… et d’autres signatures continuaient à arriver tout en ayant arrêté le travail.
Ces dernières années ont marqué, entre autres, un rapport plus constant et continuel avec les mouvements politiques qui en Italie et en Europe mènent notre même lutte.
Leur présence massive à ce Congrès marque que notre petit peuple a su être ce flambeau duquel parlait E. Chanoux. Elle souligne que nous ne sommes pas seuls. Le Bureau des Communautés Ethniques de l’Etat, l’Alliance Libre Européenne, le Ciemen, la Conférence des Communautés Ethniques de Langue Française sont les principaux organismes à travers lesquels nous prônons au niveau social, politique, culturel, notre volonté de bâtir une Europe des Peuples.

2. Les propositions d’organisation interne élaborées par la Commission Affaires Institutionnelles

De cette situation découle l’urgence d’adapter les structures du mouvement aux engagements qu’il doit prendre. Voilà pourquoi du travail d’une « Commission », le Comité Exécutif et le Comité Central ont approuvé un projet de modification des structures de l’UV qui prévoit le dédoublement des responsabilités à travers la nomination d’un Président, garant de la ligne idéologique et politique, et d’un Secrétaire politique qui active ces mêmes idéologies et lignes politiques. Du travail de la Commission (qui était composée par M. Anselme Lucat, M. Pierre Vietti, M. J. Pierre Ghignone, M. Pierre Grosjacques, M. Robert Louvin, M. Claude Magnabosco et moi même) est sortie aussi la proposition de trouver une formule de représentativité et d’organisation du travail des administrateurs locaux et des Sections. Le Congrès doit nous a dit que cette proposition est valable.
Il faut quand même se rendre compte que l’UV a besoin d’élargir et de répartir les responsabilités : ce n’est pas uniquement l’exigence d’une démocratisation interne, qui n’a d’ailleurs jamais manqué, mais le besoin d’incider le mieux possible sur la réalité valdôtaine qui, dans tous les domaines est en train de subir des profondes modifications.
Nous ne pouvons pas permettre que seules des difficultés organisationnelles nous empêchent de répondre aux exigences nouvelles de la société valdôtaine.
L’appel est donc à une plus grande mobilisation interne. Le mouvement a besoin de chacun de ses militants. Et il en a besoin non seulement pendant ces quatre jours du Congrès mais pendant les années à venir.
Nous demandons un engagement qui ne correspond pas au simple renouvellement de l’adhésion (et pourtant il faut faire même cela), nous demandons un engagement pour toute notre histoire future comme nous l’avons demandé pour l’histoire passée.
Un petit bouquin vous rappelle quelles ont été les étapes de notre histoire.
Faites de façon d’être les auteurs de l’histoire future.

VI – LA VAGUE DU CENTRALISME.

1. Contre le Statut Spécial.
Bien qu’on puisse avec décision revendiquer notre pleine autonomie, et bien qu’on indique qu’elle ne peut se réaliser que dans le contexte d’une Europe fédérale et par l’apport et la solidarité de toutes les nationalités minoritaires, nous devons avouer que les problèmes des nationalités prennent leur actualité par des raisons tout à fait particulières. Une vague de centralisme est en train de s’imposer dans toutes les démocraties européennes et l’actualité des « minorités » naît des accusations, de plus en plus fréquentes, de terrorisme ou de séparatisme qui leurs sont adressées.
On doit être, donc, extrêmement attentifs aux positions telles que celle du Président du Conseil Craxi, toujours prêt à déclarer l’unité de l’état, la symbiose entre état et nation, l’existence, dans le meilleur des cas, de problèmes culturels marginaux pour les Valdôtains, les slovènes, les sud-tyroliens.
N’était pas donc isolée la position exprimée il y a deux ans par l’ancien ministre aux Affaires régionaux Aniasi (PSI) qui souhaitait une diminution des autonomies spéciales puisque sont venues à manquer plusieurs des motivations qui en aveint inspiré l’institution.
N’est pas isolée la position de la Conférence des Présidents des Régions, aussi, qui discute cette même théorie en proposant l’abolition des spécialités.
Encore moins isolé paraît le projet du Gouvernement central de mutiler la déjà tardive et incomplète application de l’art. 6 de la Constitution, la tutelle des « minorités linguistiques ». L’ébauche de la loi élaborée et discutée au sein de la Commission « Affari Costituzionali » parle de « minorités linguistiques » en en dressant une liste, même si plusieurs difficultés s’interposent à la concrétisation. Or le Gouvernement central veut appliquer le seul article de la Constitution dédié aux « minorités linguistiques » pour définir les mêmes porteuses d’une réalité dialectale ou idiomatique.
Ce qui, évidemment amoindrit la signification politique de l’application de la Constitution et élargit la liste des minorités arrivant à comprendre les véritables dialectes (piémontais, vénitien, etc.).
A cette politique de limitation de l’autonomisme correspond une stratégie axée sur l’affirmation que les « minorités » peuvent jouir de leurs droits dans les limites bien précises de la « loi cadre » de l’état, qui, quoique mutilée, sera approuvée et portera le nom de son premier promoteur, Fortuna (PSI) ; la « charte des minorités ethniques » que le Parlement Européen a approuvée sous sollicitation de l’europarlementaire Arfé (PSI) ; la « charte des langues minoritaires et régionales », résultat de l’action socialiste au sein du Conseil de l’Europe ; le « bureau des langues moins diffusées », bientôt financé par le P.E. avec des fonds destinés au nationalités mais dirigé en Italie par le socialiste Ardizzone.

2. Un pacte fédératif des nationalités en Italie.
Les nationalités doivent donc prendre conscience de leur faiblesse face à la vague centraliste.Au centralisme, directement ou indirectement, on peut attribuer la responsabilité des choix manqués ou des choix forcés des nationalités.
C’est donc le moment de définir la « proposition globale » que le Bureau des Communautés Ethniques et Nationales de l’Etat italien s’est donnée comme finalité institutionnelle au moment de sa constitution.
Il faut donc abandonner un rapport fait de finalités électorales pour établir un rapport plus profond qui ne soit pas l’accord répétitif sur la vocation ou respect des droits des peuples.Il faut parcourir la route d’une profonde unité. Je souhaite donc la convocation d’un véritable Congrès politique des nationalités minoritaires en vue de la définition d’un pacte fédératif ayant la valence politique de la constitution d’un mouvement fédéraliste véritable.
Chaque mouvement nationalitaire devra porter au sein du Pacte les problèmes spécifiques. Pour le Val d’Aoste, à l’attention des mouvements frères en Italie, nous dénonçons :
1.l’insensibilité du Gouvernement vis-à-vis de ses responsabilités et engagements pour l’autoroute, le Parc, le Superphoenix ;
2.le projet inique de couper 2/10 de la répartition financière définie par un accord Région-Etat ;
3.le retard dans la mise à jour des quantités et des qualités des denrées contingentées pour la VDA qui attend encore la réalisation de la zone franche ;
4.le manque de confrontation politique sur le règlement d’application du Statut ;
5.la position du Gouvernement qui considère « in via di estinzione » la communauté Walser et refuse, pourtant, de lui donner une tutelle ;
6.La non complète application du Statut d’Autonomie ;
7.Le refus de considérer la Vallée d’Aoste circonscription électorale unique pour le Parlement Européen ;
8.Le manque de reconnaissance du syndicalisme autonomiste ;
9.le manque d’une politique pour l’industrie qui est en déconfiture et le refus de passer les compétences du secteur directement à la Région ;
10.la non application du bilinguisme dans l’école, dans les bureaux, dans les médias.

3. Les groupes neo-autonomistes.
Le renforcement de l’autonomisme passe à travers l’affaiblissement de la partitocratie et du centralisme italiens. Pour ce faire il faut valoriser aussi le potentiel politique des groupes neo-autonomistes qui sont nés partout en Italie : il s’agit de groupes régionalistes, fédéralistes, décentralistes, de clocher, qui lorsque se font porte-parole d’un autonomisme sincère doivent nous trouver ouverts à la coopération. Nous sommes sûrs que la réunion de toutes nos énergies sous le drapeau unifiant du fédéralisme peut signifier quelque chose de très important dans le contexte de la réalité politique italienne. Mais si ces mêmes mouvements détournent leur identité en créant préjugé à la nature, à l’identité, au territoire et à l’action des nationalités alors nous devons prendre les distances de ces mouvements.

4. Un fédéralisme interne : les Walsers
Une autre façon encore pour combattre la vague centraliste est, sûrement, dans la possibilité d’expérimenter une sorte de fédéralisme interne. Dans les communes Walser, par exemple, l’UV pourrait et elle le propose d’ailleurs comme délibération de ce Congrès, assumer la dénomination en langue allemande tandis que la Communauté de Montagne pourrait renforcer son identité au moment où nous saurons mettre main à une restructuration des communautés de Montagnes axée sur l’individuation des caractéristiques socio-économiques, outre que culturelles, qui étant communes dans certaines zones, définissent de fait une communauté de Montagne.

VII – TERRITOIRE ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

I -THEORIE ET PROCESSUS ECONOMIQUE DE L’INDEPENDANCE

1. Les équilibres économiques en Europe.

Permettez-moi maintenant de résumer brièvement les thèses du Congrès.
La crise qui frappe le monde entier représente pour les pays occidentaux la crise d’un modèle économique, le modèle capitaliste. Voilà pourquoi les écoles capitalistes économiques essayent de trouver des solutions à la crise qui n’impliquent pas de changement ou de renversement du système capitaliste.
En ce qui concerne l’Europe, il y a deux orientations de l’économie capitaliste : la première a été celle de favoriser le développement inégal des diverses régions pour une dynamique qui ne réduise pas le niveau global du revenu à redistribuer : cette école a tenu tant que le développement a été constant mais face à la stagnation économique elle a engendré des situations insoutenables.
Un économiste américain, Holland, a écrit que « cette situation a créé dans certains cas la persuasion que leur meilleur espoir d’affronter d’une manière efficace les problèmes est constitué par l’autodétermination politique ».
La deuxième école capitaliste a au contraire idéalisé le modèle de société et d’économie qui lui est le plus approprié : standardisation et répartition du potentiel financier et des techniques et mobilité tant des entreprises que des salariés. Il en découlerait une société encore divisée en classes mais sans les « complications » régionales de l’emploi et du revenu.
C’est en partie le motif pour lequel le problème économique est aujourd’hui présenté comme un problème d’intégration européenne.
Le gap technologique avec les Etats-Unis, la dépendance par rapport au dollar, la crise énergétique sont autant d’éléments qui nécessitent une politique et une économie unitaire de l’Europe.
La solution de la crise modernise ce que Lerroux avait imaginé au début du siècle, c’est-à-dire la dénationalisation d’entières communautés par l’immigration, en la transformant aujourd’hui en intégration.
Le système capitaliste ne craint plus les conflits de classe mais plutôt les variantes qui peuvent lui être apportées de l’extérieur.
La solution du déséquilibre Nord-Sud est donc la création d’un autre type de Sud, celui des nations sans état dont le territoire, d’abord divisé par les confins d’Etat, puis économiquement et culturellement contrasté par le traitement différent réservé par les Etats d’appartenance, est aujourd’hui hypothétiquement recomposé au moment d’une intégration complète dans le super-Etat Européen.
Celle que l’on appelle « Europe des régions » est le passage du colonialisme au néo-colonialisme.
Existe-t-il une alternative à ce projet ? Elle existe dans la mesure où ces nations sans Etat savent proposer leurs droits à une auto-décision et à un auto-gouvernement : elle existe dès l’instant où celles-ci savent utiliser le « régionalisme », en élaborant leur propre stratégie économique au sein des institutions de l’état et européennes. Cette stratégie est la seule qui soit en mesure de vaincre la double signification de la résolution de la crise européenne centrée sur l’affirmation définitive du capitalisme même, des multinationales.

2. Economie et autodétermination en Vallée d’Aoste.
La Vallée d’Aoste arrive à l’an 2000 sans avoir acquis une tradition ouvrière, ni même une tradition capitaliste. Il manque dans son histoire une bourgeoisie d’entreprise et l’on trouve des patrons venus de l’extérieur et une classe ouvrière en grande partie immigrée. On peut dire que l’histoire de la Vallée d’Aoste en Italie est l’histoire d’un affrontement perpétuel avec des éléments étrangers à la réalité valdôtaine : l’Etat italien, l’industrialisation, le fascisme. Malgré cela, la VDA a acquis un certain bien-être : la VDA se présente comme l’une des régions les plus riches d’Italie : c’est un bien-être épidermique (voitures, casino, villas) que masque le chômage (surtout les jeunes et les femmes) croissant, une hausse incontrôlable des prix des produits de consommation, la crise du secteur industriel contrôlé par l’Etat (les participations d’Etat) ou par les trusts (toutes les usines travaillant pour FIAT). La baisse de l’emploi a entraîné indirectement une transformation de la Vallée en grand marché et grande artère routière. Chez les travailleurs, jusqu’à quelques années en arrière, les moments de tension sociale ont été atténués par la double activité ou par la vente de petites propriétés ; les luttes des travailleurs pour combattre la crise ont eu des objectifs incomplets ou erronés ; en renonçant à comprendre l’identité nationale de la Vallée la classe ouvrière italienne a contribué a affaiblir l’ensemble des classes et l’économie valdôtaine : le capital de vol (grands centres touristiques, usines financées par la Région et faisant aussitôt faillite, les centres commerciaux) s’est trouvé initialement à son aise dans le contexte d’une autonomie strictement bureaucratique. Ce n’est pas par hasard que la classe ouvrière a été et est encore insensible au problème de la zone franche, visée dans le Statut de ’48 et jamais réalisée, contribuant ainsi à la perte d’une grande occasion économique.
Plus personne ne met en opposition ce qui a été appelé le « sous-développement sans misère » de la Vallée et un « développement sas identité ». Pour surmonter la crise, la Vallée d’Aoste a besoin d’être elle-même, vraiment autonome, pleinement en mesure d’exploiter toutes ses possibilités économiques. Du point de vue stratégique il s’agit de faire fructifier les « indépendances » dont la Vallée est capable dans certains secteurs ; l’énergie représente une possibilité considérable : des études spéciales ont prouvé que le potentiel énergétique est tel qu’il peut faire de la Vallée la seule « région » d’Europe autosuffisante en la matière, en utilisant des sources renouvelables dont elle est déjà l’exportatrice ; les finances et l’autonomie financière représentent un élément fondamental pour l’exercice d’une stratégie économique ; par la conquête de la répartition financière équivalant aux 9/10èmes de tous les impôts perçus sur le territoire régional, la Vallée s’assure les moyens financiers pour planifier son développement ; l’autonomie est la condition préalable pour rendre les possibilités opérationnelles : l’extension de l’autonomie, une révision du Statut, l’acquisition de nouvelles compétences et la consolidation de celles qui lui ont déjà été attribuées constituent pour la Vallée autant d’objectifs auxquels tout le monde devra se sentir appelé à participer.
Une stratégie de valorisation de nos ressources (territoire, épargne) et de reconquête de notre patrimoine (eaux, zone franche, coopération) est la base d’une politique qui soit à même d’assurer le respect du territoire dans une politique de développement économique.

II – LA VALORISATION DES RESSOURCES.

1. Valorisation du territoire.
Un développement équilibré de la Communauté tient à une utilisation non destructive des ressources : voilà pourquoi le territoire est un bien qu’on ne valorisera jamais trop. La politique du territoire vise donc à harmoniser les interventions à travers l’aménagement du territoire par une sérieuse programmation et le contrôle des investissements.
L’exemple le plus clair de bonne politique du territoire est l’agrotourisme, qui pour la moyenne montagne, représente la seule possibilité de renouveler des conditions de travail rentables. L’agrotourisme est lié à la valorisation des produits typiques, au développement de l’artisanat, au développement des structures touristiques et non seulement au tourisme et à l’agriculture.
Un autre exemple de correcte politique du territoire concerne la sauvegarde des centres historiques où le tourisme, le développement commercial, la restructuration des biens culturels sont strictement liés.

2. Valorisation de l’épargne
Or si on veut valoriser les ressources qu’on a il faut trouver la façon la meilleure de ne pas limiter les investissements qui ne doivent absolument pas être le domaine réservé de l’Administration régionale. Les dépôts bancaires et postaux touchent les 1000 milliards de lires dont seul 25% est réinvesti en Vallée d’Aoste. Ce qui nous pose à la dernière place dans l’échelle des investissements par rapport aux dépôts parmi les zones de montagne et parmi les zones riches. Cela est dû, sûrement, en bonne partie au manque d’une « imprenditoria locale » et au fait que plusieurs entreprises trouvent leurs financements au dehors du Val d’Aoste (Cogne, Morgex-Carbo, Illsa-Viola) auprès des instituts externes (IMI, Mediobanca). Seule la politique de développement des caisses rurales accompagnée par les stimulations à la naissance d’entrepreneurs valdôtains peuvent nous permettre une pleine valorisation de nos ressources.

III – UNE STRATEGIE DE RECONQUETE DU PATRIMOINE.

1. La réappropriation des eaux.
Mais d’autres ressources doivent être reconquises et après valorisées. Les eaux, par exemple, que les Valdôtains avaient achetées au XVIIIème siècle et qui sont l’objet depuis lors d’un « contenzioso » perpétuel. Par les garanties statutaires de 1948 on avait cru qu’à travers la « concessione delle acque » la justice triomphait ; mais ensuite les intérêts de l’état ont conduit à la nationalisation au profit de l’ENEL. Le peuple valdôtain doit redevenir le patron de ses eaux et de tous les produits que la nature nous a donnés. Cela non seulement pour le fait que le problème énergétique est strictement lié à l’exploitation des eaux, mais puisque de la politique énergétique découlent toute une série d’interventions qu’on peut réaliser pour limiter les effets du chômage.

2. La réalisation de la zone franche.
L’examen de la situation en ce qui concerne l’application de l’article 14 du Statut Spécial, la zone franche, nous oblige d’affirmer que tous les partis qui se sont succédés au Gouvernement de la Région n’ont pas su aborder sérieusement la solution du problème. Et pourtant la « zone franche » constitue d’un côté un « patrimoine » et de l’autre un droit qui doit être respecté sans que l’on continue, pendant des années encore, à nous élargir l’aumône des marchandises en exemption fiscale.

3. Le renforcement de la coopération.
Quant à notre patrimoine il faut bien dire que la coopération est encore beaucoup en retard. L’économie valdôtaine, pourtant, dans les siècles passés a appuyé son développement sur des formes pré-coopératives d’organisation et de division du travail. Dans l’agriculture, par exemple, la coopération, liée à un remembrement parcellaire, peut représenter une richesse pour l’occupation à travers les secteurs de la production, de la commercialisation, de la conservation et de la transformation des produits.

VIII – L’ECONOMIE VALDOTAINE.

Agriculture. L’opinion que la politique des contributions à fond perdu ne sert d’aucune façon à résoudre les problèmes de l’agriculture trouve toujours de plus précises confirmations : ces contributions doivent être limitées à des occasions extraordinaires comme les calamités ou le besoin d’égaler le revenu agricole à celui d’autres secteurs. Les emprunts à taux réduits et le développement des services d’assistance technique sont au contraire des formules qui engagent davantage mais qui sont aussi plus constructives. Il s’agit de passer d’une politique d’assistance à une politique de promotion. Et, encore plus, il s’agit d’accentuer l’information agricole qui puisse modifier la mentalité agricole traditionnelle en s’adressant vers un remembrement parcellaire du territoire agricole. Terrains amples, recomposés en unités productives de travail, offrent de l’espace à la coopération souvent trop négligée en VDA.

Artisanat. Aussi l’artisanat a besoin d’une convenable commercialisation de ses produits : au niveau valdôtain et extérieur le produit valdôtain doit trouver les espaces promotionnels dont il a besoin. Pour pouvoir projeter tout cela il est nécessaire avant tout d’adopter des mesures de protection et de garantie du produit typique contre les copies qui dénaturent pour ce qui concerne matériaux, conceptions et techniques de travail, le caractère authentique de l’artisanat typique. Il faut donc redécouvrir le caractère culturel de la production artisanale typique en valorisant les thèmes d’inspiration et les caractéristiques à travers le transfèrement à l’Assessorat Régional à l’Instruction Publique et Culture des compétences spécifiques de l’artisanat typique.

Industrie. Le fait de maintenir un rapport d’équilibre des trois secteurs fondamentaux de la vie économique demande aujourd’hui de consolider la présence industrielle. Pour faire cela il est nécessaire avant tout de créer des alternatives à la monospécialisation métallurgique, de favoriser l’installation de petites et moyennes industries, de stimuler la formation d’un vrai groupe d’industriels locaux, de se mettre technologiquement à l’avant-garde, de conquérir le marché avec des productions en concurrence quant à la qualité et au prix d’autres productions analogues.
L’installation industrielle en VDA a été favorisée par la présence de matières premières et d’énergie : il est nécessaire d’offrir aux industries des prix énergétiques en compétition, en nous donnant le but d’obtenir une dérogation au monopole de l’ENEL. Mais d’autres initiatives sont nécessaires, comme valoriser les interventions de soutien à travers la FINAOSTA, obtenir des compétences statutaires spécifiques, créer des structures d’assistance pour les petites et moyennes industries, se munir d’instruments pour l’étude du marché.

Tourisme.
 Si dans toute cette série de problèmes et dans l’économie générale de la VDA le tourisme joue un rôle important, on ne peut pas surévaluer son rôle uniquement pour le fait que les autres secteurs économiques (agriculture et industrie) sont en crise. Le développement démesuré du tourisme signifie dommages incalculables au territoire, comme la croissance de grands centres ou le boom des deuxièmes habitations lorsque plusieurs personnes sont encore à la recherche de la première. Aussi l’opérateur touristique a besoin de spécialisation pour pouvoir rentrer dans le projet de liaison et d’harmonisation des différents secteurs. Il faut parvenir à l’élaboration d’un plan de développement touristique, d’un plan d’utilisation rationnelle du domaine skiable en atténuant les déséquilibres entre zones très bien équipées, zones équipées et zones négligées.

Commerce. Le développement de notre réseau commercial est aujourd’hui lié à la collocation géographique de la VDA, carrefour d’Europe, plutôt que de penser à son développement est donc nécessaire de parvenir à sa rationalisation, puisque une grande partie des communes est pratiquement privée de points de vente. Il est aussi nécessaire un plan de formation et de recyclage des commerçants pour qualifier du point de vue professionnel leurs services : ceci ne peut pas faire abstraction de la connaissance de la langue française et de la caractérisation locale que le commerce aussi doit assumer en faisant du commerçant un opérateur-promoteur des produits locaux.

Transports. La VDA est seulement un itinéraire de passage ? C’est ce qu’on pourrait se demander en évaluant la densité du trafic touristique et commercial. On doit donc prendre en main le problème et résoudre les problèmes des soi-disant « poids lourds » avant tout en réalisant la liaison routière avec le tunnel du Mont Blanc, en améliorant l’accès routier de la route du Grand-Saint-Bernard, en limitant la période de fermeture des cols, en réalisant des liaisons internes entre les vallées. Les voies de communications internes sont assez développées : c’est le résultat d’une politique qui visait à limiter l’abandon de la montagne en facilitant les communications. Même si le résultat n’a pas été celui prévu, la validité des structures réalisées reste indiscutable.

IX – LA QUALITE’ DE LA VIE.

1. La maladie du Val d’Aoste : la désidentification.

Les statistiques de l’état donnent du Val d’Aoste une image contradictoire : certaines données (séparations légales, drogue, automobiles, deuxièmes résidences) dont le numéro paraît en proportion plus consistant que dans d’autres régions, sont caractéristiques d’une société du bien-être ; d’autres données (chômage, suicides, recours à la Cassa Integrazione) expriment une situation de sous-développement. Ce qu’on appelé « sous-développement sans misère » paraît être la donnée émergente d’une Vallée secouée par plusieurs déséquilibres et, pourtant, en plein développement.
Cette situation est probablement l’effet d’une crise de rejet d’un corps jadis étranger à la culture de montagne et aujourd’hui inséré dans elle-même : la civilisation des consommations. Le système économique montagnard a été secoué, et aujourd’hui lui même et la civilisation industrielle sont en crise.
La Vallée d’Aoste s’est développée à travers des instruments qui ne lui appartenaient pas ; aujourd’hui les modèles pour sortir de la crise de ces modèles mêmes ne lui appartiennent non plus.
C’est finalement l’immigration qui a vidé la résistance valdôtaine aux modes, aux coutumes, aux modèles de vivre et de produire. C’est l’impossibilité ou bien l’incapacité de donner des réponses politiques, radicales, quand il fallait, au moment où la confrontation avec l’état a pris, même dans une conflictualité permanente, le caractère de l’intégration.
L’intégration a été possible puisque la culture montagnarde prônait une vie dure, rude, pauvre ,tandis que la nouvelle société paraissait beaucoup plus viable.
En perdant l’esprit d’une autarchie en positif, la VDA s’est adaptée à un induit économique, industriel, touristique, commercial, externe à ses propres intérêts.
Ainsi, sans se différencier des autres régions, mais avec l’aggravation d’être encore moins préparée à aborder ces problèmes, la VDA a subi la diffusion de la drogue, le phénomène de l’alcoolisme, le vieillissement de sa population, la sous-occupation de ses jeunes.
L’action qu’on peut mener pour réparer aux dégâts et pour offrir des services socio-sanitaires adéquats doit réaliser, principalement, trois buts : la liberté d’action (santé, indépendance physique), la liberté d’esprit, la liberté du besoin. Mais comme on doit s’occuper de la santé, au sens figuré on pourrait parler de la VDA affligée par une maladie : son identité souffre d’un procès de perte d’identité. L’intégration des immigrés ne s’est pas produite, ce qui a provoqué un dédoublement de personnalité du VDA. Le problème est beaucoup plus complexe et réel de ce qu’une ingénue et prétendue solution de psychothérapie politique, l’individuation d’une nouvelle ethnie, laissait comprendre.
Et pourtant ces mêmes immigrés qui ont favorisé l’italianisation du Val d’Aoste, n’ont pas subi la superposition de l’identité italienne sur leur identité de provenance : par analogie avec ce qui arrive en Italie où des mouvements comme la Liga Veneta, il Movimento Meridionale naissent, et d’autres (le Parti Sarde) s’affirment, en VDA s’est accru le phénomène de l’associationnisme des vénitiens, des sardes, des frioulans, etc. C’est-à-dire que l’immigration n’a pas été tout simplement italienne.

2. Société et particuliers.
La Vallée d’Aoste peut guérir comme collectivité à travers la récupération de ses valeurs avec les instruments qui doivent répondre aux exigences sanitaires et sociales des particuliers : la prévention, l’information, la recherche, la décentralisation des services sur le territoire, nécessaires pour tous les problèmes qui vont de la drogue, à la femme, aux jeunes, au troisième âge.
Toute une série de raisons historiques et géographiques ont coupé hors du progrès scientifique notre Région.
Il faut récupérer le terrain perdu et prévoir la possibilité de formation et de recyclage professionnels continuels. Les Lycées Techniques pourraient jouer un rôle dans le secteur para-médical, mais d’autres opérateurs sont nécessaires pour les problèmes du troisième âge ; pour les personnes âgées qui, aujourd’hui, sont dans une situation moins lourde que dans le passé par rapport au besoin économique, se pose le problème de l’accès à la culture et de l’utilisation du temps libre.
Un problème tout particulier est représenté par les jeunes de plus en plus vidéo-dépendants.
La qualité de la vie considère, donc, les particuliers et la collectivité, comme les problèmes de l’identité collective. Or, si des propositions sont possibles elles doivent être recherchées dans la protection de la femme et de l’enfant, dans la prévention de la toxicomanie, dans la lutte contre l’alcoolisme et l’abus du tabac, dans la sauvegarde de la santé mentale, dans l’aide au troisième âge.
Cela n’est pas possible qu’à travers les dispensaires polyvalents, la formation professionnelle et l’achèvement de la structure hospitalière.
Les sports, l’information (à quand la radio et la télévision francophones), les échanges avec les pays frontaliers sont autant d’occasions pour récupérer une identité en récupérant non seulement une qualité de vie convenable, mais une qualité convenable de vie valdôtaine.

X – ECOLE, CULTURE, LOISIRS.

L’UV est née pour renverser l’aliénation culturelle et économique du Val d’Aoste et, par son action, elle se propose de guider le peuple valdôtain vers sa libération. Les éléments d’une action convenablement dirigée vers les buts intermédiaires déterminés par la vie politique et l’administration sont la langue et l’histoire.
L’état ne nous a jamais refusé ni le progrès économique (sous réserve que ce soient les italophones qui le contrôlent), ni les services sociaux : dans ces domaines notre autonomie, quoique limitée, a permis des réalisations. Tout compte fait la vie végétative pour un Valdôtain moyen est plus que satisfaisante, mis à part la situation des campagnards bien sûr. Mais si les parias sont encore une fois les campagnards c’est bien parce que leur système de vie est porteur de valeurs culturelles qui nous sont propres et se révèlent dangereuses pour un état centralisateur.
En revanche ce qu’on nous a toujours contesté ouvertement c’est la langue et l’histoire. C’est donc vers la récupération de la langue et de l’histoire valdôtaines que l’effort de l’UV doit tendre en premier lieu. Et dans son discours ce que est dit pour le français vaut pour le walser aussi. Mais la difficulté de s’activer naît des difficultés institutionnelles avant tout : l’Assessorat à l’I.P. est complètement absorbé par les graves problèmes de l’école, de sorte que les différents responsables que l’ont régi n’ont jamais pu dédier un temps suffisant aux exigences spécifiques de notre culture.

Propositions pour l’action culturelle.
Par leur part les associations privées ont essayé à suppléer à ce manque. L’activité produite est servie, surtout, à amoindrir le processus d’acculturation ; à défaut l’impact de la culture italophone instaurée par l’école et amplifiée par les médias, aurait été plus néfaste encore. Il faut à présent un nouveau effort : avant tout la mise en fonction de la surintendance aux activités culturelles et puis la multiplication des échanges culturels avec les pays francophones, l’installation d’un poste de radio et puis de TV entièrement francophones, maintenir l’appui aux initiatives en faveur du patois et du walser, obtenir la reconnaissance des titres d’étude obtenus par nos élèves dans des universités francophones, l’ouverture du bureau de la langue française pour faciliter l’utilisation des formulaires, délibérations-type, etc.

L’application des articles 38/39/40 du Statut
Les interventions urgentes.

L’UV veut construire une véritable école valdôtaine d’où puissent sortir des valdôtains conscients de leur particularisme et capables d’utiliser leur langue, le français. Il est donc évident que l’objectif de l’UV ne peut être que la création d’une seule école où la langue instrumentale est le français et où à côté de toutes les notions utiles, une place de choix soit réservée à la civilisation valdôtaine. Mais la situation politique et socio-linguistique du Val d’Aoste nous oblige, pour récupérer le terrain perdu, à envisager trois étapes intermédiaires : 1) pleine application des articles 38, 39 et 40 du Statut, c’est-à-dire réalisation du bilinguisme et des Lycées Techniques ; 2) réalisation d’une école à double filière d’enseignement ; 3) la réalisation d’une école entièrement valdôtaine.

Les Lycées Techniques.
Les Lycées Techniques veulent être la réponse valdôtaine aux possibilités offertes par le Statut Spécial en matière d’instruction technique. Ils ont le but de récupérer le français en tant que langue instrumentale dans l’école, dans le travail, dans la vie et de permettre l’acquisition de hauts niveaux de préparation technique.

Les jeux et sports traditionnels. Les sports d’hiver. Les Olympiades
Les sports aussi jouent un rôle important pour la formation des jeunes et pour l’identité ; les sports traditionnels et les sports de la neige revêtent des caractéristiques trop importantes pour ne pas être tenus dans la juste considération. Pour les sports d’hiver en particulier il faut tenir compte du degré de perfection technique qui, aujourd’hui, est demandée aux athlètes. La réalisation d’un Collège de jeunes athlètes pourrait répondre à l’exigence de l’entraînement toujours plus spécifique et de l’étude. La VDA pour en finir, a mûri une belle expérience dans l’organisation de manifestations sportives de l’hiver qu’elle peut très bien se porter candidate pour l’organisation d’une édition des Olympiades. Il faut travailler dès aujourd’hui pour songer, dans un délai d’une vingtaine d’années, à rejoindre ce but.

RESOLUTIONS ET MOTIONS

RESOLUTION

Le Congrès National de l’Union Valdôtaine, réuni à Saint-Vincent, en ce 24 novembre 1984, dans le but de rétablir la francophonie en Vallée d’Aoste et d’élever la langue maternelle à langue vivante du pays

Demande

-aux administrateurs régionaux de s’engager à ce que le Gouvernement valdôtain institue et assure le fonctionnement de l’ « Office Régional de la langue française » afin de faciliter l’utilisation de la langue française écrite dans la vie administrative, les traductions, le rédaction, la recherche et la documentation, la toponymie et l’anthroponymie, qui, dès le mois de juillet 1882, attend d’entrer en fonction.
-aux administrateurs régionaux et communaux unionistes de diffuser et utiliser auprès des administrations publiques, tous les imprimés et formulaires administratifs, municipaux, et régionaux et la toponymie en langue française ;
-aux sections et Unionistes catholiques de recueillir une pétition signée afin de demander au curé de leur paroisse la célébration des offices en langues française

et invite
-tous les professionnels unionistes à employer, dans leurs cabinets et dans la rédaction de leurs dossiers, la langue française.

(Approuvé à la majorité)MOTION

Le deuxième Congrès national de l’UV, ayant examiné les dommages qui ont produit sur le territoire valdôtain ces années passées les multiples et abusives formes d’exploitation incontrôlée et ce, faute de volonté (ou incapacité) de légiférer en la matière alors que celle-ci est de compétence primaire de la Région.
Ce pouvoir en effet n’a donné lieu qu’à deux lois d’une certaine importance : la loi n° 260 (en partie déclarée inconstitutionnelle) et la loi n°14/78.
L’absence de directives précises en la matière (de compétence régionale) a permis aux communautés locales de gérer le territoire au moyen d’aménagements absolument incroyables.
Compte tenu du fait que ce type d’utilisation du territoire a surtout entrainé la multiplication des résidences secondaires (60.000 logements paraît-il) avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer.

ESTIME INDISPENSABLE

de procéder à la récupération des centres historiques et des vieux villages en respectant le milieu et en tenant compte des exigences des propriétaires ; mais aussi face à des coûts plus élevés, c’est l’administration qui doit en assumer la charge d’une façon équitable quand elle-même fixe des obligations ;engage tous les administrateurs de l’Union Valdôtaine aux différents niveaux :
1.à utiliser le pouvoir primaire en manière sévère afin d’éviter le gaspillage inutile d’une ressource fondamentale pour notre communauté ;
2.à rédiger des plans d’aménagement prévoyant un développement très limité ;
3.à adopter toutes les mesures propres à favoriser la récupération du patrimoine d’habitations existant ;
4.à agir équitablement (à raison de 70% au moins de la différence du coût) en cas d’obligations visant à la sauvegarde du milieu.

La Section de Fénis

(Approuvée à la majorité)MOTIONS FINALES(approuvée à l’unanimité)

Le CIEMEN (Centre International Escarre pour les Minorités Ethniques et Nationalités), association culturelle à vocation internationale en vue de créer une opinion publique favorable à l’alternative de construire une Europe unie sur la base de ses peuples réels, a lancé l’idée de réaliser une Conférence des Nation sans Etat propre d’Europe. Cette conférence voudrait être une initiative capable de rassembler le plus grand nombre possible d’entités qui illustrent la vitalité de chaque peuple, au niveau politique, culturel, civique, social et qui expriment la volonté collective d’affirmation et libération nationales. Il s’agit d’un projet qui tente de dépasser le cadre d’un rassemblement ponctuel et qui envisage de promouvoir une dynamique internationale, dans le sens le plus précis du mot, pour faire avancer le choix pour une Europe unie dont tous les peuples soient protagonistes et égaux en droits et devoirs.
L’Union Valdôtaine est d’accord pour donner son appui au projet de célébrer cette Conférence des Nations sans Etat propre d’Europe et s’engage à y participer dans sa préparation et réalisation, à partir de la proposition présentée par le CIEMEN.
Saint-Vincent le 25 novembre 1984
Après avoir constaté l’état actuel de nos peuples respectifs :
Nous nous proposons d’œuvrer à la réalisation de :
1)une maitrise de notre identité culturelle (langue – culture – civilisation).
2)Une souveraineté politique, condition indispensable pour toute indépendance réelle.
3)Une souveraineté économique pour maintenir une certaine « non dépendance » par rapport aux Etats européens actuels.
Les peuples souverains auraient parmi leurs devoirs fondamentaux : la collaboration entre eux, le maintien de la paix et de la fraternité dans le monde, le progrès spirituel et matériel de l’humanité et la lutte contre toute forme d’oppression.
Nous dénonçons la situation actuelle qui nous voit chaque jour écrasés par une pseudo-démocratie.
Nous travaillons pour la reconnaissance complète de notre identité nationale dans le monde.
La répression, sous quelque forme que ce soit, ne saurait être une solution aux problèmes des Nations en Europe.
Les Associations soussignées s’engagent à œuvrer pour l’autodétermination des Nations.

Les nationalités présentes
COMISSIO JUVENIL DELA CRIDA A LA SOLIDARITAT
SLOVENSKA SKUPNOST
MOUVEMENT POPOLAIRE ROMAND
SINN FEIN
JEUNESE VALDOTAINE
M.A.O.
M.C.A.
M.E.P.
L’UNION SAVOISIENNE DES ASSOCIATIONS REGIONALISTES
SAVOIE LIBRE
ALPES-LEMAN-QUEBEC
GRECI DI CALABRIA
RASSEMBLEMENT JURASSIENUNION VALDOTAINE
ACTION FOURONNAISE

MOTION PRESENTEE PAR LES BIBLIOTECAIRES MEMBRES DE L’UV

L’Union Valdôtaine
CONVAINCUE que la bibliothèque est l’unique structure permettant à tous les valdôtains, qu’ils résident à Aoste, Châtillon ou Bionaz, d’accéder de manière égale à l’information et à la culture ;
S’ENGAGE à se ressaisir de la loi régionale n. 30 de 1976, afin qu’en son sein en soient rediscutés les principes et les mécanismes et qu’ainsi elle devienne un projet propre au mouvement.

(Approuvée à l’unanimité)

VOIE FERREE AOSTE-PRE-SAINT-DIDIER

La Section d’Arvier propose comme solution au problème de la voie ferrée Aoste-Pré-Saint-Didier, l’acquisition de la ligne de la part de la Région et ensuite la transformation en service de « métro ouvert ».
La haute Vallée serait ainsi desservie par un moyen de transport public rapide et efficace, exempt des dangers de la route nationale (enneigement, embouteillage, etc.) et qui pourrait contribuer à soulever le trafic congestionné de la Ville d’Aoste.
Contrairement à l’actuelle dislocation des gares qui ne desservent que les chefs-lieux, avec le métro rapide on pourrait créer des arrêts en proximité de tous les centres habités, en rendant le service accessible à une plus grande partie de la population.
Avec la régionalisation de la ligne il serait même possible d’éliminer, ou du moins réduire, les liens urbanistiques, imposés par la F.S.
Enfin, il ne faut pas oublier que la F.S. recrute le personnel par des concours nationaux, tandis qu’avec la régionalisation on parviendrait à l’institution de places de travail pour les habitants de la Vallée.

(Approuvée à la majorité)

 
LA SECTION DE L’UV DE CHALLAND-ST-A. PRESENTE LA MOTION SUIVANTE :

Visant à engager les administrateurs unionistes afin que l’en-tête et, dans le cas où cela est possible, le texte des documents administratifs soient bilingues.
Le Mouvement s’engagera à préparer, à travers des organes compétents, des clichés standards destinés à produire les imprimés nécessaires aux communes et aux bureaux administratifs en général.

(Approuvée à la majorité)

RESOLUTIONS FINALES

RESOLUTION FINALE

Les délégués de l’ Union Valdôtaine réunis dans le deuxième Congrès Nationalles 22/23/24 et 25 novembre 1984, se réjouissant du fait que leur Congrès a été le point de référence de tous les peuples qui se battent pour leur liberté. Des délégations de peuples frères de l’Europe entière se sont retrouvés ici à Saint-Vincent, se sont penchés sur notre situation et ont travaillé en parallèle , pour la solution des problèmes communs ; ce qui nous sonne l’espoir de pouvoir réévaluer notre grand projet, le projet d’Emile Chanoux, celui d’une Europe des Peuples Fédérés.
Cependant le chemin à parcourir est encore long et difficile et des passages intermédiaire sont indispensables.
La voie au fédéralisme passe par l’autodermination et l’indépendance des futurs états fédérés.
Le IIème Congrès National de l’Union Valdôtaine engage donc le Mouvement à s’acheminer dans cette direction. Les premiers pas de notre démarche seraient donc une requête d’autonomie toujours majeure (application intégrale du statut d’autonomie, nouveaux statuts plus favorables pour les Valdôtains, proposition et réforme du système constitutionnel italien).
Sans revenir sur les lignes d’action approuvées par ce Congrès, et qui constitueront le patrimoine et l’engagement du Mouvement pour les cinq années à venir; cette motion veut rappeler concrètement certains objectifs indispensables et prioritaires.

1)Pour ce qui est du développement et la sauvegarde de l’autonomie actuelle, le Congrès demande :

  • La réappropriation réelle du domaine régional : réappropriation des eaux, ressource capitale à condition qu’elle soit bien gérée ; solution du problème du Parc du Grand Paradis, où la région doit pouvoir exercer ses compétences statutaires sans entraves d’organisme étrangers ;
  • Solution équitable du problème routier, par la construction de l’autoroute, avec participation financières de l’Etat italien et de la Communauté européenne proportionnelle à l’utilité que cette voie de communication représentera pour le commerce européen ;
  • Application intégrale de l’art. 338 de notre statut où il est question de l’embauche prioritaire des valdôtains dans les administrations ; et de l’art. 51 de la loi n°196 de 1978 qui prévoit les concours au niveau régional pour toutes les administration de l’Etat.
  • Le maintien de la répartition financière à 9/10 contre les tentatives de réductions à 7/10.
  • L’application de l’art. 14 du statut concernant la zone franche, conçue surtout comme possibilité de mieux souligner notre différence et autonomie dans le cadre de l’Etat italien.
  • La nécessité que le S.A.V.T., compte tenu de la législation et de la pratique actuelle, puisse, au même titre que les organisations syndicales confédérales italiennes, être légitimé dans l’exercice de ses fonctions et agir dans le domaine de l’assistance aux travailleurs.
  • La réforme de la loi électorale pour qu’à l’instar des régions italiennes à Statut Spécial, le V.D.A. aussi puisse choisir le système le plus adapté pour élire ses représentants au niveau politique, en assurant l’élection d’un représentant de la communauté Walser.


2 ) Pour ce qui est de l’augmentation des pouvoirs décisionnels, voire de l’autonomie, de notre Pays, le Congrès est favorable à la présentation d’un nouveau projet de Statut d’Autonomie, plus ample que celui octroyé en 1948.

3)Le Congrès appuye avec force les propositions pour la réforme constitutionnelle de l’Etat Italien en vue de sa transformation en état fédéral. Une loi s’inspirant des principes contenus dans le document « Linee di riforma del sistema costituzionale italiano » devra être préparée et proposée aux organes compétents.

2)Pour ce qui est des interventions qui concernent surtout notre Pays, toujours en rappelant globalement les lignes d’action, le Congrès souligne quelque interventions particulières de grande importance. En ce qui concerne la sauvegarde de notre ethnie, condition indispensable pour l’existence de notre peuple, dont l’U.V. est l’émanation politique, le Congrès demande un engagement poussé pour la sauvegarde de nos parlers ethniques : le français et le franco-provençal, l’Allemand et le Walser. Dans cette direction, le Congrès souhaite la transformation de l’Assessorat à l’Instruction Publique en Assessorat à l’Instruction Publique et à la Culture et que ce changement ne soit pas formel, mais substantiel ; l’étude de la Civilisations Valdôtaine, dans une école plus Valdôtaine, dans une école plus valdôtaine dans sa langue et dans ses contenus.

De plus s’avèrent nécessaires :

a)Une politique sociale avancée à l’égard de la jeunesse (premier emploi, activités sportives et culturelles, etc.) et du troisième âge, de plus en plus négligé par l’évolution de la société contemporaine. En même temps il est nécessaire de combattre le fléau de la drogue en proposant à notre jeunesse des idéaux, du travail, des activités créatives ;
b)Une politique de la maison qui ne pénalise plus les Valdôtains à l’avantage des étrangers ;
c)Une politique de l’emploi visant à augmenter les places de travail dans le respect du territoire et l’équilibre démographique du Pays lançant l’esprit d’entreprise valdôtain par la relance des investissements et la formation de cadres : en encourageant les choix industriels modernes dans les secteurs technologique avancés, ayant des débouchés de marché (informatique, électronique, biotechnologie, etc.)

De même il faut :

a)Equiper notre agriculture de structures modernes, dans le respect du paysage ; favoriser le remembrement parcellaire et protéger nos produits avec des labels ;
b)Encourager un tourisme à mesure valdôtaine en prônant le développement de l’exploitation rationnelle des richesses naturelles du Pays : la montagne, la neige et paysage pittoresque ;
c)Protéger la santé des citoyens valdôtains en créant les structures nécessaires pour l’accueil et le soin des malades ; s’engager aussi à revoir le plan socio-sanitaire ;
d)Prôner le développement de l’artisanat sous toutes ses formes en favorisant le part-time.

3)L’Union Valdôtaine s’engage à faire de la sorte que ses adhérents qui remplissent – aux différents niveaux – des fonctions d’administrateurs puissent disposer des instruments qui leur permettent d’exercer convenablement leur activité. La définition concrète de ces instruments est remise à la Conférence des Administrateurs de l’Union Valdôtaine.

4)Les sports populaires, partie intégrante de notre civilisation et de nos traditions, doivent avoir la juste place que requert l’exercice de leur activité.

5)Pour ce qui est de la politique actuelle le Congrès, conscient que ses programmes ne pourront être réalisée intégralement qu’au moment où notre Mouvement aura atteint 51% des suffrages :
a) Réaffirme l’opportunité d’alliances avec les forces politiques qui assurent le plus de garanties pour la concrétisation de nos objectifs ;
b)Engage les section à s’organiser dès maintenant pour la prochaine échéance électorale, les élections communales, pour que notre Mouvement soit le représenté, et du point de vue de la qualité et du point de vue de la quantité des hommes.

*****

LINEE DI RIFORMA DEL SISTEMA COSTITUZIONALE ITALIANOLA PROPOSTA DELL’UNION VALDOTAINE

L’esperienza dei trentasei anni trascorsi dall’entrata in vigore della Costituzione Italiana e dello Statuto Speciale per la Valle d’Aosta, pur non essendosi rivelata del tutto negativa, ha messo in risalto limiti e carenze ai quali occorre ovviare in tempi brevi. Il sistema politico italiano non ha infatti potuto assicurare la stabilità di governo necessaria per un costante progresso economico e sociale e al tempo stesso non ha consentito alle comunità contraddistinte da un accentuato particolarismo, e tra queste segnatamente alla nostra, di mantenere e sviluppare i loro caratteri peculiari, patrimonio comune di tutta la civiltà europea.E’ nostra convinzione che solo una riforma radicale dell’intera struttura costituzionale italiana possa rendere il sistema politico di questo paese moderno, efficiente e rispettoso del complesso pluralismo che caratterizza la società civile in Italia.Per questo motivo riteniamo doveroso formulare una precisa proposta per il riassetto generale dei poteri dello Stato delle Regioni in Italia; e questa proposta, contenuta del documento qui di seguito riportato, i delegati al Congrès National dell’Union Valdôtaine si impegnano a dare piena attuazione con il loro operato in tutti gli organi competenti.

LA FORMA DI GOVERNO
L’Union Valdôtaine ritiene che lo Stato Italiano, stato unitario in cui la concentrazione dei poteri è solo parzialmente attenuata dell’articolazione amministrativa e legislativa regionale, debba trasformarsi in uno Stato Federale. Fermi restando i principi fondamentali ed i diritti e doveri dei cittadini che non contrastano con questa nuova conformazione costituzionale, un riequilibrio generale dei poteri decisionali a beneficio delle strutture considerate “periferiche” è assolutamente indispensabile. Le Regioni, da mere esecutrici del progetto politico elaborato dagli organi centrali, devono diventare enti politici dotati della massima autonomia organizzativa, legislativa, amministrativa e giudiziaria. Il legame federale mediante il quale esse rimarranno unite fra loro secondo le modalità previste dalla costituzione federale non potrà che essere la conseguenza della necessaria devoluzione ad un organismo superiore di quelle funzioni a cui le Regioni non saranno in grado di attendere in prima persona. Si tratta, in particolare dei compiti relativi alla difesa militare, al conio della moneta, ad un certo numero di funzioni finanziarie nonché al mantenimento della maggior parte delle relazioni diplomatiche. Il riparto delle competenze fra le Regioni e la Federazione dovrebbe essere specificato dalla Costituzione Federale mediante enumerazione delle materie affidate alla cura degli centrali. Questa enumerazione potrebbe essere integrata, per periodi transitori, mediante delega da parte delle Regioni di ulteriori competenze in relazione a particolari congiunture (crisi economiche, eventi bellici, ecc).

GLI ORGANI FEDERALI
In relazione alle mutate competenze di cui sarebbero titolari, gli organi centrali dovrebbero essere modificati anche nella loro composizione.

IL PARLAMENTO manterrebbe una struttura bicamerale. I membri di una Camera dovrebbero essere eletti dal popolo a suffragio universale e diretto secondo un sistema proporzionale, con le necessarie correzioni al fine di tutelare la presenza delle minoranze etnico-linguistiche.A fianco della Camera dovrebbe operare il Senato delle Regioni, composto dei delegati di ciascuna Regione in pari numero nominati dai rispettivi Parlamenti Regionali.La competenza legislativa delle due Camere sarebbe, ovviamente, limitata alle materia demandate dalla Costituzione Federale agli organi federali.

IL GOVERNO FEDERALE chiamato ad esercitare funzioni amministrative e di indirizzo politico, dovrebbe essere guidato dal leader della coalizione che ha ottenuto la maggioranza dei voti alle elezioni della Camera. Al Primo Ministro così designato spetterebbe la scelta dei ministri che verrebbero a comporre il governo, dopo aver ottenuto la fiducia della Camera. I singoli ministri, il cui mandato sarebbe revocabile in seguito all’approvazione di una mozione di sfiducia da parte di almeno una delle Camere, dovrebbero essere scelti tra personalità esterne ai due rami del Parlamento.

IL TRIBUNALE FEDERALE, organo di giustizia costituzionale federale, dovrebbe essere formato da giudici nominati a vita per metà dalla Camera federale e per metà dai parlamentari regionali (mai più di un giudice per ogni Regione) seguendo un meccanismo di rotazione. Principale funzione di questo organo sarebbe quella di giudicare della conformità delle leggi federali e regionali ai principi enunciati nella Costituzione federale nonché di dirimere eventuali conflitti di attribuzione tra gli organi centrali e quelli delle Regioni. All’impugnativa delle leggi regionali di fronte al Tribunale federale non dovrebbe in nessun caso conseguire la sospensione dell’efficacia delle stesse. La declaratoria di incostituzionalità delle leggi regionali dovrebbe comportare la caducazione di queste ultime solo se esse non fossero riapprovate con una maggioranza qualificata entro brevi termini.

IL PRESIDENTE DELLA FEDERAZIONE svolgerebbe essenzialmente il ruolo di rappresentante della Federazione sul piano delle relazioni estere nonché di garante dell’unità federale e del buon funzionamento delle istituzioni nel loro insieme. Ad esso sarebbe anche affidato il compito, peraltro meramente formale, di conferire l’incarico di formare il governo al leader della maggioranza.

LA MAGISTRATURA. La struttura dell’ordine giudiziario dovrebbe rispondere alla duplice esigenza di garantire l’eguaglianza sostanziale dei cittadini di fronte alle leggi (federali e regionali) e di consentire il necessario adattamento delle norme giuridiche e dei meccanismi giudiziari alle esigenze locali, talora profondamente diverse fra loro. A questo scopo sarebbero pertanto ipotizzabili due soluzioni: o lo sdoppiamento della magistratura tra giudici federali e giudici regionali, secondo il modello statunitense, oppure il mantenimento di una struttura unitaria ma fornita di articolazioni regionali facenti capo alle singoli Corti Costituzionali regionali, incaricate di garantire il rispetto dei principi enunciati nelle Costituzioni regionali. Si renderebbe in ogni caso necessario il mantenimento di un organo incaricato di assicurare un sufficiente grado di uniformità nell’interpretazione e nell’applicazione delle leggi federali.

LE REGIONI. Non sarebbero più enti pubblici dotati di competenze limitate e subordinati allo Stato ma enti politici a vocazione generale equiordinati rispetto alla Federazione. Il loro ordinamento interno, le cui linee essenziali dovrebbero essere stabilite nelle rispettive Costituzioni regionali ratificate per mezzo di referendum, sarebbe frutto della libera scelta degli organi costituenti regionali. Gli unici limiti che incontrerebbe l’autonomie organizzativa interna delle regioni sarebbero dettati dalla necessità di coordinare le attività legislative e amministrative delle Regioni con quelle della Federazione. Pertanto ogni Regione sarebbe libera di dotarsi di un Parlamento mono è bicamerale, i Presidenti delle Regioni potrebbero essere eletti dalle assemblee legislative o direttamente dal popolo, i vari organi amministrativi potrebbero assumere forme, composizioni e competenze assai diversificate in relazione alle esigenze e alle dimensioni di ogni Regione.Nell’esercizio delle loro funzioni le Regioni avrebbero la facoltà di cooperare, anche mediante organi permanenti, al fine di nazionalizzare e rendere più economici i loro servizi. Un limite invalicabile a cui le Regioni sarebbero sottoposte rimarrebbe quello della salvaguarda e della valorizzazione degli enti locali e della loro autonomia amministrativa e finanziaria. Parallelamente dovrebbe essere incentivata la possibilità di ricorrere, a molteplici livelli, agli istituti di democrazia diretta.Alle regioni dovrebbe essere attribuita una seppur limitate capacità di agire sul piano delle relazioni internazionali, con particolare riguardo alla cooperazione transfrontaliera. Questa capacità di diritto pubblico internazionale dovrebbe essere particolarmente estesa per quanto riguarda la Valle d’Aosta, il Sud-Tirolo e la Comunità Slovena a cui occorre riconoscere piena libertà di concludere ed attuare accordi di collaborazione in campo economico e culturale con i paesi delle lori rispettive aree linguistiche.E’ infine evidente che ogni Regione dovrebbe dotarsi di propri organi di polizia, restando di competenza della Federazione unicamente l’organizzazione e l’impiego dell’esercizio. Anche la rete della protezione civile potrebbe articolarsi su basi regionali.

CONSIDERAZIONI CONCLUSIVE
La proposta di cui sono state tracciate in queste pagine le linee generali è, ovviamente soltanto riassuntiva di un progetto che dovrà prendere corpo a seguito di una ben più profonda analisi. E’ però nostra precisa convinzione che sia proprio nella direzione da noi indicata che debbono essere cercate le soluzioni più idonee ai mali che affiggono il sistema politico italiano. Questa proposta, ci preme precisarlo come conclusione finale, non deve considerarsi avulsa dal quadro più generale del processo di integrazione europea. All’interno di questo processo la trasformazione dell’Italia in stato federale costituirebbe un evento di grande rilievo nella tessitura di quella complessa tela cui abbiamo spesso dato il nome di Europa delle Regioni. In questa prospettiva il nostro progetto assume i connotati di una proposta politica seria, praticabile e di ampio respiro, contributo realistico alla paziente opera di rafforzamento e di valorizzazioni della società, della cultura, in una parola “della civiltà” del continente europeo.

Saint-Vincent, le 25 novembre 1984