Union Valdôtaine

Le mouvement en ligne

1998

5ème Congrès National – 1998

Rapport des Vice-présidents de l’Union Valdôtaine

INTRODUCTION

Nous nous retrouvons ici, à la fin d’une année tout à fait particulière pour notre Mouvement. L’année où l’Union Valdôtaine a remporté son meilleur résultat électoral depuis sa fondation. Notre liste a été primée par plus de 33.000 Valdôtains obtenant ainsi dix-sept sièges au Conseil de la Vallée. Un résultat qui a attribué à notre force un rôle de premier plan sur l’échiquier politique de notre région, en nous mettant en condition de travailler profitablement pour créer une Vallée d’Aoste caractérisée toujours plus par une qualité élevée de la vie, par des services efficaces et répondant à des logiques valdôtaines.
Les habitants de ce merveilleux pays intramontain n’ont pas besoin de «conseils» sur la façon de gérer et de vivre leur terre. Ils savent comment faire. Ils veulent le faire et ils ont choisi de le faire en donnant de la VOIX à la seule force qui s’est battue, dans le temps, afin de défendre leurs intérêts: l’Union Valdôtaine.
Le succès du 31 mai 1998 – assuré aussi par des choix précis du Mouvement, comme celui de descendre directement parmi les gens pour se confronter sur les idées et les stratégies – s’est donc traduit dans une remarquable augmentation du nombre des conseillers unionistes. La conséquence a été que notre Mouvement représente un des piliers sur lesquels a été bâti le Gouvernement valdôtain actuellement en charge. L’Union compte, outre les Présidents de l’Assemblée et de l’Exécutif, cinq des sept assesseurs appelés à gérer les différentes branches de l’Administration régionale. Parmi ces derniers nous trouvons, en raison de sa compétence et de sa disponibilité à travailler pour la Vallée d’Aoste, M. Charles Perrin. Charles avait rempli les fonctions de Président de l’Union Valdôtaine jusqu’à l’échéance électorale et nous voudrions demander un juste remerciement pour lui, vu qu’au résultat historique dont nous disions avant on est abouti surtout grâce à son travail ponctuel et admirable.
D’après nos Statuts, son nouveau rôle, duquel nous nous félicitons avec lui, l’a rendu incompatible avec la figure de responsable du Mouvement. Depuis ce jour, la gestion du Mouvement a été assurée, de façon collégiale, par les deux Vice-présidents, en étroite liaison avec le Comité fédéral.C’est pour cette raison que c’est moi – en tant que Vice-président de l’Union, et au nom également de l’autre vice-président Ivo Guerraz – à vous présenter ce rapport.
Au cours de ces dernières années, nombreuses ont été, pour nos adhérents, les occasions d’information quant à l’activité du Mouvement. Après le quatrième Congrès national, on a connu des Conférences nationales et des Congrès extraordinaires. A toutes ces occasions, le Président Charles Perrin – en raison, vraiment, de la précision et de la clarté qu’on a eu la possibilité d’apprécier en lui – a communiqué aux participants les nouvelles marquantes de la période. Voilà pourquoi ce rapport aura trait, exclusivement, aux événements de la dernière période et aux conséquences qu’ils pourront entraîner dans le futur. En considération du fait qu’aujourd’hui – suite à une précise décision du Comité fédéral – on est appelé à se pencher sur des questions ayant trait à l’organisation du Mouvement, qui demandent sans doute un débat riche en contributions et en idées, nous avons choisi de nous limiter à offrir un ensemble d’occasions de réflexion sur les principaux événements qui ont caractérisé la scène politique et la situation de l’Union Valdôtaine à partir du rendez-vous avec les urnes du mois de mai dernier, en laissant les thèmes d’envergure politique pour la deuxième phase de ce cinquième Congrès national, au programme pour le prochain printemps.

LE FONCTIONNEMENT DU MOUVEMENT

Une des dernières tâches d’envergure qui a engagé le Congrès de l’Union Valdôtaine a été la modification de nos Statuts, en février 1997. Le débat avait été passionnant et les modifications effectuées significatives. Une année et demie est découlée et passée après le «restyling» effectué sur notre charte fondamentale.
Une question est donc spontanée aujourd’hui est-ce que les principes qui ont inspiré les modifications ont été appliqués et satisfaits? La réponse doit être, nécessairement, fournie sur plusieurs niveaux, selon l’organe qu’on prend en considération.
Les sections ont donné, sans doute, un signal plus que positif. Au cours de la période électorale elles ont travaillé on ne pourrait mieux, à partir de la nomination des candidats, jusqu’à l’organisation de la campagne électorale. Quelques détails seraient encore à mettre au point pour les temps « de paix», pendant lesquels l’activité languit un peu.
Le Conseil fédéral, malheureusement, semble connaître encore des difficultés liées au fait que la réduction du nombre des membres, en raison d’un seul représentant par section, ne s’est pas encore traduite en une effective participation de la part de tous. Différentes hypothèses peuvent être avancées quant aux raisons de ce phénomène. La taille du Conseil est considérable et cela enchaîne, d’un côté, un certain ton d’officialité qui souvent «épouvante» et, de l’autre, la sensation de ne pas connaître à fond les problèmes et de ne pas pouvoir s’exprimer en connaissance de cause. Il faut tenir compte, en plus de cela, qu’à l’intérieur du Conseil fédéral cohabitent des réalités différentes, allant des simples délégués, jusqu’aux membres du gouvernement.
En ce qui concerne la Conférence des Présidents des sections, qui se distingue par son caractère plus pragmatique et par son rôle d’implication des protagonistes du territoire aux problèmes du Mouvement, le cas est de souligner que le débat en son sein est propositif et que cet organe est sans doute actif.
On arrive, donc, au Comité fédéral, l’organe qui a condensé l’ancien Comité exécutif avec le Bureau de direction. Par cette décision, il nous semble de pouvoir affirmer qu’on a trouvé un juste équilibre, en œuvrant pour la distinction du corps des élus de celui des dirigeants de l’Union, tout en assurant des moments de raccord indispensables.
Le parcours à travers les organes modifiés s’achève avec la figure du Président, qui – selon les intentions des nouveaux Statuts – représente la «summa» des multiples aspects caractérisant l’Union Valdôtaine. Il s’agit d’un point de repère important, pour un mouvement politique qui devient toujours plus important. Une figure centrale porteuse de valeurs fondamentales, qui doit être l’expression la plus large possible du peuple Unioniste, et qui a la possibilité de choisir directement ses étroits collaborateurs, en garantissant aussi le respect de ces nécessités opérationnelles qui existent dans une force politique. En guise de commentaire final de ce bref bilan quant aux modifications des Statuts et sans vouloir mettre la charrette devant les bœufs, vu que davantage de temps sera nécessaire pour effectuer une appréciation plus approfondie, on peut dire que ce processus de révision des Statuts a donné vigueur et tonicité à notre Mouvement. Des éléments dont il nécessite toujours plus pour faire face aux nombreux défis du futur.

L’ECHEC DE LA COMMISSION BICAMERALE

On ne peut pas raisonner sur la politique italienne de cette période, et de l’avenir, sans consacrer quelques mots à la faillite de la Commission bicamérale pour les réformes institutionnelles, présidée par Massimo D ‘Alema sous le Gouvernement Prodi, et qui tant avait menacé la Vallée d’Aoste par des propositions tout à fait pénalisantes à l’égard des Régions à Statut spécial. Bref, les intentions de D’Alema n’ont trouvé aucune concrétisation. Elles se sont écrasées sur le même mur rencontré, jusqu’à ce moment, par d’autres importants processus de réforme. Le mur constitué par les contradictions de la partitocratie romaine. Un «mix» dont les protagonistes ne raisonnent pas en termes de propositions équilibrées, à même d’augmenter le bien-être des citoyens, mais avec le seul but de gagner davantage d’espace sur la scène politique et dans les organes d’information de la péninsule.
La Commission bicamérale a été, donc, sacrifiée sur cet autel. D’Alema a dû se rendre à des partis querelleurs et absolument pas convaincus de la nécessité de réécrire la Constitution. La faillite du groupe de travail présidé par l’actuel chef de l’Exécutif est un phénomène sur lequel raisonner, au moins pour deux raisons. D’ un côté elle a engendré, à l’intérieur des «Democratici di sinistra», ce mécontentement qui a conduit au renversement des équilibres dans la coalition de 1’« Ulivo», culminé dans la chute du gouvernement Prodi, en faveur du plus grand parti de la gauche italienne. De l’autre, elle a mis en évidence, pour l’énième fois et si besoin en était, le vrai visage du système des partis italiens, trop loin de la société réelle pour sauvegarder effectivement les intérêts des gens que s’y reconnaissent.
Face à un scénario de ce type, la solution qui s’impose est unique: le processus de réforme doit êtreconduit en partant du bas. Ce sont les acteurs du territoire, les Communes, les Communautés de montagne, les Provinces et les Réglons qui doivent pouvoir jouer directement leurs cartes, en faveur de ce fédéralisme que la Commission D’Alema a totalement nié. Une réforme peut avoir du succès seulement si elle tient en juste considération les prérogatives des personnes auxquelles elle s’adresse.
C’est le chemin qu’on a choisi au Val d’ Aoste pour la révision du Statut spécial, avec la formation d’un groupe spécifique de llavai1. Un chemin qui, nous en sommes certains, ne manquera pas d’apporter des résultats intéressants.

RAPPORTS VALLÉE D’AOSTE-ÉTAT

Un chapitre important de notre activité politique concerne les rapports avec Rome. Notre Mouvement – en accord avec nos représentants au sein du gouvernement valdôtain, du Conseil de la Vallée, ainsi que notre député – a suivi avec attention l’évolution de la politique italienne. On a été des bons prophètes en affirmant que le fait de parler d’une deuxième République aurait été un slogan superficiel en l’absence d’une réelle réforme constitutionnelle. Nous tenons à ce sujet, à réaffirmer dès maintenant que la validité de notre projet constitutionnel pour une Italie fédérale, le premier déposé au Parlement el l’unique véritablement fédéraliste, reste toute entière.
Mais, s’il ne faut pas abandonner cet horizon fédéraliste, il est juste aussi de remarquer que dans lesrapports avec Rome il y ait été, de notre part, un rôle propulseur pour donner davantage d’espace à notre régime d’autonomie spéciale. Cela a signifié une vigilance attentive et des propositions concrètes dans la législation italienne, par le biais du travail parlementaire Cela s’est concrétisé dans un travail d’application du Statut en vigueur au moyen de l’instrument, à valoriser toujours plus, des dispositions d’application de notre charte fondamentale. Dans ces années ont été effectués des choix stratégiques (nous pensons, notamment, à l’université) et il y a de nouveaux domaines, comme celui de la radiotélévision, dans lesquels nous aurons la possibilité d’avoir des marges d’action intéressants.
La chute du gouvernement Prodi et la naissance de l’Exécutif D’ Alema ont été l’occasion d’une confrontation à notre intérieur et le choix de soutenir ces gouvernements découle d’un réalisme politique, partagé avec la «Sudtiroler Volkspartei», qui nous a permis d’obtenir des résultats positifs et la Juste reconnaissance de notre rôle sur l’échiquier politique italien Cela ne signifie pas, naturellement, une adhésion passive aux majorités de gouvernement, mais la confirmation de notre autonomie opérationnelle vis-à-vis du bipolarisme à l’italienne, dont les limites sont toujours plus évidentes. Cette considération est encore plus valable si l’on pense à la perspective européenne qui met en évidence, de façon encore plus claire, l’étroitesse de la politique italienne, face aux grands choix que l’Union Européenne devra accomplir.
Et vraiment au sujet de la politique européenne nous revendiquons tant une réelle application du principe de subsidiarité, qu’une valorisation des peuples comme le nôtre, dans le cadre d’une sauvegarde globale des minorités nationales en Europe.

LA SITUATION INTERNE

La journée d’aujourd’hui aura, en tant que moment capital, l’élection du nouveau Président de l’Union Valdôtaine. A lui reviendra, à partir de demain, la tâche de gérer l’Union Valdôtaine. NotreMouvement, grâce également à ses dimensions au sein des institutions et à la présence d’un représentant au parlement Italien, peut compter sur une structure opérationnelle que d’autres forces ne possèdent pas et qui offre plusieurs possibilités d’action Il est donc Juste de fournir, à la personne qui prendra la relève de Charles Perrin, une «photographie» de la situation actualité du Mouvement, que nous voulons la plus nette et lisible possible.
L’organisation par sections est la vraie force de l’Union Valdôtaine. Elles représentent le véritable présidium unioniste sur le territoire. On ne peut pas agir avec rationalité sans savoir ce qui se passe dans les communes valdôtaines. C’est pour cette raison que ce «réseau» doit être entretenu le plus souvent possible. Seulement en bon état de santé, en effet, il sera à même de donner les résultats satisfaisants qu’il a offerts jusqu’à aujourd’hui. A ce propos, nous signalons que la présence de l’Union Valdôtaine comprend pratiquement toutes les communes de la Vallée. Le «réseau» des sections est, donc, tout à fait performant. Parmi les différentes activités Soignées à l’intérieur des Sièges central et de Pont-Saint-Martin de l’Union Valdôtaine – où est en fonction, le cas est de le rappeler, un secrétariat à la disposition non seulement des organes du «sommet», mais également des sections et des adhérents – il convient de souligner celle afférente à l’édition. Notre Mouvement réalise, depuis 1954, un hebdomadaire au titre «Le Peuple Valdôtain». Cet organe – l’unique paraissant intégralement en langue française dans notre région – se différencie des autres médias valdôtains par la perspective différente qu’il offre à ses lecteurs.
Souvent, en effet, la vision proposée à la communauté est réductive et, dirait-on, parfois conditionnée par quelques intérêts de petite taille. «Le Peuple» s’est toujours présenté en tant que moment de réflexion, de confrontation et de débat sincère dans le Mouvement. Un espace qui doit concerner, toujours plus, les sections. Les nouvelles du territoire sont quelque chose d’intéressant. Elles doivent augmenter et c’est bien dans cette optique que nous invitons les sections à nommer, lors du renouvellement du Comité de direction, un responsable des rapports avec la presse.
De cette façon, la rédaction de notre journal pourra disposer d’une source privilégiée à laquelle faire recours en cas de nécessité. L’activité d’édition, et c’est là une suggestion pour le nouveau «sommet» de l’Union Valdôtaine, pourrait ensuite être élargie, comme il a été fart dans le passé, par la publication de deux recueils d’articles d’Emile Proment. Des brochures sur des questions spécifiques (autonomie, ethnie, identité) pourraient être réalisées, concernant des énergies intéressantes qui existent dans notre Mouvement. Pour les plus sensibles aux nouvelles technologies, on signale ensuite que l’Union Valdôtaine dispose, depuis le mois de mai dernier, d’un site internet. C’est un autre espace stratégique, qui – après un démarrage satisfaisant – pourrait trouver des évolutions intéressantes, ayant en tant que sujet, à nouveau, les sections. Il serait intéressant de l’envisager. Pour toutes les autres activités de l’Union Valdôtaine, notre opinion est celle de ne pas trop conditionner les responsables qui devront gérer le Mouvement. L’unique recette qu’on se sent de conseiller est celle de rester, le plus possible, proches des gens. Enfin, c’est seulement du contact et de la collaboration que des produits intéressants voient le jour.

UNE ANALYSE DU RESULTAT ELECTORAL

Avec le résultat historique de mai 1998 on a ouvert ce rapport. Dix-sept conseillers, plus de trente trois mille voix de liste et un résultat intéressant de la liste Walser liée à la notre sont un score que pas tout le monde peut se permettre. On a frôlé cette majorité absolue qui était le rêve des pères de l’Union Valdôtaine. Or, vu que de toute réussite découle une mission précise, le moment est bon pour s’interroger sur notre tâche. Notre mission est celle de transformer le consensus électoral – qui nous a été attribué en raison de notre cohérence, témoignée aussi par le fait que notre symbole n’a jamais changé depuis 1945 – en adhésion idéale et en participation de qualité. Voilà une tâche qui devra voir massivement engagé le nouveau Président et ses collaborateurs.
L’action d’une force politique peut être performante seulement si les personnes qui lui ont attribué le pouvoir, la soutiennent constamment, sans l’abandonner à moitié du chemin, suite au changement du vent. Aux gens nous devons expliquer que certains phénomènes négatifs connus à l’échelon Italien ne caractérisent pas l’Union Valdôtaine. Aux gens nous devons expliquer que le but de l’Union Valdôtaine n’est pas celui de recueillir toujours plus de consensus, mais d’œuvrer pour – et avec – les valdôtains, afin de leur offrir une région où être fiers de vivre et où demeurer sereins quant à l’avenir de ses enfants. Aux gens nous devons expliquer que le critère dominant, dans notre Mouvement, est la qualité, n’est pas la quantité. Voilà la mission qui découle du résultat électoral de mai 1998, aux futurs dirigeants de la concrétiser.

LE RAPPORT ELUS-MOUVEMENT

Notre présence à l’Assemblée régionale est donc considérablement augmentée, en passant de 13 à 17 conseillers. Quelques réflexions sur les rapports entre les élus et le Mouvement se révèlent donc nécessaires. Le Mouvement doit tracer les lignes politiques pour l’action des élus, élaborer des projets, soigner la formation des adhérents, promouvoir son image, veiller sur son organisation, mener les pourparlers, assurer les contacts entre les élus, les adhérents et les organes.
Les élus sont des délégués de l’Union Valdôtaine à des charges publiques, en exerçant lesquelles ils doivent faire avancer les projets unionistes. Ils doivent, en pleine autonomie promouvoir des initiatives en s’inspirant des lignes du Mouvement, en discuter avec nos organes lorsque leur caractère est éminemment politique, exercer leurs fonctions publiques en se rattachant constamment aux principes de l’Union Valdôtaine. Les élus, par leur fonction même, sont souvent portés à la négociation et à la composition, le Mouvement, par contre, doit toujours tenir bien haut le flambeau des idéaux Unionistes. En tout cas, le Mouvement et les élus sont les deux principaux pôles de la politique unioniste. Chaque pôle a sa sphère d’attribution et doit jouir d’une certaine autonomie. Leur action doit être cordonnée et respectueuse des prérogatives de chacun.

LE CADRE POLITIQUE VALDOTAIN

Un rapport prononcé face à une assemblée de l’Union Valdôtaine ne pourrait pas être digne de ce nom, sans prendre en considération le cadre politique de notre région.
En ce moment, comme on l’a de maintes fois, c’est nous les protagonistes. Mais que se passe-t-il autour de nous. La situation est toujours plus définie. La séparation entre les forces qui ont parmi leurs priorités les idéaux autonomistes et celles qui se rattachent à des partis italiens est toujours plus évidente. De cette donnée découle un élément très clair: les réponses que les valdôtains veulent entendre à leur exigences ne sont pas du type «la gauche la pense de cette façon», « la droite la pense ainsi» ou «le centre a toujours di cela». D’une autre envergure doivent être les réponses qu’il faut donner aux valdôtains.
Elles ont trait à la solution de problèmes quotidiens, qui sont réels et qui ne peuvent pas être résolus par des classements abstraits, du fait qu’ils touchent leurs conditions de vie. Voilà une conduite qui ne peut pas convenir aux forces italiennes, coincées dans ce mécanisme pervers de liaison continuelle avec la capitale, d’où arrivent les ordres et n’arrivent sûrement pas les réponses à notre communauté. Les valdôtains – et l’heure est bonne pour l’expliquer une fois pour toutes aux partis de Rome – en ont marre de politiciens qui veulent leur apprendre de quelle façon vivre dans leur région et qui ont très peu à voir avec le Val d’Aoste et ses gens. Ils veulent décider. Ils veulent être les protagonistes de leur futur. Ils veulent faire entendre toujours plus haut cette Voix qu’ailleurs on cherche, continuellement, à étouffer. Celle-ci est la volonté des valdôtains et elle à, désormais, des proportions trop élargies pour que l’on puisse faire semblant de rien.
L’Union Valdôtaine, pour sa part, a choisi une conduite d’une précision nette. Elle l’a fait dès le début. Notre Mouvement ne s’est jamais rattaché à la gauche, au centre ou à la droite. L’Union Valdôtaine, avec une définition qui rend très bien l’idée, a toujours été «au dessus» de cette façon de faire politique. L’Union Valdôtaine a toujours tenu sa capacité de choix bien axée sur notre communauté, afin de satisfaire de façon adéquate et rationnelle – ses nécessités en toute sincérité, nous demeurons satisfaits de notre conduite. Et les autres forces? Ceux qui n’ont pas choisi un chemin du genre, indiquant en tant que priorité le Val d’Aoste et l’augmentation de sa capacité d’autogouvernement, sont en train de se dissoudre, comme de la neige sous le soleil. Nous voyons les « Autonomisti » (admis qu’il soit suffisant de s’appeler comme ça pour l’être réellement) qui, partis pour recueillir – à leur dire – un consensus incroyable, ont dû savourer le goût amer d’une baisse Jusqu’à présent, en plus, ils semblent avoir déjà connu quelques défections et il n’est pas difficile d’Imaginer que d’autres suivront à l’avenir. Même les Verts, dont le soleil du symbole ne semble plus avoir envie de rire tellement, sont en tram de connaître un moment difficile, qu’ils ont choisi d’aborder avec une tactique de défense assez drôle: le tir à la cible sur les hommes de l’Union Valdôtaine. Ensuite, il y a « Forza ltalia», de laquelle on n’arrive pas encore à comprendre les raisons de son existence dans notre région. Elle, en tout cas, n’arrive pas à produire plus de quelques cars pour se rendre aux comices de Berlusconi à Rome, quelques querelles intérieures de ses conseillers régionaux et quelques millions axées sur des fautes de frappe dans des documents publics. De quoi enorgueillir incroyablement les représentants locaux de «sua eccellenza» d’être au monde. En allant en avant, en ce qui concerne la «Lega Nord» et «Rifondazione Comunista», il n’y a pas tellement de quoi dire: le résultat électoral du 31 mars les a effacées du Conseil régional. Il s’agit maintenant, de comprendre s’ils sont des patients en réanimation (donc avec quelque possibilité de survie) ou non. Ce panoramique des sujets politiques régionaux se termine par les partenaires de l’Union au Gouvernement la «Fédération autonomiste» et les «Democratici di sinistra – Gauche valdôtaine». A ces forces il faut donner acte d’avoir joué une partie assez claire. Ils ont donné leur accord à un programme précis et leur loyauté jusqu’à présent a été absolue. Il est vrai que peu de temps est passé depuis le début de la législature, mais il est d’autre part vrai que des questions de taille – qui ont nécessité un haut niveau de cohésion – ont déjà été abordées par le Conseil de la Vallée.
Avec ces forces, le dialogue doit continuer par le même style qui l’a caractérisé jusqu’à présent: avec sincérité, collaboration et en étant convaincus que le sujet et le but de l’action administrative doivent être uniques, les valdôtains et leur bien-être.

LES CONDITIONS DE GOUVERNEMENT

Quelques mots, encore, sur le gouvernement actuellement en charge sont opportuns. Tout de suite après les élections, en un mois à peine, nous avons assuré à la Vallée d’Aoste le gouvernement présidé par Dino Viérin, caractérisé par sa qualité, par une présence unioniste remarquable et par la réduction d’un assessorat par rapport au passé. Une majorité bien structurée et efficace s’est donc formée dans le signe de la continuité et de la stabilité politique, constituée – comme l’on a déjà dit – par l’Union Valdôtaine, les «Democratici di Sinistra – Gauche Valdôtaine» et par la «Fédération Autonomiste». Une alliance politique fortement progressiste, autonomiste et fédéraliste – nous croyons l’unique possible en ce moment et la plus adéquate aux exigences de la Vallée d’Aoste – qui est en train d’œuvrer efficacement. La crédibilité de l’Union Valdôtaine la confiance que les valdôtains attribuent au Mouvement doit être sauvegardée à tout prix, pour ne pas affaiblir sa présence et son projet politique, ainsi que son patrimoine idéal, dans un moment de grands changements, où les destinées de notre peuple sont mises en question.

LE RENDEZ-VOUS DE 1999: LES ELECTIONS EUROPEENNES

Au cours de ces derniers jours, un autre événement a caractérisé le domaine politique et mérite un commentaire à cette occasion. On parle, notamment, des élections pour le renouvellement du Conseil régional du Trentin-Haut Adige. Au delà des beaux mots des grands chefs des partis italiens, la donnée fondamentale de ce rendez-vous avec les urnes a été le succès de la force autonomiste par excellence. La «Sudtiroler Volkspartei», parti avec lequel l’Union Valdôtaine entretient des rapports depuis longtemps, même à l’échelon parlementaire, a vu son score monter à 56%, obtenant à nouveau la majorité absolue des consensus. Même le «Partito Autonomista Trentino Tirolese PATT», tout en ayant connu une baisse de son pourcentage, a remporté un résultat intéressant par rapport à celui d’autres forces engagées dans la compétition. Il s’agit de données qui doivent nous conforter et nous renforcer dans notre action quotidienne.
Les gens sont en train de prendre graduellement conscience du fait que la réponse à leurs exigences ne peut pas arriver, comme la manne du ciel, des partis de Rome. Chacun, dans son rôle et en se faisant porteur des compétences qui sont à sa disposition, doit contribuer à améliorer la situation de sa région. Les forces régionalistes, dans ce sens, représentent l’unique possibilité pour redonner la voix aux sujets auxquels l’Etat l’enlève trop souvent. Mais si on parle aujourd’hui des élections du Sudtyrol c’est aussi pour une autre raison. Comme vous le savez bien, les élections européennes sont au programme pour l’année prochaine. Malheureusement, notre revendication historique de modifier la loi électorale, en prévoyant un collège correspondant au territoire valdôtain, ne semble pas avoir assez de chances d’être accueillie. Les candidats valdôtains se verront insérés, à nouveau, dans un collège électoral très grand. Pour avoir la possibilité d’élire un valdôtain à Strasbourg il nous sera donc obligatoire, comme il l’a été dans le passé, le perfectionnement d’alliances électorales. Les forces qui ont remporté des résultats importants au Sudtyrol peuvent être des partenaires autour desquels développer un certain raisonnement. De même, il faudra évaluer de quelle façon élargit l’éventail de cette alliance à des forces partageant les valeurs de l’autonomisme et du fédéralisme, en concernant également quelques uns des coéquipiers que nous avons connu dans le passé.

LA «QUESTION SOUVERAINETE»

Qu’il soit permis, à présent, une brève excursion dans le sillon tracé lors de l’introduction. En dépassant les limites temporelles des derniers mois, qui font l’objet de ce rapport, le cas est de rappeler un instant le sujet d’un récent Congrès extraordinaire de l’Union Valdôtaine, celui de 1996: la souveraineté nationale du peuple valdôtain.
Ce concept, qui est l’objectif principal que le Mouvement se pose dans son action politique, est à rappeler, du fait qu’il s’agit du véritable trait distinctif de l’Union. En plus de cela, en désirant obtenir des résultats toujours plus intéressants sur le plan de la «valdôtaineté» de notre région, nous devons avoir le courage de réaffirmer avec force et orgueil notre identité. Sur le thème de la souveraineté, nos affirmations ont déjà été assez claires lors de ce Congrès de 1996 sur d’autres projets nous pouvons avoir des alliés, caractérisés même par une certaine fidélité, mais sur ce chemin nous marchons sans aucun copain. En guise de mémorandum pour les congressistes, et en raison du fait que la deuxième phase de cette assise aura le devoir d’étudier comment actualiser notre stratégie politique, nous rappelons volontiers quelques concepts fondamentaux au sujet de la souveraineté et des processus qui en découlent.
Avec le terme «souveraineté politique» on indique le droit d’une communauté à décider librement de son avenir, sans aucune sorte de conditionnement. La souveraineté est la «conditio sine qua non » pour la réalisation du fédéralisme. De son côté, ce dernier est un pacte volontaire entre sociétés parfaitement libres, qui choisissent une organisation étatique commune et décident des compétences à attribuer au niveau fédéral pour assurer le bien-être général. Ainsi, le fédéralisme ne peut pas se considérer la concession d’un Etat centralisé, comme l’aurait voulu D’Alema avec la «bicamérale». Le fédéralisme est un libre choix des communautés de base, un moment d’autodétermination.
L’Union Valdôtaine veut aboutir à la souveraineté politique pour donner corps à la construction de l’Europe des peuples, en appliquant les principes du fédéralisme global. Pour ce faire, force nous est de maintenir notre identité. Elle, en effet, n’est pas seulement une condition juridique, mais est également la sève qui nous donne l’énergie pour continuer dans notre combat. Attention, amis, la sauvegarde d’une identité, comprenant bien sûr le caractère linguistique particulier valdôtain, au contraire de ce que beaucoup de monde pense, ne revient pas aux élites. Elle dépend de tous des individus, des dirigeants de l’Union Valdôtaine, des administrateurs élus dans les listes du Mouvement.
Ces concepts, tout en appartenant à une sphère assez technique, se distinguent par une simplicité de fond qui les peints d’un charme sans égal. Voilà pourquoi on les a répétés même aujourd’hui. Ils doivent constituer notre phare dans le brouillard.

CONCLUSIONS

En approchant du terme de ce rapport – qui se veut aussi un «passage des consignes» au futur Président de l’Union Valdôtaine – quelques mots sur un concept capital pour la vie et le succès du Mouvement sont obligataires.
Les valdôtains sont un peuple au caractère parmi les plus difficiles et querelleurs qu’il existe au monde, on croit pouvoir l’affirmer sans crainte de démenti. Leur force, cependant, a toujours été celle d’être à même, dans les moments de nécessité, de mettre de côté les personnalismes et les querelles de clocher, pour accepter les décisions convenables au bien-être commun.
L’Union Valdôtaine, étant composée de valdôtains, ne fait pas exception à cette équation. La lutte politique, dans le temps, a connu des tons très âpres et, parfois, vraiment difficiles, mais nos adhérents ont toujours su reconnaître d’où pouvait arriver le bien et prendre cette direction, tous ensemble. En un mot seulement, cela s’appelle unité.
Cette unité qui est rappelée dans le nom de notre force politique.
Cette unité qui a été choisie par plus de trente-trois mille valdôtains lors des dernières élections régionales.
Cette unité qui a été le secret du succès de notre force et qui constitue un patrimoine tellement précieux qu’il ne doit même pas être mis en discussion. Attention, cela ne signifie pas que tout débat interne au Mouvement doit être effacé: le débat est le fondement de la démocratie et il dort trouver son espace dans une force qui se veut moderne. Dans le futur, nous serons confrontés à de nombreuses difficultés. Nos adversaires ont bien compris notre recette de sauvegarde, constituée par ce fort sentiment de liaison et de solidarité qui est propre de la communauté unioniste. Ils chercheront sûrement à semer la zizanie parmi nous, par des arguments qui ne tiendront pas debout, mais qui seront très dangereux. On l’a déjà vu dans les grandes batailles d’infanterie si un gros groupe reste tel il sera imbattable.
S’il se fragmente en devenant un ensemble de petits groupements, les possibilités de le battre seront pratiquement certaines. Soyons prêts à reconnaître cette stratégie d’enfer, vu que l’enjeu de cette bataille est représenté par la survivance même de notre peuple. Mais surtout, ne faisons pas de façon que ce processus soit possible à cause d’un pas faux accompli par nous, par les unionistes.
Le moment ne demande pas des ruptures, mais de la cohésion. C’est sur ce souhait que la parenthèse qui s’est ouverte après les élections régionales – suite à l’incompatibilité de Charles Perrin avec les fonctions de Président de l’Union Valdôtaine – se ferme.
Les Vice-présidents de l’Union Valdôtaine désirent remercier toutes les personnes qui ont collaboré avec eux dans cette phase de transition.
Aujourd’hui, nous sommes appelés à tourner la page.
Vive l’Union Valdôtaine!
Vive la Vallée d’Aoste!