Union Valdôtaine

Le mouvement en ligne

2002

Congrès Thématique – “LA VALLEE D’AOSTE E L’UNION EUROPENNE”

Commission Agriculture du Territoire et de l’Environnement

Avant de faire certains approfondissements il s’avère nécessaire de dépenser quelques mots sur les différents sujets du titre de ce Congrès: la Vallée d’Aoste, l’Europe, la montagne et la concurrence.
Pour ce qui est de la Vallée d’Aoste elle doit être considérée comme une réalité politique, administrative et territoriale caractérisée par une forte identité culturelle, ethnique, linguistique, historique, politique et montagnarde, qui la fait ressortir non seulement du contexte italien mais également de celui européen. Sans quoi il n’y a pas de discussions.
La perte de force de certains aspects de notre identité doivent être des raisons pour retrouver un nouvel essor et de nouvelles énergies nous permettant de recoudre les déchirures et de cicatriser les plaies; ils ne doivent pas en tout cas devenir des points faibles rendant plus difficiles les défis qui nous attendent, parmi lesquels la concurrence à différents niveaux.
La construction de l’Union européenne a été entreprise dans le but de développer un processus historique conduisant les Etats européens sur le chemin de la paix, après des périodes de guerres sanglantes. L’Union européenne s’est développée par la suite avec la formation d’un pôle économique, d’abord pour une utilisation commune du charbon et de l’acier, ensuite de l’énergie nucléaire et enfin en réalisant presque un marché unique, et une monnaie unique. Il s’agissait d’une opportunité et d’une nécessité pour concurrencer le pouvoir de l’économie américaine et l’efficacité productive et commerciale des pays orientaux. Ce qui permettait, entre autres, de participer aux processus de la mondialisation au lieu de les subir.
Aujourd’hui, l’Union européenne puise la raison de son existence – d’autant plus si l’on considère son prochain élargissement – dans l’objectif de jouer un rôle important pour la paix dans le Monde et donner à ses citoyens de meilleures conditions de prospérité, de sécurité et de démocratie. Cependant, l’Union européenne est encore trop lointaine de ses citoyens: les causes sont à rechercher dans l’absence d’une âme véritablement politique. Si l’on voudra finaliser la construction européenne, il faudra lui conférer cette âme politique en révisant sa structure générale.
Le point de départ sera de considérer les citoyens comme les véritables destinataires de l’action de l’Union européenne. C’est une Europe éloignée, peu moderne et nullement concurrentielle celle qui donne des réponses sur les actes notifiés après plus d’un an. Les scénarios que l’on entrevoit – après la Convention de Bruxelles – doivent laisser envisager un espace plus important aux Régions, aux minorités et aux particularités: dans le cas contraire, la future Europe élargie serait une faillite historique. Ce rendez-vous contient aussi quelques réponses à nos questions sur la concurrence politique. De là, la nécessité de suivre le développement de la Convention et l’application des propositions qu’elle comprend.
La montagne est un écosystème qui, à la différence de la plaine, a imposé de fortes limitations à l’œuvre humaine d’apprivoisement. L’homme a été arrêté par ses reliefs imposants et tenaces; il a été obligé, pour survivre, à inventer de nouveaux et délicats équilibres. Cependant, l’homme, à son tour, s’est forgé dans cet environnement auquel il est noué par des liens qui sont fondamentaux pour la survie de l’un et de l’autre. Là où la nature et l’homme se sont dissociés, il s’est produit, pour le premier, le désastre s’étendant inévitablement à la plaine, et pour le deuxième, l’aridité intérieure de ceux qui ont perdu leurs propres racines.
Face à la question de savoir si les peuples de montagne sont concurrentiels par rapport au monde actuel. La réponse est la suivante: les peuples de montagne ne sont pas concurrentiels mais nécessaires, et cela non seulement pour des raisons d’ordre hydrogéologique. L’action de lobbying que l’on mène avec persévérance à tout niveau pour la reconnaissance de la particularité de la montagne doit trouver dans cette affirmation un point ultérieur de force.
C’est une question très délicate, car, après l’entrée en vigueur de la monnaie unique, des voix au ton nationaliste se sont levées – et il suffit de suivre la campagne électorale en France – dans le but de défendre les spécificités et les intérêts des différents pays allant jusqu’à la menace d’abandonner le partenariat européen. Il s’agit d’attitudes dont les raisons sont à rechercher dans des situations économiques décevantes mais aussi dans l’effort d’apprivoiser des groupes d’électeurs contraires à l’Union européenne.
Les instances des peuples de montagne doivent pouvoir se distinguer de tels comportements. La concurrence, qui est un facteur important pour stimuler l’économie, améliorer la qualité et la quantité des choix en faveur des consommateurs, peut être examinée sous différents aspects: les secteurs qu’elle concerne, les raisons de sa naissance et de sa réalisation, les effets qu’elle produit. Ces aspects rentrent tous dans notre débat, toutefois ne pouvant les aborder tous faute de temps, il paraît utile de considérer ceux qui ont une référence directe avec les thèmes confiés à cette Commission, qui se penchera sur: l’environnement et l’agriculture; surtout en considération du moment difficile qui touche cette dernière.
En synthèse, je voudrais dire que la concurrence culturelle n’a que deux issues possibles: soit nous sommes gagnants, soit nous sommes homologués et donc perdants face à une non culture qui relègue la nôtre dans le pur folklore. Nos racines culturelles ont un lien très fort avec l’environnement naturel et l’agriculture.
La concurrence politique nous impose d’être très déterminés dans notre requête de participation à tous les niveaux de la représentation institutionnelle. A défaut, nos décisions politiques seront trop subordonnées aux décisions nationales et européennes ou pire encore nous ne serons nullement concernés dans leur formulation. Et s’il est vrai que notre poids est celui des petits nombres, il est d’autant vrai que si nous saurons avancer des raisons fortes, les opportunités d’agir en synergie avec ceux qui partagent notre situation ne manqueront pas.
A ce point permettez-moi une petite évasion. De façon très pragmatique, si l’on veut soutenir la concurrence politique, il est indispensable de sauvegarder le niveau d’autonomie que nous avons acquis et le processus d’européisation doit l’accroître et non pas le ronger. Mai cela est possible avec la stabilité politique interne, même si on est représenté à tous les niveaux. C’est le secret de tout succès. Le mérite des résultats atteints et de ceux attendus pour le futur va aussi à cette Union Valdôtaine (si méprisée par les adversaires politiques) qui – avec de nombreuses difficultés – a permis 20 ans de stabilité politique, en planifiant et réalisant les bases pour le développement actuel et l’épanouissement futur. Ne l’oublions pas et rappelons-le aux autres forces politiques et à ceux qui songent à construire nos querelles et nos défaites.
La concurrence fiscale, qu’il serait plus opportun de considérer comme une révision probable des répartitions, compte tenu de l’affirmation progressive du fédéralisme, ne devrait nullement nous effrayer, dans la mesure où nous saurons garder l’efficacité du système Vallée d’Aoste. Il s’agit de pouvoir compter sur les ressources que ce système est à même de créer sur son propre territoire.
Et nous arrivons à composer cette prémisse avec l’environnement et l’agriculture.

L’environnement
L’environnement est une grande opportunité et constitue le facteur physique fondamental pour notre futur, tout comme il a été le berceau et la nourrice de notre identité.
L’environnement, avec son premier dérivé, à savoir le territoire, est le fondement pour d’autres aspects importants de notre vie sociale et économique: la qualité de la vie, le tourisme, l’énergie et, bien évidemment, l’agriculture. L’environnement amène aussi des éléments défavorables, tels que la difficulté des liaisons, la dispersion des centres urbains, le cout élevé des services, l’exigence de services particuliers. Pour l’agriculture, il faut ajouter les limites de la mécanisation, la réduction des surfaces cultivables, la difficulté des cultures, le faible choix productif. Ce sont tous des éléments qui ont en quelque sorte influencé l’identité de la Vallée: voilà pourquoi fortifier les liens avec notre environnement, notre territoire et notre agriculture, est un moyen pour renforcer notre identité.
L’environnement de la montagne, dans la mesure où il est à même de se présenter différent et original, constitue une alternative ou une fuite des zones urbanisées ou de la plaine. L’air, l’eau, les rochers, les glaciers, la flore et la faune, les paysages immaculés sont des réponses à des exigences fortement senties par des millions de personnes vivant dans les grandes villes. Il faut trouver de nouvelles formules pour les proposer sans les détruire.
La biodiversité de la Vallée – même en considérant les problèmes dus à l’abandon – s’est accrue, certaines espèces d’animaux reviennent et il est assuré pleine protection pour les espèces végétales à risque de disparition. L’adoption et la réalisation d’un plan d’aménagement du paysage et du territoire, qui met la sauvegarde de l’environnement à la base de tout développement socio-économique futur, donne l’image d’une Vallée protégée dans son ensemble. Les marques caractérisant les zones protégées du territoire libre sont de plus en plus floues; sur le territoire libre parfois, nous avons une concentration de faune similaire sinon supérieure à celle des parcs; et cela n’est pas toujours positif. Les nouvelles modalités de gestion de la faune sauvage, qui devraient se renforcer à travers la constitution d’institutions préposées, sont orientées vers un plus ample équilibre entre la faune et le territoire ainsi que vers la mise en valeur de ces ressources. Il s’agit d’une nouvelle opportunité pour augmenter la compétitivité de notre offre dans le domaine de l’environnement.
Depuis des années nous pratiquons la sylviculture naturaliste: dans ce domaine, nous sommes un point de repère. Nous pouvons conférer le certificat de cohérence écologique à nos forêts et au bois que nous en tirons.
N’oublions pas que l’environnement est une richesse qui est à même de s’autogénérer si on l’utilise de façon rationnelle. Nous avons les qualités requises pour le faire, mais nous ne devons pas les gaspiller. C’est pourquoi nous nous devons d’approfondir les impacts que nos choix causent sur l’environnement, en considérant l’effet global dès différentes décisions. Nous devons aussi savoir nous arrêter lorsque nos choix atteignent le seuil d’intégrité de l’environnement lès possibilités de régénération sont nulles une fois l’environnement perdu: nous risquons ainsi de perdre tous les bénéfices découlant de la correcte exploitation de celui-ci.
On ne peut pas imaginer de réaliser un produit de qualité dans un environnement détérioré. L’industrie même est de plus en plus sollicitée à se qualifier et à qualifier ses productions par le biais de la certification en matière de qualité de l’environnement. La Vallée d’Aoste, à travers des efforts tout à fait modestes, a la possibilité de s’assurer une qualité de l’environnement excellente. Il s’agit d’un label très important pour la concurrence et qui confiera également une valeur ajoutée à notre agriculture.

L’agriculture
Nous avons déjà eu l’occasion de soutenir, au cours d’autres congrès, que pour nous l’agriculture représente une production caractérisée par la qualité, l’authenticité, la particularité: il s’agit de caractéristiques qui nous permettent de faire face à la concurrence de l’agriculture des grandes productions, organisée suivant des logiques industrielles typiques des zones de la plaine.
Nous devons nous poser quelques questions. La première est la suivante: l’affirmation que nous venons de soutenir, est-elle encore valable face à une production de fontine, notre produit le plus important, qui atteint quelque 350.000 formes en dépit d’une réduction des surfaces cultivées? En plus est-ce que cette production répond à la demande du marché ou est excessive?
Peut être que, dans la perspective d’une concurrence de plus en plus ample, si nous voulons garder un standing de qualité, nous nous devons d’améliorer la qualité du lait (qui représente en quantité aujourd’hui quelque 500.000 quintaux par année), sans pour cela exagérer la production de fontine, mais plutôt dans le but de revitaliser la production de fromages de qualité du point de vue organoleptique, en exigeant le respect des disciplines et en bannissant les modalités de travail étrangères à nos méthodes. (Je cite un exemple éloquent: la saumure rend la fontine dure et gommeuse).
S’il est vrai que la qualité du produit est directement proportionnelle à la qualité de l’environnement, comment est-il possible que la fontine produite dans les alpages soit vendue au même prix que la fontine produite dans les zones de moyenne montagne?
Nous ne retrouvons nulle part – ou du moins où il existe un territoire différencié tel que le nôtre – ce traitement d’égalité, qui amène à considérer comme équitable le produit réalisé dans des zones de moyenne montagne – qui ne répondent pas toujours aux modèles de qualité attendus – alors que l’on tend à sous-estimer amplement le produit travaillé dans des zones de haute montagne. Le fait d’ignorer cette réalité provoque des effets commerciaux transversaux ainsi que l’ouverture de marchés cultes. Donc il faut ouvrir aux effets positifs de la concurrence interne et assurer aux produits une valeur proportionnelle à la qualité de l’environnement et aux difficultés de production.
L’Union européenne, même avec ses comportements parfois paranoïaques, est aujourd’hui le point de repère pour garantir nos productions face au processus de la mondialisation qui voudrait imposer la production de la fontine en Islande ou en Chine. Complice l’organisation mondiale du Commerce
Nous avons la chance d’avoir un territoire qui a conservé l’éparpillement de sa population. Nous n’avons pas connu le phénomène du dépeuplement tel qu’il s’est réalisé ailleurs. Cela a été rendu possible grâce aux importants investissements soutenus pour améliorer les conditions de vie dans les zones périphériques. Et notamment, le soutien musclé à l’agriculture a joué un rôle déterminant. De ce fait, nous n’avons pas pu éviter les mécanismes négatifs qui se sont rétorqués contre le monde agricole tout particulièrement mais en général aussi. Aujourd’hui, nous devons reconnaître à l’Union européenne un rôle important dans le changement d’attitude, au-delà des censures pour son incapacité à admettre le caractère spécifique de la montagne. Tout en gardant la structure générale de soutien au secteur, l’Union européenne nous a aidés à rejeter les déformations, les abus, les profits injustes et relancer l’économie agricole en la dégageant des logiques d’assistance excessive. Cette inversion de tendance contient les prémisses pour l’agriculture du demain. Un secteur capable de faire face aux concurrences et à même de fournir les services qu’on lui demande. On ne protège pas l’agriculture valdôtaine en proposant aux jeunes de construire leur avenir avec deux ou trois vaches – tel qu’il a été fait par nos pères – ni en leur donnant des subventions généralisées ou des aides cachées par de fausses stratégies suivant les modalités et les procédures de la plus pure tradition démo-chrétienne. Il faudra leur donner la possibilité de gérer des entreprises avec une quantité de bétail qui soit équilibrée à la disponibilité des ressources et fonctionnel à la qualité des produits.
Il faut également favoriser les jeunes entrepreneurs afin qu’ils puissent obtenir des surfaces suffisamment grandes – et aujourd’hui il est possible de le faire – sur lesquelles réaliser des cultures fruitières, dont la production sait conquérir le marché.
Sur la base de ce qui s’est passé dans les domaines des vins, de la floriculture et du jardinage, on peut imaginer des investissements dans les cultures de serre et dans la production de plantes officinales.
La qualité de l’environnement dont j’ai parlé auparavant est aussi à exploiter pour entreprendre la conversion et l’activation de productions biologiques.
Il faut fournir aux entrepreneurs un système d’aide et un ensemble de services les acquittant de toute charge bureaucratique ainsi que de toute alchimie comptable pour apurer les budgets dans le seul but d’obtenir des subventions.
Un processus tourmenté de transformation de l’agriculture est en train de se produire: la cause n’est pas seulement à rechercher parmi les règles imposées par l’Union européenne – ce serait hypocrite de le soutenir – elle fait partie de l’évolution et elle est donc inévitable. Notre devoir à nous, c’est de ne pas perdre ce que nos pères nous ont enseigné et transmis, nos pères qui avec deux vaches entretenaient le territoire et réalisaient des produits excellents.
Cette majorité a approuvé différentes dispositions. Je pense au plan de développement rural ou à la loi toute récente portant sur les interventions sanitaires dans le domaine de la zootechnie et les productions annexes. Il s’agit de bonnes normes qui ouvrent des perspectives de rente équitable et qui offrent un futur plus certain au secteur face à la compétition. C’est pourquoi elles doivent être défendues, contre la mauvaise foi et le populisme.
Elles ouvrent des horizons à la rentabilité et à la qualité du secteur, en le rendant effectivement concurrentiel, mais dans un conteste où il y a des règles claires en matière de concurrence. Là dessus nous devons être attentifs. Nous pouvons imaginer une phase au cours de laquelle les pays de montagne fraternisent et deviennent donc solidaires pour revendiquer la reconnaissance de leurs spécificités face à l’Europe, en demandant d’être placés au-delà des règles qui homologuent la concurrence entre la plaine et la montagne. Toutefois, la phase suivante impliquera une concurrence entre les pays mêmes de montagne, qui devront se confronter en mettant sur le tapis leurs capacités pour acquérir des parts du marché des produits agricoles ou de l’offre touristique ou de tout autre secteur. Et s’il est vrai que le Mont-Blanc n’est pas la Marmolada et la fontine n’est pas l’Asiago et vice et versa, il est d’autant plus vrai qu’entre les deux le consommateur choisira le produit qui, pour le même prix, saura correspondre aux attentes. Ce sera donc l’amorce d’une dure concurrence entre les pays de montagne. Pour rester sur la brèche, il faudra être concurrentiel. Il y aura ainsi la nécessité de définir des règles très claires en matière d’aide publique, sans quoi les conditions favorables appartiendront aux pays qui disposeront de plus amples ressources à adresser à cette aide. Nous ne savons pas si dans le futur nous aurons encore les ressources suffisantes pour soutenir le secteur ou si la situation politique et sociale interne nous permettra de le faire au vu d’autres exigences ou de la limitation des budgets (je pense aux coûts de la santé ou à d’autres services). Dans les zones de montagne aussi les conditions ne seront pas les mêmes pour tous, il sera donc nécessaire d’adopter des formes compensatoires qui devront être fixées de commun accord.
Aujourd’hui l’Union européenne permet de donner des aides seulement aux entreprises valables du point de vue du résultat économique, ce qui est problématique à certifier puisqu’on leur demande de développer des services qu’il est difficile d’évaluer. Il est donc nécessaire d’éclaircir et de mieux distinguer le rôle productif de l’agriculture de celui concernant les services qu’elle fournit. Mais pour faire que soient reconnus ces services il est fondamental que les entreprises agricoles soient efficaces, sans quoi des entreprises d’autres secteurs pourraient entrer en jeu et les remplacer dans ces fonctions. La rentabilité actuelle de l’agriculture est souvent inférieure à celle qu’elle devrait être par rapport au volume de travail réalisé et au risque réel d’entreprise. A juste titre, l’une des hypothèses de réforme de la politique communautaire concerne la possibilité de soutenir le revenu au lieu des produits des agriculteurs, et notamment de ceux qui travaillent dans des situations de difficulté. Mais dans ce cas aussi, les paramètres du revenu de référence porteront sur l’efficacité de l’entreprise, ne pouvant être purement et simplement d’assistance. Il s’agit de quelques éléments nous amenant à supposer des temps où il sera très important d’être compétitif dans tous les secteurs, y compris l’agriculture, dans un cadre de règles partagées entre les populations des zones de montagne. Il s’agit d’éléments qui nous indiquent aussi que le futur de l’agriculture se joue sur l’efficacité des entreprises à poursuivre les standards de qualité des produits et des services, pour lesquels la collectivité sera encore disposée à payer le soutien quoique de façon très attentive.
Actuellement, le problème est celui de gérer de la façon la moins traumatique possible la transition entre l’ancienne et la moderne agriculture. Il faut songer aux exigences sociales et éthiques: nous ne pouvons pas jeter, au nom du marché, le patrimoine humain qui a conduit jusqu’ici l’agriculture comme une vieille chaussette, cependant nous ne devons pas nous arrêter face aux processus en accélération, le risque étant de nous faire renverser.
Pour des raisons de qualification environnementale mais pour d’autres également, il faut se compromettre davantage pour récupérer les zones en friche par des investissements allant au-delà du reboisement, qui doit être réservé où il y a des problèmes hydrogéologiques.
De nouveaux chemins sont à explorer en plus de ceux qui ont été entrepris avec le plan de développement rural.
Nous proposons quelques-uns: pénaliser les terres en friche, favoriser la cession à titre d’utilisation des terrains agricoles inutilisés; employer des coopératives de travail ou bien les agriculteurs mêmes pour effectuer des interventions tels l’entretien des prés et des pâturages; égaliser la valeur du terrain agricole et celle du terrain à bâtir.
La perte en terme de paysage, de nature, d’hydrogéologie des friches résulte bien plus onéreuse que les interventions nécessaires pour leur entretien.
Mais il y a une autre urgence prioritaire à affronter, toujours dans la logique de la concurrence: c’est de contenir le processus des tierces mondialisations de l’agriculture.
La bataille entreprise en faveur de la montagne doit porter à la définition d’un nouveau pacte entre l’Europe et ses montagnes (la résolution du Parlement Européen, suite au rapport Ebner est un bon point de départ). Ce pacte devrait reconnaître les difficultés et les spécificités des productions agricoles en les conjuguant avec les coûts qui comportent des investissements et des charges sociales nécessaires pour garantir un niveau de vie acceptable aux gens de la montagne. Et je le répète, la montagne ne doit pas seulement être considérée comme une zone défavorable aux termes de la production, elle doit être appréciée comme une partie importante du territoire européen, devant garder sa population qui, avec son travail produit des denrées saines, est porteuse de traditions et de diversité culturelle, offre des modèles de vie primant la dimension humaine, entretient l’efficacité de l’environnement dans l’intérêt de la communauté européenne tout entière. Et tout cela on le retrouve surtout dans le domaine agricole.
Voilà pourquoi il est nécessaire de se battre pour revitaliser un système social, à côté de celui économique, capable de rendre appétissante l’entreprise agricole.
Il s’agit d’une action qui s’insère dans la sphère des activités allant dans la direction de redonner souffle à la compétitivité, à l’entreprise, au développement des capacités des individus et invertissant le chemin entrepris qui a porté à une sorte “d’employé manie”, surtout dans l’administration publique.
Pour que cette action se réalise nous devons une fois de plus faire appel à notre identité où nous pouvons trouver tous les éléments nécessaires pour retrouver ces valeurs.
Aujourd’hui nous avons donc une raison de plus pour être et vivre en unionistes, qui restent les seuls vrais défenseurs de notre identité; c’est à dire de la grande chance du peuple valdôtain pour vaincre les défis de la concurrence.
Albert Cerise

Commission Ethnie

Le thème de ce Congrès est “la Vallée d’Aoste et l’Union Européenne: les chances des peuples de montagne face aux concurrences”, mais dans plusieurs articles du “Peuple” qui le concernent on a beaucoup parlé de concurrence en général et aussi de concurrences de nature politique, économique, culturelle. Or dans le domaine culturel nous avons une concurrence français-italien quoi date de la formation de l’Etat italien et concerne notre identité, car la langue française est une composante essentielle ou partie constitutive de l’identité valdôtaine. La dictature fasciste suspendit cette concurrence en bannissant tout simplement le français, considéré comme langue étrangère, voire ennemie, jusqu’à la soi-disant libération, où le français put de nouveau se manifester, mais avec un fort handicap par rapport a l’italien, Ce handicap initial explique la position culturel subalterne actuelle du français mais ne la justifie pas. L’article 38 du Statut (“Nella Valle d’Aosta la lingua francese è parificata a quella italiana”) est devenu une “endrumia”, une duperie dans l’administration publique (5% de français, 10 tout au plus), parce que trop de Valdôtains n’ont pas compris que l’Autonomie devait servir d’abord à sauvegarder l’identité valdôtaine.
Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il faut que l’article 38 soit interprété correctement et appliqué rigoureusement dans l’Ecole et dans l’Administration. Posons-nous clairement, franchement, courageusement la question, comme le voudrait Emile Chanoux (‘L’esprit de victoire’) est ce que dans l’Ecole et dans l’Administration l’article 38 du Statut est correctement interprété et fermement appliqué?
Si la réponse est négative, nous devons être conséquents et vouloir que le prochain Congrès thématique soit entièrement consacré à l’étude d’une stratégie de défense de l’identité valdôtaine gravement menacée. C’est ce que la commission de l’Ethnie demande instamment à l’Union Valdôtaine aurait dû faire depuis longtemps … pour éviter ”l’endrumia” en matière d’identité valdôtaine.
On va certainement m’objecter qu’un Congrès sur l’identité valdôtaine a déjà eu lieu au mois de février de l’année dernière.
Sans doute, mais les résolutions de ce Congrès sont restées lettre morte. Rien n’a été entrepris depuis plus d’une année pour l’exécution de la moindre résolution.
Pourquoi? Principalement parce qu’on n’a pas désigné ou créé un organe chargé de l’exécution. Le nouveau Congrès sur l’identité valdôtaine proposé par la Commission de l’Ethnie serait donc le complément nécessaire, l’achèvement du précédent.
Ou un nouveau Congrès … ou une Commission (art. 23 des statuts de l’U.V.), chargée de travailler à l’exécution des résolutions du précédent Congrès sur l’identité valdôtaine.

Emile Proment

Commission Finances, Industrie, Commerce et Ressources Naturelles

Monsieur le Président du Mouvement,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Député auprès du Parlement européen, Président de la Région, Assesseurs régionaux, Président du Conseil, chers collègues conseillers régionaux, syndics et administrateurs des Communes et des Communautés de Montagne, permettez-moi de vous adresser une salutation en mon nom personnel et au nom de la troisième commission Finances, Industrie, Commerce, Artisanat et Ressources naturelles.
Ces quelques réflexions que je vous délivre, découlent d’un examen en partie développé au sein de ladite commission, que j’ai l’honneur de présider, et en partie de l’analyse que j’ai pu faire grâce aussi aux idées produites par les différentes sections de notre mouvement. Je tiens donc à remercier tous ceux qui, à titre personnel, à l’intérieur des sections de Gignod, Saint-Pierre, Saint-Marcel, Nus, Fénis, Hône, Bard, Pontboset, Donnas, Gressoney et Jovençan ont bien voulu se pencher sur le thème qui a été choisi pour ce Congrès.
Afin de développer une analyse correcte, qui tienne compte des suggestions qui se sont dégagées de ce congrès, nous avons tout d’abord voulu résumer les particularités morphologiques, naturelles et socio-économiques de notre territoire.
Le thème de la concurrence évoque des données, des paramètres, des analyses de marché et des statistiques. Compte tenu de l’élargissement international des marchés, notre époque est le théâtre de conflits, parfois très rudes, qui se nourrissent d’une terminologie typique : défi, concurrence, marketing, compétition.
Nous assistons aujourd’hui à une uniformisation des comportements culturels et des modes de production qui conduisent à la création de modèles culturels et de produits compétitifs partout dans le monde: un dangereux processus de standardisation des besoins, et de l’offre susceptible de satisfaire ces besoins, a vu le jour.
Notre réflexion doit prendre un peu de recul par rapport à cette approche. Notre mission est difficile, car nous ne devons jamais oublier la grande différence qui existe entre notre environnement particulier et le contexte général dans lequel nous évoluons. Nous possédons un produit “montagne” qui ne saurait être anéanti par le processus de globalisation que nous connaissons aujourd’hui. Nos habitudes et nos comportements de montagnards – qui se sont formés au fil du temps et en étroite liaison avec un milieu différent, de par sa nature, des grandes zones de production – ne doivent pas non plus subir de modifications.
Mais attention! Nous ne pouvons pas non plus faire comme si le problème que je viens de soulever n’existait pas, c’est-à-dire faire abstraction du marché. Au contraire, nous devons nous mesurer avec ce dernier, sans perdre de vue les caractéristiques uniques de notre montagne et de son milieu.
C’est pourquoi je suis persuadé que nous ne devons pas accepter de défis fondés sur des modèles non homogènes ou sur la quantité, du fait des dimensions réduites de notre région.
En tant que peuple de montagne au cœur de l’Europe, nous ne pourrons relever des défis que s’ils sont basés sur la qualité. Je parle de la qualité de nos valeurs, de notre vie, de l’air et de l’environnement que nous souhaitons défendre, mais également de la qualité des services que notre communauté peut assurer, grâce notamment à son autonomie, ainsi que de la qualité de nos produits typiques et de l’authenticité de nos traditions.
Nous devons nous mesurer à l’aune de ce que nous savons produire et vendre, en misant sur notre façon d’être, c’est-à-dire, en un mot, sur notre identité.
Car elle est pour nous une ressource précieuse, que nous devons savoir adapter aux évolutions du marché, un marché qui ne doit pas seulement être vu sous son aspect économique classique mais également en tant que lieu d’élaboration et d’échange de culture. Nous devons prendre pleinement conscience de notre identité et c’est sur celle-ci que doit reposer notre action dans les différents secteurs de l’économie: le tourisme, la production artisanale, l’industrie et le commerce, ainsi que l’animation culturelle et les manifestations folkloriques. C’est dans ce contexte, à partir de ressources non économiques, que nous pourrons faire valoir notre spécificité en contraste avec l’uniformisation qui sévit aujourd’hui dans tant de domaines.
Il ne faut pas oublier les efforts constants que nous avons déployés pour défendre notre identité et renforcer la compétitivité de nos produits, à plusieurs niveaux, car la spécificité de ces derniers représente – même dans un monde globalisé – un facteur de valorisation sur le marché international.
Il est possible de définir les conditions précises et les opportunités d’un développement durable et rentable:
– notre position géographique, tout d’abord, qui constitue un atout considérable pour notre région, car elle lui permet de jouer un rôle majeur dans la communication entre le nord et le sud de l’Europe;
– nos caractéristiques et nos ressources naturelles, ensuite, ainsi que nos ressources historiques et culturelles, susceptibles d’attirer toujours plus ceux qui ont à cœur la qualité de l’environnement et la qualité de la vie et pas seulement des touristes. La Vallée d’Aoste offre en effet des chances importantes en termes de formation et notamment de formation universitaire ainsi que d’implantation de nouvelles activités de production, ce qui ne manquera pas d’engendrer un cercle vertueux créant ainsi de la valeur ajoutée du point de vue économique certes, mais pas seulement;
– les dimensions réduites de notre région enfin qui favorisent le lancement de nouvelles expériences dans tous les domaines: pensons, par exemple, au fait que, du point de vue institutionnel; la Vallée d’Aoste a pu se doter de formes d’autogouvernement, qui, n’en déplaise au Gouvernement de Rome, nous permettent de mieux gérer le développement de notre communauté. Pensons également au modèle local de gestion du patrimoine territorial qui, est le fruit de la sagesse séculière des montagnards. Pensons aussi à notre modèle culturel lié au bilinguisme ou au modèle de développement adopté pour faire en sorte que nos montagnes ne soient pas laissées à l’abandon, pour avoir une montagne vivante, et qui est directement lié au potentiel touristique de notre territoire. Pensons enfin aux actions mises en œuvre au niveau régional pour protéger la biodiversité ou les races bovines locales.
Voilà donc comment la Vallée d’Aoste peut servir de modèle à d’autres réalités: notre région est un véritable “laboratoire” qui permet d’élaborer et d’expérimenter de nouvelles solutions dans différents domaines, un fait que favorisent ses dimensions réduites et ses, autres caractéristiques environnementales.
Ce sont là des atouts qui méritent d’être valorisés davantage et dynamisés par la concurrence. Les éléments classiques du marché – et la concurrence notamment – ne doivent pas bouleverser notre modèle montagnard ou orienter nos processus de développement, mais plutôt servir à les relancer.
Tant le secteur public (Région et collectivités locales) que le secteur privé (secteurs de production) sont appelés à favoriser cette reprise car, chacun dans son domaine, il doit veiller à éviter tout déséquilibre et privilégier la promotion et la sauvegarde de la montagne en tant qu’espace de différence, distinct des régions métropolitaines et de la plaine.
Pour les gens de la montagne, celle-ci n’a jamais représenté une barrière mais plutôt une voie de passage et une occasion d’échange avec les autres réalités.
C’est pourquoi, nous devons développer les collaborations transfrontalières avec les autres populations de montagne d’Europe en vue de sauvegarder ce territoire si particulier et adopter les mesures adéquates pour soutenir les activités dans ce milieu.
Les zones de montagne représentent 30% de la superficie de l’Union européenne. Cependant, comme me le rappelait récemment le député européen Caveri, en 50 ans de politique européenne, le Parlement européen n’a adopté que trois résolutions relatives à la montagne.
Tout comme notre représentant à Bruxelles et à Strasbourg, je souhaite donc que l’Union européenne parvienne à simplifier les procédures communautaires relatives à l’agriculture de montagne et, en même temps, qu’elle étudie la mise en place de mesures compensatoires pour ceux qui exercent une activité économique en zone de montagne, dont elle reconnaîtrait ainsi le rôle fondamental dans la protection d’un patrimoine écologiquement fragile.
L’année 2002, année internationale de la montagne, nous offre l’occasion parfaite de remettre cette réalité au cœur du débat mondial sur l’environnement et le développement. En tant que montagnards, nous devons être les acteurs de cette “pièce” médiatique et non pas de simples figurants folkloriques, qui sont là pour donner une impression de couleur locale. C’est à nous qu’il revient de susciter l’intérêt pour la montagne, de faciliter l’échange d’informations, de réfléchir – comme le fait aujourd’hui notre Mouvement – sur les problèmes et les solutions possibles, et de soutenir la cause de ceux qui vivent et travaillent la montagne.
L’implantation d’entreprises et d’exploitations agricoles en zone de montagne témoigne du savoir-faire remarquable des montagnards qui pour vivre dans ces régions s’adaptent aux difficultés et façonnent le territoire afin d’en tirer un revenu.
Il importe que nous prenions conscience de ces capacités et de l’importance de ces activités et que le système législatif reconnaisse l’existence de ces valeurs en adoptant des mesures susceptibles de compenser les handicaps environnementaux.
Le processus d’intégration européenne a introduit des politiques de concurrences qui ont limité les aides aux entreprises. Par conséquent, il faudra faire une sélection des interventions pour soutenir les entreprises qui s’engagent sur le terrain de la qualité et de la recherche, pour avoir des atouts concrets sur les marchés internationaux. De l’introduction de l’euro découle une nouvelle position de notre région, qui est de plus en plus exposée face à la concurrence internationale, mais elle est aussi favorisée dans les relations transfrontalières avec ses voisins et avec l’Europe, qui résultent de moins en moins conditionnées et liées au contexte institutionnel, voire économique, italien.
Pour les acteurs économiques de chez nous, la compétition se fait de plus en plus ouverte avec des perspectives d’augmentation, surtout liées au niveau des capacités locales. L’expérience valdôtaine nous enseigne que tout modèle de développement durable en montagne est fondé sur la présence de l’homme, ressource première et essentielle pour la gestion du territoire. C’est sur ce principe que reposent toutes les activités économiques liées à la valorisation et à la défense de notre patrimoine environnemental.
Je termine mon exposé avec un bref rappel des suggestions, proposées par les sections, qui sont en contact dans le domaine de compétence de ma commission.
Parmi les différentes propositions, j’ai retenu les actions visant à créer un label de qualité pour les produits typiques, la nécessité de travailler sur un tourisme de qualité qui puisse satisfaire aussi la demande de connaissance culturelle de notre patrimoine historique et artistique, les échanges entre régions alpines pour faire entendre la Voix des peuples de montagne, la formation technologique des jeunes, mais aussi la formation pour les administrateurs publics.
Nous avons reçu aussi des suggestions qui invitent à réduire les délais d’attente et les formalités administratives, à réduire aussi les frais de fonctionnement de l’administration régionale.
Je vous remercie de votre attention.

Renato Praduroux

Commission Réformes Institutionnelles, Tourisme, Sport et Transports

«65% environs du produit brut de la Vallée d’Aoste, y compris le marché principal de nos produits typiques, agricoles e de l’artisanat», voilà une synthétique définition de l’impact du tourisme dans notre région. Un secteur donc, pour nous, primaire, fondamental.
Le tourisme est une des activités dont la croissance est certaine, grâce à la réduction progressive des horaires de travail, à l’augmentation des revenus des familles et à la durée de la vie qui s’allonge. D’ici à 2010, le nombre des touristes redoublera, et ceux qui déjà font du tourisme doubleront leurs jours de vacances par an. Un phénomène qui va donc à peu près tripler en huit ans, c’est les projections économiques qui nous le disent. Un marché à la croissance sûre, garantie.
Mais (puisqu’il y a un mais), paradoxalement, comme tous les pays européens se préparent à en profiter, l’offre augmente plus rapidement que la demande, et, dans un système global, un grand problème de concurrence se pose, qui s’ajoute à celui des contraintes communautaires qui frappent l’économie de montagne. Globalisation ou mondialisation qu’on l’appelle, c’est aussi la globalisation du tourisme, et cela, nous le savons fort bien, déclenche la concurrence la plus sauvage.

Les suggestions des sections

Déplacer le match du terrain de la concurrence sur les prix à celui de la qualité, de l’enrichissement de l’offre, d’une meilleure exploitation de nos ressources tout le long de l’année, voilà le défi qui nous attend. C’est, par ailleurs, le message qui nous vient de nos sections, qui se sont penchées, ces dernières semaines, sur les thèmes du congrès. Leurs suggestions sont éclairantes.

Les sections de Saint-Marcel, Nus et Fénis nous disent:
– promouvoir et distribuer, sous un label de qualité rigoureux, les produits du terroir (tels que le lait, la fontine, le miel, les pommes, etc.), en mettant l’accent sur les produits biologiques, de façon à gagner des parts de marché dans les filières qui, dans ce domaine, sont de plus en plus nombreuses et offrent ainsi des débouchés intéressants;
– favoriser le travail à la montagne, car en garantissant une excellente qualité de vie il permet aussi de préserver l’environnement; – … valoriser le secteur de l’artisanat;
– améliorer le secteur le secteur des communications (le train: ligne Aoste-Turin fermée depuis un an et demi, le ferroutage complètement inexistant en Italie), en soulignant l’importance de la liaison Aoste- Martigny;
– développer un tourisme de qualité toute l’année en comblant les périodes creuses (villages désertés et hôtels et restaurants fermés en mai/juin, ou octobre/novembre) par de nouvelles propositions touristiques, et en valorisant les patrimoines culturel, historique, naturaliste, thermal, etc. “

Monsieur Silvio Bastrentaz, de Pont-Saint-Martin, nous rappelle:
“Nous devrons opposer aux meilleurs prix des produits industriels et des réalités touristiques les plus vastes, nos qualités meilleures; donc meilleur territoire, meilleure organisation, meilleurs services, meilleurs produits. Attendu que quantité se combine rarement avec qualité, tous nos efforts doivent s’orienter à progresser en qualité. Compte tenu de nos dimensions réduites, il devrait être possible de nous créer dans le marché européen une niche suffisante à nos exigences. Par ailleurs, les produits de qualité sont cherchés par les clients de qualité, donc plus d’invasions improductives, mais l’intéressement de fin connaisseurs dotés aussi de possibilités économiques suffisantes.”
“Le tourisme est en train de changer son profil et doit se proportionner à un plus haut niveau de la demande de culture, sur un plan, disons, anthropologique. – nous suggère la section de Gressoney-Saint-Jean. Nous sommes un petit pays qui est doté d’un extraordinaire patrimoine de beautés naturelles, mais aussi architectoniques, d’où l’exigence de récupérer et relancer le pays, afin de faire ressortir l’histoire de nos vieilles maisons et de nos alpages, pour donner vie au développement de notre localité. Notre système de développement rural présente de très sérieux handicaps géographiques, qui minent l’environnement, si important aujourd’hui pour le tourisme. Notre patrimoine doit être gardé même à travers la voirie. “

Voilà maintenant l’opinion d’un groupe d’unionistes de la basse Vallée, parmi lesquels les représentants des sections de Hône et Bard, de Donnas e Pontboset: ” . .. nella realtà valdostana un contributo non deve essere visto come un aiuto inserito in un contesto assistenzialista, bensì come un supporto economico vitale per il mantenimento di certe professionalità, in particolare nel tessuto agricolo, industriale e turistico, che altrimenti non riuscirebbero a sostentarsi con i propri mezzi, andando cosi ad inaridire tutte quelle attività, quale ad esempio l’agricoltura di montagna o la produzione di prodotti tipici, che non vanno analizzate solo dal punto di vista economico ma anche con un alogica potico-sociale… – et, plus bas, – …. Turismo che non si deve solo ridurre a quello di tipo invernale e quindi sportivo, ma potrebbe essere indirizzato verso altri interessi, tra questi il turismo di matrice culturale rappresenta certamente un’opportunità imperdibile. La bassa Valle è ricca di risorse storico-culturali, tra le quali spicca quella de dovrà diventare la cartolina della Valle, il Forte di Bard…

La section de Saint-Pierre nous rappelle: “…remise en valeur des ressources touristiques, surtout de celles à caractère historique déjà existantes, et nouvelle exploitation d’un tourisme de fond de vallée, grâce à la réalisation d’un circuit à travers les châteaux. Le tourisme pourra ainsi retrouver de nouvelles énergies à ce sujet, à condition qu’il ait une vision plus souple et qu’il diversifie l’offre des châteaux, vus non seulement en tant que musées.” (Un point à la une dans plusieurs milieux, celui des châteaux vivants et vécus, opposés aux châteaux-musées).

Fort intéressante enfin l’analyse de la section de Gignod: ” La Vallée d’Aoste, notre montagne, dispose d’atouts importants et majeurs de beaucoup d’autres zones d’Europe pour son développement futur, car elle dispose de biens et de valeurs parmi les plus demandés aujourd’hui dans notre société (espace, culture, nature, qualité des paysages et des produits, loisirs, santé, sport). Ces atouts sont précieux dans un monde où des phénomènes comme la croissance démographique mondiale, et la croissance économique, en ce moment surtout en Asie, peuvent évidemment favoriser la consommation des loisirs et du tourisme, et donc produire des effets importants sur la demande touristique. Au-delà de la démographie et de l’économie, d’autres facteurs vont influencer le marché:
– l’impact de l’introduction de l’euro. L’euro pourrait jouer un rôle de révélateur des écarts de prix des prestations touristiques entre les pays;
– d’une certaine manière, l’expansion des technologies de l’information, dont Internet, accroît, elle aussi, la transparence du marché. Cette transparence sera-t-elle favorable à la Vallée d’Aoste ? Sommes-nous prêts à faire face à ces exigences de mutation de la demande et de l’offre?”

Gagner la concurrence avec la qualité

Jusqu’ici les sections. Nous devons donc remplacer la concurrence sur les prix par une offre de qualité, ce qui signifie:

  • la chaleur de l’accueil
  • le respect de l’environnement
  • l’offre de produits typiques
  • l’offre de culture historique et artistique
  • l’offre de loisirs
  • l’offre de sport, etc.

Tout cela doit s’intégrer dans un système d’infrastructures et de services impeccables. Les services de la santé sont, à ce propos, fondamentaux. Un nombre croissant de tour operators sélectionnent l’offre touristique en tenant bien compte de ce paramètre.
Notre réseau routier et autoroutier est bon, le tunnel du Mont Blanc est finalement ouvert. Ce qui reste à réaliser, soit la mise en sécurité de la route de Cogne, quelques raccords avec les vallées latérales et quelques routes de ceinture (pour ne plus traverser certains pays), est par ailleurs prévu dans les plans régionaux. Une vraie modernisation du chemin de fer Aoste-Chivasso, qui en redessine le parcours même, serait souhaitable, puisque sa simple réouverture, quoiqu’indispensable, ne résoudra que les problèmes de navette. Les efforts pour la promotion et la réalisation du tunnel ferroviaire Aoste-Martigny doivent continuer.
En Vallée d’Aoste nous comptons:
– 480 hôtels, dont 333 offrent un restaurant public (29.000 couverts, 23.000 lits);
– 560 restaurants, qui portent les couverts à 66.000;
– 52.000 lits au total, si nous ajoutons les entreprises agrotouristiques, I.es campings, lès refuges et les ainsi dites « case per ferie »;
– 80.000 sont enfin les lits dans les habitations privées supplémentaires (seconde case).
Donc 165.000 lits pour les touristes au total, par rapport à 120.000 résidents, soit presque trois fois plus de capacité d’hébergement par habitant que le Sud-Tyrol. Nous avons 170 remontées mécaniques, presque 900 Km de pistes de descente, une capacité horaire qui frôle les 200.000 passagers à l’heure, et 300 km de pistes de ski de fond. Ajoutons enfin 1200 moniteurs de ski, 180 guides de haute montagne, autant de « accompagnatori della natura », et puis nos guides touristiques et culturels, etc., ce qui fait plus de 2.000 professionnels du tourisme, des véritables entrepreneurs autonomes.
La capacité d’offre de notre machine touristique est donc impressionnante, mais nos revenus sont insuffisants, si confrontés à nos efforts et à nos investissements. Pour vaincre le défi de la concurrence, cette offre devra être gérée tel qu’un système intégré, en réduisant au minimum, voire éliminant, la superposition d’initiatives et de promotions et la concurrence d’évènements et de manifestations aux mêmes dates, pour rééquilibrer la tendance négative naturelle de la mondialisation, qui porte à la concentration des touristes dans les grandes stations au détriment des petites. Il suffit de citer Champorcher et la Valpelline: voilà un exemple de stations qui souffrent cette concurrence interne due à l’homogénéisation entraînée par la mondialisation du tourisme.
Notre autonomie, notre particularité, notre spécificité sont notre richesse, qui nous permet d’offrir un produit vraiment unique. Les produits uniques se soustraient à la logique de la concurrence sauvage. L’acheteur peut imposer son prix lorsqu’il peut choisir parmi d’innombrables produits identiques, standardisés, comparables, enfin, bon marché. Mais souvent ce prix n’est pas suffisant à garantir au vendeur un revenu décent, convenable, respectueux de la dignité de son travail. C’est la logique de la mondialisation.

Si l’un vaut l’autre, je vais où ça vaut moins cher. C’est la logique de l’interski. Au contraire, lorsqu’on offre un produit unique, particulier, spécial, ce n’est plus le client, c’est nous qui faisons le prix. Voilà pourquoi notre particularité est une richesse, la seule qui puisse nous défendre des lois perverses de la globalisation. Il nous faut remplacer la logique de l’interski par celle de l’après-ski. L’après-ski dans la journée et dans la semaine, par l’offre de loisir et de culture, mais surtout l’après-ski dans la saison, soit l’après. saison, la nécessité de réaliser la troisième et la quatrième saison, qui relient l’hiver à l’été e l’été à l’hiver, qui permettront à notre système touristique de mieux exploiter ses structures le long de l’année, de réduire l’excès de frais de gestion dû à l’alternance de moment creux sans travail et de périodes de pointe excessive, avec tous les problèmes que cela entraîne.
Tout au long de cette législature le Gouvernement et le Conseil ont approuvé plusieurs lois qui règlent le domaine touristique la réforme des APT, y-compris l’importante institution de l’observatoire du tourisme et du commerce – les chambres d’hôtes, les bed & breakfast, une nouvelle structure des contributions pour la réalisation et la restructuration des hôtels, la loi de réforme du commerce, celle des marchés et des foires, et puis la formation professionnelle touristique, les moniteurs de ski, les pisteurs-secouristes, l’entretien des pistes de ski, etc., et la liste ne s’achève pas ici. Tout cela (et ce qui reste à faire dans ces derniers mois qui nous séparent de la fin de la législature) a été nécessaire, soit pour rationaliser le secteur, soit pour appliquer des réformes nationales, soit enfin, et parfois surtout, pour mettre la Région en condition d’adapter le support et la promotion du secteur touristique aux contraintes communautaires, qui jamais ne tiennent compte de la difficulté de gérer des entreprises, soient-elles agricoles ou touristiques, dans un territoire de montagne.
Ces lois sont des outils. Ils devront être utilisés, et, si nécessaire, adaptés le long du parcours, pour réaliser ce système Vallée d’Aoste de tourisme intégré, de vacances, de culture, de loisirs et de sport, qui nous permette d’offrir ce produit unique, compétitif grâce à la qualité de son offre, et non pas livré à la bataille des prix qui nous étrangle.

Permettez-moi ici une digression.
On ne peut se passer de considérer avec attention les opportunités que les Jeux Olympiques de Turin nous offrent. Du point de vue logistique, cet événement planétaire ne pourra pas être absorbé par Turin toute seule, ni, pour cela, par la Vallée de Susa et la Val Chisone. Nous disposons des meilleurs terrains d’entraînement pour toutes les équipes nationales (pistes; foyers, patinoires), des meilleurs parcours touristiques culturels-gastronomiques, d’un grand Casino, et tout cela dans ce rayon d’une heure et quart de voiture prévu par les standards olympiques, sans souffrir aucun des problèmes posés par le gigantisme olympique qui frapperont Turin, et dont déjà nous lisons chaque jour dans les journaux.
L’image de la Vallée d’Aoste pourra et devra en outre en ressortir accrue, fortifiée, si sur le côté sportif nous saurons promouvoir la participation d’athlètes valdôtains aux compétitions olympiques de 2006.
Il nous faut, à ce propos, un projet spécifique à terme, axé sur les sports d’hiver, finalisé à la participation du plus grand nombre de nos athlètes aux jeux de Turin.
Les sports d’hiver sont la raison d’être même de notre tourisme d’hiver, et le tissu économique qu’ils nourrissent est fondamental, des hôtels au commerce, jusqu’à tous les professionnels qui vivent de sport, et qui dans les sports se sont formés. Il nous faut un projet Vallée d’Aoste 2006.
Pour toutes ces raisons, pour nous mettre en condition de tenir la concurrence et de passer à la contre attaque de la mondialisation, il est très important de mettre au point le plus tôt possible un plan d’ensemble du développement touristique de la Vallée, qui parte de l’analyse de la situation actuelle, qui tienne compte des dynamiques prévues du marché touristique, qui se fonde sur la valorisation de notre autonomie et de nos particularités culturelles, et soit à même de nous permettre de réaliser nos objectifs de rationalisation sur le volet des coûts, et de haut standard sur celui de la qualité de l’offre, pour garantir un stable bienêtre à nos fils et à leurs fils dans leurs montagnes, qui sont nos montagnes valdôtaines.

Eddy OTTOZ

Commission Santé, Éducation et Culture

Le rapport de la deuxième commission Santé, Services sociaux, Education, Culture et Biens culturels, tient compte des suggestions parvenues des commissions des sections de Gignod, Gressoney, Jovençan, Nus, Fénis, Saint-Marcel, Saint-Pierre, Pont-Saint- Martin, Pontboset, Hône, Bard, Donnas, que je veux remercier pour la contribution apportée au débat.

Le cadre général : la globalisation
La concurrence, ou mieux “les concurrences” – le thème de notre Congrès – n’est pas seulement un concept économique, mais concerne pratiquement tous les secteurs de la vie sociale.
C’est une des conséquences du processus de “mondialisation” ou de “globalisation”, qui caractérise notre monde occidental et qui, aujourd’hui plus que jamais, suscite les débats les plus vifs et les plus contradictoires.
Un processus qui est accepté par les uns comme une réalité inéluctable, voire naturelle, combattu par les autres parce que vu comme une uniformisation des diversités et donc un appauvrissement social et culturel
Au-delà des interprétations différentes, voire opposées, que l’on peut donner sur ce phénomène, le fait est que jamais comme aujourd’hui nous assistons à un mouvement continu de diffusion des modèles de production et de consommation à l’échelle européenne et planétaire liée à la mondialisation des technologies et des échanges, ainsi qu’à de profondes mutations économiques, sociales et culturelles qui débouchent sur une remise en question des modèles d’identité et d’intégration sociale.
L’enjeu, pour une petite communauté de montagne, avec une précise identité culturelle et linguistique comme la nôtre, est de savoir s’ouvrir aux changements sans renoncer à ses racines, à son particularisme qui est “le garant de la force et de l’efficacité du “Système Vallée d’Aoste”. Il s’agit d’un défi qu’on pourra relever à condition de continuer à “transmettre aux jeunes nos caractéristiques montagnardes, en le soutenant toutefois d’une capacité d’adaptation et d’un esprit innovateur”.
Dans un monde en évolution dynamique, où l’impératif est celui de l’innovation, la survie de notre communauté dépend aussi de la capacité de ne pas rester seuls, en créant des liens et en s’insérant dans une logique de “réseau”, en “promouvant les échanges avec d’autres régions alpines et de montagne” pour trouver des alliés et faire entendre ensemble notre voix, à l’intérieur de l’Union Européenne, en évitant une homologation qui puisse effacer notre diversité et notre spécificité, en nous ouvrant à l’extérieur, malgré les changements nous sommes appelés à garder notre identité et à faire tout notre possible afin que nous restions nous-mêmes, avec notre histoire, notre particularisme et nos différents patois.

Ecole et formation professionnelle
Le principal facteur de compétitivité à long terme est représenté par les ressources humaines qui sont au cœur du processus d’innovation. Cette capacité d’innovation repose sur la qualité des systèmes d’éducation et de formation, sur leur capacité de qualifier les jeunes, les orienter vers les professions et les qualification que notre modèle économique demande et leur transmettre un esprit moderne, capable de s’adapter aux changements toujours plus rapides que nous impose le monde actuel.
Du point de vue de l’éducation, nous disposons d’un atout, qui doit toutefois être valorisé davantage: le bilinguisme. Pour une application réelle des articles 39 e 40 de notre Statut d’Autonomie, le français doit devenir une langue véhiculaire dans tous les ordres d’enseignement, “ce qui permettrait enfin d’avoir une école qui reflète notre particularisme et notre spécificité et qui représenterait, en outre, une ouverture culturelle extrêmement importante pour nos jeunes”.
“L’application réelle des articles 39 et 40 rendrait notre système éducatif exemplaire et d’avant-garde, une référence importante au sein de la communauté européenne”.
Une école plus respectueuse de notre identité exige aussi des programmes didactiques qui reflètent notre spécificité culturelle et notre civilisation, en donnant en même temps une ouverture à l’Europe dans un cadre d’éducation plurilingue.
L’Université est l’atout stratégique dont nous disposons pour forger nos jeunes avec une spécialisation et une culture internationale dont nous avons désormais besoin dans ce troisième millénaire.
Il s’agit en même temps d’une université profondément enracinée dans notre milieu, une particularité que nous devrons développer en envisageant notamment “l’institution de départements d’étude et de recherche en matière de bilinguisme”, sans oublier qu’en matière d’Université c’est depuis trop longtemps qu’on ressent l’exigence d’arriver à une pleine reconnaissance des titres d’étude obtenus à l’étranger.
Pour ce qui est de la formation professionnelle, l’expérience positive acquise dans les domaines du tourisme, avec l’école hôtelière de Châtillon, et de l’agriculture avec l’Institut Agricole Régional doit s’élargir, en valorisant notamment l’Institut Professionnel Régional, à d’autres domaines tels que l’artisanat’ et l’industrie

Médias
La globalisation est évidente surtout dans le domaine des médias. La diffusion instantanée et universelle de l’information, la disponibilité d’outils individuels de plus en plus “intelligents” de recherche et de traitement des données, en un mot, la mise en contact permanent des hommes et des sociétés de notre planète par Internet bouleversent nos habitudes.
La société globale de l’information bouscule les frontières, met les cultures en contact permanent, favorise la créativité, la liberté, l’enrichissement mutuel.
A chaque progrès correspond toutefois un risque qu’il importe de prévenir, notamment celui de l’hégémonie des cultures et techniques dominantes.
Nous devons être conscients du risque de nivellement des cultures minoritaires, même si Internet peut se révéler un atout formidable pour la francophonie, en établissant des liens nouveaux entre les pays francophones. Face aux modèles dominants dans le secteur des médias, la sauvegarde de notre particularisme doit entre autres passer par l’encouragement d’une information francophone de qualité concernant la Vallée d’Aoste, dont on ressent le besoin surtout dans le service public de la RAI, où il suffirait d’appliquer correctement la convention existant entre la Région et la Présidence du Conseil des Ministres.

Société
Au niveau socioculturel, les démarches principales analysées incluent l’amélioration de la qualité de la vie, la protection sociale et sanitaire, l’encouragement au bénévolat et il l’associationnisme, la garantie et la diversification de l’éducation et son orientation au marché du travail, les actions de conservation de notre patrimoine linguistique et traditionnel.
Sans oublier que la priorité sociale pour les prochaines années sera représentée toujours plus par l’immigration, qui doit être vue comme une ressource et non comme un danger.
A une ferme politique de répression de l’immigration clandestine et de réglementation des flux sur la base de la demande de travail, doit s’accompagner une politique d’intégration de ceux qui contribuent positivement avec leur travail à la réussite de notre économie

Biens culturels
Enfin, notre commission s’est penchée sur la nécessité de valoriser davantage le patrimoine des Biens culturels, qui peuvent représenter une ressource majeure aussi du point de vue touristique. Une nouvelle exploitation du tourisme de fond de la vallée pourra être entreprise grâce à la réalisation d’un circuit touristique à travers les châteaux. A ce propos il faudrait impliquer davantage les collectivités locales dans la réalisations de projets importants comme la restructuration du Fort de Bard.
Enfin, la qualité de la vie de nos petits pays dépend aussi de la possibilité de rénover les centres historiques ou classés. Une possibilité qui, est souvent entravée par des procédures trop bureaucratiques qui devraient être simplifiées par une réforme de la loi régionale.

Conclusion
Je voudrais encore profiter de votre patience pour vous soumettre quelques réflexions personnelles qui j’espère pourront être utiles au débat.
Nous sommes tous conscients que dans les moments importants et délicats comme ceux que nous sommes en train de traverser, il faut être très fort et nous le sommes, mais rappelons nous que nous devons tous aller dans la même direction et unir nos forces pour atteindre des résultats qui puissent encore nous rendre fiers pour l’avenir d’être des Valdôtains!
Nous unionistes qui souhaitons continuer à être les protagonistes, les responsables de l’avenir de la Valée d’Aoste, nous devons à tous les niveaux chercher à être plus unis et à nous convaincre que différents points de vue comme des idées différentes à l’intérieur du mouvement sont une richesse que nous devons défendre à tout prix.
Souvent, et c’est le cas de ces derniers jours, les médias et peut-être aussi quelqu’un parmi nous interprètent notre vivacité, nos différents points de vue et quelques chants hors du chœur comme des concurrences internes ou des fractures, mais c’est tout le contraire, ce sont et doivent être, selon moi, nos atouts.
J’espère aussi qu’aujourd’hui nous serons à même de démontrer aux médias et à nous-mêmes que nous sommes capables de travailler tous ensemble, chacun avec ses limites, ses défauts, et avec la capacité de faire son autocritique en acceptant la critique.
Je vais terminer en rappelant que l’Union c’est la force, mais surtout que l’Union fait la force.

Emilio Rini

MOTIONS APPROUVEES

Un engagement contre la pauvreté et l’exclusion sociale

Le Congrès National de l’Union Valdôtaine

Attendu

Que dans le sens moderne du concept de “couverture sociale” on désigne l’ensemble des activités ayant pour but d’assurer la qualité de la vie, l’égalité des chances, l’absence de discrimination, ainsi que les droits de tout citoyen, est destinée à éliminer ou surmonter les difficultés qu’une personne peut connaître à tout moment dans sa vie;
Que l’affirmation, dans les conclusions officielles du sommet de Lisbonne en mars 2000, selon laquelle le nombre de personnes qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté et qui se trouvent en situation d’exclusion sociale au sein de l’Union européenne serait inacceptable et qu’il serait nécessaire de prendre des mesures et de fixer des objectifs spécifiques susceptibles d’avoir un impact décisif pour éradiquer véritablement la pauvreté, témoigne bien du fait que tous les gouvernements européens se préoccupent de ce phénomène qui afflige encore des millions de personnes sur notre continent et s’engagent à renforcer, par des actions communes ces politiques d’insertion qui font partie intégrante du modèle européen de couverture sociale;
Que le deuxième rapport de la Commission européenne sur la cohésion économique et sociale du mois de janvier 2001, intitulé “Unité de l’Europe, solidarité des peuples, diversité des territoires”, recommande aux pays membres de promouvoir l’insertion sociale par la mise en œuvre de politiques de l’emploi et de la formation toujours plus ciblées, qui prévoient des partenariats locaux élargis et répondant mieux aux exigences spécifiques à chaque zone et développent le concept de “territorialité de la politique” en vue de la concentration des ressource faibles, afin que l’impact de celles-ci soit plus important;
Que, dans ce contexte, ce que l’on appelle l’allocation “d’aide sociale” constitue une mesure d’assistance “active”, qui ne vise pas seulement à compléter un revenu insuffisant mais à soutenir les sujets intéressés et à les pousser à développer leurs capacités afin que, dans la mesure du possible, ils deviennent économiquement autonomes ou du moins n’entrent pas dans la spirale de l’exclusion sociale;
Considérant
Que toute stratégie efficace d’insertion sociale repose sur deux piliers: d’une part, l’existence et le bon fonctionnement de ce “filet de sécurité” grâce auquel tout citoyen est assuré, en dernier ressort, d’un revenu minimal accompagné de mesures lui permettant de se réinsérer dans la société et, si possible, dans le monde du travail; et, d’autre part, la mise au point de politiques de prévention qui, compte tenu de tous les facteurs de pauvreté et d’exclusion, permettent de mobiliser les institutions, les ressources nécessaires et, naturellement, les individus “à risque” et leurs familles, et ce, avant que l’exclusion sociale soit définitive;
Qu’il est opportun que la Vallée d’Aoste adopte un outil de politique sociale qui, sans préjudice des principes qui sont à la base de l’idée de revenu minimum d’insertion, tienne compte des spécificités culturelles, sociales, démographiques et géographiques de la région et qui:

  • – s’adresse aux personnes qui n’atteignent pas un seuil de revenu donné, toutes catégories confondues ;
  • – dépende de l’évaluation des ressources économiques du ménage, calculées d’après un indicateur de situation économique, eu égard au nombre des membres du foyer;
  • – assure un complément de revenu jusqu’à concurrence du seuil précité, établi en fonction de l’indicateur susmentionné;
  • – encourage l’autonomie, économique et l’insertion professionnelle des individus par des contrats d’insertion, à passer avec les administrations locales, qui comportent des actions structurées – définies sur la base, d’une part, des savoir-faire et des exigences des titulaires et, d’autre part, des ressources disponibles à l’échelle locale -, actions susceptibles d’améliorer les compétences des intéressés aux fins de leur insertion professionnelle et/ou sociale; (par ailleurs, il convient que les administrations locales élaborent des projets d’insertion individualisés et que des relations de collaboration et des synergies soient créées parallèlement avec les différents acteurs locaux, qu’ils soient publics, privés ou à but non lucratif, y compris les syndicats et les entreprises);
  • – prévoie des projets d’insertion qui s’adressent essentiellement à tous les membres du ménage, selon les exigences; une attention particulière doit notamment être apportée à la nécessité d’encourager la scolarité et la formation des jeunes, ainsi que de valoriser les compétences professionnelles des femmes ayant la charge d’une famille; parallèlement, si le ménage comprend des enfants en bas âge ou des personnes atteintes de handicaps graves, il ne saurait être demandé aux adultes bénéficiant des mesures envisagées d’exercer une activité salariée, sans préjudice de leur droit de recevoir une aide en vue d’éviter tout risque dé marginalisation du fait de leurs responsabilités familiales;

Considérant:

Qu’il est évident que la mise en œuvre d’un tel outil de politique sociale exige, à la fois, des ressources financières à l’échelon régional et local, et des ressources humaines réunissant des compétences professionnelles spécifiques, tant dans le domaine de l’administration que dans celui de la conception des actions et de l’accompagnement social, puisque tous les acteurs du développement local sont concernés (administrations publiques, agences USL, organisations de bénévolat et opérateurs isolés);

Engage les élus de l’Union Valdôtaine à adopter un outil spécial de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale qui visera non seulement à compléter des revenus insuffisants, mais aussi à accompagner et à développer les capacités des personnes et des familles afin qu’elles deviennent, dans la mesure du possible, autonomes du point de vue économique et, en tout état de cause, qu’elles ne soient pas entraînées dans le processus d’exclusion sociale.

*************

« Le pouvoir législatif primaire en matière de protection de la santé»

Le Congrès National de l’Union Valdôtaine

Etant donné
que La loi constitutionnelle n.3 de 2001, modifiant l’art 117 de la Constitution, accorde aux Régions le pouvoir législatif complémentaire, entre autres, en matière de Santé, dans le cadre duquel sont réglementés tous les aspects de la santé de l’homme et des animaux, de la santé individuelle et collective dans les différents domaines de la vie et du travail;
Sur la base de ces dispositions, le pouvoir réglementaire en matière de santé est accordé aux Régions et l’Etat ne peut plus adopter des règlements et des décrets en la matière;
Les Régions ont le pouvoir de transposer les dispositions communautaires dans le respect des procédures définies par l’Etat;
La loi de réforme constitutionnelle établit que les nouvelles dispositions s’appliquent aussi aux Régions à Statut Spécial et aux Provinces Autonomes pour ce qui est des aspects qui prévoient des formes d’autonomie plus vastes par rapport à celles qui existent;

Considérant que
Aux termes de la loi 724 de 1994, la Région assure d’une manière autonome le financement du Service Sanitaire Régional sans bénéficier des crédits budgétaires de l’Etat et en utilisant prioritairement les recettes des subventions sanitaires accordées à la Région ( …) et, en complément de celles-ci, ses propres ressources;
La dépense sanitaire de la Région est actuellement conditionnée, dans les secteurs qui ont le plus besoin de ressources, comme celui du personnel, par des décisions prises au niveau de l’Etat;
Conformément à la loi de réforme constitutionnelle citée ci-dessus, l’Etat doit encore définir les plafonds des prestations et les principes fondamentaux en matière de santé;
L’Etat, en accueillant les directives européennes, ne tient pas compte des spécificités des réalités de montagne comme celle de la Vallée d’Aoste;
Dans certains domaines il est sans équivoque qu’il appartient aux Régions de légiférer, afin d’adapter les dispositions aux réalités locales;
Activité de prévention environnementale;

Estimant que
Au financement du système sanitaire par la Région doit correspondre une plus large autonomie pour la Vallée d’Aoste dans ses choix décisionnels;
Vu
Le Statut spécial de la Vallée d’Aoste, approuvé par la loi constitutionnelle n°4 du 26 février 1948, et en particulier son article 2 ;
Les dispositions en vigueur portant transposition des dispositions communautaires, qui prévoient des pouvoirs plus importants pour les Régions à statut spécial pour ce qui est de l’application immédiate des directives européennes;
Engage les élus de l’Union Valdôtaine
1) A revendiquer le pouvoir législatif primaire en matière de protection de la santé, avec une attention particulière aux aspects suivants :

  • Santé vétérinaire;
  • Qualité de l’eau;
  • Hygiène publique;
  • Activité de prévention environnementale;
  • Régionalisation du personnel dépendant de la santé, intégration de ce dernier dans le secteur unique de la fonction publique de la Vallée d’Aoste et négociation de la convention collective régionale y afférente;
  • Négociation à niveau régional du personnel conventionné par la définition des critères et des modalités d’établissement des classements dans les différentes activités professionnelles (médecine générale, pédiatrie de base, continuité des soins, urgences, soins ambulatoires, psychologie, biologie et chimie) ;
  • Régionalisation du système de formation continue du personnel;

2) A faire suite que la législation régionale transpose le directives de l’Union européenne en tenant compte des spécificités de la Vallée d’Aoste.

*************


Casino: le Congrès réaffirme la compétence régionale
A l’heure où le Val d’Aoste est confronté aux changements en cours au sein de l’Europe, si nous voulons continuer à assurer l’essor et l’épanouissement de la communauté valdôtaine, tout en gardant son identité, nous nous devons de renforcer notre autonomie et nos compétences ainsi que de promouvoir et exploiter nos ressources. Et ce, afin que la montagne valdôtaine gagne le défi des diverses concurrences européennes, en garantissant compétitivité et solidité à notre système économique.
Le Casino de la Vallée est, à ce propos, depuis toujours l’un des symboles de nos pouvoirs d’autogouvernement et l’une de nos principales ressources économiques et financières.
A cet égard,


le Congrès de l’Union Valdôtaine, réuni à Pont-Saint-Martin le 20 avril 2002,

  • Ayant pris acte de la décision du Conseil des Ministres d’introduire un recours devant la Cour Constitutionnelle contre la loi régionale n. 36 de 2001, portant constitution d’une société par actions pour la gestion de la Maison de jeu de Saint-Vincent;
  • Considérant que ce recours, affirmant entre autres, l’illégalité – faute de compétences – de la loi approuvée par le Conseil de la Vallée, a été voulu, promu et sollicité par les conseillers régionaux de Forza Italia;
  • Remarquant que les dits conseillers de Forza Italia se sont publiquement réjouis du résultat de leur action;
  • Constatant que la décision susdite a été prise et communiquée au Gouvernement valdôtain sans que – au préalable – il y ait eu des contacts ou des informations sur le plan institutionnel;
  • Estimant qu’il est opportun – tout en considérant les remarques formulées par ledit recours comme un prétexte cachant une volonté politique – de fournir les éclaircissements nécessaires afin d’éviter tout malentendu ou fausse interprétation juridique, dans le respect de cet esprit de collaboration loyale qui a toujours caractérisé nos rapports avec l’Etat;
  • Affirmant par contre qu’il n’est pas possible d’accepter que nos compétences – surtout lorsqu’il s’agit de compétences reconnues au fil des années par une législation et une jurisprudence consolidée et qui concernent une ressource capitale pour le développement du Val d’Aoste – soient mises en cause, suivant la méthode – celle du chantage – et des modalités qui ne sont pas sans évoquer une tentative d’expropriation et d’emprise sur la gestion du Casino de la Vallée ainsi que d’ingérence dans la souveraineté du Conseil de la Vallée;
  • Estimant enfin nécessaire d’assurer au Casino de la Vallée – selon les principes d’une société par action à participation entièrement publique – les modalités définitives de gestion, afin de ne plus ultérieurement entraver la réalisation des projets (construction d’une nouvelle Maison de jeu et achat des propriétés fonctionnellement inhérentes à son activité) indispensables pour garantir sa compétitivité et son développement;


Condamne
les agissements de ceux qui – ne partageant pas les choix du Conseil de la Vallée – utilisent ou pire encore asservissent à leurs intérêts partitiques les institutions, en dépit des pouvoirs et prérogatives du même Conseil, causant ainsi un dommage à la communauté valdôtaine tout entière.

Engage les élus de l’Union Valdôtaine au Conseil de la Vallée
à réaffirmer la compétence en la matière que nous avons exercée jusqu’à présent, choisissant, après examen approfondi avec le Groupe, les mesures nécessaires pour sa pleine application.

***********
Un processus constituant pour la Vallée d’Aoste
L’évolution de la politique régionale et nationale, ainsi que la mondialisation de la production et des marchés au cours des dernières années, impose une concurrence politique et économique accrue entre les régions et les pays de l’Europe. Elle implique en même temps la nécessité de renforcer la cohésion interne de l’Union européenne, particulièrement importante pour reconstruire un climat de paix et de confiance réciproque sur la scène internationale aujourd’hui lourdement menacées par le terrorisme et par les crises et les conflits en cours. Ces transformations doivent cependant être assumées dans le respect des principes de libre disposition des peuples, d’autonomie et de subsidiarité, au sein d’un cadre d’Union des peuples européens, tout à fait différent par conception et logique de celui d’Union des Etats prôné par d’autres forces politiques.

Sur ces prémisses, le Congrès de l’Union valdôtaine, réuni à Pont-Saint-Martin le 20 avril 2002 :

  • Considère que la concurrence et la compétition ne peuvent être sérieusement affrontées que dès lors que l’on est parfaitement conscient et solidement établi dans sa propre identité culturelle. Il est partant indispensable que le peuple valdôtain relance avec vigueur – par le biais de sa société et de ses propres institutions – une politique identitaire permettant le plein épanouissement, dans la dimension alpestre qui lui est propre, de sa culture et de ses langues traditionnelles, tant dans la dimension du patois et des dialectes Walser que dans celle de la langue française; à cet effet elle donne mandat à ses élus à tout niveau, et spécifiquement aux élus au Conseil de la Vallée, afin qu’ils élaborent et portent à la décision des organes compétents des dispositions législatives nouvelles et des mesures concrètes de soutien aux langues et cultures susdites visant à prôner, non seulement en milieu scolaire mais dans toutes les dimensions de la vie publique, relationnelle et associative (administration, communication, publicité, spectacles, travail, sport, commerce, édition … ) une parité réelle des langues et la garantie des chances concrètes de leur diffusion et de leur emploi.
  • Confirme la stratégie de renforcement du système des autonomies locales comme condition essentielle pour garantir la sécurité, la participation et la qualité de la vie des communautés humaines dans le contexte de nos vallées.
  • Dénonce le danger d’un clivage social de plus en plus fort, dans le contexte national comme au sein de la société valdôtaine, en tant que conséquence de la politique menée par le gouvernement national qui a inutilement exaspéré le conflit social, en négligeant de porter son action prioritaire sur les aspects structurels les plus importants du système productif tels la recherche, la politique des transports et des infrastructures et le soutien à l’innovation.
  • Considère avec inquiétude les premières initiatives adoptées au niveau national dans le cadre de l’application de la réforme du titre V de la Constitution, qui risquent d’en amoindrir l’impact, voir même favoriser le retour vers des formes nouvelles de centralisation. A cet effet, il engage ses élus à poursuivre leur action, en cohérence avec l’attitude de l’U.V. lors du référendum constitutionnel du 7 octobre 2001, pour la pleine reconnaissance du principe de l’entente préalable à toute modification future du statut spécial;
  • Estime, enfin, indispensable l’ouverture d’un processus constituant pour la Vallée d’Aoste, afin qu’elle puisse se doter, à l’instar des régions, des länder, des cantons et des communautés autonomes présents au sein des états fédéraux d’une “Constitution valdôtaine”, garantie par l’Etat et par l’Union européenne où sa nouvelle condition de Région Constitutionnelle d’Europe pourra se déployer à la hauteur des nécessités de notre population, dans le contexte d’une concurrence loyale et équitable entre les différents pouvoirs publics et les systèmes économiques en compétition.

La motion finale du Congrès National

Pour une Vallée d’Aoste d’avant-garde

Le Congrès National de l’Union Valdôtaine réuni à Pont-Saint-Martin le 20 avril 2002 pour débattre au sujet du thème “La Vallée d’Aoste et l’Union européenne: les chances des peuples de montagne face aux concurrences”;

 prenant acte des répercussions que les changements rapides dans tous les domaines, qui caractérisent le monde contemporain, ont sur les fragiles réalités socio-économiques et culturelles des régions de montagne;

 conscient des responsabilités que notre génération a assumées quant à la sauvegarde et à l’amélioration de la qualité de vie des générations à venir;

– considérant que, pour demeurer concurrentielles par rapport aux autres réalités territoriales, il faut que les régions de montagne puissent gérer leurs propres ressources en pleine autonomie;

 identifiant à l’Union européenne le nouvel interlocuteur avec lequel les peuples montagnards doivent se confronter;

engage

tous ses inscrits et particulièrement ses élus à tout niveau, à élaborer, pour la Vallée d’Aoste, un projet fondé sur les priorités culturelles, politiques sociales et économiques suivantes, qui devront inspirer l’action administrative régionale lors de la prochaine législature.

Priorités politiques, répondant notamment au défi posé par le processus d’intégration européenne:

  • Adaptation des règles démocratiques à la socialité propre aux petites communautés montagnardes;
  • Humanisation et amélioration de l’efficience de l’administration publique;
  • Formation d’un front commun entre régions de l’Etat italien pour obtenir une nouvelle réforme constitutionnelle, orientée en sens réellement fédéraliste et fondée sur l’entente avec les Régions concernées;
  • Promotion d’une alliance politique internationale finalisée à l’assurance d’une représentation de toutes les Régions au sein du Parlement européen.


Priorités culturelles, découlant des mutations dans le domaine de la communication, de l’apprentissage, des échanges et de la mobilité des populations:

  • Sauvegarde et promotion de notre identité spécifique, par rapport à l’évolution en cours;
  • Mise en valeur des atouts linguistiques qui découlent du fait d’être un région-carrefour, placée à la confluence des cultures française, allemande et italienne; Multiplication des liens et des échanges avec les autres Pays francophones;
  • Sauvegarde et promotion du franco-provençal et des idiomes germaniques, en tant que patrimoine unique et irremplaçable de nos populations:
  • Institution d’une école valdôtaine répondant réellement aux caractéristiques et aux aspirations de notre peuple.


Priorités sociales, qui assurent à la Vallée d’Aoste le maintien d’un modèle d’autonomie qui a permis le développement économique, social et culturel de notre peuple:

  • Reconnaissance du rôle spécifique de la montagne au niveau européen et lutte contre le dépeuplement, par des initiatives visant à assurer aux montagnards la même dignité sociale et la même qualité de vie qui caractérisent les habitants des plaines et des villes;
  • Intégration sociale des immigrés, dans le respect des identités réciproques.


Priorités économiques, issues du rôle prépondérant que l’Union Européenne a pris dans ce domaine:

  • Mise en valeur de la spécialité des ressources de notre terroir, à savoir des produits et des services originaux et de qualité, par la mobilisation des forces économiques locales autour de projets partagés;
  • Investissements en matière de créativité, formation culturelle et professionnelle et création de nouveaux emplois;
  • Soutien aux entreprises locales, qui seules assurent un développement durable et correspondant aux exigences de notre milieu;
  • Reconnaissance, de la part de l’Union européenne, du droit de gérer les ressources locales en pleine autonomie, pour rééquilibrer les déficits structurels et soutenir les secteurs stratégiques et innovateurs (environnement, transports, technologies informatiques).


Le Congrès National de l’Union Valdôtaine

– estime que le principe de concurrence ne peut laisser de côté l’idée d’égalité des chances par rapport à l’accès aux bienfaits assurés par les moyens économiques et technologiques actuels;

– considère qu’on doit assurer aux montagnards l’établissement des conditions nécessaires pour le développement d’un processus socio-économique solidaire;

– fixe, comme but politique à atteindre, au moyen de la réalisation des priorités susdites, la construction d’une Vallée d’Aoste d’avant-garde, pleinement insérée avec son autonomie au sein des institutions européennes, s’inspirant des principes de solidarité qui ont de tout temps caractérisé son peuple.